L’assassin qu’elle mérite : la critique du tome 2

L’assassin qu’elle mérite

Tome 2 - La fin de l’innocence

• Scénariste : Wilfrid Lupano
• Dessinateur : Yannick Corboz
• Collection : Hors Collection
• Date de parution : 23 mai 2012
• Éditeur : Vents d’Ouest
• Nombre de pages : 48
• Prix : 13.90 €
• Dimensions : 240 x 320 mm
• ISBN : 9782749306315

Le piège se referme sur Victor… Mais les chats se sont désintéressés de leur proie.

Autour d’une réflexion sociologique et humaniste, Lupano et Corboz construisent une série passionnante et pathétique, dont le premier tome a reçu de nombreux prix.

Décryptage :
Après son coup d’éclat au restaurant et sa fuite sous une pluie de balles, Victor se réveille dans l’appartement d’un couple qu’il ne connait pas et dont le chef de famille, Hermann, chômeur militant va le marteler de propos antisémite. Mais Victor va vite apprendre que, faute de mieux, la police a arrêter son père et dans l’impossibilité de se racheter une conduite ou de prouver le traquenard dans lequel il est tombé, Victor va échafauder un plan qui l’obligera à faire "chanter" le juge pour libérer son père et va continuer à se comporter comme un bandit. Mais c’est la seule solution qu’il trouve pour sortir son père de là et ses actes auront des conséquences inattendues qu’il va devoir payer cher, quitte à perdre ce qu’il lui reste, ses amis et sa famille...

L’histoire reprend donc exactement là où se terminait la précédente, à Vienne, où se côtoient la misère et la richesse. Les gens riches et puissants qui s’amusent de leurs richesses et abusent de leurs pouvoirs face à une population affamée, prête à tout. L’histoire montre la descente aux enfers d’un garçon que l’on a tenté avec l’argent et qui se retrouve comme au départ, à la rue et sans un sous mais enragé d’avoir touché du bout des doigts le confort apporté par l’argent. Il se retrouve dans une spirale infernale dont il ne peut s’extirper sans y laisser forcément des plumes. La violence appelle la violence et sa moralité se retrouve obscurcie par une addiction à un rang social qui n’est déjà pas le sien et qu’il ne saura pas et ne pourra pas retrouver.

C’est un tome de transition qui nous montre les luttes d’influence et de pouvoir, la descente aux enfers de Victor dans un monde qui n’est pas le sien et qu’il ne maîtrise plus. Il n’est que le jouet d’un homme riche qui s’ennuie et dont le jeu est de prouver qu’il peut créer de toute pièce l’assassin que mérite Vienne. L’histoire prend ici une tournure tragique et se trouve grandement accélérée. Elle devrait trouver une conclusion, vraisemblablement tragique (comment cela pourrait-être autrement ?) pour notre héros dans le tome à venir.

On y retrouve le thème fort de l’embrigadement politique, d’un antisémitisme poussé à l’extrême qui séduit Victor sans qu’il n’y comprenne véritablement grand chose mais une situation désespérée requiert des mesures désespérées et l’embrigadement politique est encore plus facile sur quelqu’un de désespéré et sur les masses populaires affamées.

Un grand soin est apporté au dessin. Les couleurs sont éclatantes et les personnages et les lieux sont encore plus beaux et plus fins sur ce volume. Même s’ils étaient déjà très beau sur le premier tome, ils le sont encore plus sur celui-là. Le dessin nous plonge véritablement dans l’action et dans le cœur de Vienne, on est happé par le dessin dans l’histoire.

Le troisième tome sera t-il celui de la rédemption où alors celui de l’arrivée en enfer ? En tout cas espérons que nous ne tarderons pas trop à le découvrir.

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