Locke & Key Les Clés du royaume : La critique

Date : 29 / 07 / 2013 à 20h00

Par : Christophe Dasse

Sources :

Source : Unification France

Locke & Key
Tome 4 - Les clés du royaume

• Éditeur : Milady Graphics
• Scénario : Joe HILL
• Dessin : Gabriel RODRIGUEZ
• Traducteur : Maxime LE DAIN
• Sortie le : 22 mars 2013
• Format : 160 pages
• Édition : Reliée
• ISBN : 9782811207595
• Prix : 19 € 90

Le romancier à succès Joe Hill et le dessinateur prodige Gabriel Rodriguez vous invitent dans un monde de terreurs et de merveilles : Locke & Key. Le manoir Keyhouse s’est transformé en champ de bataille.
Les enfants Locke découvrent toujours plus de clés magiques dissimulés dans leur ancienne demeure, attisant sans relâche la convoitise du sinistre Lucas Caravaggio. Et si la vie semble continuer malgré tout à Lovecraft, un fantôme du passé ne va pas tarder à faire ressurgir de vieux souvenirs familiaux. Le mystère qui entoure leur père pourrait bien être enfin dévoilé.
À conditions que les forces démoniaques ne s’y opposent pas…

Décryptage
Suite à leurs dernières aventures pour le moins perturbantes et violentes, la famille Locke tente de se reconstruire tant bien que mal en laissant sans le savoir le ver au beau milieu du fruit. Bode est devenu asocial à l’école, ce qui inquiète sa mère tandis que Ty apprend accidentellement la relation entre Zach et sa sœur. Le même Zach (le ver souvenez vous) qui n’arrête pas de questionner Kinsey sur les fameuses clés magiques qui sont de plus en plus nombreuses et qui apportent tout autant de nouveautés (transformation, force décuplée, contrôle de la personne, changement de genre et d’apparence, j’en passe et des meilleures).

Affublé d’une nouvelle clé, Bode traverse une nouvelle porte pour se transformer en oiseau aussitôt suivi de "Zach le noir" qui se transformera en loup pour attaquer avec sa meute Ty et Kinsey. En oiseau, Bode retrouve le même problème d’intégration qu’il a en étant petit garçon mais va découvrir de lui-même qu’il est plus fort s’il fait appel à la nuée et qu’il se fond avec eux pour défendre son frère et sa sœur. Et même si certains y laissent plus que des plumes, c’est cette solidarité qui les sauvera (et ils verront par la suite que cet adage est vrai jusqu’au bout).

C’est suite à cet épisode que le groupe va croiser Mme Erin Voss, pensionnaire d’un hôpital psychiatrique qui semble connaitre leur père et qui forcément devrait pouvoir les aider sur les nombreux secrets qui planent sur leur famille. De là vont commencer les véritables problèmes, les remises en questions et les dangers, nombreux qui rodent autour d’eux. Zach alias la Dame Noire veille et fera tout ce qu’il peut (meurtres y compris) pour arriver à ses fins et trouver la fameuse et puissante clé Oméga que cache jalousement Tyler.

C’est avec un immense plaisir non dissimulé que l’on retrouve enfin la famille Locke pour un 4^ème volet de leurs perturbantes aventures que nous sert Milady dans un bel écrin relié (eh oui les autres volumes ressortent aussi dans ce format, il va falloir tout racheter pour que ça fasse classe dans la bibliothèque. Passons sur ce choix discutable de format parce que « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse » comme le soulignait Alfred de Musset dépressif et alcoolique notoire et plongeons nous dans la lecture du nouveau tome de cette extraordinaire série. Un nouveau volume de Locke & Key se déguste comme un bon vin et lorsqu’il arrive, on a envie de le découvrir tout de suite mais on l’ouvre et on le laisse décanter jusqu’à ce qu’il soit à température ambiante pour enfin le déguster... ou pas.

Cette histoire là se concentre sur les 3 enfants et leurs amis respectifs qui tous auront leur importance dans le récit. Les relations sont souvent amoureuses et / ou conflictuelles (ce qui n’est pas incompatible). Tyler et sa petite amie Jordan, Kinsey et Zach mais aussi Kinsey et ses 2 amis Scot et Jamal, et Bode et Rufus. Et ces 3 "couples" interagissent les uns avec les autres dans cette histoire pour le moins complexe. La mère et les autres adultes sont quasiment absents de cette histoire. En plus des problèmes inhérents aux clés, les enfants Locke doivent aussi gérer leurs problèmes d’enfants, d’adolescents ou de jeunes adultes (l’école, les copains, l’amour) et leurs relations de fratrie.

Pour ce qui est du fond et de la forme, ça se tient toujours aussi bien. Les dessins sont toujours aussi beaux et détaillés et démontrent si cela était nécessaire que le dessinateur maitrise aisément son sujet, les dessins fourmillent de clins d’œil que je vous laisse le soin de relever. Les 2 compères à l’écriture et au dessin se permettent un hommage ouvert et vibrant en dédiant la première partie à Bill Watterson le papa de Calvin et Hobbes (une des meilleures BD au monde rappelons le, sur un petit garçon et son tigre en peluche qui s’anime et qui parle lorsqu’ils sont seuls). Les dessins sont un véritable hommage, tous les personnages sont croqués "à la Calvin et Hobbes" et même les réflexions philosophiques sur la vie sont aussi intégrées au récit. Un pur régal pour les amateurs.

L’histoire est toujours aussi complexe, elle se tient parfaitement, elle est parfaitement maitrisée et l’auteur se permet de jouer très régulièrement avec des sauts dans le temps en arrière et en avant pour brouiller encore plus les pistes. C’est simple, on est comme happé par cet incroyable récit. L’amour, l’amitié et la fratrie sont au cœur de ce volume, l’auteur effleure très rapidement quelques autres thèmes comme le racisme. C’est violent, sanglant, assez dur parfois avec beaucoup d’action, de suspense et d’émotion et l’auteur nous tient en haleine pendant tout le récit avec un récit tendu et nous plombe une conclusion très prenante et cauchemardesque qui trouvera sa suite dans un tome à venir qui viendra je l’espère pas trop tard.

Un conseil si ce n’est pas déjà fait, plongez vous dans cette série. Joe Hill a un énorme talent et c’est épaulé de Gabriel Rodriguez qu’il prend toute sa dimension. Pénétrez aussi sans hésitation dans le monde extraordinaire de Calvin et Hobbes, vous ne serez pas déçus.