Caïn : Bruno Debrandt roule pour France 2
Caïn, flic en chaise roulante, a une sérieuse tendance à profiter de son handicap pour passer au dessus des lois et des convenances. Il mène l’enquête en binôme avec Lucie qui doit faire face à son cynisme et son humour très très noir…
Une volonté de renouveau du polar à la française, emmené tambour battant par le charme et la sensibilité de Bruno Debrandt. Prix 2012 de la meilleure série au Festival de Luchon.
Un personnage d’un genre nouveau pour la France, mais irrémédiablement comparé à Greg House, pour son comportement licencieux et ambigu. Décidément, on a bien du mal à s’éloigner du modèle américain, même si Bruno Debrandt se défend de s’être inspiré du célèbre « Docteur es-amoralité », avouant presque contrit, ne pas faire partie des "séries addicts", conviés à la présentation de la série le samedi 21 avril, au Festival Séries Mania.
« Je ne connaissais pas Dr House avant qu’on me compare à lui avec autant de force. Du coup je suis allé regarder… » nous a confié le comédien qui a laissé Linda Chabert de DEMD Productions expliquer, qu’en l’occurrence, si l’inspiration est venue d’outre-Atlantique, c’est plutôt en hommage au personnage d’une série bien plus ancienne, L’Homme de Fer, à la base de la réflexion sur le projet.
Il est vrai qu’on sort vite du contexte du programme des années soixante, dont le héros, rappelons le pour mémoire, doit son état à une tentative de meurtre, en bon et loyal serviteur de la loi.
Le désagréable et néanmoins sympathique Caïn, a lui « fait son propre malheur » avoue-t-il, en provoquant l’accident qui l’a cloué dans son fauteuil. Un sombre personnage, au passé aussi mystérieux que sulfureux au début de la série, mais qui se dévoilera au fil des épisodes nous a-t-on promis. Et les zakouskis sont alléchants.
Le personnage accroche, c’est évident. C’est écrit et tourné avec talent. Même si, évidemment tout cela reste bien familier et de l’ordre du « déjà vu ». On est dans une série policière. Impossible d’échapper aux ressorts du genre, articulés ici avec subtilité, il faut le reconnaître.
Pour ma part, je me réjouis de voir depuis quelques mois, France Télévision s’interroger et mettre un peu en lumière le « monde du handicap ». En présentant des documentaires extrêmement bien faits sur France 4, dans le cadre des Séries du Réel. Plein d’émotion et d’optimisme sur France 3 dansThalassa, Vague d’Espoir.
Revenir sur le sujet en fiction est encore plus fort. Je trouve. Oser montrer qu’au fond, ici l’infirmité de notre héros dépasse de loin sa mobilité physique est d’une intelligence profonde.
Non seulement le garçon s’autorise ce que bien des valides n’oseraient certainement pas, mais en plus, son handicap devient parfois un atout dans ses enquêtes. Quand « on ne lui met pas des bâtons dans les roues »… si j’ose dire.
L’humour grinçant, noir même, avec lequel le personnage traite son invalidité la fait passer au second plan. Relègue le fauteuil roulant au rang d’accessoire, et le handicap en général comme élément du décor. C’est une petite révolution. Ah oui ? « Ces gens-là » peuvent avoir une vie normale… ou exceptionnelle. Le personnage, en l’occurrence était déjà hors du commun « avant ». Et son état ne l’a apparemment fait changer que d’un point de vue pratique.
Encore que, sa mobilité et son autonomie en font moins un handicapé physique qu’un cas psychologique.
J’adore le style du bonhomme ! « Un paraplégique qui prend les valides à contre-pied ».
De quoi piquer la curiosité, non ?
Exemple ?
Le garçon est du genre à chiper la dernière place « ordinaire » sur un parking, devant un automobiliste lambda médusé. Et quoi ? Il lui donne sa carte pour qu’il puisse utiliser la place réservée… J’adore.
J’en passe des meilleures. Si vous voulez en savoir plus il faudra être au rendez vous de la case polar du vendredi soir sur France 2, à l’automne.
Une série qui montre la vitalité de la création française, ça roule ! A voir.
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