The Eddy : Review de la saison 1

Date : 12 / 05 / 2020 à 13h45
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Unification


Netflix aura sans doute semé un gros malentendu dans l’esprit de nombreux téléspectateurs qui penseront que The Eddy est une série de Damien Chazelle, le réalisateur des brillants Whiplash et La La La Land. On pourrait penser que The Eddy sera une série douce-amère enjouée centrée uniquement sur le Jazz, alors que ces 8 épisodes sont clairement le fruit de plusieurs influences. Celles-ci s’expliquent en fait par les grands noms qui composent son équipe de production. Il y a bien entendu Chazelle qui impose sa fougue pour filmer les scènes de musique en réalisant les deux premiers épisodes, Alan Poul principalement connu pour son travail sur Six Feet Under et moult séries HBO (Rome, The Newsroom, Big Love...), Houda Benyamina réalisatrice du somptueux Divines, enfin et surtout Jack Thorne, le scénariste à succès qui est en fait le créateur de la série. Même si dernièrement, il s’est essayé avec brio à la fantasy en écrivant l’adaptation de His Dark Materials, à l’évocation de son nom, les connaisseurs penseront avant tout à son travail sur les multiples déclinaisons séries de This is England et sa participation à l’écriture de nombreux épisodes de la série culte Skins. C’est d’ailleurs sur la structure de cette dernière, avec un épisode centré sur un des personnages principaux, que repose The Eddy.

En terme de feeling, la série s’apparente davantage à ce qu’on a l’habitude de voir sur HBO, tant elle est exigeante pour le téléspectateur. En effet, la série nous plonge directement dans l’action, sans flash-backs ni scènes réelles de présentation des personnages et se permet surtout de débuter la série dans un univers loin d’être chaleureux avec deux protagonistes principaux pétris d’ambiguïtés. Il n’y a d’ailleurs rien à dire sur l’impressionnant casting international (André Holland (Moonlight), Amandla Stenberg (Hunger Games), Leïla Bekhti (Nous Trois ou Rien), Tahar Rahim (Un Prophète)) qui arrive parfaitement à retranscrire les ambivalences de leurs personnages respectifs en navigant, de surcroît entre l’anglais, le français et même l’arabe avec beaucoup d’aisance.

Au fil des épisodes, on découvre que l’ambition de The Eddy n’était pas de se focaliser uniquement sur un club de jazz et son groupe, mais de nous partager une vision réaliste de Paris. On découvre donc une ville loin des clichés habituels, multiculturelle, métissée et abritant en son sein beaucoup de laissés-pour-compte. Qu’elle soit affective ou économique la misère frappe durement les protagonistes et chacun va devoir trouver le chemin qui va le ramener dans la voie de l’apaisement. En fonction de votre vécu et bien sûr de vos affinités, vous serez davantage touché par l’histoire de tel ou tel personnage, mais globalement, ils sont confrontés à des péripéties suffisamment intéressantes pour maintenir notre intérêt.

Si les néophytes apprendront certaines choses sur la façon dont fonctionne l’économie de la production musicale, on se surprend à découvrir le déroulement de certains rites que l’on n’a pas vraiment l’habitude de voir à l’écran. Dans ces quelques moments, The Eddy parvient à prendre une hauteur assez inattendue qui rend paradoxalement assez superficiels certains éléments narratifs se voulant dramatiques, notamment ceux liés à la pègre.

La série place bien entendu le jazz au cœur de son dispositif émotionnel et si vous êtes allergiques à ce genre musical, passez votre chemin. Sans être forcément connaisseur, on peut apprécier certaines envolées qui parviennent parfaitement à souligner ce qui se passent à l’écran. Attendez-vous néanmoins à pas mal de moments d’inconfort, car les personnages vivent de nombreuses situations difficiles et ce ne sont pas les morceaux les plus harmonieux qui parviennent à nos oreilles, mais plutôt quelque chose de déstructuré. Il y a néanmoins certaines chansons qui reviennent à plusieurs reprises tout au long de la saison et qui finissent par nous conquérir grâce au talent de producteur de Glen Ballard qui a déjà fait ses preuves en travaillant avec Michael Jackson ou Alanis Morissette.

À l’image de la musique qui lui sert de support, The Eddy est une série qui nécessite un peu de temps et d’expérience pour se laisser apprécier. Son approche sombre et arty ne plaira pas à tout le monde, mais une fois que l’on a cerné ses aspirations, elle se laisse regarder de bout en bout sans déplaisir. Étant annoncée comme une mini-série, on pourra regretter qu’une deuxième saison ne vienne jamais développer davantage les protagonistes dont on a l’impression de seulement d’effleurer les failles. De même, la fin très ouverte, est un peu expéditive et surtout trop lumineuse, même si elle vient contrebalancer tout le début de l’histoire.

On gardera de The Eddy l’image d’une série qui ose aller en dehors de sentiers battus et qui malgré quelques fulgurances ne parvient pas à aller au bout de ses ambitions. À voir néanmoins pour les amateurs de drames atypiques... Et de jazz, bien sûr !

ÉPISODE

- Episode : 1.01 à 1.08
- Titre : Elliot, Julie, Amira, Jude, Maja, Sim, Katarina, The Eddy
- Date de première diffusion : 8 mai 2020 (Netflix)
- Créateur : Jack Thorne
- Réalisateur : Damien Chazelle, Houda Benyamina, Laïla Marrakchi, Laïla Marrakchi, Alan Poul
- Scénariste : Jack Thorne, Rachel De-Lahay, Rebecca Lenkiewicz, Hamid Hlioua, Phillip Howze
- Avec : André Holland, Joanna Kulig, Leïla Bekhti, Adil Dehbi, Randy Kerber, Ludovic Louis, Damian Nueva Cortes, Lada Obradovic, Jowee Omicil, Amandla Stenberg

RÉSUMÉ

Autrefois célèbre pianiste de jazz new-yorkais, Elliot Udo est désormais le patron de The Eddy, club ayant connu des jours meilleurs. Il y dirige un orchestre où se produit la chanteuse Maja qui est aussi sa petite amie occasionnelle. Tandis qu’Elliott découvre que son associé Farid est sans doute impliqué dans une affaire douteuse, d’autres secrets éclatent au grand jour qu’Amira , la propre épouse de Farid, ignorait. Et quand la fille d’Elliot, Julie, adolescente perturbée, débarque soudain à Paris pour vivre avec son père, l’univers personnel et professionnel de celui-ci s’effondre peu à peu. Car il doit affronter les fantômes du passé tout en se démenant pour sauver le club et protéger ceux qui lui sont chers.

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