L’odyssée du temps : La critique du tome 3

Date : 13 / 09 / 2012 à 20h05
Sources :

Source : Unification France via Le Galion des Etoiles



L’odyssée du temps
Tome 3 - les premiers-nés

• Auteurs : Stephen BAXTER & Arthur C. CLARKE
• Éditeur : Bragelonne
• Traducteur : Laurent GENEFORT
• Date de parution : 22/06/2012
• ISBN : 9782352945758
• Prix : 23.00 €
• Nombre de pages : 416
• Format : Grand format
• Édition : Brochée

Les Premiers-Nés, la mystérieuse espèce extraterrestre connue pour avoir édifié le monolithe noir de « 2001 : L’Odyssée de l’espace », ont hanté l’œuvre de Sir Arthur C. Clarke. Dans ce dernier tome d’une trilogie unanimement saluée et coécrite avec Stephen Baxter, les Premiers-Nés reviennent avec la ferme intention d’en finir… Mais, tandis que leur nature se dévoile peu à peu, en même temps que le terrifiant projet qu’ils réservent à l’humanité, un allié inattendu surgit des profondeurs de l’espace, à des années-lumière de là…

Citation
P. 404 : « Libérées de l’attraction de Mars, les petites lunes quittèrent leur trajectoire pour partir à la dérive. A présent, elles orbiteraient autour du soleil, devenant deux astéroïdes quelconques de plus. La maigre nuée de satellites que les hommes avaient installés autour de la planète commença également à se disperser. Pendant un temps, des ondes gravitationnelles traversèrent le système solaire, et les planètes dansèrent telles des feuilles à la surface d’un bassin dans lequel on a jeté un caillou. Mais bientôt, ce clapotis s’évanouit. Et il ne resta plus rien de Mars. »

Décryptage
Après un premier tome qui m’a carrément emballée, et un second intéressant, je dois dire que j’attendais beaucoup de ce dernier volume. Mais malheureusement, je n’ai pas retiré de cette lecture tout le plaisir escompté. Il y a plusieurs raisons à cela.

La hard science-fiction (dite aussi hard SF ou SF dure) :

Il faut savoir que Sir Arthur C. Clarke et Stephen Baxter sont des auteurs de référence, les « maîtres » même ( !), dans le domaine de la science-fiction. Je suis une inconditionnelle amatrice des œuvres de Sir Arthur C. Clarke, et ceci depuis toujours. Quant à Stephen Baxter, il écrit de la hard SF pointilleuse, basée sur des découvertes scientifiques et technologiques solidement attestées. L’un comme l’autre, ces deux auteurs sont talentueux, même si je préfère le style de Clarke.

Si les deux premiers livres de cette trilogie comporte un équilibre agréable entre science-fiction et SF dure ; le troisième tome, lui, est clairement orienté hard SF, un genre, qui je l’avoue, n’est pas toujours de mon goût.

Il y a des passages où j’ai carrément souffert. Si tout comme moi vous n’avez que des connaissances élémentaires en physique, science et cosmologie, vous risquez bien d’attraper la migraine lorsque l’on vous parlera plus ou moins en détail de « l’anisotropie des micro-ondes du fond diffus cosmologique », ou encore de « matière baryonique », « matière noire » ou « énergie sombre », en passant par la « physique de la quintessence », « l’inflation cosmique » et les « ondes sonores primordiales ». Alors que j’étais sur le point d’aller chercher une aspirine, une réplique d’un personnage m’a bien fait rire et aidé à relâcher la pression accumulée dans mes tempes : « Bon Dieu, professeur Tournesol, abrégez mon supplice ! ». Je n’en pensais pas moins !

Les personnages :

Alors qu’ils se développaient pas à pas dans les précédents livres, j’ai le sentiment qu’ici que leur rôle s’est vu réduit à celui d’interprètes. En effet, on dirait qu’ils sont principalement utilisés pour traduire / vulgariser le jargon scientifique propre à cette œuvre sous forme de langage parlé accessible à tous. C’est sympa d’avoir voulu rendre service au lecteur mal éclairé en lui rendant les choses plus faciles, mais par la même occasion, ça donne quand même des répliques franchement dépourvues de toute émotion. On dirait plus des intelligences artificielles que des êtres humains. Et étonnamment, les IA que l’on trouve dans cette histoire sont bien plus humaines que les personnages eux-mêmes. On a l’impression que ces entités sont les seules à ressentir quelque chose, à montrer de l’émotion ou à avoir des sentiments. Parce que les personnages, eux, ils sont aussi froids que la calotte polaire martienne, c’est pour dire…

Le récit :

Il se divise en histoires en parallèles, celles de Bisesa, Myra, Bella et Edna.

On accompagne Bisesa dans un ultime voyage à travers l’espace et le temps. D’abord sur Terre, puis dans l’espace à bord d’une cage d’un ascenseur spatial, et sur Mars. Ensuite, dans le temps, lorsqu’elle retournera sur Mir – le monde patchwork, territoire composé de tranches temporelles du passé - où elle ira de Babylone à Chicago.

Quant à la présidente Bella, qui est informée de la présence de la bombe Qt dans notre espace, elle se voit soumettre pour approbation un tas de propositions de défenses et contre-attaques de Bill Paxton, un ex-militaire grincheux sur le déclin.

Et au milieu de ces trames, il y a leurs filles. Myra, celle de Bisesa, qui restera sur Mars après la disparition de sa mère pour suivre son propre destin. Et Edna, celle de Bella, qui à bord du Liberator, tentera d’arrêter la bombe Qt.

