Utopiales 2013 : Autour d’Aquablue

Date : 21 / 01 / 2014 à 07h30
Sources :

Unification France


Invité aux Utopiales 2013, Régis Hautière, l’actuel scénariste d’Aquablue (mais aussi d’une bonne dizaines d’autres bandes dessinées chez divers éditeurs), a répondu aux questions de Georges Mérel au bar de Mr Spock. Créée en 1988 par Cailleteau et Vatine, la BD Aquablue raconte les aventures de Nao, jeune terrien échoué sur une planète sauvage et adopté par ses habitants qui se retrouve à défendre sa terre d’adoption contre les humains venus la coloniser.

George Mérel : Aquablue, c’est une série de Science Fiction ? Un récit écologique ?
Régis Hautière : Ça mélange pas mal de choses. À la base, c’est de la Science-Fiction et un récit d’aventure. Lorsque Vatine a imaginé la série avec Cailleteau, il avait dans l’esprit de mélanger Tarzan et Dune. Je pense que c’est un bon résumé de ce qu’est Aquablue.

Aquablue a été créée il y a près de 25 ans (88/89) et a pas mal marqué son époque. Elle renouvelait un peu le genre dans la BD de Science-fiction. Ce que faisait Mézière ou Moebius était déjà très important. Cailleteau et Vatine ont apporté un peu la touche et le regard des "enfants de Star Wars".
C’est un peu comme ça que je les perçois. On retrouvait dans les premiers albums une ambiance empruntées aux premiers Star Wars, Indiana Jones et ce genre de film du début des années 80.

Cailleteau et Vatine vont faire 4 albums. Puis, Vatine va quitter la série dont les dessins seront repris par Ciro Tota.
Après le tome 4, Vatine s’est fâché avec Cailleteau et n’a plus voulu travailler avec lui. Olivier a revendu ses parts sur la série à Guy Delcourt. Ciro Tota va finir le premier cycle et faire un autre diptyque. C’est ensuite Siro (qui malgré l’homophonie n’a rien à voir avec son prédécesseur) qui va faire le troisième cycle.

Il y a trois ou 4 ans, tu reçois un coup de fil de Guy Delcourt qui te propose de devenir le scénariste de la série.
C’est ça. À l’époque Guy Delcourt était en train de racheter les droits de la série à Cailleteau qui n’avait plus envie de continuer. J’ai réfléchi quelques secondes avant de dire oui. Quand j’ai demandé si j’avais carte blanche pour faire ce que je veux, il m’a dit oui, et ça m’a convaincu. Il y avait une rumeur qui circulait à l’époque comme quoi, quand Vatine avait cédé ses droits, avait accepté que la série se prolonge après lui mais avec l’interdiction de raconter des histoires qui se dérouleraient sur la planète Aquablue. Quand Delcourt m’a informé du caractère erroné de la rumeur, je me suis jeté sur l’occasion car ce qui m’intéressait dans l’idée de scénariser Aquablue, c’était d’avoir comme décor cette planète qui est un peu le nerf central de la série.

Comment s’est fait le choix de Reno au dessin ?
Avec Delcourt, on a discuté ensemble du choix du dessinateur. J’ai commencé à chercher de mon coté. Il y a eu un premier test qui n’a pas été concluant. C’est Thierry Joor, qui est directeur artistique chez Delcourt qui s’est rappelé de Reno qui avait fait un album de Valamon qui n’avait jamais eu de suite car Reno s’était ensuite engagé sur un contrat dans le secteur du dessin animé. C’était une expérience assez malheureuse pour Delcourt mais vu que Reno avait un gros potentiel, Thierry Joor a voulu lui donner une deuxième chance. Il se trouve que Reno était justement libre à se moment là, et que, comme moi, Reno était aussi un lecteur d’Aquablue il a tout de suite dit oui. Il a fait un premier essai avec une planche mais Guy Delcourt lui reprochait un aspect trop photo-réaliste. Il a alors épaissit le trait noir autour des personnages et là, ça été concluant. On a alors travaillés ensemble sur le premier tome de la reprise, Retour aux sources.

