Barberousse [Édition collector DVD / Blu-Ray] : La critique

Barberousse est souvent considéré comme l’un des plus grands films d’Akira Kurosawa qui brosse le portrait d’une société au cours d’une fresque puissante de 3 heures adaptée du roman de Shugoro Yamamoto.

Au Japon, au début du 19ème siècle, on suit l’arrivée d’un jeune médecin dans un dispensaire tenu par un médecin brillant, Barberousse. Le jeune homme, bardé de diplômes, veut quitter cet endroit, mais au contact de l’humanité profonde de son mentor, il s’intéresse progressivement aux gens qu’il soigne et qu’il aide.

Cette œuvre épique et d’un humanisme profond fait parti de la tétralogie de la "misère" du réalisateur, commencé avec l’excellent Les bas-fond et terminé avec le poignant Dodes’ka-den à laquelle on peut ajouter le très bon L’ange ivre.

Kurosawa a fait preuve d’une méticulosité extrême sur ce qu’il filmait, étirant le tournage sur 2 ans et permettant au monde de découvrir un chef d’œuvre qui 52 ans plus tard garde une puissance incroyable.

Car à travers ces deux médecins, c’est le tableau d’une société de travailleurs pauvres, d’oubliés du système et de parias qui est brossé. Kurosawa leur rend un bel hommage et ne s’en moque jamais. D’ailleurs, il met sur les lèvres de Barberousse une sentence qui vient du cœur : il faut éduquer les gens pour les sortir de leur misère et de leur ignorance, c’est comme cela qu’on pourra faire diminuer le nombre de malades.

Le réalisateur passe en revue un grand nombre de pathologies et leur donne des dimensions humaines passionnantes. À travers les portraits croisés des divers protagonistes, c’est aussi des récits poignants et passionnants qu’il livre, dont celle de l’homme ayant dévoué sa vie aux autres et l’une des plus touchantes.

La photographie est magnifique et tous les plans sont d’une beauté incroyable, malgré l’horreur de certaines situations. On sent le poids d’un travail titanesque ne laissant rien au hasard et dans lequel même les ombres ont leurs places.

Si le long métrage est visuellement parfait et l’enchaînement des scènes une merveille de maîtrise, c’est le casting qui lui apporte la profondeur voulue pour représenter ces individus aux destinées multiples.

Tous les protagonistes sont formidables. Il faut saluer l’immense prestation de Toshirô Mifune, l’un des acteurs fétiches de Kurosawa dont c’est la dernière collaboration, en médecin généreux et dévouer aux gens. C’est sur ce personnage que l’opinion du réalisateur et de l’acteur diverge, Mifune voulant lui donner une dimension plus volontaire et active, alors que Kurosawa le voyait comme un homme sage et possédant ses démons.

Quant à Yûzô Kayama en jeune docteur, il est superbe et sa transformation mentale est visible à l’écran grâce à ses talents de comédien.

Barberousse est un chef d’œuvre. Un film puissant et intense qui devrait être montré à tout le monde. Pétri de bonté et de compassion, montrant les délaissés de la société comme des personnes qui comptent, cette leçon de vie fait chaud au cœur et donne fois en ce que l’humanité a de meilleur.

Avec une réalisation magistrale, une histoire captivante et des acteurs magnifiques, c’est clairement l’une des longs métrages de Kurosawa qu’il faut voir de toute urgence. D’autant que cette dernière œuvre en noir et blanc du réalisateur a fait l’objet de la part de Wild Side d’une restauration vraiment magnifique.

Prodigieux et puissant.

Début 19ème siècle. De retour à Edo après trois ans d’études à Nagasaki, le jeune docteur Noboru Yasumoto est décidé à y faire une brillante carrière. Il rêve d’une nomination dans l’hôpital du Shogunat. Sa connaissance de la médecine occidentale et ses origines le destinent aux plus hautes sphères médicales. Mais sa première affectation l’envoie dans un quartier très pauvre de Tokyo, à la clinique de l’intransigeant Dr Niide dit "Barberousse". Egoïste et arriviste, le docteur est mécontent d’être aux ordres d’un médecin dans un endroit qui ne correspond pas à son diplôme et à son ambition. Mais peu à peu, Yasumoto surmonte son amère déception et s’attache aux malades et à son étrange patron. Barberousse est un médecin atypique au cœur pur entièrement dévoué à la cause des plus pauvres. En fréquentant les laissés pour compte de la société, Noboru s’humanise...

Le support envoyé étant un DVD, les bonus ne peuvent être chroniqués.

Le livret est formidable et très intéressant. Il revient sur la genèse du film, le tournage, le différent entre le réalisateur et son acteur principal ou encore la réception du film. Ce dernier, passionnant à lire, est aéré par de nombreuses très belles photographies du long métrage et apporte un véritable plus à l’achat de cette version collector vraiment belle.

• Portrait de Toshiro Mifune par Shiro Mifune (26 minutes) Blu-Ray
• Barberousse : entre ombre et lumière (23 minutes) Blu-Ray
• Livret de Linda Tahir (82 pages)

 Disponibilité : Édition collector DVD / Blu-Ray
 Date de sortie : 30/08/2017
 Audio : Japonais
 Sous-titres : Français
 Durée du film : 3 h 00

 Réalisateur : Akira Kurosawa
 Scénariste : Akira Kurosawa, Masato Ide, Ryuzo Kikushima, Hideo Oguni d’après l’œuvre de Shugoro Yamamoto
 Interprètes : Toshirô Mifune, Yûzô Kayama, Tsutomu Yamazaki, Reiko Dan, Miyuki Kuwano, Kyôko Kagawa, Tatsuyoshi Ehara, Terumi Niki
 Photographie : Takao Saitô, Asakazu Nakai
 Musique : Masaru Satô
 Costumes : Yoshiko Samejima
 Décors : Yoshiro Muraki
 Producteur : Tomoyuki Tanaka pour Kurosawa Production, Toho
 Distributeur : Wild Side Video

 ALLOCINÉ
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