Gueules noires : La critique

Date : 09 / 11 / 2023 à 11h00

Par : Isabelle Arnaud

Sources :

Unification

GUEULES NOIRES

Date de sortie : 15/11/2023
Titre original : Gueules noires
Durée du film : 1 h 43
Réalisateur : Mathieu Turi
Scénariste : Mathieu Turi
Interprètes : Samuel Le Bihan, Amir El Kacem, Jean-Hugues Anglade, Thomas Solivérès, Bruno Sanches, Diego Martín, Marc Riso, Philippe Torreton

LA CRITIQUE

Gueules noires est un très bon film mélangeant aussi bien aventure, drame social qu’horreur.

Le scénario du réalisateur Mathieu Turi tourne autour d’un jeune Marocain qui est recruté dans son pays pour être envoyé dans une mine située dans le nord de la France au XXe siècle. Il va alors descendre dans ses entrailles avec une poignée de mineurs triés sur le volet et un professeur d’archéologie qui cherche quelque chose d’enfoui sous terre.

Le film de Mathieu Turi s’inspire de 2 livres de H. P. Lovecraft pour proposer un monde souterrain abritant une créature qu’il ne fait pas bon de croiser. On va donc voir le personnage principal se retrouver dans une situation de plus en plus compliquée, alors que tout se ligue contre lui.

L’œuvre bénéficie d’une photographie d’Alain Duplantier absolument somptueuse. Elle est filmée en grande partie dans des tunnels non éclairés où la seule lumière existante provient des lampes des mineurs. Afin de renforcer cette obscurité, de la fumée a été envoyée dans les lieux. Et si elle ne se voit jamais, cela augmente encore la densité du noir des tunnels traversé par des frêles rayons lumineux. Ce qui offre une ambiance intense et envoûtante qui capte complètement l’attention.

Les comédiens, tous très bien interprétés, ont d’ailleurs dû s’entraîner pour être non seulement crédibles dans leur rôle, mais aussi pour illuminer, au bon moment, tous les éléments, et les personnages, que l’on doit voir à l’écran.

Amir El Kacem est excellent en jeune homme dépaysé qui essaye de se faire accepter par les autres. Jean-Hugues Anglade est formidable en professeur mystérieux prêt à tout pour mettre la main sur la découverte qu’il cherche. Samuel Le Bihan est superbe en responsable des mineurs maintenant la cohésion de l’équipe. Le reste de ses membres sont très convaincants et montrent parfaitement les côtés aussi bien positifs que peu reluisants de l’humanité.

La créature est imposante. Si les séquences où elle apparaît sont horrifiques, et parfois sanglantes, son apparence singulière est bien un choix de la réalisation. Ainsi, c’est une créature animée par des marionnettistes qui rôde dans la mine. Ce qui lui apporte plus de consistance que des images de synthèse.

Malgré son mélange des genres, le long métrage fonctionne vraiment bien. La longue exposition donne l’occasion de se plonger dans un contexte sociétal qui a aussi son importance dans le déroulement de l’intrigue. L’équipe de tournage dédie d’ailleurs le film aux nombreuses victimes de la région du Maroc qui a été frappée par le terrible tremblement de terre de 2023. Elle a fourni certains figurants apparaissant à l’écran, qui sont malheureusement décédés. De plus, l’endroit vraiment historique où se déroulait le choix des jeunes travailleurs locaux que l’on envoyait en France a aussi été rasé par le séisme.

Si le récit réserve peu de surprises pour les amateurs de ce type d’histoire, il est beaucoup plus grand public que les deux films précédents de Mathieu Turi qui étaient nettement plus horrifiques. Sa dernière réalisation n’est d’ailleurs pas sans faire penser à Indiana Jones et le temple perdu avec son ambiance vraiment sombre, ses rebondissements mortels et sa séquence final grandiose.

On a vraiment de la chance d’avoir un réalisateur de genre français aussi investi qui fait une nouvelle proposition cinématographique vraiment agréable. Il serait donc dommage de passer à côté du long métrage, d’autant que celui-ci rend particulièrement bien sur grand écran, notamment grâce à sa mise en scène léchée et à son traitement de l’obscurité qui est incroyable.

De plus, la musique d’Olivier Derivière est très bonne et accompagne fort bien ces aventures souterraines réservant leur lot de rebondissements et d’horreur enfouie.

Sans compter que l’histoire peut laisser espérer d’autres longs métrages se déroulant dans ce même univers qui a de grandes potentialités d’exploitation.

Gueules noires est un très bon film d’horreur ajoutant avec justesse une dimension sociologique et une quête initiatique à un récit fort bien écrit et porté par des comédiens impeccables. Il ne faut donc pas hésiter à aller découvrir la dernière pépite horrifique d’un réalisateur qui ne déçoit jamais.

Vous pouvez découvrir ci-dessous, dans la partie vidéo, la passionnante session de questions-réponses que le réalisateur Mathieu Turi et l’acteur principal Amir El Kacem ont eu avec le public à l’issue de la projection du film lors du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg en 2023.

Efficace et envoûtant.

SYNOPSIS

1956, dans le nord de la France. Une bande de mineurs de fond se voit obligée de conduire un professeur faire des prélèvements à mille mètres sous terre. Après un éboulement qui les empêche de remonter, ils découvrent une crypte d’un autre temps, et réveillent sans le savoir quelque chose qui aurait dû rester endormi…

BANDE ANNONCE

Bande annonce :

Présentation et session de questions-réponses de Gueules noires au FEFFS 2023 par le réalisateur Mathieu Turi et l’acteur Amir El Kacem :

FICHE TECHNIQUE

Photographie : Alain Duplantier
Montage : Joël Jacovella
Musique : Olivier Derivière
Costumes : Agnès Noden
Décors : Marc Thiébault
Producteurs : Eric Gendarme, Thomas Lubeau, Jordan Sarralie, Bruno Amic, Alexis Loizon, Patrick Raoux pour Alba Films, Full Time Studio, Marcel Films
Distributeur : Alba Films