The Expanse : Review 5.08 Hard Vacuum

Date : 20 / 01 / 2021 à 14h30
Sources :

Unification


Après que The Expanse 05x07 Oyedeng a exploré le champ de l’intime avec la maestria d’une tragédie antique, The Expanse 05x08 Hard Vacuum renoue avec ce qui fait la force première de la série : la choralité d’une vaste mosaïque géostratégique.
Peut-être davantage encore que les épisodes précédents, ce huitième opus expose les conséquences tangibles et durables de la mutation évolutionniste infligée par le terroriste Marco Inaros. En dépit du profond chaos, un point d’équilibre semble émerger dans ce nouveau monde, pas moins inique que l’ancien. Tous les protagonistes, qu’ils soient de premier ou de second plan, dévoilent – à travers l’espace et le temps – les fils d’Ariane de leurs interconnexions multiples, si ce n’est relationnelles, du moins causales. Et c’est ainsi qu’avec une ironie tragique, l’épisode se place sous le signe sociologique des monades (au sens de Silverberg et non de Leibniz), allant de celles qui s’ignorent à celles qui sont imposées, en montrant comment les sociabilités naturelles peuvent s’étirer ou se dissoudre, comment elles peuvent être amenées jusqu’au point de rupture et comment elles sont susceptibles d’être détournées à des fins de domination.

Le crossing semblait insurmontable, mais Nagata a survécu à la traversée sans combinaison entre le Pella et le Chetzemoka !
Impossible d’en dire autant du pauvre Cyn, pour qui l’exposition au vide spatial aura été fatale. En dépit de son nombrilisme limitless, Inaros se révélera très affecté par le trépas de son plus vieux compagnon de route. Et peut-être aussi, sans l’admettre, de Noami (qu’il croit décédée). Bien entendu, égo et incapacité à se remettre en question obligent, il en blâmera son fils Filip...

Contrairement à l’idée reçue popularisée par le cinéma à sensation, il est parfaitement possible pour un humain de survivre sans combinaison dans l’espace jusqu’à deux minutes (selon le niveau de radiation stellaire environnant, le vide étant par ailleurs un formidable isolant thermique). Mais les effets biologiques sont généralement désastreux (notamment dans le registre des accidents de décompression et des embolies gazeuses). Ergo, parce que The Expanse ne transige jamais avec le réalisme, l’épisode n’omet rien des ravages physiques et physiologiques résultant de la minute d’exposition de Nagata au vide spatial...
La seule objection pourrait porter sur la faible probabilité de réussite d’un déplacement à vue dans l’espace par la seule "propulsion" (si approximative) de ses jambes (alors qu’une trajectoire est déjà aléatoire avec des thrusters vectoriels sans assistance informatique). Néanmoins, The Expanse 05x08 Hard Vacuum tout comme la fin de The Expanse 05x07 Oyedeng n’ont pas manqué de souligner qu’il ne s’agissait aucunement d’une stratégie planifiée... mais à l’inverse d’un acte de désespoir de Naomi – préférant encore se suicider que rester sous l’emprise de son bourreau Marco. Atteindre le Chetzemoka et y survivre fut un "bonus" inespéré, imputable en partie au facteur chance (un "joker" narratif jamais utilisé auparavant de semblable façon par les auteurs donc demeurant vraisemblable en internaliste). En outre, la certitude de son échec (donc de son décès) par tous les protagonistes concernés (Inaros, Filip, et Karal) entérine paradoxalement "l’acceptabilité" de ce parti pris scénaristique.
Par-delà la barakah, l’explication est aussi à chercher dans l’injection d’une seringue anti-hypoxique (s’étant avérée efficace sur Stuart plusieurs épisodes auparavant), dans la probable expiration de tout l’oxygène des poumons en amont, mais surtout dans la grande expérience extravéhiculaire (cf. le "sauvetage à vue du Dr Lucia Mazur par Naomi dans The Expanse 04x09 Saeculum) et dans l’évolutionnisme des Belters... devenus – pour mémoire – quasiment des "aliens" dans la saga littéraire de James SA Corey ! Drummer ne disait-elle pas d’eux dans The Expanse 04x01 New Terra qu’ils sont "des créatures de l’espace" (son si célèbre « we are creatures of space ») ?! Que l’organisme de Nagata ait été si vulnérable et inadaptable à la pesanteur d’Ilus IV pour se révéler finalement si résistant et adapté au vide spatial (presque comme un poisson dans l’eau même hors du Project Caliban), n’est-ce pas la meilleure célébration possible du darwinisme ?
Le titre VO de l’épisode rendra d’ailleurs hommage à cette réalité, improbable mais aucunement impossible, et connu dans le langage de la NASA par "hard vacuum transit".
Et pareil exploit véhicule la puissante symbolique du saut de la foi... consistant à préférer encore le néant à l’enfer, à accepter une très probable mort pour l’espérance infime de revenir à la vie, métamorphosée.
Superbe.