Qu’est ce que tu voulait développer avec Retour aux sources ?
Je voulais parler du rapport entre les humains et une planète qu’ils sont amenés à coloniser ; et aussi par rapport à l’écologie. On a tendance à considérer les océans comme une grande poubelle. C’était intéressant de faire revenir des humain sur cette planète quasi-vierge de pollution qu’ils allait pouvoir remplir progressivement. J’ai ensuite le projet de diviser la franchise Aquablue en trois franchise parallèles distinctes : La série Aquablue avec le premier cycle et celui là et qui ne raconterait que des histoires se passant sur Aquablue. Il y aurait un cycle qui s’appellerait Fondation Aquabluequi poursuivrait les cycles qui se dérouleraient en dehors d’Aquablue (L’Étoile blanche et les titres qui ont suivi) qui pourrait être dessiné par différents auteurs et scénaristes. À chaque fois, on explorerait une planète différente avec les membres de la Fondation Aquablue avec des thèmes écologiques et des décors complètement différents d’Aquablue. La troisième série, enfin, raconterait la jeunesse de Nao sur Aquablue sur les 10 ans qui s’écoulent entre les premières pages du tome 1 où il s’échoue à 8/9 ans et l’histoire principale. C’est pour ça que ce nouveau cycle débute 15 ans plus tard, pour laisser une marge temporelle importantes aux auteurs de Fondation Aquablue pour poursuivre l’Aventure de Nao de ce côté.

15 ans plus tard, Nao revient sur sa planète, mais les choses ont bien changé.
Même quand on est bardé de bonnes intentions, il y a parfois des choses qui dérapent. La planète Aquablue est à nouveau ouverte à la colonisation mais avec des restrictions bien définies. Les humains arrivent mais après quelques temps, des distensions commencent à apparaître entre eux et la population locale. Le projet s’est surtout d’amener une situation moins manichéenne que pouvait être le premier cycle avec les méchants humains pollueurs d’un coté et les bons sauvages guidés par Nao de l’autre. On se dirige vers quelques chose de plus gris.

La science-Fiction, tu es tombé dedans petit ?
En tant que lecteur, oui. C’était plutôt au moment de l’adolescence. J’ai lu pas mal de romans de Science-Fiction. Dans les auteurs, je me souviens avoir lu du Philip José Farmer, J’avais adoré Le Monde du fleuve. Le passager de la nuit par John Brunner m’a également fortement marqué. Un autre roman de Brunner qui a influencé mon écriture sur Aquablue, c’est Le troupeau aveugle de 1972 où l’on parle des conséquences des actes de l’Homme sur l’écologie et le futur. Je l’ai lu en 1987 et je constatais que ce qui était écrit dans le roman était en train de devenir réalité.

Qu’est ce qui t’a intéressé sur la planète Aquablue et qui t’a motivé à reprendre la série ?
Aquablue est une planète qui a été relativement peu exploitée dans Aquablue paradoxalement. On ne la voit que dans le premier cycle qui est très centré sur l’action. On ne voyait que quelques îles. Avec Reno, on avait envie d’explorer un peu plus cette planète. On essaie de dévoiler petit à petit ce qu’est la planète au travers de l’histoire. On a envie de développer la faune maritime, la flore, de montrer d’autres archipels, d’autres peuplades. Comme sur Terre on a a une race humaine scindée en plusieurs peuples et espèces, c’est aussi le cas des habitants d’Aquablue. On a des hommes bleus avec une colorisation un peu différente, un physique un peu différent de celui des pêcheurs. On va essayer petit à petit de parcourir toute la planète avec Nao et ses copains.

