Megalopolis : L’Apocalypse sur le tournage du dernier Coppola ?
Serait-ce l’Apocalypse (Now) sur les plateaux du dernier Coppola ? Le tournage de Megalopolis a débuté en octobre dernier, et les départs en coulisses se succèderaient. Il n’en faut pas plus pour certains médias d’évoquer une situation "chaotique" sur les plateaux. Le réalisateur, l’iconique Francis Ford Coppola, nie et remet les points sur les virgules.
Ainsi donc, selon The Hollywood Reporter, l’épopée de science-fiction qui passionne le réalisateur du Parrain depuis des décennies serait en grand danger, la production ayant sombré dans ce que le pourtant sérieux média américain qualifie de situation "chaotique". Le film aurait en effet perdu des talents créatifs clés au cours de la dernière semaine, notamment son chef décorateur et son directeur artistique superviseur, en plus de toute son équipe des effets visuels au début du mois de décembre.
Coppola aurait en fait eu l’ambition d’utiliser une technologie de réalité augmentée - similaire à celle utilisée pour The Mandalorian, connue sous le nom de The Volume chez Disney - avant que les coûts de cette approche ne seraient devenus incontrôlables, ce qui aurait conduit la production à revenir à la technologie traditionnelle de l’écran vert. Il faut dire que Coppola finance à lui seul le projet Megalopolis grâce à la vente hyper lucrative de ses vignobles de la Californie du Nord. Cependant, en raison de ces problèmes, le budget - soit disant - de 120 millions de dollars aurait depuis été augmenté, alors que le film est à mi-chemin du tournage. Légitimement, THR s’est donc demandé si la production pouvait réellement se terminer.
En réaction au rapport de THR, et depuis les plateaux de tournage à Atlanta, Coppola explique dans une déclaration à Deadline : "J’aime mes acteurs, j’aime ce que je reçois chaque jour, je respecte le calendrier et le budget, et c’est ce qui est important pour moi. Il s’agissait essentiellement de gérer les coûts."
Il reconnaît qu’il y a eu des changements dans ses équipes techniques. L’élimination du département VFX pendant la production est une mesure qu’il a prise pour respecter le budget du film. Coppola utilise des technologies expérimentales pendant le tournage et a décidé qu’il était plus efficace de réaliser la plupart de ces effets en post-production. Le département artistique est parti en raison de divergences créatives au niveau du personnel.
Bradley Rubin (The Mandalorian, Westworld) a été engagé pour être le chef décorateur du film, et il s’occupe de tout cela. Ce genre de choses fait depuis longtemps partie du processus créatif de Coppola, qui apporte des changements à la volée lorsqu’il sent que les choses ne fonctionnent pas. Hormis ces changements, Coppola estime que Megalopolis, qui a coûté 100 millions de dollars, s’est déroulé relativement facilement, compte tenu de son coût et de son ampleur.
"Je n’ai jamais travaillé sur un film où j’étais aussi heureux de la distribution. Je suis très heureux de la qualité de l’image et du fait que nous soyons dans les temps. Ces rapports ne disent jamais qui sont ces sources. Je leur réponds : « ha, ha, attendez de voir ». Parce que c’est un film magnifique et surtout parce que le casting est formidable. Je n’ai jamais eu le plaisir de travailler avec des acteurs aussi assidus et aussi désireux de rechercher des solutions non conventionnelles. C’est un plaisir de travailler avec ces acteurs et la direction est tout ce que je pouvais espérer. Les rushes sont excellents. Donc si nous sommes dans les temps, que j’aime les acteurs et que le look est génial, je ne sais pas de quoi on parle ici."
Le réalisateur a continué à donner des précisions sur les circonstances de son travail avec les différentes équipes qui restent sur le film : "Nous terminerons le film au printemps 2023, et nous sommes totalement dans les temps, ce qui est difficile à faire sur un grand film. Je ne sais pas combien de films peuvent dire cela huit semaines après le début du tournage, mais nous le faisons et c’est un fait."
