La Chute de la maison Usher : La critique de la mini-série

Date : 12 / 10 / 2023 à 13h30
Sources :

Unification


LA CHUTE DE LA MAISON USHER

- Date de diffusion : 12/10/2023
- Diffusion : Netflix
- Épisodes : 1.01 à 1.08
- Réalisateurs : Mike Flanagan, Michael Fimognari
- Scénaristes : M. Flanagan, E. Grinwis
- Interprètes : Carla Gugino, Willa Fitzgerald, Mary McDonnell, Kate Siegel, Zach Gilford, Mark Hamill, Henry Thomas, Annabeth Gish, Michael Trucco, Bruce Greenwood, T’Nia Miller, Samantha Sloyan, Rahul Kohli, Katie Parker, Paola Núñez, Ruth Codd, Carl Lumbly, Malcolm Goodwin, Kyliegh Curran, Robert Longstreet, JayR Tinaco, Igby Rigney, Matt Biedel, Crystal Balint, Aya Furukawa, Sauriyan Sapkota, Daniel Chae Jun

LA CRITIQUE (SANS SPOILER)

La famille de Roderick Usher a subi de lourdes pertes, suite à la mort de ses six enfants au cours des deux dernières semaines. Pourtant à la tête de la multinationale pharmaceutique (sans aucune éthique) Fortunato, tout ceci le hante, et dans une crise d’honnêteté doit, devant le procureur C. Auguste Dupin, révéler ce qui est vraiment advenu.
Là, dans la maison pourrissante de son enfance, le patriarche va tout avouer, en commençant par le début de leurs vies, à sa sœur jumelle Madeline et lui-même, alors qu’ils doivent enterrer secrètement leur pieuse mère.

Un début de série tonitruant, entre horreur totale et dégustation de Cognac sans âge. Celui que déguste le procureur et Roderick Usher, et celui que nous avons l’impression de prendre avec eux, en regardant chaque rebondissement de cette fantastique série.
Les meilleurs alcools prennent d’ailleurs une importance particulière, comme un privilège des riches qui s’empoisonnent volontairement. Ils sont, plus que personne, responsables de leurs actes, car plus libres, plus intouchables que les autres.

Mike Flanagan, à qui l’on doit entre autres la série The Haunting et les films The Mirror, Pas un bruit, Ne t’endors pas, Ouija - les origines, Doctor Sleep et Jessie, est à l’origine de la création de cette série. Il en est aussi l’un des réalisateurs et le principal scénariste.
Spécialisé dans l’horreur psychologique, il semblait destiné à ce genre puisqu’il est né à Salem, Massachusetts (lieu connu pour le procès des sorcières de 1692), en l’année 1978, avec le film Halloween : La Nuit des masques.
Pour mieux comprendre son œuvre, il faut savoir qu’il a été alcoolique, mais est sobre depuis 2018. Il utilise sa propre expérience pour traiter des thèmes qu’il affectionne, à savoir la dépendance, la guérison et l’empathie envers autrui.
C’est également un grand collectionneur (un peu compulsif) d’accessoires de cinéma et de livres rares utilisés sur écran.

Dans La Chute de la maison Usher, il caste bon nombre de ses acteurs fétiches, dont le fantastique Bruce Greenwood (Christopher Pike dans les films Star Trek, mais vu aussi dans Double Jeu, Pentagon Papers et dans les séries American Crime Story, The Resident, L’Homme de nulle part et The River et qui a prêté sa voix à plusieurs reprises à Batman dans des films d’animation.
L’acteur canadien avait déjà joué sous la direction de Mike Flanagan dans Jessie et Doctor Sleep. Il remplaça au pied levé, l’acteur Frank Langella, un immense acteur de théâtre, vu dans les films 1492 : Christophe Colomb, L’Île aux pirates ou Superman Returns, entre autres, qui avait été licencié suite à des accusations de harcèlement sexuel sur le tournage même de la série (des faits qu’il a toujours nié, accusant à son tour les décideurs de vouloir le "canceller").

