Army of Thieves : La review du film Netflix

Date : 31 / 10 / 2021 à 13h45
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Unification


Au sein d’une industrie du divertissement, en particulier audiovisuelle, l’heure est à l’extension des pitchs ou prémisses efficaces et high concept ayant fait leur preuve. Embarqué dans une guerre de titans avec Disney +, Amazon Prime ou HBO Max, Netflix a signé un des grands architectes d’univers étendu de la décennie : Zack Snyder.

Sortant du giron de la Warner après une expérience douloureuse avec l’univers DC Comics, Zack Snyder construit et produit donc pour Netflix une « Snyderverse Zombie » dont Army of Thieves constitue la seconde pierre.

Tourné dans l’ombre du blockbuster clivant mais efficace, Army of the Dead réalisé par Zack Snyder himself, ce second opus Army of Thieves illustre la confiance que Netflix porte à cette franchise zombie. A la réalisation de ce film, Matthias Schweihöfer est attendu au tournant même si la promotion est plus discrète que pour l’opus précédent. En effet, le jeune réalisateur est confronté à un double défi :

  • Réaliser un Heist movie efficace, divertissant et se suffisant à lui-même sans se cacher
  • derrière l’aura de Snyder ;
  • Réaliser un film suffisamment abouti pour enrichir l’univers étendu auquel il appartient et
  • contribuer à l’engagement des abonnés Netflix.

D’emblée, force est de constater qu’Army of Thieves reste au milieu du gué en tant qu’énième itération d’un Heist movie ou second jalon d’une franchise naissante.

En tant que film de divertissement, Army of Thieves remplit sagement son office sans prise de risques. Bien que Zack Snyder ait indiqué à Matthias Schweihöfer de « rêver grand », celui-ci – de son aveu même – s’est contenté de lui « voler » son énergie et ses idées visionnaires. En effet, si le film connait des séquences efficaces et divertissantes, la réalisation n’a clairement pas de signature propre – si ce n’est qu’elle emprunte et recycle docilement, presque sans génie, le style et le point de vue de Snyder. Ainsi, techniquement, le film est un patchwork de beaucoup de compositions de plans et de séquences empruntées au style snyderien. Les scènes de close-combat de bonnes factures illustrent bien ces emprunts puisque les scènes rappellent furieusement les chorégraphies de Watchmen, Batman V Superman, Wonder Woman ou Snow Steam Iron. L’influence snyderien était attendue, mais que cette influence soit l’unique marqueur esthétique et technique de la réalisation est plus désappointant. A noter qu’il est inutile d’évoquer certaines reprises esthétiques très douteuses faites au Suicide Squad de David Ayer. Ainsi, parfois efficace, le film manque d’une folie et d’une originalité rafraichissante qui lui aurait permis de se démarquer au sein du genre très fourni du Heist.

Ce manque de courage artistique est rageant d’autant que dans le fond, le film regorge de belles idées qui sont assemblées de façon inorganiques. Dans l’histoire, elle revisite le lieu commun du M. Tout le monde dont l’incroyable génie reste inexploité car il ne correspond pas aux « besoins » d’une société civile abrutissante et génératrice d’individus « goules » obéissants et désincarnés. Le propos du film constitue une ode à la philosophie du « pas de côté », le courant de pensée « outside the box » qui encourage à l’émancipation et l’exploration des sentiers battus. Enfin, le film reflète une angoisse ou une quête profondément humaine inhérente à la condition de mortel : Accomplir un haut fait pour laisser une empreinte ici-bas face à l’imminence de sa propre fin et celle de l’humanité.

Bien que high concept en raison de son angle d’attaque folklorique et anti-vénal, l’histoire n’échappe pas à la faiblesse structurelle de nombres de productions actuelles. Dans « le voyage » qui est proposé, le film peine à dynamiser et construire un mystère ou un enjeu fort autour de son pitch original « Monter une équipe pour braquer 4 coffres légendaires ». En théorie, une bonne histoire comprend une partie émotionnelle liée à l’histoire des personnages et une partie intellectuelle. Cette seconde partie qui s’apparente souvent à un mystère, un défi, un puzzle caché à comprendre est nécessaire car elle captive et encourage le public à s’engager dans l’histoire pour le dénouement final. Comme l’explique John Truby, quand tout est révélé et que « le public n’a plus besoin de chercher à comprendre l’histoire, il cesse d’être un public, et l’histoire s’arrête ». Ici, point de suspense ni de mystère véritable, tout est déjà sur la table, révélé dès les premiers instants qu’ils s’agissent des motivations ou du sort des protagonistes.

L’enjeu majeur évident qui poussait le public à regarder le film résidait dans le second défi auquel était confronté le film : Apporter une plus-value pour enrichir l’univers zombie de Snyder. Et sur ce point, au premier abord, les liens sont anecdotiques dans la mesure où elle se résume à la réalisation d’une quête très personnelle du protagoniste principal Sebastian : Craquer le coffre légendaire Götterdämerrung (Crépuscules des Dieux). En extrapolant, grâce au folklore autour des « coffres forts », Army of Thieves entoure néanmoins d’une aura mystique les motivations d’un personnage déjà bien énigmatique apparu dans les deux films : Bly Tanaka, le commanditaire du braquage d’Army of The Dead. Une question se pose alors : Quelle motivation se cache derrière l’ouverture du Götterdämerrung en dehors des 200 millions de dollars qu’il contient ?

En passant, à l’instar du premier opus, et dans la droite ligne des films de casses, les personnages sont construits en fonction de leur archétype et leur fonctionnalité dans l’intrigue.

Finalement, The Army of Thieves n’a pas d’autres ambitions que d’être une mise en bouche permettant de patienter entre deux épisodes majeurs de cette nouvelle zombieverse, à l’instar des Rogue One et Solo au sein de Star Wars.

Le film aura le mérite d’offrir à Zack Snyder l’occasion d’annoncer qu’il prépare Planet of The Dead.

SYNOPSIS

Dans ce préquel du film "Army of the Dead", une mystérieuse femme recrute Dieter, employé de banque, afin de braquer des coffres-forts inviolables à travers l’Europe.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 2 h 07
- Titre original : Army of Thieves
- Date de sortie : 29/10/2021
- Réalisateur : Matthias Schweighöfer
- Scénariste : Shay Hatten d’après une histoire de Zach Snyder
- Interprètes : Matthias Schweighöfer, Nathalie Emmanuel, Ruby O. Fee, Stuart Martin, Gus Khan, Jonathan Cohen, Noémie Nakai, Trent Garrett
- Musique : Steve Mazzaro, Hans Zimmer
- Photographie : Bernhard Jasper
- Montage : Alexander Berner
- Costumes : Stephanie Portnoy Porter
- Producteur : Pantaleon Films, Netflix, The Stone Quarry
- Distributeur : Netflix France

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB


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