Megalopolis est une production exclusivement de Coppola et ce dernier compte bien terminer le tournage et monter son film avant de le proposer à la distribution dans les salles de cinéma : "Je suis intéressé par une sortie en salle dans les cinémas et en IMax et je suis excité par la possibilité que, pour la première fois dans l’histoire, un film puisse sortir le même jour partout dans le monde. Et c’est là mon objectif."
À propos du film, il a expliqué : "Mon premier objectif était de faire une histoire d’amour avec du cœur, mais ensuite vous réalisez qu’il s’agit de l’amour et de la déloyauté et de tous les aspects de la vie humaine. Il fait écho à de nombreux autres aspects de la vie humaine, comme le fait que notre planète soit en danger, mais en fin de compte, c’est un film très optimiste qui a foi dans la capacité de l’être humain à guérir tous les problèmes qui se présentent à lui. Ma distribution est composée du plus merveilleux groupe d’acteurs, qui font un travail magnifique, et il n’y a pas un seul cas où j’aurais souhaité avoir une autre distribution. Chaque soir, je vais voir les rushes, et je comprends pourquoi je traverse tout cela. J’aime ce que je vois, tous les soirs. L’aspect du film est exactement ce dont j’avais rêvé."
Le casting du film compte dans ses rangs Adam Driver, Nathalie Emmanuel, Forest Whitaker, Laurence Fishburne, Jon Voight, Talia Shire, Shia LaBeouf, Jason Schwartzman et Dustin Hoffman. Driver, en particulier, a été contrarié que le film prenne des coups sur la base de rumeurs. Il a fait une très longue déclaration :
"J’aimerais répondre brièvement à l’article de The Hollywood Reporter publié lundi 9 janvier. Tout va bien ici ! Je ne suis pas sûr du plateau dont vous parlez ! Je ne le reconnais pas ! J’ai été sur des plateaux qui étaient chaotiques et celui-ci est loin de l’être.
L’environnement qui est créé par Francis, est un environnement de concentration et d’inspiration. Pour l’instant, nous sommes dans les temps, nous faisons nos journées, et honnêtement, c’est l’une des meilleures expériences de tournage que j’ai eues. Notre équipe est rapide et inventive, notre département des costumes est au point, les acteurs sont incroyables et volontaires, et Francis est l’une des personnes les plus perspicaces et attentionnées avec qui travailler. Je suis très fier de faire ce film avec lui, et avec eux, et bien que je n’aie pas interrogé tout le monde, je peux dire en toute confiance que c’est l’attitude générale sur le plateau.
Oui, il est vrai que le département artistique a démissionné et que les VFX ont été licenciés. Tous les départements ne trouvent pas de cohésion sur les films et plutôt que de souffrir et de prendre des décisions qui laissent une impression durable sur le film, les gens démissionnent, sont licenciés ou se séparent. C’est malheureux quand cela se produit, mais cette production n’est pas à court d’argent par rapport à d’autres productions, surtout au point de mériter un article sur le fait que nous sombrons dans le chaos. Cette caractérisation est inexacte.
Personne n’a signé pour ce film en s’attendant à ce que le processus soit conventionnel. Nous nous attendions à l’inverse, à la recherche de quelque chose d’unique. La seule folie que j’ai observée est que davantage de productions ne sont pas autorisées à faire preuve d’autant de créativité et d’expérimentation, précisément parce que quelqu’un d’autre paie pour cela. C’est un effort et un risque de la part de Francis qui, à mon avis, devraient être applaudis, et non pas qualifiés publiquement de troubles."
En attendant de voir où tout cela ira, le synopsis de Megalopolis indique de manière ambiguë que "le destin de Rome hante un monde moderne incapable de résoudre ses propres problèmes sociaux dans cette histoire épique d’ambition politique, de génie et d’amour dangereux". L’intrigue du film tournerait autour d’un architecte qui cherche à reconstruire la ville de New York comme une utopie futuriste à la suite d’un désastre cataclysmique.
Coppola n’est pas étranger aux productions difficiles sur ses films épiques, le tournage de son classique Apocalypse Now de 1979 avait été marqué par des problèmes, tels que le remplacement de Harvey Keitel par Martin Sheen quelques semaines après le début de la production. Il avait également emplacé le directeur de la photographie Haskell Wexler sur Conversation secrète et le chef décorateur Dante Ferretti sur Dracula.
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