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Jolene Blalock (T’Pol dans la série Enterprise) répond aux questions des journalistes
lundi 18 février 2002
Jolene Blalock (l’officier scientifique T’Pol dans la série Enterprise) s’est récemment prêtée à une conférence de presse informelle à Pasadena (Californie) face à la Television Critics Association (ou TCA).
Nous la retrouvons donc une fois encore avec plaisir pour quelques “ morceaux choisis ”…
Question : Qu’avez-vous ressenti la première fois que vous vous êtes vue dans Enterprise ?
Jolene Blalock : C’était lors de l’avant-première. J’étais assise devant cet écran gigantesque quand mon prof d’interprétation est venu s’asseoir à ma gauche. Il m’a regardé et comme il a bien vu que je grinçais des dents, il m’a dit : “ Laisse toi aller ! ”. Il a ajouté que ce qui est fait est fait, qu’on ne peut pas passer tout le temps de la projection à faire son auto-critique en se disant : “ Oh mon Dieu ! Oh, la, la… et... et... Oh mon Dieu ! ”. Il faut se laisser aller : ce qui doit arriver arrive. Alors j’ai suivi son conseil : je me suis détendue et j’ai regardé comme une simple spectatrice l’aurait fait. Et j’ai adoré. J’ai adoré voir ce que les types des effets spéciaux ont réussi à faire : on voit ou passe l’argent… Ce que j’ai trouvé également génial, c’est la possibilité de découvrir le jeu des autres acteurs car il faut bien avouer qu’on vient pour se voir mais qu’au final, on entre dans l’histoire et on finit par adorer l’ensemble !
Q : Maintenant que la série est bien acceptée et que les fans vous connaissent mieux, avez-vous découvert ce qui leur plaît précisément dans ce nouvel opus ?
JB : Pas vraiment. Depuis le début, on se dit : “ Oh mon Dieu, faites que les gens aiment cette série ! ”. C’est terrifiant car on y fait preuve finalement de beaucoup d’audace : les personnages sont plus jeunes, plus dévêtus et plus... “ contemporains ” que tout ce qui s’est fait avant. Alors on s’est d’abord demandé si les gens allaient accrocher, s’ils allaient accepter ces nouveautés et on attendait plutôt de voir ce qui ne leur plairait pas...
Etre la première Vulcaine [de Star Trek, chronologiquement parlant…] : C’était terrible ! J’ai dû marcher sur les pas de Spock car c’est tout de même lui qui a créé l’identité même des vulcains ! Mais bon : grâce à beaucoup de travail et avec l’aide de Dieu, tout s’est très bien passé.
En ce qui concerne la chanson du générique, j’ai entendu dire que beaucoup de fans ne l’aiment pas. Mais je peux vous raconter que nous avons eu récemment la visite sur le plateau d’un jeune enfant du nom de “ Z ” qui venait à notre rencontre grâce à l’association “ Faites un Vœux ” [une œuvre caritative permettant à de jeunes malades de réaliser leur rêve…] et croyez-moi, après l’avoir entendu chanter cette chanson mot pour mot, j’étais conquise.
Q : Avez-vous eu des contacts avec Leonard Nimoy avant de vous glisser dans la peau de votre personnage ?
JB : Non, et je n’ai eu connaissance d’aucune tentative de contact de ce genre. Mais si vous pouvez m’arranger ça, j’adorerais [lui parler]. Si j’avais une question à lui poser, ce serait : “ Quel effet cela fait-il de vivre éternellement ? ”.
Q : Pouvez-vous nous dire un mot des techniques que vous utilisez pour interpréter ce personnage si renfermé et si peu émotif ?
JB : [...] C’est quelque chose que nous avons tous en nous, en fait. Quelquefois, on se retrouve dans une situation où l’on voudrait laisser exploser notre rage : on voudrait pleurer ou juste laisser apparaître ce que l’on ressent. D’autre fois, on agit au contraire de façon exactement opposée : On la boucle !
