Les faucheurs sont les anges : La critique

Date : 06 / 08 / 2012 à 20h05
Sources :

Source : Unification France



Les faucheurs sont les anges

• Auteur : Alden BELL
• Éditeur : Bragelonne
• Traducteur : Tristan LATHIÈRE
• Photo : © Mark Owen & Roy Bishop / Arcangel Images
• Sortie le : 20 avril 2012
• Format : 288 pages
• Format : Grand format
• Édition : Brochée
• ISBN : 978-9782352945598
• Prix : 18€

Temple n’a aucun souvenir du monde avant la chute.
Du monde avant les zombies, avant les camps de survivants, avant les plaines de suie où tombent les vivants et se lèvent les morts.
Temple a quinze ans, mais le temps de l’innocence est depuis longtemps révolu. Seule face à la nature, à ses miracles et à sa sauvagerie, elle est pourtant décidée à profiter de ce que la vie peut encore lui offrir, et à découvrir ce que dissimule l’horizon.
Et derrière cette adolescente au cœur simple et dur, habitée par le désir d’être juste, se profile l’ombre de l’homme qui a juré de la tuer.

Un récit puissant, sur la survie et l’humanité. Un livre terrifiant, mais profondément moral.

Décryptage
Il y a les livres que vous lisez et il y a les livres que vous dévorez. Les faucheurs sont les anges fait sans aucun doute partie de la seconde catégorie. Il y a les livres que vous lisez et que vous oubliez tout aussitôt et il y a les livres qui vous marquent par leur sujet et leur qualité et Les faucheurs sont les anges fait aussi partie de cette seconde catégorie. Déjà le titre et la couverture sont intrigants. Et comme avec le très marquant Vivants d’Isaac Marion paru en octobre dernier toujours chez Bragelonne, nous sommes ici en présence d’un roman très original.

Original pour plein de raisons. La première est technique et visuelle : l’éditeur a choisi de suivre son confrère de la version originale et de garder la particularité de ce roman qui est de ne contenir aucun signe (tiret ou guillemet) pour annoncer les dialogues. C’est parfois perturbant dans la lecture mais on s’y fait très vite. Puis l’histoire et son héroïne, puisque Temple n’a que quinze ans et qu’elle n’a connu que le monde post-apocalyptique dans lequel elle tente tant bien que mal de survivre. Elle est née après le début de l’épidémie et se retrouve seule très vite, livrée à elle-même et elle doit s’adapter ou mourir. Elle a choisi de s’adapter et elle est plutôt douée. Mais elle a surtout compris qu’elle s’en sortirait mieux seule et c’est pour cela qu’elle n’est pas à l’aise au contact des gens et qu’elle préfère n’avoir qu’elle à gérer, surement aussi à cause d’une malheureuse expérience passée.

Malgré le thème plutôt dur, il se dégage de ce roman une certaine douceur et une certaine sérénité, une poésie incontestable même si cela peut paraitre antinomique vu le sujet de l’histoire. Mais c’est pourtant vrai, on est happé par la tranquillité, le courage et la force de cette jeune fille qui, alors qu’elle évolue dans un monde cruel, violent et dur, est actrice et non pas spectatrice de ce monde apocalyptique envahi de rampants qui n’ont qu’une seule envie, c’est de la dévorer. Mais pour elle c’est le seule monde qu’elle connaisse puisqu’elle est née après l’apocalypse. Et l’originalité de ce roman vient aussi du fait que, au minimum 15 ans après l’apocalypse, les gens ne vivent plus dans l’espoir de retrouver le monde d’avant mais sont transportés par un instinct de survie plus fort que tout. Et le style de Bell est adapté à cet état d’esprit dans lequel sont les gens, un peu simpliste mais gardant toutefois une envie d’aller plus loin. C’est pour cela que Temple l’héroïne a souvent des paroles crues quelque peu simplistes...

Elle est vierge de la vie d’avant les "sacs à viande" - comme elle aime à les appeler -, elle n’a que 15 ans et n’a pas connu le monde d’avant. Cette virginité est inédite (à ma connaissance) dans un récit de ce genre. C’est une approche qui est des plus originale, alors que l’on pourrait penser que ce n’est qu’un roman de plus sur les zombie, on a ici cette jeune fille dont on découvre l’histoire petit à petit au fil du récit. Et on ne sait rien de la vie d’avant, rien de la manière dont s’est déclenché cet apocalypse ; mais comment pourrait-elle le savoir puisqu’elle ne l’a pas connu. Je pense que l’intérêt du récit n’est pas là, mais dans ce qui fait qu’elle continue à survivre. Il faut aussi savoir garder une part de mystère.

Ce sont les rencontres qu’elle fait qui ponctuent et enrichissent le récit. Une communauté enfermée dans des immeubles, des chasseurs, un homme seul un peu simplet qui deviendra son compagnon de voyage, une famille aisée vivant dans un manoir, isolée du monde extérieur - et avec laquelle l’auteur en profite pour égratigner l’aristocratie au passage -, des rednecks, des extrémistes qui pensent être les vrai américains, des gens dans un train en marche vers un monde meilleur... Mais toujours cet homme qui la pourchassera pour venger son frère qu’elle a tué pour ne pas périr elle-même.

C’est un voyage en quête de rédemption qu’elle effectue en accompagnant Maury chez des parents qu’elle n’a guère de chance de trouver, elle le sait. Mais elle va jusqu’au bout, sûrement pour oublier et corriger son erreur avec le jeune Malcolm et même si elle sait que cela peut lui coûter cher. C’est l’humanité de cette jeune fille qui lui fait faire ce qu’elle doit faire pour survivre mais elle ne perdra jamais cette humanité de vue, malgré les entraves qui se hérisseront sur son passage. Mais ce qui marque le plus, alors qu’elle est prise dans le tourbillon de ses rencontres, c’est la maturité et l’humanité dont elle fait preuve malgré le détachement qu’elle se donne et la dureté du monde dans lequel elle évolue.

Le livre est un véritable enchantement, du début jusqu’à la toute fin aussi sublime qu’inattendue. Alors juste un reproche, parce que finalement c’est peut être plus facile de critiquer un livre que l’on trouve déjà très bon pour s’imaginer qu’il aurait pu l’être encore plus. L’auteur aurait pu rendre encore plus évidente cette "virginité" du monde d’avant et la laisser "s’émerveiller" ou "s’étonner" encore plus de ce qu’elle découvre au fur et à mesure de son avancé. Mais c’est un livre bourré d’humanisme et de poésie, à conseiller même s’il ne plaira pas forcément à tout le monde de par son traitement.


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