Inventing Anna : Netflix poursuivi en justice pour atteinte à la vie privée

Date : 02 / 09 / 2022 à 09h00

Par : Dominique T

Sources :

Deadline

Netflix est encore une fois attaqué en justice pour avoir ajouté des traits fictifs à une personne réelle dans l’une de ses séries. La série en question, c’est Inventing Anna et la personne réelle, c’est Rachel Williams, l’ex-rédactrice en chef de Vanity Fair. Le personnage était interprété par Katie Lowes dans la mini-série.

"Cette action montrera que Netflix a pris la décision délibérée, à des fins dramatiques, de montrer que Rachel Williams fait ou dit des choses dans la série qui la dépeignent comme une personne cupide, snob, déloyale, malhonnête, lâche, manipulatrice et opportuniste", peut-on lire dans la plainte.

"Les déclarations sont diffamatoires parce qu’elles tendent à l’exposer au mépris public, au ridicule, à l’aversion ou à la disgrâce, ou à induire une mauvaise opinion d’elle, et elles sont diffamatoires parce que leur portée est apparente à la vue de la série sans recours à aucune autre source", ajoute le document du cabinet Rufus-Isaacs Acland & Grantham LLP de Beverly Hills et du cabinet Farnan LLP de Wilmington.

L’action en justice vise à obtenir des dommages-intérêts non spécifiés et un procès devant jury, ainsi qu’une injonction pour que le matériel prétendument diffamatoire impliquant Williams soit supprimé de la série Inventing Anna, dont la première a été diffusée sur Netflix le 11 février. Aux côtés de Julia Garner dans le rôle de la fausse héritière et escroc condamnée Anna "Delvey" Sorokin, le personnage de Lowes est la seule personne réelle et nommée avec précision dans la série créée par Rhimes. Le fait de citer des noms est une véritable plaie pour la plaignante, qui a déjà vendu à HBO les droits de son propre rôle dans l’arnaque de la haute société.

"L’ampleur du préjudice causé à Williams par la diffamation de Netflix a été extraordinaire, quelle que soit la mesure plausible. La série a été visionnée par des millions de personnes dans le monde entier, et en raison de la fausse représentation que Netflix a faite d’elle comme une personne méprisable, elle a été soumise à un torrent d’abus en ligne qui lui ont causé une humiliation personnelle, de la détresse et de l’angoisse, ainsi que des dommages à ses revenus et/ou à ses revenus potentiels."

Étonnamment, Rhimes et sa bannière Shondaland ne sont pas concernés par la plainte, seul Netflix étant le seul défendeur dans cette affaire.

"La raison pour laquelle nous avons dû déposer cette plainte est que Netflix a utilisé le vrai nom et les détails biographiques de Rachel, et l’a fait passer pour une personne horrible, ce qu’elle n’est pas", a déclaré l’avocat Alexander Rufus-Isaacs dans une déclaration à Deadline après avoir déposé la plainte au tribunal. "Les dommages dévastateurs causés à sa réputation auraient pu être évités si seulement Netflix avait utilisé un nom fictif et des détails différents. Pourquoi n’ont-ils pas fait cela pour elle, alors qu’ils l’ont fait pour tant d’autres personnages de la série ? La raison en est peut-être qu’elle avait choisi de jouer pour l’autre équipe, c’est-à-dire HBO."

Inspiré par l’article de Jessica Pressler paru dans le New York Magazine en 2018, How an Aspiring ’It’ Girl Tricked New York’s Party People - and its Banks, Shondland et la série en neuf épisodes Inventing Anna de Netflix ont versé 320 000 dollars à Sorkin elle-même, alors emprisonnée et désormais expulsée, pour obtenir les droits sur l’histoire de sa vie.

Après avoir écrit sur ses expériences avec l’escroc, Williams n’a rien vu de la part du streamer et de Rhimes. Toutefois, dans le cadre d’un accord conclu avec HBO pour son livre My Friend Anna - The True Story of a Fake Heiress et d’autres ouvrages, Williams a empoché environ 340 000 dollars. Le câblo-distributeur premium semblant se retrouver avec des miettes après le succès mondial de Inventing Anna, cette action en justice de Williams pourrait être un cas de rétribution à tempérament.