En état de choc, sujette à l’équivalent d’un grave ADD, le corps couvert de lésions et brulée au troisième degré, c’est dans les ressources insoupçonnées de son for que Naomi trouvera la capacité d’affleurer, sans l’aide de quiconque. Mais à peine se relèvera-t-elle de cet enfer physique... qu’elle découvrira le cauchemar indicible dans lequel elle s’est désormais auto-emprisonnée. Le Chetzemoka a été "miné" de toute part : impossible à contrôler (toutes les interfaces ont été déconnectées), bourré d’explosif, transformé en bombe volante qu’un détecteur de proximité fera détonner (dès qu’un autre vaisseau approchera), et émettant en boucle un message de détresse contrefait avec la propre voix de Nagata et adressé à Holden pour l’attirer comme une phalène vers la lumière. Naomi est dès lors soumise au pire des supplices de Tantale (ou de Cassandre) : n’avoir aucune possibilité de prévenir qui que ce soit ni d’empêcher la catastrophe qui s’annonce, et devoir assister impuissante au criminel triomphe de Marco et à la mise à mort de Jim.
Prenant alors le contrepied de toutes les productions en vogue, The Expanse 05x08 Hard Vacuum ose s’attarder dans ce huis clos cauchemardesque et anxiogène à cosmos ouvert, filmant sans filtre et sans répit la déchéance physique doublée du désespoir indescriptible de l’héroïne, face à un environnement qui lui est si familier mais sur lequel elle n’a désormais plus la moindre prise... tel un spectre. Et en dépit de ses échecs, elle multiplie les initiatives, elle recommence et recommence encore, elle s’acharne, elle tente tout ce qui est humainement possible pour déjouer la fatalité. Un parti pris scénique très Hard-SF qui serait rapidement devenu ennuyeux et lassant dans n’importe quelle autre œuvre mais dont The Expanse s’acquitte magistralement grâce à une rigueur technique stupéfiante (chaque geste a ici un sens, tels les protocoles de vol exécutés par les astronautes) ; mais aussi grâce à l’immense vérité d’interprétation de Dominique Tipper… qui à chaque seconde fait l’effet d’endurer cette tragédie et non de la jouer. Sa prestation est d’autant plus remarquable qu’elle n’a pas le confort de s’appuyer ici sur des dialogues (étant seule à bord). Toute sa justesse émotionnelle passe donc par le langage corporel, les expressions faciales, le mime (mais sans aucun surjeu)… et l’intelligence de la stratégie suivie... avec une motivation soudain décuplée en détectant avec effroi que l’appel de détresse mensonger a été capté par Holden et qu’icelui se précipite tête baissée dans le piège !
Loin d’une astuce capillotractée assénée ex cathedra par un deus ex machina (façon MacGyver 1985 ou 2016), le spectateur partage en temps réel avec Nagata le processus "trial & error" laborieux qui conduira à l’éclosion d’une solution… stéganographique. Employant un scaphandre non alimenté en oxygène (donc à l’autonomie limitée à une paire de minutes avant de se transformer en piège à CO2), et s’appropriant rythmiquement la circularité du message diffusé en boucle (tel un archer faisant corps avec sa cible), Naomi accédera répétitivement à une zone technique du Chetzemoka dépourvue de support de vie pour y parasiter chirurgicalement l’émission. La procédure n’étant aucunement automatisable (puisque l’informatique du vaisseau lui est inaccessible), il lui faudra répéter manuellement sans fin cette opération, en s’aventurant à la frontière de l’évanouissement à chaque "cycle". Ainsi, en réussissant à masquer certains mots, l’annonce trompeuse (« Ici Naomi Nagata du Rocinante. Si vous m’entendez, retransmettez. Dites à Holden que je suis en danger. Si vous m’entendez, retransmettez.. Les comm sont HS. Vaisseau contrôlable. Retransmettez ») change quelque peu de signification (« Ici Naomi Nagata ... Dites à Holden que je ... contrôle »), ce qui devrait alerter – ou du moins donner une chance – à un auditoire lui-même intelligent.
En dépit de sa fragilité apparente, et sans jamais y perdre son humilité touchante, Nagata aura fait montre d’une volition ahurissante depuis le début de la saison. La rage non pas de vivre, mais de faire vivre. Or favoriser la vie suppose d’être prêt à la perdre sans hésiter à chaque instant. Rarement une œuvre aura autant pris la mesure du concept de résilience, notamment pour y avoir impliqué aux premières loges le spectateur, lui offrant une authentique expérience de vécu.
Peut-être que certains spectateurs auront l’impression que l’épisode surexpose les "malheurs de Naomi", et pourtant il n’est en rien. Contrairement à The Expanse 05x07 Oyedeng, The Expanse 05x08 Hard Vacuum ne lui consacre que 17 minutes cumulées sur un total de 53 (soit moins d’un tiers de la durée de visionnage).

