[EXCLU UNIF] Kana Home Vidéo : La rencontre avec Benoit De Tauriac et Nabil Allouache

Date : 26 / 09 / 2016 à 08h30
Sources :

Unification


Japan Expo a été l’occasion de rencontrer Benoit De Tauriac, le directeur de Citel Video (Citel Animé et Kana Home Vidéo) et Nabil Allouache, le producteur manager de Citel Kana Home Video.

En effet, lors du salon, Kana a fêté ses 20 ans et Kana Home Vidéo (KHV), sa filiale vidéo, a fêté ses 10 ans d’existence.

La création de KHV s’est faite avec Naruto. Actuellement, la série phare est Psycho Pass et Log Horizon est à venir.
Le label est complémentaire à d’autres séries, ainsi qu’à Anime Digital Network (ADN). Les séries et les mangas sont des cross-over entre différents supports.

La rencontre avec Benoit De Tauriac et Nabil Allouache a été l’occasion de découvrir l’historique et le label d’un éditeur vidéo vraiment intéressant.

Pouvez-vous nous raconter les origines de Kana ?

À l’origine, nous sommes allé au japon pour vendre des bandes dessinées et nous sommes reparti avec des mangas.
Yves Schlirf est à la base un libraire. C’est le fondateur de Kana et il est proche de l’œuvre. Il avait beaucoup de clients qui étaient déjà sur le manga et achetaient directement les mangas en japonais, d’où son idée de monter une maison de publication de mangas en français.

10 ans plus tard, Kana lançait Kana Home Vidéo. Est-ce que l’édition de séries animées et de film a été issue de l’envie de faire du cross-over avec vos mangas ?

Dès sa genèse, Kana appartenait à un groupe et KHV, le label de Citel appartient au même groupe, mais Citel n’est encore qu’un enfant.
Nous vivons l’âge d’or de Pokémon. C’est opposé à Tintin. Personne sur le marché ne faisait cela à l’époque. Nous avons eu l’opportunité d’avoir comme bestseller de Kana Naruto et nous avons travaillé à la fois sur le manga Naruto, les DVD et les produits dérivés.

Cela a été l’acte fondateur de Kana Home Vidéo à la fin de l’année 2005, début 2006.
C’est une opportunité donnée par les Japonais, et un énorme acte de confiance de leur part, car Kazé et Dybex existaient déjà sur le marché de la vidéo, mais il n’y avait rien chez Kana.

C’était plutôt réussi, car Naruto est un bestseller sur le marché. Il y a beaucoup de produits dérivés. C’est le n° 1 des ventes et 10 ans après ses débuts, Naruto est toujours sur l’antenne de Game One, sans période discontinue depuis janvier 2006. Il sort 4-5 coffrets de DVD par an et un nouveau film chaque année depuis 2006.
Le manga Naruto fait parti du top 3 des mangas mais il est dépassé par les mangas One Piece et Fairy Tail sur les derniers tomes sortis, mais l’animé reste n°1.

Au global, c’est 17 millions de mangas, bientôt 18, en langue française, de vendus. C’est un top manga en France, et ce, depuis sa sortie en 2002.

Il y a plus de 5 millions de DVD vendus.
Nous sommes passés d’un marché d’ultra niche au grand public. Nous voulions faire connaître cet univers et aller vers la population générale.
Lorsqu’il y a eu l’âge d’or de Pokémon, personne ne se posait des questions sur le genre de l’œuvre.

Avec Naruto, nous avons essayé de faire rentrer l’ADN du manga dans les mœurs et d’utiliser tous les genres : animation, objet…

Notre développement s’est fait avec des séries éditées par Kana comme Mär, Death Note, Black Butler.
C’est un travail en commun. Il faut faire passer les séries à la télévision, développer le marchandising…

En ce qui concerne Black Butler, il y a une grosse fan base, mais la série marche aussi sur le grand public.
Il faut beaucoup de matière pour capter un public plus large. Nous choisissons des séries avec de la matière et nous travaillons dessus.