C’est exactement ce qui se passe pour les Vulcains qui appartiennent à un peuple fondamentalement violent. Toutefois, cette violence les a conduits à la méditation car au fil du temps, le seul moyen de préserver leur peuple a été de supprimer ces instincts bestiaux qui les détruisaient inexorablement. Ce n’est pas qu’ils n’ont pas d’émotions : c’est juste qu’ils s’en arrangent. C’est pour cela que la méditation est si importante pour eux : sans elle, ils ne pourraient pas garder leurs sentiments sous contrôle et s’autodétruiraient.
Q : Quelles sont d’après vous les différences entre le NX-01 et ses “ prédécesseurs ” ?
JB : En fait, mon premier réflexe en pénétrant sur le plateau et en voyant la passerelle a été de penser à ce que l’on verrait effectivement dans 150 ans. L’ambiance est vraiment très réaliste comparée à celle des autres séries [où les décors] sont aussi propres que des chambres d’hôtels : les tapis y sont bien nettoyés et les chromes bien brillants… C’est un peu comme dans une BMW ou une Rolls Royce, alors que notre plateau ressemblerait plutôt à un Hummer !
Q : Vous avez déjà tourné 19 épisodes. Qu’est-ce qui vous plaît et qu’est-ce qui vous déplaît dans votre personnage ?
JB : Rien ne me gêne autant que le fait qu’elle ne puisse pas sourire. Je déteste ça ! Sinon, [T’Pol] est agréable à développer car elle évolue constamment. Un des trucs que j’adore - et que l’on doit aux scénaristes ainsi qu’à Brannon Braga - c’est qu’il y a l’amorce d’un “ arc ” dans chaque épisode. Elle est confrontée à des situations auxquelles elle trouvera une solution plus tard, en profitant de l’expérience acquise entre temps.
Q : Alors que les amitiés se forment, constatez-vous des changements relationnels entre les acteurs ou les personnages ?
JB : En effet, les personnages sont de plus en plus soudés. Mais pour l’instant T’Pol est toujours à part. Cela évolue cependant. Cette loyauté entre protagonistes qui a fait entrer Kirk, Spock et McCoy dans la légende commence à ressortir ici aussi. C’est un des détails que j’affectionne tout particulièrement car il montre bien que la loyauté ne s’impose pas : c’est quelque chose qui grandit au fil du temps.
Q : Qu’en est-il de votre relation (en tant que T’Pol) avec Trip ? On a eu l’impression effectivement, dans les premiers épisodes, qu’il y avait une sorte…
JB : D’animosité ou de tension sexuelle ?
Q : Eh bien… Les deux, en fait.
(Rires…)
JB : Je crois qu’à ce sujet , on essaie juste de faire en sorte que je “ marque les esprits ” !
(Nouveaux rires…)
Q : Au sens propre ou au sens figuré ?
JB : Les deux, en fait !
(Les rires reprennent de plus belle…)
Q : Parce que vous avez un rire formidable et parce que les plateaux des séries Star Trek sont réputés pour leur esprit bon-enfant, y a-t-il une sorte de jeu consistant à vous faire rire ?
JB : Jamais lorsque l’on tourne, mais ça arrive pendant les répétitions. Je me souviens d’un des derniers épisode dans lequel Scott [Bakula] et moi tournions une scène qu’on a surnommé “ Love Shack ” car on est attachés dos-à-dos et on doit se débrouiller pour se retrouver ventre à ventre. Bien sûr, à l’arrivée, on se retrouve immobilisé au sol. Pendant les répètes, tout les acteurs n’ont pas manqué d’entonner une chanson de circonstance, reprise en chœur par toutes les personnes aux alentours…
Q : Est-ce que vous vous rendez compte que votre personnage se comporte un peu comme une mère qui couverait ses enfants ?