S’il est bien un autre personnage qui porte les stigmates de la dramaturgie sur son visage, c’est Camina Drummer. Ayant traversé comme un ectoplasme livide les opus précédents, contrainte par le nouvel échiquier à consentir des compromissions allant à l’encontre de sa nature et de ses fidélités (Klaes Ashfrod et Fred Johnson), The Expanse 05x08 Hard Vacuum commence tout doucement – mais très pesamment – à la confronter aux conséquences et au véritable prix de son allégeance forcée à la Free Navy d’Inaros. Affectée avec sa flottille à la fonction infamante de charognard des basses œuvres de Marco (dépouiller les cadavres qu’il sème dans le système solaire) ; découvrant le sort que le Bosmang des bosmangs réserve aux factions de l’OPA qui ont eu le malheur de décliner son offre-qui-ne-se refuse-pas (les Matar Kubeliya ayant été purement et simplement massacrés) ; recevant l’ordre de se joindre au Serrio Mal et au Koto pour attaquer ouvertement tous les vaisseaux Inners (prétendument pour maintenir ouvertes les voies commerciales) ; interdite d’aller secourir Naomi (apprenant à cette occasion qu’elle était à bord du Pella lors de sa visite dans The Expanse 05x06 Tribes, qu’elle est désormais réputée morte, et que sa voix est utilisée pour piéger Holden) ; et soumise en permanence à l’autorité de la très loyaliste Karal – véritable commissaire politique qui se plait à rappeler que sa qualité de capitaine est subordonnée à une obéissance aveugle à Inaros… le moins que l’on puisse dire est que l’ardoise est salée et les couleuvres de plus en plus difficiles à avaler pour Drummer ! La goutte de trop étant probablement l’annonce de la mort de son amie de toujours, Nagata.
Il faudra que sa XO Oksana s’interpose pour que Camina n’estourbisse pas Karak. De détresse, comme tant d’autres âmes brisées et aliénées par le destin avant elle, Drummer s’isole dans ses quartiers pour laisser exploser son ire puis s’abandonne à l’éthylisme... Son insoutenable lourdeur de l’être est le garant d’une boussole morale que son équipage est bien loin de partager – Bertold (le "beau parleur" l’ayant convaincu de céder à Marco) s’accommodant finalement plutôt bien du nouvel ordre solaire.
Après le "sexe de désespoir" avec Oksana dans The Expanse 05x05 Down And Out, The Expanse 05x08 Hard Vacuum a l’audace de mettre en scène un "fou rire de désespoir" entre Camina et son équipage à l’occasion d’eau renversée en apesanteur (visuellement saisissant au passage). Exercice ô combien casse-gueule et pourtant parachevé sans la moindre fausse note. Les éclats de rire sont ici des larmes... qui se cachent par pudeur.
Kudos à l’interprète Cara Gee qui aura réussi à composer une figure tragique avec un économie de moyens forçant le respect... élevant son personnage au niveau des inoubliables William Adama ou Saul Tigh de Battlestar Galactica 2003.