Ici, on retrouve donc la patte du réalisateur, et son talent pour entrelacer les relations des personnages, comme un puzzle. L’adaptation d’une œuvre d’Edgar Allan Poe est pile dans ses cordes. En effet, là où l’écrivain utilisait des métaphores pour sublimer la narration intime et la tragédie sous-jacente, le réalisateur utilise les fantômes et joue sur l’enchaînement des choses, comme un effet domino, en comblant bon nombre de situations passées sous silence dans l’histoire originelle.
C’est très habilement fait, et drôlement culotté (mais nécessaire), rajoutant de nombreuses couches d’histoires à celle originelle, afin de constituer un ensemble qui se tient parfaitement. Ainsi, cette adaptation du roman est la plus complète, même comparée au très bon film de Roger Corman en 1960, avec Vincent Price.

Mike Flanagan a donc très intelligemment tiré parti du principal intérêt du format série, la longueur. Du drame humain, il en tire un drame familial complet, plus sombre, plus touffu, plus cohérent que l’œuvre originale. Il a surtout tout le loisir d’installer une ambiance gothique, noire, dérangeante et effrayante, comme un cauchemar éveillé empli de sang et de mort, dans lequel chaque coin sombre cache une histoire pourrissante. Les co-réalisateurs (Flanagan et Fimognari) ont même la bonne idée de grandement limiter l’utilisation du sempiternel Jump-scare à son minimum, le rythme, le cadrage, la photographie utilisant le choc de l’image plus que celui plus artificiel de la rupture.

Le tout est brillamment interprété par un casting (surtout les seniors) idéal. Parlons de Mary McDonnell dans le rôle de Madeline Usher (un formidable personnage froid rappelant Meryl Streep dans Le Diable s’habille en Prada) et du génial Bruce Greenwood donc, tout en émotion et en conflit intérieur, dans le rôle du patriarche Roderick Usher.
Henry Thomas, la boule d’énergie et Carla Gugino, sombre et séduisante sont aussi à signaler. Quand au revenant Mark Hammil, c’est toujours un plaisir de le revoir dans d’autres rôles que celui qui a tué (pour le meilleur et pour le pire) sa carrière. L’avocat vicieux Pym "la faucheuse", qu’il incarne, est l’une de ses meilleures performances d’ailleurs, une véritable interprétation, loin du stoïque jedi.

Tous les autres sont à l’avenant, campant des personnages odieux, manipulateurs, cupides, cruels, drogués, dépravés, et tout ce que vous pouvez imaginer des membres d’une grande famille (type Trump, Kardashian...), et de leur vie gothique, en dehors du temps et au-dessus des classes habituelles.

C’est d’ailleurs bien là le thème principal de l’œuvre, la psyché fondatrice américaine, celle que l’on ne cessera de démêler puis de raconter, mais que Poe fut le premier à rendre au grand public. Flanagan, lui, ne se contentera pas d’en faire une adaptation fidèle mais bien d’en tirer l’essence et de parfaitement broder autour, dans cette série qui est, à ce jour, sa plus grande réussite, aux consonances du classique Dix petits Nègres d’Agatha Christie.

Une réussite qui n’est pas sans défaut toutefois. La famille est très wokisée, oui, tout y est, mais cela a au moins l’intérêt de marquer énormément les différents membres de la famille, ce qui se révèle une bonne chose tellement il y en a et qu’il se passe de choses. La famille est donc un peu tirée à l’extrême, mais, après tout, nous sommes dans le genre fantastique. Quelques placements de produits aussi (ah, les sempiternels gobelets Starbucks !)

Malgré l’adaptation au temps moderne (vu le gothisme et l’incroyable beauté des décors, seulement quelques éléments le rappelle vraiment), la poésie de l’œuvre originelle est conservée, avec de nombreuses citations d’autres romans de l’auteur (j’ai reconnu Le Corbeau, Le Chat noir, Le Puits et le Pendule), déclamée par le jeune Roderick.

Tout cela nous permettra de prendre un plaisir presque sadique à voir s’effondrer la famille Usher, comme une Babylone.

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