EXCLUSIF UNIF - Face au Diable : Rencontre avec l’équipe
Nous avons eu la chance de rencontrer les acteurs principaux de la websérie Face au Diable. Étaient donc présents Henri Guybet, Olivier Chantreau et Adèle Simphal, mais aussi le scénariste Gilles Daniel. Une rencontre enrichissante qui nous aura permis d’en savoir plus sur les coulisses de cette série très réussie, malgré son format de diffusion atypique. L’occasion aussi pour nous, de rencontrer Henri Guybet, un monstre sacré du cinéma français, ravi d’évoquer des anecdotes issues de sa longue carrière.
Gilles Daniel, comment vous est venu l’idée d’écrire Face au Diable ?
Gilles Daniel : À la base ce devait être une comédie romantique entre deux personnes de bord très opposée. Cette idée me trottait dans la tête depuis un moment puis Studio 4 a lancé un appel d’offres pour des projets assez libres avec quelques mots-clefs. On pouvait faire un peu ce qu’on voulait et j’ai eu le déclic : mon intrigue se passerait donc dans un parti populiste avec un grand-père, sa petite-fille et un syndicaliste qui débarque et découvre ce milieu très bizarre.
Est ce que le format de la série a été une contrainte ?
Gilles Daniel : Pas du tout puisque le format était libre. C’est moi qui ai eu l’idée d’épisodes d’à peu près 7 min. Quand on regarde une série à la télé, on ne se rend pas compte, mais toutes les sept minutes il y a un fondu au noir, donc j’ai repris une structure d’acte complètement classique. J’ai discuté avec France Télévisions et j’ai appris que le maximum d’épisodes de 7 min possible était de dix. On s’est mis dans ce moule-là. Du coup, avec une durée totale de 1h21mn, Face au Diable est un peu moins long qu’un film de cinéma, mais un peu plus long qu’un épisode de 52min. Parfois, une scène était très sympathique, comme la fameuse scène de l’escalier avec Henri et Adèle qui était très émouvante et on a donc rallongé quelques épisodes.
Henry Guybet, comment vous êtes vous retrouvé à interpréter le personnage de Philippe Legrand ?
Henry Guybet : Il y a plusieurs réponses. Comme le personnage ne me ressemble pas du tout, il y a l’attrait de l’inconnu. C’est toujours très excitant pour un acteur d’aborder certain personnages. Quand j’étais jeune comédien, j’ai joué Richard III de Shakespeare, un personnage terrible et c’était fabuleux. J’aurai adoré jouer Jack l’Éventreur pour tuer des gens et avoir l’impunité. Le cinéma permet de jouer à des choses. Contrairement à ce que beaucoup pensent, un acteur ne rentre pas dans la peau d’un personnage. Il prend un personnage et il le met dans sa peau ce qui est tout à fait différent comme mécanique. Brusquement, endosser le costume de l’horreur est excitant. C’est se dire : " je pourrais être comme çà moi aussi ? " Donc l’horreur est à la portée de tout le monde. J’ai toujours pensé que l’art dramatique était une excellente thérapie. Cela m’a évité des économies énormes car je n’ai pas eu à voir un psy (rires).
Les dialogues fourmillent de punchlines très efficaces. Tout était-il écrit ou il y avait de l’improvisation de votre part ?
Henri Guybet : Le comédien apprend le texte et le texte l’appartient. Il y a un moment où, en fin de compte, on ne sait plus qui a écrit le texte. Quand je jouais Molière, on me disait : " tu sais, c’est Molière que tu joues ". Dès fois, l’acteur amène des choses : un mot, une phrase, une respiration… Et puis il y a les silences. Le vrai texte de l’acteur ce sont ses silences. Ses réflexions, son regard... Tout cela constitue du texte qui appartient à l’acteur. Le cinéma, comme le théâtre, est un art collectif. Entre l’auteur, les acteurs et le metteur en scène. C’est un orchestre qui joue ensemble où ne sait plus qui est responsable de quoi.