Le front politique n’est pas moins impressionnant. Le nouveau secrétaire général de l’ONU, David Paster, illumine littéralement de son intégrité et de ses scrupules une toile de fond pourtant dystopique. Déclamant tel un tribun le discours à poigne dont son gouvernement et ses administrés terriens avaient moralement besoin après le génocide de plusieurs millions d’entre eux, le SG n’en demeure pas moins modeste et prudent en coulisses, s’entourant perpétuellement de Chrisjen Avasarala et de l’amiral Delgado, et prenant le temps d’écouter attentivement – en débats de groupe et en entretiens privés – les arguments de tous les membres de son gouvernement.
Mais prouvant une nouvelle fois que le réalisme est bien la feuille de route de The Expanse, ceux qui s’étaient retrouvés alliés de circonstance dans une prophylaxie contre Inaros et face à la vanité aveugle de feue Nancy Gao… divergent aujourd’hui radicalement dans le type de représailles à adopter. Les familles de la veille ne sont plus forcément celles du lendemain. S’inscrivant dans un éternel recommencement de la dynamique action-réaction de l’homo sapiens (trouvant d’évidents échos dans l’insoluble dualité contemporaine à l’encontre du terrorisme, en particulier depuis le 9/11), Avasarala recommandera la distinction en épargnant les populations civiles des Belters et en veillant toujours à leur accorder le bénéfice du doute sur l’allégeance… tandis que Delgado prônera un amalgame de tous les Ceinturiens et l’attaque de la station civile Pallas (où Inaros puise ses racines et le gros de ses soutiens populaires) voire même celles de Hygiea et de Lapetus pour envoyer un message fort et assouvir la colère des Terriens.
D’un côté (Chrisjen), pour l’équanimité et l’équité, mais avec la garantie d’un enlisement sur la durée ; de l’autre (Felix), pour la loi du Talion, mais au prix d’une radicalisation des modérés (ce que souhaite précisément Marco) et à la clef une guerre totale avec de possibles connotés ethniques. C’est précisément en anticipant cette seconde option – la dialectique des faucons assoiffés de sang et de vengeance – que Drummer avait fait bien malgré elle un "choix de survie" alors que tout l’opposait pourtant à Inaros...
C’est la grande tradition des dilemmes éthiques et moraux au cœur de la meilleure SF (par exemple Star Trek entre 1964 et 2005) qui est convoquée ici. Reste maintenant à savoir dans quelle mesure le précepte de Platon (et des Minbaris de Babylon 5) – à savoir n’accorder le pouvoir qu’à ceux qui ne le veulent pas – tiendra vraiment la route in situ et transformera l’essai dans le cas de David Paster… Réponse dans le prochain numéro.

