Il était une fois les séries : Les Envahisseurs

 Type : SF
 Titre Original : The Invaders
 Diffusion USA : ABC (1967-1968)
 1ère Diffusion France : ORTF (1969)
 Épisodes : 43 x 49 minutes
 Créée par : Larry Cohen
 Producteur Exécutif : Quinn Martin
 Production : QM Production
 Musique : Dominic Frontiere
 Interprète : Roy Thinnes

1969 – année érotique, en France, cette année-là, le Concorde décolle pour la première fois, Eddy Merckx remporte son premier tour de France, on entend les échos du festival de Woodstock, on en apprend plus sur le règne animal dans l’émission Les Animaux du Monde, sur l’Histoire dans Alain Decaux raconte, ou on trouve le nom d’un objet dans le jeu Le Schmilblic.

Les enfants découvrent Aglaé et Sidonie, Les Fous du Volant.

On entend parler d’une série loufoque au Royaume-Uni : Monty Python’s Flying Circus.

Au cinéma, le cru est particulièrement prolifique avec : Il était une fois dans l’Ouest, Le Cerveau, Le Clan des Siciliens, Z, Hibernatus, Un amour de Coccinelle, Bullitt, La Piscine, Tintin et le Temple du soleil, Au service de sa Majestée, Easy Rider, L’Armée des Ombres…

Georges Moustaki chante Le Métèque et Johnny Hallyday Que je t’aime.

Les Beatles déchaînent les foules avec Get Back, Come Together et Ob-la-di, ob-la-da.

Et les téléspectateurs tombent sur un générique d’anthologie.

Tout d’abord une voix off annone lentement :
"Les envahisseurs : ces êtres étranges venus d’une autre planète. Leur destination : la Terre. Leur but : en faire leur univers. David Vincent les a vus. Pour lui, cela a commencé par une nuit sombre, le long d’une route de campagne, tandis qu’il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva. Cela a commencé par une auberge abandonnée et par un homme que le manque de sommeil avait rendu trop las pour continuer sa route. Cela a commencé par l’atterrissage d’un engin spatial venu d’une autre galaxie. À présent, David Vincent sait que les envahisseurs sont là, qu’ils ont pris une apparence humaine, il s’est fixé pour tâche de convaincre un monde incrédule car il sait que le cauchemar a déjà commencé…" Tadada, Tadada, Tadadaaaaa....

Cette voix, c’est celle de Jean Berger (John Steed dans Chapeau Melon et Bottes de Cuir, et Charlie, le patron absent des Drôles de Dames), et elle résume beaucoup de chose, l’histoire d’abord, mais surtout l’ambiance, pesante, contemplative et un peu désespérée.

Nous n’avons pas le temps de nous en remettre qu’une musique saccadée et lancinante nous dérange dans nos propres convictions. Il y a du suspense, c’est certain.

David Vincent sera dès lors un messager sans attention, condamné à voyager partout aux Etats-Unis afin de convaincre (cette entreprise, d’abord impossible devant l’égoïsme des gens qu’il croise, sera partiellement réussie, puisqu’un petit groupe de croyants, nommé Les défenseurs (S2.E14), sera constitué vers la fin de la série. Il faut dire qu’il a surtout à faire à une Amérique en lambeaux, pleine de poussière et fantomatique. Les usines sont abandonnées, les gens sont reclus (on dira que la série représente ce qui pourrait arriver avec le Communisme). On pourra faire le parallèle avec une autre série produite par Quinn Martin Le Fugitif (mais aussi Les Incorruptibles) : Un héros, seul face au monde et à son injustice, pourchassé sans relâche.

Le rythme lent de la série, soutient de très bons scénarios à chaque épisode. On y abandonne souvent l’action pour se concentrer sur la tension, un peu comme les films noirs qui étaient à la mode dans la décennie précédente. L’atmosphère décrépite, aussi bien physiquement (tout semble cassé) que mentalement (tous les personnages rencontrés ont beaucoup de problèmes personnels à résoudre et n’ont que faire des histoires délirantes de David Vincent) est le cœur de la série, plus que la lutte contre un ennemi (qui semble, de toute façon, déséquilibrée donc désespérée).

Le thème de l’extra-terrestre, qui n’a fait que croître aux États-Unis depuis 1938 et l’émission de radio d’Orson Welles (pendant laquelle il lut des passages du roman de La Guerre des Mondes) est un thème fort, à n’en point douter, et fascina les enfants (ainsi que les adultes) vissés devant leur poste de télévision.

Bien que l’on ne sache pas grand-chose sur les envahisseurs (ils prennent l’apparence humaine tout en gardant l’auriculaire raide – une idée fantastique – qu’ils ne saignent pas et qu’ils meurent en se désintégrant), on en apprendra peu par la suite (ils semblent avoir une origine végétale, sans os, mais leur véritable forme n’est que rapidement évoquée, l’oxygène terrestre les altère, ce qui leur demande de se régénérer régulièrement).

Si vous n’avez pas le temps de revisionner en entier cette fantastique série, vous pourrez vous rabattre sur les meilleurs épisodes : Le Pilote Première Preuve (S1.E01) (dont il existe une version longue de 90 minutes) ; La Mutation qui se passe entièrement dans le desert, avec la formidable Suzanne Pleshette qui joue une strip-teaseuse (S1.E03) et qui donna la réplique à toutes les stars du cinéma des années 60 et 70 ; Vikor (S1.E06) qui se déroule dans une usine ultra-moderne ; Cauchemar (S1.E07) et ses sauterelles mutantes ; Équation : Danger (S1.E9) et son cylindre tant convoité ; La soucoupe volante (S2.E02) et la visite de l’intérieur des vaisseaux envahisseurs ; L’ennemi (S2.E05) et ses visions d’horreur ; le très effrayant Action de Commando (S2.E16) ; Embargo sur le rêve (S2.E19) et ses illusions ; Mission de vie (S2.E24 - avec le fabuleux Barry Morse, que l’on retrouvera dans Le Fugitif et Cosmos 1999) et sa course-poursuite perpétuelle.

Si vous vous posez la question, sachez que vous ne connaîtrez jamais leurs véritables agissements, car la série fut interrompue au bout de 2 saisons, laissant David Vincent à son triste sort.

On le retrouvera tout de même dans un téléfilm de 2 x 90 minutes, en 1995, qui passe maladroitement le relais à un autre personnage, incarné par Scott Bakula. Mais l’œuvre, trop éloignée de la série, ne remporta pas le succès escompté et ne put servir de tremplin pour d’autres productions.

La série originelle présenta quelques guest-stars : Peter Graves, Edward Asner, Richard Anderson, Gene Hackman …

On apercevra Roy Thinnes (qui incarne David Vincent) dans les films Danger- planète inconnue, L’Odyssée du Hindenburg, 747 en péril, et dans les séries Falcon Crest, Les Routes du Paradis, Arabesque, X-files, New-York – Police judiciaire et Oz, dans des rôles souvent récurrents, mais loin de lui procurer la place qu’il mérite.

Le groupe d’humoristes Les Inconnus fit de cette série un sketch parodique, devenu culte.

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