Le Consentement : La critique

 Date de sortie : 11/10/2023
 Titre original : Le Consentement
 Durée du film : 1 h 58
 Réalisateur : Vanessa Filho
 Scénariste : Vanessa Filho d’après l’œuvre de Vanessa Springora
 Interprètes : Jean-Paul Rouve, Kim Higelin, Laetitia Casta, Élodie Bouchez, Jean Chevalier, Lolita Chammah, David Clavel, Agathe Dronne

Sorti en 2020, le livre de Vanessa Springora a lancé l’affaire Matzneff, un auteur appréciant particulièrement les jeunes filles. Le Consentement en est l’adaptation particulièrement percutante.

Le scénario de Vanessa Filho tourne autour d’une adolescente de 13 ans qui va rencontrer Gabriel Matzneff au cours d’une soirée et va être fascinée par cet homme qui va tout d’abord la séduire, puis la manipuler.

Le film de Vanessa Filho montre très bien le jeu qui s’installe entre la jeune fille, follement amoureuse, et le prédateur toxique qui sait parfaitement quelles ficelles tirer pour faire de la jeune fille celle qu’il veut qu’elle soit.

À l’image de la vie, l’œuvre est ambiguë, l’adolescente se jetant d’elle-même dans la toile de l’auteur, et y retournant régulièrement. Même quand elle se rend progressivement compte de la toxicité de leur relation et envisage d’y mettre fin.

Elle a d’ailleurs mis de très nombreuses années avant d’écrire un livre libérateur. Alors que l’auteur a pendant des décennies bénéficié de protections à haut niveau, qui lui ont permis d’échapper aux conséquences de ses actes qu’il décrit abondamment dans certaines de ses œuvres en très grande partie autobiographiques.

Quinze ans plus tôt, une jeune fille, qui était tombée sous son emprise, a d’ailleurs tenté de faire publier une œuvre similaire, ce qu’elle n’a pu faire faute d’éditeur voulant s’engager.

Le long métrage est parfois très cru et dérangeant. Il bénéficie de quelques scènes d’amour qui sont souvent choquantes et s’étirent de temps en temps trop en longueur.

L’emprise croissante du quadragénaire sur sa jeune victime est parfaitement montrée. On voit extrêmement bien la manière dont il l’accroche et la manipule avec des mots soigneusement choisis et parfaitement ciselés. Des phrases qui ont un grand impact sur la jeune fille qui les chéris et qui la pousse à entreprendre parfois ce qu’elle ne désire pas faire.

L’interprétation est vraiment impressionnante. Kim Higelin est excellente en adolescente ayant du mal à faire la part des choses. Jean-Paul Rouve est incroyable en auteur imbu de lui-même, ne supportant pas qu’on ne fasse pas ce qu’il demande. Laetitia Casta est très bonne en mère de la jeune fille se trouvant progressivement dépassée par les événements.

La période de l’époque des faits est bien reconstituée. Ce qui permet notamment de voir la manière dont une telle affaire laisse indifférents la plupart des gens et comment l’auteur réussit à masquer son penchant, vraiment peu subtil, pour les gamines, en dehors de son cercle d’amis ou de connaissances.

En sachant que ses livres sont extrêmement explicites et qu’ils ont été publiés, sans aucun problème, pendant des décennies. Même s’il s’agit plutôt d’un marché de niche avec seulement quelques milliers d’exemplaires vendus pour chacun de ses ouvrages. Alors que de riches mécènes lui octroient des fonds, parfois importants, pour qu’il vive de ses œuvres.

Le Consentement est un très bon film permettant de parler parfaitement de l’emprise que peut avoir un homme âgé, séduisant et manipulateur sur une jeune adolescente qui va tomber d’elle-même sous sa coupe charmante avant de progressivement glisser en enfer.

L’histoire très bien écrite et mise en scène avec une grande subtilité, bien que certains passages soient dérangeants, en font une œuvre marquante. D’autant que l’interprétation est vraiment magistrale.

Glaçant et dur.

Paris, 1985. Vanessa a treize ans lorsqu’elle rencontre Gabriel Matzneff, écrivain quinquagénaire de renom. La jeune adolescente devient l’amante et la muse de cet homme célébré par le monde culturel et politique. Se perdant dans la relation, elle subit de plus en plus violemment l’emprise destructrice que ce prédateur exerce sur elle.

 Photographie : Guillaume Schiffman
 Montage : Marion Monestier, Sophie Reine
 Musique : Audrey Ismael, Olivier Coursier
 Costumes : Carine Sarfati
 Décors : Edwige Le Carquet
 Producteurs : Carole Lambert, Marc Missonnier, Jean-Paul Rouve pour Moana Films, Windy Production
 Distributeur : Pan Distribution

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@Julie Trannoy

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