Nous avons un deuxième axe de développement : celle des séries bestseller : One Piece, Fairy Tail
Cela nous a aidé à devenir leader sur le marché de l’animation japonaise.

Nous nous adaptons aux goûts du consommateur, comme pour l’arrivée de Psycho Pass.
Au Japon, ces dernières années, les séries animées ont connu un petit passage à vide. Il y a eu un retour avec des séries comme One-Punch Man. Cela sert de locomotive pour attirer le client chez les libraires.

Nous avons comme séries à succès, Assassination Classroom, ainsi qu’un gros coup de cœur sur Psycho Pass. Les deux séries ont du succès sur ADN et J-One.

La série Psycho Pass est arrivée sur France 4 au début janvier alors que la fin de la saison 1 s’est terminée en décembre. C’était un gros tour de force. Il a fallu convaincre les Japonais de doubler la partie 2 de la saison 1 alors qu’elle n’était pas en fin de diffusion au Japon. C’était nouveau pour eux. C’est plus facile quand il existe un historique.

Le site ADN (Anime Digital Network), une chaîne de streaming d’animés à laquelle vous participez, a été lancé il y a quelques années. Comment vous êtes-vous positionné sur cette nouvelle offre dématérialisée ?

Nous avons une collaboration avec ADN.
Nous sommes associés avec Kazé et avons notre catalogue vidéo sur ADN.
Toutes nos acquisitions sont en simulcast disponibles sur ADN. C’est une politique du gros hit One-Punch Man, My Hero Academia, mais aussi une fenêtre représentative de ce qu’on voit au japon : shonen, shojo, un véritable échantillon de ce qui existe au japon.
Cela permet de se faire une idée sans aller sur des sites de fan sub.
Nous voulons aller vers le grand public. Nous avons un partenariat avec J-One, qui est la petite sœur de Game One, pour diffuser des animés tels que Naruto, One-Punch Man, Fairy Tail, ou Log Horizon, qui est un de nos gros coups de cœur. C’est actuellement la meilleure série en audience sur J-One et ADN.

Cela nous conforte dans notre politique éditoriale. Nous avons un passage à la télévision avec Game One, et la série arrive en octobre en DVD.
Elle est plus longue que Psycho Pass, car elle est adaptée d’un MMO. Il y a un gros travail de traduction sur les capsules à traduire, donc beaucoup de contraintes, car tout doit être validé par les Japonais avant diffusion. C’est pour cela que la série arrive 1 an après sa diffusion au Japon.

C’est une série programmée sur NHK, et il n’y a pas beaucoup d’éditeurs à se positionner dessus. De plus, nous nous positionnons en simulcast.

On essaye de mettre de tout dans notre programmation, y compris des OVNI et nous essayons de faire découvrir quelque chose qui sort de l’ordinaire au public.
C’est très important pour les Japonais qu’il y ait une diffusion télévisée chez nous de leurs séries.

Vous ne négociez pas de manière identique les contrats pour des mangas et des animés. Quelles sont les contraintes rencontrées au niveau des différents supports DVD et streaming ?

Au début, nous avions de grosses contraintes sur le streaming. Mais le simulcast est le meilleur moyen pour lutter contre les diffusions illégales. Tout ne peut pas être diffusé en simulcast, car nous avons besoin du matériel un peu avant la diffusion en France. C’est un changement dans la façon de travailler qui impacte un pan de la chaîne de production.
Nous sommes plusieurs à travers le monde à faire cela et les Japonais se sont rendu compte que c’était une bonne idée.

Si on prend la série Assassination Classroom, il y a une heure de décalage par rapport au Japon et pas de possibilité de téléchargement, car la série est uniquement disponible en DVD au Japon.

C’est un flux tendu, car nous avons la réception du matériel 24-48 heures avant notre propre diffusion en France.