JB : Eh bien je crois que j’ai avec les autres une sorte de relation “ Haine-Amour ” [ou vice-versa…]. Je pense qu’au fur et à mesure, ils sont plus à l’aise avec moi ou tout simplement lorsque je suis présente. En s’habituant à mes réactions prévisibles et à mon côté “ rabat-joie ”, ils s’habituent à mon caractère. Au final, cela pousse [T’Pol] à essayer de plus en plus fréquemment de proposer son opinion plutôt que de l’imposer.
Q : Le théâtre vous a-t-il aidé à développer votre humour ?
JB : Certainement, oui. Je me souviens que lorsque j’étais à l’école, les cours de théâtre étaient le point de chute de toutes les nazes qui ne pouvaient pas être pom pom girls ni faire de l’athlétisme. Pour tout vous dire, le prof de théâtre faisait aussi office de prof d’histoire… Mais bon : je me suis rendu compte grâce au théâtre que je pouvais faire des trucs sans me torturer afin de savoir pourquoi je les faisais. C’était tout simplement écrit, je pouvais “ créer ” un personnage et je n’avais pas à demander pourquoi, ni si c’était bien.
Q : Quand allez-vous participer à une Convention ? Est-ce que vous êtes prête pour ça ?
JB : Je pose souvent des questions aux collègues et vous savez tout ce que Dominic [Keating] trouve à me répondre ? “ C’est comme être garçon d’honneur à un mariage ! ”. D’accord mais moi, je ne serai jamais garçon d’honneur alors je ne peux pas dire qu’il m’aide beaucoup en me disant ça ! La seule pensée cohérente que j’arrive à avoir à ce sujet c’est : “ Oh mon Dieu, qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire toute seule sur scène pendant une heure et demie ??? ”.
Q : Les producteurs attendent-ils des acteurs qu’ils s’immergent dans l’Histoire de Star Trek et dans sa mythologie ?
JB : Non, ça n’est pas exigé et je ne crois pas que ce soit ce qu’ils attendent de nous non plus. Quand j’ai signé, on ne m’a jamais demandé si j’aimais la franchise ou si je suivais les séries. C’est plutôt considéré comme un “ bonus ”, je pense. En tout cas, moi, j’étais vraiment fan de la Série Classique avec laquelle j’ai grandi.
Q : Vous a-t-on demandé de regarder les autres séries ?
JB : On me l’a effectivement demandé. J’étais vraiment curieuse de voir ce qui avait été fait mais aussi de comprendre où ils voulaient aller avec ces références [dont notre propre série est émaillée]. J’ai donc commencé à visionner Voyager mais je n’ai pas encore [beaucoup] vu Deep Space Nine, qui n’est pas vraiment utile en ce qui concerne mon rôle. J’aime toutefois beaucoup cette série [pour ce que j’en ai aperçu]. Elle est très sombre, très sérieuse mais les auteurs y ont incorporé un humour assez subtil.
Q : De tous les personnages que vous avez ainsi découverts dans ces séries, lequel vous a le plus marqué ?
JB : Je dirais qu’il s’agit du docteur holographique de Voyager. Il veut “ vivre ” mais il reste éternellement sous le contrôle des autres. Je trouve ce paradoxe vraiment intéressant.
Q : Est-ce sa façon d’être contrôlé qui vous a plu ou le fait qu’il puisse disparaître instantanément ?
JB : Ce n’est pas vraiment ce que je voulais dire. Dans un épisode, il veut juste “ traîner ”, passer du temps avec les autres mais il y a quelqu’un qui lui dit : “ On ne veux pas de vous dans nos pattes ! ”. J’ai trouvé ça triste car malgré sa volonté propre, il ne peut pas être réel…
Q : Rêvons un peu : si vous pouviez vous écrire un épisode, que voudriez-vous que votre personnage y fasse ?
JB : Je souhaiterais que [T’Pol] rencontre son père et j’aimerais aussi qu’on découvre son “ côté sombre ” de Vulcaine...
NDLR : Interview traduite par Nicolas Lecomte et relue par Loïc Marchand