The Witcher : Review de la saison 1

Cette adaptation télévisée de The Witcher était sans doute le dernier gros événement de l’année pour une grande partie du public. Un public disparate composé des amateurs de séries avides de nouveauté et de ceux ayant connu la licence à travers les romans ou les jeux vidéo. Du coup, on pouvait se demandait comment l’équipe artistique allait arriver à trouver le juste équilibre permettant de satisfaire tout ce beau monde, alors que la logique narrative est loin d’être la même sur ces différents supports.

Ainsi, alors que les origines du Sorceleur étaient racontées de façon éclatée sous forme de nouvelles, la série fait le choix de raconter l’histoire de façon plus linéaire en faisant progresser les intrigues des personnages principaux en parallèle jusqu’à leur rencontre que l’on se doute inévitable. Cela fonctionne plutôt bien, les péripéties vécus par nos héros s’avérant être assez accrocheuses. Néanmoins, cela participe également à une logique de simplification des différents enjeux qui frustrera sans doute tous les lecteurs. Ainsi, si l’on retrouve tous les moments-clefs et attendus, les choses sont parfois amenées trop rapidement et pire encore, de manière désagréablement confuse sans qu’on ne puisse saisir clairement quels étaient les véritables enjeux. Le parti-pris étant de faire en sorte que les choses aillent vite afin que le téléspectateur n’ait pas le temps de s’ennuyer et ait envie d’enchaîner les épisodes. De fait, on est loin en terme de rythme des premières saisons de Game of Thrones qui prenaient le temps de faire évoluer les personnages dans leurs milieux respectifs ce qui participait pour beaucoup à renforcer le réalisme global de l’univers. De plus, la diffusion hebdomadaire permettait de laisser la place à l’imagination et à la digestion des différents événements, mais ceci est aussi un autre débat.

En faisant de The Witcher une trilogie de jeux vidéo avec une histoire se déroulant après les romans, l’équipe de CD Projekt avait brillamment réussi à capter l’essence des livres, jusqu’à imposer du coup pour la série certaines attentes en termes d’action et d’esthétisme. Ainsi, l’aspect visuel de la série est la plupart du temps convaincant, même s’il souffre malheureusement de quelques fautes de goût qui empêchent à ce stade la série d’être totalement satisfaisante. Il n’y a rien de rédhibitoire, mais certains dialogues (" Et toi, ta mère a baisé un bonhomme de neige ? ") ou certaines scènes (la scène de bal de sorcières et de rois avec Yennifer) font tâche et sont à deux doigts de faire basculer la série dans la série Z non-assumée. La bande originale semble aussi très inspirée de ce qu’on peut entendre dans le jeu ce qui divisera peut-être le public notamment lorsque Jaskier le barde se met à chanter.

Ensuite, bien que l’univers médiéval-fantastique de The Witcher soit indubitablement sombre, certains accès de violence ou scènes " sexy " ne semblent être là que pour répondre à un cahier des charges permettant de cataloguer la série comme étant adulte ou la nouvelle Game of Thrones. Néanmoins, l’ensemble parvient, malgré un budget que l’on sent paradoxalement quelques fois limité, à nous offrir du grand spectacle, avec en plus quelques fulgurances (l’affrontement entre Geralt et la strige) qui justifient totalement l’existence de la série.

Là où la série a totalement réussi son pari, c’est dans sa capacité à nous faire aimer ses principaux protagonistes grâce à un casting très réussi et une écriture qui arrive à retranscrire tout ce qui les rend attachants et aussi savoureux à suivre. Ainsi, Henry Cavill n’était sans doute pas le choix de casting le plus évident et pourtant, il en impose à tous les niveaux, que ce soit lors des scènes de combat ou lors de ses phases d’enquêtes. Anya Chalotra est elle aussi très convaincante dans le rôle de la charismatique sorcière Yennifer, tout comme Freya Allan dans le rôle de Ciri, l’enfant voué à un destin extraordinaire.

Dans l’ensemble, cette adaptation télévisuelle de The Witcher est plutôt réussie, même si elle souffre de quelques défauts qui paraîtront plus ou moins rédhibitoires en fonction de vos attentes et de votre connaissance de l’univers des romans. Reste à voir comment la série évoluera dans la prochaine saison et si elle franchira un palier qualitatif pouvant la rendre aussi satisfaisante que les standards que tous les connaisseurs ont en tête. Il n’en reste pas moins une série divertissante, se laissant regarder (un peu trop) vite, mais qui sait nous occuper avant la prochaine fournée de la plateforme au logo rouge !

 Episodes : 1.01 à 1.08
 Titres : Le début de la fin, Quatre marks, Lune de Trahison, Des banquets, des bâtards et des obsèques, Désirs inassouvis, Espèces rares, Avant la chute, Bien plus
 Date de première diffusion : 20 décembre 2019 (Netflix)
 Créateur : Lauren Schmidt Hissrich
 Réalisateurs : Alik Sakharov, Alex Garcia Lopez, Charlotte Brändström, Marc Jobst
 Scénaristes : Lauren Schmidt Hissrich, Jenny Klein, Beau DeMayo, Declan de Barra, Sneha Koorse, Haily Hall, Mike Ostrowski
 Avec : Henry Cavill, Anya Chalotra, Freya Allan, Joey Batey, MyAnna Buring, Royce Pierreson, Anna Shaffer

Les films et séries TV sont Copyright © Netflix et les ayants droits Tous droits réservés. Les films et séries TV, leurs personnages et photos de production sont la propriété de Netflix et les ayants droits.