Westworld : Review 3.08 Crisis Theory

Date : 05 / 05 / 2020 à 14h30
Sources :

Unification


Les mystères et les vérités cachées constituent l’intérêt essentiel d’un puzzle show. Ces deux ingrédients poussent le spectateur à s’engager dans l’histoire. En effet, il est captivant, divertissant d’être acteur d’une histoire et de déceler soi-même les vérités cachés d’une intrigue. Par son souci du détail, sa maestria pour densifier ses énigmes, Westworld offrait un challenge intellectuel qui suscitait la passion. Mieux, en élevant le mystère à son paroxysme, Westworld parvenait à intensifier les dimensions émotionnelles (suivre une histoire captivante) et intellectuelles (relever le défi de comprendre l’énigme) comme aucune série auparavant.

Outre le sentiment gratifiant de comprendre soi-même certaines parties de l’intrigue, Westworld suscitait une authentique stupeur en réussissant à préserver jusqu’au final certaines vérités insoupçonnées. Evidemment, le revers de la médaille est qu’une histoire s’arrête lorsque le mystère se révèle. Elle décourage aussi lorsque les révélations finales ne sont pas à la hauteur de l’engagement des spectateurs-joueurs.

Avant que n’apparaissent la scène post-générique, l’épisode Crisis Theory a longtemps laissé croire qu’il n’y avait point de mystère, ni d’énigme à résoudre durant la saison. Que l’intrigue avait fini de tout révéler à la mi-saison.

Autrement dit, sans la scène post générique, Westworld embarquait ses fans passionnés dans des dédales d’informations, une montagne d’énigmes, un semblant de cosmogonie pour accoucher d’une souris nommée " évidence " : Un héros fait preuve de bonté envers autrui.

Et un mystère qui était évidence depuis la première minute de la saison n’est point une révélation, mais le vecteur d’un immense sentiment d’amertume. Fallait-il deux ans d’attente et huit épisodes pour révéler que le ou les héros de l’histoire sont profondément bon, intrinsèquement gentils ? C’est le genre de choix d’écriture qui peuvent sonner le glas de la dimension intellectuelle de la série.

A vrai dire, la première moitié de saison ouvrait tellement de perspectives et dévoilait une ambition certaine que la pauvreté du final laissait pantois.

En outre, à rebours de toutes notions de dramaturgie, l’épisode final privait la saison de confrontation finale, de prise de conscience, et de transformation des personnages. En effet, ces derniers n’avaient pas besoin de se transformer ou se surpasser car ils n’avaient jamais vraiment eu d’obstacles imposant à surmonter durant la saison. Et il en ressort à la fin que chaque personnage, blanc ou noir, gentils ou méchant, n’avait ni dévié, ni perdu le chemin qui lui était assigné depuis le début. Evidemment, un final où tous les personnages renforcent l’archétype qui était le sien depuis le départ, sans l’avoir vraiment quitté, oblitère tout engagement émotionnel envers l’histoire. Et c’est le cas, en dépit d’un acting de très très haute volée.

Au moment du générique, le constat était donc plus que mitigé car en dépit de grands moments, l’écriture de l’épisode ne fonctionnait pas. Il manquait quelque chose pour lier le tout.

Heureusement, la scène post-générique offre la belle éclaircie dans la tempête, apaisant le cri du cœur. Elle livre l’information qui manque cruellement à l’épisode, voire la saison, pour lui donner du liant, un sens émotionnel et apporte enfin une profonde transformation qui change les destins. Elle lève même le voile sur la dernière énigme restée sans réponse de la saison 2 à savoir la scène post-générique.

La scène post-générique laisse également espérer que la 4ème saison vienne densifier, enrichir l’intrigue voire corriger les problèmes d’écriture de cette saison. " Skynet "ou " John Connor " ne pouvaient de toute façon pas se reposer sur des postulats aussi maigres que ceux issus de la partie anté-générique de ce final.

En définitive, apprécié seul, l’épisode Crisis Theory semble avoir abandonné les deux piliers sur lequel reposait Westworld : le challenge intellectuel et l’engagement émotionnel.

Toutefois, en l’intégrant dans un ensemble de 8 épisodes, la perspective change. En effet, de manière globale, cette saison 3 est plus que satisfaisante, bien qu’en deçà de la saison 1. D’aucuns diraient même qu’à travers cette saison Westworld a réussi à faire peau neuve et se transfigurer.

ÉPISODE

- Episode : 3.08
- Titre : Crisis Theory
- Date de première diffusion : 3 mai (HBO) - 4 mai 2020 (OCS)
- Réalisateur : Jennifer Getzinger
- Scénariste : Denise Thé & Jonathan Nolan

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