Clair-obscur : La review du film Netflix
Clair-obscur est un très bon film qui se déroule dans le New York des années 20.
Le scénario de la réalisatrice Rebecca Hall est l’adaptation de l’œuvre de Nella Larsen. On y découvre une jeune femme afro-américaine à la teinte très claire vivant une vie bourgeoise qui va rencontrer une ancienne connaissance de sa jeunesse. Cette dernière se fait passer pour une femme blanche et a envie de renouer avec le monde d’où elle vient. Les deux femmes vont alors se croiser dans plusieurs situations.
L’œuvre repose sur le phénomène du « passing ». En effet, certains afro-américains à la couleur de peau très blanche se faisaient parfois passer pour des blancs. Ce qui leur permettait de vivre une vie plus facile où ils n’étaient pas en proie au racisme ambiant. Mais cela les coupait aussi de leurs racines et la crainte de voir leurs origines être dévoilées avait un impact psychologique important.
Le film joue bien avec ce clair-obscur. En effet, en racontant deux trajectoires de vie qui auraient pu être échangées, il rappelle la violence intrinsèque que subissaient les afro-américain au siècle précédent et la manière dont certains avaient envie d’y échapper.
La comédienne Rebecca Hall s’essaye pour la première fois la réalisation et livre un long métrage porté par un certain classicisme qui propose des plans n’étant pas sans rappeler le théâtre filmé. Quelques passages sont vraiment très beaux, jouant avec les décors, les environnements naturels et les protagonistes. D’autant que le choix de la réalisatrice s’est porté sur le 4/3, ce qui rend la proximité avec les personnages encore plus grande. Un format qui rappelle aussi les films du siècle précédent, avant l’avènement du 16/9.
Le noir et blanc est vraiment magnifique. La photographie d’Eduard Grau est très belle. Les ombres et des lumières sont sublimées dans une œuvre qui joue constamment sur plusieurs tableaux. Le parcours psychologique du personnage principal est particulièrement passionnant à découvrir, d’autant que celle-ci est suivie de près par la caméra. La mise en scène ne s’attarde pas forcément toujours sur les gros plans, et propose une manière parfois subtile de découvrir l’état d’esprit du protagoniste principal.
L’interprétation est formidable. Tessa Thompson crève littéralement l’écran en femme se dévouant pour sa communauté qui se retrouve troublée par le retour dans sa vie de son ancienne amie. Ruth Negga est brillante dans le rôle de celle-ci qui attire les regards dans tous les endroits où elle se trouve. Andre Holland est très bon en mari du personnage principal qui n’est pas indifférent à cette étonnante femme. Et Bill Camp est superbe en écrivain blanc fréquentant la famille.
La musique de Devonté Hynes est très agréable. Les passages de concert sont vraiment sympathiques. Alors que la musique au piano servant de fil rouge à l’intrigue est toujours plaisante à écouter.
Un grand soin a été porté à la reconstitution des années 20 du siècle précédent. À l’aide des beaux décors de Nora Mendis et des costumes soignés de Marci Rodgers, on a vraiment l’impression de pouvoir s’immerger en plein cœur d’une époque surannée.
Clair-obscur est un très bon film porté par un duo d’actrices formidables qui présente d’une façon originale la condition des afro-américains au début du siècle précédent. Avec une histoire cruelle et délicate, des personnages intéressants et une mise en scène appliquée, on passe un bon moment devant ce drame qui fait beaucoup réfléchir sur la notion d’origine et de liens avec les autres.
Touchant et fort.
SYNOPSIS
À New York, dans les années 20, une femme noire voit sa vie bouleversée lorsqu’elle retrouve une ancienne amie d’enfance qui se fait désormais passer pour blanche.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 38
Titre original : Passing
Date de sortie : 10/11/2021
Réalisateur : Rebecca Hall
Scénariste : Rebecca Hall d’après l’œuvre de Nella Larsen
Interprètes : Tessa Thompson, Ruth Negga, Andre Holland, Bill Camp, Gbenga Akinnagbe, Antoinette Crowe-Legacy, Alexander Skarsgård, Justus Davis Graham
Photographie : Eduard Grau
Montage : Sabine Hoffmann
Musique : Devonté Hynes
Costumes : Marci Rodgers
Décors : Nora Mendis
Producteur : Nina Yang Bongiovi, Rebecca Hall, Margot Hand, Forest Whitaker pour Productrice, Forest Whitaker’s Significant Productions, Picture Films, Flat Five Productions
Distributeur : Netflix France
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