Gilles Daniel : J’ai la chance que mon texte ait été très respecté par les comédiens. On a fait connaissance les uns avec les autres et on a vu que des choses n’allaient pas avec la personnalité de l’un ou de l’autre, sa culture ou sa manière de parler, donc nous avons adapté comme cela se fait sur tous les tournages. J’ai eu la chance d’avoir " La Rolls " des comédiens et ils ont été très fidèle au texte. Quand des choses ne paraissaient pas logiques, on en parlait. Nous n’avons pas eu d’embrouilles nous obligeant à réécrire des choses pendant le tournage.
Henri Guybet : Il y a des dialoguistes qui écrivent pour des acteurs. Je pense par exemple à un monsieur comme Audiard qui écrivait pour Gabin, pour Blier... Il connaissait leur phrasé, leur musicalité. Quand on joue du " Audiard ", on savait très bien qu’il n’y avait rien à changer. Si on déplaçait un adjectif dans une phrase elle foirée ! Des grands dialoguistes comme Prévert ont un sens de l’écriture immuable. Ce sont des dialoguistes qui écoutent les acteurs parler.
Henri Guybet, qu’avez-vous pensé de votre petite-fille de fiction et de votre quasi-fils adoptif ?
Henri Guybet : Sur le plateau, je les trouvais très bien et quand j’ai vu la projection, je me suis rendu compte que je ne m’étais pas trompé (Rires).
Gilles Daniel : Une chose importante avec le réalisateur, c’est que nous cherchions des acteurs qui racontent quelque chose même lorsqu’ils ne parlaient pas. Dans l’école des jeunes comédiens français, il y en a beaucoup qui s’ " éteignent " dès qu’il n’y a pas de texte. Quand on a rencontré Adèle et Olivier, on a vu que même lorsqu’ils se taisent ça jouait quand même et c’est ce qu’on voulait.
Adèle Simphal, votre personnage est pétri de contradictions ? Quels aspects de votre personnage ont été le plus intéressant à travailler ?
Adèle Simphal : Avant tout chose, c’est l’évolution de mon personnage au cours de l’intrigue qui m’a intéressée. J’ai essayé de transmettre le fait qu’on s’attache à elle au fur et à mesure alors, que de base, elle pourrait paraître inhumaine et caricaturale. C’est un personnage assez loin de moi, donc c’était assez excitant de le jouer. Les scènes plus intimes étaient aussi assez atypiques. Ce qui m’intéresse dans ce métier, c’est de me confronter à des choses dangereuses qui sont loin de soi. Cela pouvait paraître difficile, mais le travail en amont a rendu les choses accessibles.
Olivier Chantreau, votre personnage est inexorablement attiré par le Côté obscur. Quels sont les aspects de votre personnage qui vous ont le plus intéressé ?
Olivier Chantreau : Ce qui était intéressant, c’était de sortir des choses assez manichéenne qu’on a l’habitude de voir quand on traite ce genre de sujet. C’était assez simple pour moi de pactiser avec Henri Guybet parce que le Diable devient tout d’un coup très sympathique. Du coup, je n’avais aucune difficulté à être attiré par cette figure. Pareil avec Adèle, même si son physique a rendu les choses plus faciles qu’avec Henri (Rires). L’écriture de Gilles nous a portés dans le jeu, notamment par rapport aux choses autour de la politique où il est difficile d’improviser. Le trouble identitaire, amoureux, idéologique dans lequel est mon personnage était particulièrement savoureux à jouer. Il est complètement perdu par rapport à son identité et ce qu’il est censé penser du monde, des femmes et de lui-même. Il est dans un vertige total, pas vraiment à sa place et il la cherche.
Comment vont évoluer les personnages ?
Gilles Daniel : Il y a une direction générale qui va au-delà de la première saison. On a beaucoup de choses à raconter pour tous les personnages, mais cela va dépendre de notre diffuseur, de leur envie, de leur stratégie et du succès de la série.
Retrouver ici le lien vers tous les épisodes de la série.
Unif remercie tout l’équipe de Bubbling Bulb qui a permis cette rencontre et bien entendu l’équipe de la série pour sa gentillesse, sa disponibilité et son professionnalisme.
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