Le côté néfaste du simulcast est de donner un accès immédiat à l’œuvre. On revient alors dans un modèle de consommation avec un avis « je prends, je jette » fait très rapidement.
On analyse le comportement de nos fans pour voir ce qui se passe sur certaines séries, afin d’identifier les demandes sur les versions doublées, un passage télévisé ou la sortie en coffrets.

C’est un nouveau mode de communication. Qu’est-ce qu’on peut offrir au consommateur qu’on n’aurait pas identifié en tant qu’éditeur ?

En effet, il faut faire le doublage, stocker le matériel. Il y a des enjeux financiers importants, et on doit au minimum ne pas se retrouver en négatif.

Comment gérez-vous les droits des séries que vous avez sur ADN ?

Il y a des séries qu’on renouvelle, car elles ont trouvé un public et des séries qui ne sont pas vue et qu’on ne renouvelle pas.
Il y a aussi des séries qu’on continue de suivre même si elles sont finies, comme Death Note car c’est un de nos piliers de l’animé et que le public continue de la regarder.
Si une série a peu de public, on l’arrête.
Nous avons aussi des contraintes physiques, technologiques (streaming) et matérielles.

Combien êtes-vous dans votre maison d’édition vidéo ?

Nous sommes 9 au total chez Citel dont 4 sur le label Kana Home Video.
Nous avons une maison d’édition avec un tronc commun contenant une partie éditeur dédiée au Japon et une autre partie consacrée à la littérature jeunesse.
Nous avons comme idée la transversalité entre les deux pôles, cela permettant de faire les choses en commun.

En ce qui concerne la traduction, nous traitons cela en externe, et c’est la même chose pour la conception graphique.
En interne, nous nous occupons de l’édito et du marketing.
En externe, nous choisissons nos traducteurs en fonction de leur affinité par rapport aux mangas ou aux animés.

Nous devons gérer le planning avec des sorties régulières, ce qui entraîne un rythme de travail soutenu.
Nous essayons aussi d’avoir un rapprochement entre le manga et l’animé pour avoir une cohérence au niveau de la traduction. Cela permet une mutualisation des traducteurs et une sécurisation de la qualité de la série.

Nous avons un mode d’édition particulier. Les auteurs et les éditeurs sont au Japon. On travaille sur des séries qui ne sont pas les nôtres et on ne peut pas aller à l’encontre de ce que veulent l’auteur et l’éditeur.
Nous faisons appel à différents partenaires locaux pour nous adapter aux contraintes entre ce que veulent l’auteur et les fans.

C’est une tâche de long terme avec nos partenaires. On ne peut pas se permettre le moindre écart sinon nous ne pourrons plus travailler avec eux.

Parlez-nous de vos séries emblématiques du moment ?

En ce qui concerne notre historique de séries emblématiques, nous avons Assassination Classroom actuellement, Black Butler, One Piece depuis 2008 (50 coffrets pour cette dernière série), Death Note qui a commencé en 2007, Naruto qui nous a donné accès à d’autres partenaires comme la Toei Animation.
Nous n’avons pas le manga, mais la série animée de Fairy Tail depuis 2009 (le manga est édité chez Pika)

Nous privilégions nos titres maisons qui correspondent à notre base de lecteurs et nous exploitons les titres à succès des autres. Il y a vraiment une explosion des ventes de mangas.

En effet, nous voulons faire découvrir ces séries au plus grand nombre, même si le manga n’est pas édité chez nous.
Et depuis cette année, nous avons Psycho Pass et Log Horizon qui est un coup de cœur éditeur et public. Nous éditons le manga et l’animé de ces deux séries.

Je remercie Benoit De Tauriac et Nabil Allouache d’avoir répondu à mes questions en y apportant des réponses passionnantes et instructives.

Pour le fun, vous pouvez découvrir ci-dessous une réplique impressionnante du Dominateur, l’arme utilisée par les inspecteurs et les exécuteurs de la très bonne série Psycho Pass.



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