Si l’idée de présenter des histoires en parallèle est bonne, il manque au récit le pep et le suspens qu’on trouvait dans les précédents tomes, et certains passages tirent un peu en longueur. Résultat : je me suis parfois ennuyée. Il faudra attendre la 4ème et la 5ème partie pour que les évènements s’emballent enfin. Mais finalement, dans une « Odyssée du Temps », peut-être faut-il justement savoir jouer avec cette notion du temps qui s’écoule, plus lentement ou plus rapidement suivant le contexte, afin de donner du relief et de la crédibilité au récit ?

Sinon, bien qu’une conclusion soit apportée dans le chapitre 62, je reste quand même sur une impression de « pas assez ». On nous a expliqué plein de trucs scientifiques, mais il me semble que les questions fondamentales ont été mises de côté. Qui et que sont finalement les Premiers Nés ? D’où viennent-ils ? De quel droit se sont-ils donnés pour mission de contrôler l’expansion de la vie dans l’univers ? Quel est le rôle de Mir ?… Quant au chapitre 63, il me laisse carrément dubitative, et ça m’énerve ! Y-aurait-il une suite qui n’a pas été traduite en français ? Ou bien ai-je raté un truc ? Bref…

Sinon, un point que j’ai personnellement beaucoup apprécié, ce sont les références aux œuvres de Clarke que l’on trouve tout au long du récit, comme par exemple, « Les Sables de Mars » (roman réédité dans l’omnibus « La Trilogie de l’Espace » chez Milady) et « 2010 : Odyssée deux ». Mais la plus flagrante, c’est le fameux ascenseur spatial mis en scène dans « Les Fontaines du Paradis ». Ici, son concept (déjà génial à la base) à quelque peu évolué !

On trouve même un clin d’œil à Jules Verne (auteur dont je chéris les écrits), par le biais du personnage Gifford Oker, professeur d’astronomie et habitant de Mir : « J’ai lu votre lettre, mademoiselle Dutt. Vous êtes allée sur Mars à bord d’une goélette de l’espace. Dans quel siècle merveilleux vous avez vécu ! Quand j’étais petit, j’ai rencontré Jules Verne. Un grand homme, un très grand homme. LUI, il aurait compris la navigation vers Mars, je pense ! » (p.287)

Au niveau du style, c’est parfait. On appréciera évidemment les plumes expertes des « maîtres ». On pourra quand même constater une confusion – pour la moins dérangeante et à deux reprises en plus ! - dans les prénoms des personnages (« Bisesa » au lieu de « Bella ») dans le chapitre 12 (p. 73) et le chapitre 13 (p.86). J’ignore si l’erreur vient des auteurs ou du traducteur ?

A mon goût, les points positifs du tome 3 :
des références aux précédentes œuvres de Clarke
des histoires passionnantes se déroulant parallèlement
des voyages dans l’espace et le temps
une description saisissante de la planète Mars

A mon goût, les points négatifs du tome 3 :
trop de hard SF
des personnages froids
des dialogues dépourvus d’émotion
trop de longueurs
des questions qui restent sans réponse

Conclusion sur La Trilogie de l’Odyssée du Temps :
Le premier tome « L’œil du Temps » est tourné vers le passé et l’histoire, et se déroule sur Mir, le monde patchwork. Cet ouvrage est excellent et fait partie de mes coups de cœur. Dans le second tome « Tempête solaire », l’action se situe dans un avenir proche. C’est un bon ouvrage, avec des idées gigantesques. Le troisième tome « Les Premiers Nés », nous emmène entre passé, présent et futur. Il est particulièrement porté sur la science et la cosmologie.

Le fait est que « L’Odyssée du Temps » est indéniablement une formidable trilogie. C’est une histoire profonde et complexe, teintée de réflexions et étayées de théories basées sur des faits scientifiques concrets. C’est une épopée captivante dans l’espace et le temps.

Mais je pense que c’est une œuvre qui convient à un lecteur aguerri. Pour pouvoir pleinement l’apprécier et la comprendre, dans toute son ingéniosité et sa complexité, il faut non seulement de bonnes bases de science-fiction, mais de plus, un bagage scientifique serait assurément un atout bienvenu (surtout pour le tome 3). Et – ma foi - si tout comme moi vous êtes fan de SF, mais n’avez pas de connaissances scientifiques particulières, je vous conseille de prendre votre temps pour cette lecture, afin de bien tout assimiler. Prenez des notes et documentez-vous au fur et à mesure. Vous verrez, c’est enrichissant.

« L’Odyssée du Temps » n’est pas un space opera. C’est donc une lecture que je ne conseillerai pas à quelqu’un qui voudrait découvrir la science-fiction. Par contre, je recommande chaleureusement cette trilogie à tous les amateurs de hard SF, ainsi qu’aux fans de SF curieux de d’agrandir leur horizon scientifique.


Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.



 Charte des commentaires 


Dirty Rose : La critique
Zorro - La Légende : La critique des aventures classiques par (...)
Cobra Commander : La critique à la Conquête du Monde
Duke : La critique du Nerf de la Guerre
Creature Commandos présente Frankenstein : La critique
La Curiosité du Dimanche : Visionnez Loups Garous, la meilleure (...)
Star Trek - Lower Decks : La bande annonce et le retour (...)
Agatha All Along : Critique 1.05 Dans la nuit noire, vienne le (...)
La Cage : La bande annonce et la date de sortie de la série (...)
Roman SF : Terminus les étoiles d’Alfred Bester - (...)
The Franchise : La critique express
That ’90s Show : Fin de la série sur Netflix
Brèves : Les informations du 13 octobre
Elegoo Saturn Ultra 12K : La critique de l’imprimante 3D (...)
Cinéma - Bandes annonces : 13 octobre 2024