Le voyage d’Arlo : La critique

Il y a plusieurs mois, on apprenait que l’élaboration du Voyage d’Arlo connaissait quelques difficultés obligeant la production à changer de réalisateur et de producteur. C’est donc avec un peu d’appréhension que l’on assiste à la projection du film, d’autant plus que Vice Versa, sorti quelques mois plus tôt était extrêmement réussi. Cependant, et pour notre plus grand bonheur, toutes nos craintes vont finir par se dissiper une par une.

Ce qui frappe dès les premières images, c’est le degré de réalisme et la beauté stupéfiante des paysages. Le rendu est tout simplement exceptionnel. Encore une fois, le studio a frappé très fort techniquement. Les animateurs ont cependant fait le choix de donner un rendu très cartoonesque aux différents dinosaures. Dans un premier temps, ce choix semble paradoxal et l’apparition des premiers quadrupèdes "pique même un peu les yeux" , tant le contraste avec le réalisme du paysage est important. En fait, on comprend très vite que ce choix si étonnant permet d’humaniser les émotions et les actions des différents protagonistes face à cette nature si belle et si menaçante à la fois, dans laquelle ils évoluent.

Rappelons que le point de départ du film, très vite révélé dans les différentes bande-annonces, est de supposer que la météorite responsable de la disparition des dinosaures n’a pas frappé la Terre et que ces derniers ont donc continués d’exister. Cependant, les magiciens de Pixar, ne se sont pas reposés uniquement sur ce postulat uchronique pourtant si génial, mais sans doute insuffisant pour porter le film sur la longueur. Ils ont ainsi insufflé à l’histoire tous les ingrédients lui permettant d’avoir une portée philosophique à même de toucher les spectateurs les plus exigeants.

De manière trompeuse, l’histoire commence de façon très simpliste et semble même s’adresser à un très jeune public. En vérité, au fur et et à mesure de l’avancée du Voyage d’Arlo, l’histoire gagne en densité émotionnelle à travers les nombreuses expériences que fait notre héros. Toutes les rencontres, que ce soit avec des éléments de la nature ou avec des personnages tous plus charismatiques les uns que les autres vont faire grandir le personnage. Arlo devra affronter ses propres peurs et croisera sur sa route des ennemis aussi vils que sournois. Il sera cependant aidés par des compagnons de route qui l’aideront à traverser des épreuves et à donner un sens à des choses qu’il ne pouvait pas comprendre seul. Bercés par nos vies de citadins, nous redécouvrons la nature telle qu’elle est, sauvage et remplie de dangers parfois mortels, et le jeune dinosaure devra faire preuve de tout son courage pour rester en vie et arriver au bout de son périple.

Un bon nombre de séquences brillantes traversent le film et vont certainement marquer de nombreux spectateurs. Citons par exemple la dégustation de fruits aux effets secondaires inattendus qui fait écho à une séquence fameuse de Dumbo. Ou encore le ballet d’ailerons volants non identifiés qui semblent déchirer une mer de nuages. La bande originale, extrêmement réussie, compléte merveilleusement la mise en scène souvent grandiose, et la combinaison des deux procurera à de nombreuses reprises un festival d’émotions difficiles à contenir chez le spectateur. Joie, tristesse, dégoût et colère vous accompagneront tout au long du film et ne manqueront pas de vous bousculer.

Le voyage d’Arlo est un concentré d’influences diverses et variées toutes parfaitement digérées : on pense à Tarzan, Into the Wild, Le Livre de la Jungle ou encore Danse avec les Loups pour n’en citer que certaines d’entre elles. Toutes ces références sont employées avec toujours beaucoup de subtilité et apportent à l’univers du film beaucoup de richesse. Ceux qui connaissent les films estampillés Pixar savent que les personnages considérés comme étant les plus faibles, sont ceux qui arrivent finalement à se dépasser et à sortir de la condition dans laquelle ils semblaient être condamnés. De même, l’importance de la famille est une autre thématique que l’on retrouve quasi-systématiquement dans tous leurs films. On retrouve bien entendu ces deux valeurs dans Le voyage d’Arlo, mais elles sont accompagnées ici d’une réflexion inédite sur le deuil, avec un traitement tout en délicatesse, qui donne au récit une portée plus universelle. Le contexte dinosaurien n’est définitivement qu’un prétexte pour permettre au studio d’animation de faire passer de nombreux messages pour un mieux-vivre ensemble.

Au final, Le Voyage d’Arlo est une parfaite synthèse de ce qu’est le cinéma d’animation lorsqu’il est à son meilleur niveau. Une direction artistique irréprochable toujours à la pointe de la technologie, mais aussi une créativité qui semble sans limite. Le tout au service d’un scénario d’apparence classique, mais transcendé par sa portée universelle. On appelle cela une Leçon de cinéma.

Et si la catastrophe cataclysmique qui a bouleversé la Terre et provoqué l’extinction des dinosaures n’avait jamais eu lieu ? Et si les dinosaures ne s’étaient jamais éteints, et vivaient parmi nous de nos jours ? 
Arlo, jeune Apatosaure au grand cœur, maladroit et craintif, qui va faire la rencontre et prendre sous son aile un étonnant compagnon : un petit garçon sauvage, très dégourdi, prénommé Spot.

 Durée du film : 1 h 35
 Titre original : The Good Dinosaur
 Date de sortie : 25/novembre 2015
 Réalisateur : Peter Sohn
Scénaristes : Peter Sohn, Meg LeFauve, Erik Benson, Kelsey Mann, Bob Peterson
Voix originales : Raymond Ochoa, Peter Sohn, Frances McDormand, Jeffrey Wright, Marchus Scribner
Voix françaises : Jean-Baptiste Charles, Eric Cantona, Olivia Bonamy, Xavier Fagnon, Victor Quilichini
 Musique : Thomas Newman, Mychael Danna, Jeff Danna
 Producteur : Denise Ream, John Lasseter, Lee Unkrich, Andrew Stanton pour Pixar Animation Studios, Walt Disney Pictures
 Distributeur : The Walt Disney Company France

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