Plus grounded sur Terre que jamais, Amos et Clarissa poursuivent leur périple à travers les ruines du monde. Tel un constant poids sur la poitrine, l’ombre du chef d’œuvre The Road de John Hillcoat (2009) ne manque jamais une occasion de se rappeler à la mémoire collective des spectateurs, au détour de telle ou telle réplique, ou encore d’une scène macabre… comme celle du charnier dans le parc d’une maison de retraite désertée.
L’étonnante scène – quasi-pornographique – où l’on voit Burton et Mao uriner dos à dos mais de concert renforce le naturalisme sans ambages de la fresque.
Et le moins qu’on puisse dire est que The Expanse n’oublie aucune des répercussions globales de l’impact des trois astéroïdes. Pour les Terriens qui ont eu la "chance" de se trouver loin des points de chutes et des rayons d’action des tsunamis terrestres qui en ont résulté, c’est désormais une longue agonie qui commence... La balance des blancs de l’image est perpétuellement froide, virant vers le bleu quelle que soit la latitude, signe d’une nouvelle ère glaciaire provoquée par une opacification des rayons solaires. Des ondes de choc ont ravagé la plupart des grands édifices humains. Des barrages ont été rompus, provoquant des ravages et de vastes inondations… La série est décidément toujours un sans-faute scientifique.
Inutile de dire que si la liberté d’emprunter un vaisseau suborbital était un luxe pour le citoyen terrien lambda avant l’attaque d’Inaros, c’est désormais devenu mission impossible. Et pourtant paradoxalement, la condition de ceux qui ont élu domicile dans l’espace depuis des générations (les Belters) est loin d’être enviable. Une vraisemblance sociologique aux antipodes du miracle de "l’espace pour tous" vendu par tant de SF futuristes...
Mais l’équipe formée par Clarissa et Amos représentent un deal win-win. La première bénéficie de son expérience d’ex-privilégiée (fille du milliardaire Jules-Pierre Mao) et elle a accès à Winnipesaukee Island dans le New Hampshire, une île privatisée à l’usage des plus fortunés et dont les propriétés (souvent vides hors saison) disposent toutes de navettes suborbitales (en somme l’équivalent au 24ème siècle des piscines de luxe ou des hélicoptères personnels aujourd’hui). Tandis qu’Amos est riche de son passé misérable et délinquant à Baltimore, en particulier de sa relation d’amour-haine avec le parrain mafieux Erich, déjà croisé dans The Expanse 05x02 Churn en des temps moins sombres.
Or par un incroyable retournement de situation – incroyable car crédible – appuyé sur des dialogues aussi brillants que poignants, franchissant à nouveau l’un de ces Rubicons sur laquelle la série construit sa diégèse (« je sais que je suis morte aussi, tu es la seule conne à te croire encore en vie »), "Peaches" parviendra à convaincre Erich de les accompagner à Winnipesaukee et au-delà, c’est-à-dire d’abandonner l’empire baltimorien qu’il s’était bâti, et cette ville de misère qu’il aimait viscéralement. Autant dire que la famille de Holden, se tenant toujours à la frontière entre les mondes, déjà potentiellement enrichie de Monica, Bull, Bobbie, et Clarissa… est appelée à gagner un membre de plus... par-delà le bien et le mal.

L’enquête sur l’explosion du Zmeya ne révèle aucune trace de la protomolécule volée sur Tycho, et si Jim et Bull sont proches de se laisser convaincre par sa destruction, fidèle à sa détermination inaltérable, Stuart est la seule à ne pas y croire, convaincue qu’elle a été débarquée en amont, à l’abri de la surveillance épisodique par le Roci.
C’est finalement par l’entremise de Roberta Draper et d’Alex Kamal sur le Razorback que Holden recevra l’appel au secours falsifié du Chetzemoka…
À l’instar des sept épisodes précédents de la saison, le preux Holden se fait plus discret que chacun des autres personnages, mêmes secondaires. Une façon audacieuse de briser les convenances et de décourager les cultes de la personnalité qui fleurissent tant au sein des fandoms...

Par les lettres de noblesse de la Hard-SF, une large part de l’épisode est accordée à l’espace, son gigantisme, ses mystères, et son impénétrabilité... notamment à travers l’isolement de Nagata et son épreuve de survie. Le faux message de détresse, tweaké jusqu’au bout de l’épuisement par Noami, transperce hypnotiquement la solitude cosmique jusqu’à mordre sur le générique final, à la façon d’une voix sortie d’outre-tombe animée par un pulsar. Et telle une épreuve existentielle (ou un test d’adaptabilité), elle déterminera les événements à venir...
Une nouvelle fois, The Expanse distille avec une main de maître cette implacable sensation d’Histoire en marche, qui balaye les volontés collectives, mais où parfois les plus infimes initiatives individuelles peuvent faire toute la différence...
Avec une puissance suggestive exceptionnelle, des visuels à tomber, cultivant des ambiances toujours liminales, se frayant un chemin de crête entre explorations spatiales et planétaires, multiplicité des perspectives, affaires d’état, peintures sociétales, systémique évolutionnistes, mutations civilisationnelles, perspectives inconciliables… chaque épisode de la saison 5 de The Expanse ne cesse de surprendre et d’émerveiller par son degré de perfection.
Il y a quelque chose à la fois d’hallucinogène et d’écrasant dans cette expérience de visionnage qui, semaine après semaine, accumule les 5/5 comme autant de trophées.

ÉPISODE

- Episode : 5.08
- Titres : Hard Vacuum
- Date de première diffusion : 20 janvier 2021 (Prime Video)
- Réalisateur : Marisol Adler
- Scénariste : Dan Nowak

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