À quoi est du le rendu graphique de Reno ?
C’est un dessin qui est entièrement fait à l’ordinateur. Il n’y a aucune trace papier du dessin de Reno. Même les storyboards il les fait sur ordinateur avec un stylet et une tablette graphique. Je sais que sur certains bâtiments et vaisseaux qui vont être amenés à revenir dans la série, il fait de la modélisation 3D pour concevoir ces éléments comme le Stromboli, le vaisseau principal d’Aquablue qui ressemble au Faucon Millenium de Star Wars. Ça lui permet de tourner le vaisseau sous tous les angles, de le positionner et ensuite de le dessiner. (…) Le travail de Reno se rapproche plus de celui d’un peintre que de celui d’un dessinateur. Il va travailler par volumes, par couches de couleurs. Contrairement à un dessinateur classique de BD, il va commencer par la couleur et va affiner tout ça encore et encore et ne rajoutera le noir qu’à la fin.

On ressent dans vos page d’Aquablue une influence cinématographique plus marquée encore que celle des précédents auteurs.
Au niveau de la mise en scène, on s’est fortement inspiré de Vatine qui est un metteur en scène de BD vraiment fabuleux avec Loisel. C’est un aspect de la BD qu’il préfère même au dessin. C’est pour ça que pendant des années après avoir arrêté Aquablue, il a fait plein de storyboards pour d’autres dessinateurs. J’ai eu la chance de travailler avec lui et de voir des pages de storyboard signées de sa main qu’on pourrait imprimer tels quels tellement ils sont beaux. Reno s’est inspiré à la fois de la mise en scène d’Olivier Vatine, mais aussi de ses diverses expériences dans le dessin animé, bande-dessinée etc...

Vers quelle direction compte tu emmener Aquablue.
Ce qui est amusant, c’est que les premiers albums de la série ont maintenant un côté un peu vintage. Avec les technologies actuelles, notre quotidien ressemble plus à un univers de Science-Fiction que ne l’étaient les premiers albums d’Aquablue. On doit jongler un peu avec ça puisqu’on est dans cette continuité. Si on veut éviter le côté vintage, il faudra apporter un peu plus de technologie plus ou moins futuriste. Mais à chaque fois, on essaie de s’inspirer de ce qui existe déjà ; notre présent et ce qui se recherche actuellement.

Les hommes bleus de ta version font penser au film Avatar là où à l’origine ils faisaient plutôt à Star Wars. Quelles sont tes influences ciné ?
Aussi bien ce que je vois au cinéma que ce que je vais lire, ça joue énormément dans mon écriture. En même temps, Avatar, c’est un peu James Cameron qui a pompé le premier cycle d’Aquablue. J’aime le cinéma en général, y compris des œuvres de Science-Fiction plus anciennes des années 50/60 où l’intérêt reposait plus sur l’histoire que sur les effets spéciaux. Même dans le premier Star Wars où les effets avaient un côté artisanal, il y avait d’abord une intrigue. Aquablue, quant à lui, est plus inspirée par des films récents, comme Avatar.

C’est la fin de l’interview. Le dernier album paru : Standard island est sorti en octobre 2013. Le prochain devrait sortir d’ici la fin de l’année 2014.


Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.



 Charte des commentaires 


Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2024 : Le (...)
Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2024 : Un (...)
L’Étrange Festival 2024 : Le Palmarès
L’Étrange Festival 2024 : Un programme trentenaire
Japan Expo 2024 : Le jeudi 11 juillet
Alien - Romulus : Les répliques empruntées aux autres films de la (...)
Roman SF - La Parabole du Semeur : La foi est-elle possible dans (...)
Madame est Servie : Alyssa Milano et le soutien-gorge de (...)
The Beauty : Nouvelle série de Ryan Murphy pour FX
Brèves : Les informations du 06 octobre
Duke : La critique du Nerf de la Guerre
Max - Bandes annonces : 06 octobre 2024
Agatha All Along : La première paire de fesses féminine du (...)
Le robot sauvage : La critique
Goldorak U : Le bilan de la première saison