Utopiales 2015 : Le samedi 31 octobre

samedi 31 octobre : une apothéose s’achevant sur la remise des prix

Fin de la compétition internationale des longs et courts métrages. Soirée de remise des prix. La troisième journée à été l’objet de moments forts.

Courts métrages session 3 :

C’est sur une bonne session de court métrage que s’achève la compétition internationale. Cette année aura d’ailleurs été un grand cru en ce qui concerne les cours métrages.

• Wrapped de Roman Kaelin, Falko Paeper et Florian Wittmann Allemagne, 2014, 4’06 Comment une infime modification provoque-t-elle une série de réactions. Une perspective sur la nature insaisissable.
  Avis : un très beau court métrage d’animation avec une recherche visuelle qui frôle la poésie.

• Welcome to Forever de Laddie Britt Ervin États-Unis, 2015, 12’20 Cal Jenner, technicien informatique, doit déconnecter Mr Cooper, un citoyen numérisé en dysfonctionnement depuis plusieurs années.
  Avis : un court intéressant et original sur la société de consommation et l’envie d’immortalité. La morale est implacable et fait bien réfléchir.

• Ils mourront dans l’espace de Javier Chillon Espagne, 2015, 15’ Le vaisseau spatial Tantalus erre à la dérive avec, à son bord, quelques survivants.
  Avis : un court en noir et blanc un peu long et trop prévisible. Il reste un univers de science fiction bien conçu qui devrait ravir les amateurs de vaisseaux spatiaux.

• Portal to Hell !!! de Vivieno Caldinelli Canada, 2015, 12’ Vos toilettes sont bouchées ? Le grille-pain ne grille plus ? Faites confiance à Jack pour régler tous vos problèmes.
  Avis : un court qui m’a beaucoup plu. Un concierge dévoué, un portail inter-dimensionnel, des locataires agaçants, un démon tentaculaire et des morts. Efficace, bien écrit et jubilatoire.

• Toonocalypse d’Owen Rixon Royaume-Uni, 2015, 18’ Deux personnages de cartoon découvrent un documentaire sur une invasion terrestre. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises…
  Avis : une idée fort originale sur une apocalypse qui sort de l’ordinaire. Le film mélange prise de vue réelle avec images de synthèse. Les toons sont finalement adorables et si le cheminement est un peu long, le court métrage est très agréable à regarder.

• Man without Direction de Johannes Stjärne Nilsson, Pelle Öhlund et Nina Jemth Suède, 2015, 14’50 Alors que sa voiture tombe en panne au milieu de nulle part, Dante découvre un hôtel dont toute sortie est impossible.
  Avis : un film avec un acteur principal impressionnant. Un étrange hôtel se transforme curieusement tandis que les habitants qui l’occupent sont plus étranges les uns que les autres. Une belle réflexion sur la psyché.

• The World of Tomorrow de Don Hertzfeldt États-Unis, 2015, 16’ Emily est emportée dans le voyage hallucinant de son avenir lointain
  Avis : un destin hors du commun raconté dans un court métrage d’animation. Les deux éléments se marient bien ensemble et si le film est un peu long, les aventures de cet enfant sont vraiment incroyables.

Dont Grow Up : de Thierry Poiraud France-Espagne, 2015, 81’
Un groupe d’adolescents placés dans un foyer isolé de toute habitation se retrouvent livrés à eux-mêmes, lorsqu’ils constatent que l’éducateur chargé de leur surveillance a disparu. Profitant d’abord de cette liberté provisoire, ils décident de rejoindre la ville pour chercher de l’aide, sans savoir que les habitants de l’île sont atteints par une étrange infection qui ne touche que les adultes…

Avis : j’attendais beaucoup du nouveau film du réalisateur de la deuxième séquence de l’excellent Goal of the Dead. Peut-être un peu trop. Sa réalisation et la qualité de la photographie ne sont pas à mettre en cause, mais après une exposition un peu longue et un passage qui commence à s’emballer, le film vire vers une sorte de road movie un peu désespéré pour une bande de jeunes qui vivent dans un foyer. Avec une réflexion sur la famille et une belle histoire d’amour, le scénario s’éloigne vite de la folie ambiante. Ce mélange joue sur l’ambiance et le rythme du film mais ne réussit pas complètement à trouver sa voie. Trouverez-vous ce qui rend adulte ?

Evolution : de Lucile Hadzihalilovic France-Belgique-Espagne, 2015, 81’
Sur une île isolée habitée uniquement par des femmes, Nicolas, 11 ans, vit avec sa mère dans un lotissement au bord de la mer. Le seul centre d’activité est l’hôpital. Là, tous les garçons du village sont l’objet d’étranges expérimentations médicales qui cherchent à renverser les étapes de l’évolution...

Avis : un film qui flirte avec la science-fiction et qui ne convainc jamais vraiment. On y trouve beaucoup de contemplatif, une scène d’orgie qui paraît gratuite, des actrices monofaces, ce qui leur est dicté par leur rôle et une bande de gamin auxquels on ne s’attache malheureusement pas… Le film que j’ai le moins aimé de la compétition…

La réalisatrice a gentiment répondu à mes question et m’a dit avoir eu du mal à obtenir les fonds pour faire le film, d’où certains compromis qui ont dû impacter sa vision de l’histoire : exit une grande partie de la science-fiction et tournage en français.
Le film de genre, celui de science-fiction encore plus, n’est pas aimé en France, sauf par le public mais qui faute de films français se tourne vers les autres nationalités.
Quand le film arrive a être financé, il faut ensuite le diffuser, ce qui malheureusement est une épreuve aussi importante que la levée de fond.
Cela serait bien que le genre ait droit à une partie du gâteau des subventions, dont le public est le premier pourvoyeur. D’autant que la France a des réalisateurs de talent, dont Lucile Hadzihalilovic fait parti, qui sont obligés de travailler à l’étranger ou en langue anglaise pour espérer avoir une visibilité.
Et pousser sur le devant de la scène du genre, un film qui est loin d’être bon n’est pas le meilleur moyen de réconcilier le public de genre, l’un des plus exigeant que l’on trouve, avec les œuvres françaises.

Extraordinary Tales : de Raùl Garcia États-Unis, 2015, 70’
C’est avec déférence et amour que Raùl Garcia rend hommage à Edgar Allan Poe et ses fameuses Histoires extraordinaires, présentées par l’esprit de l’auteur réincarné en corbeau, à travers cinq films animés dont le style diffère de l’un à l’autre, et ce afin de donner corps à différentes facettes de l’esprit torturé de l’écrivain. Grands amateurs de Poe, Roger Corman, Guillermo del Toro, Julian Sands et Christopher Lee prêtent leur voix pour chaque segment.

Avis : 5 contes d’Edgar Allan Poe adaptés en animation, chacun avec une technique différente et entrecoupés par des interludes dans un cimetière. Un lieu dans lequel un Poe incarné en corbeau affronte la mort. Les 5 segments sont réussis et les interludes très plaisants. Les choix visuels différents permettent à chacun d’apprécier celui qu’il préfère.
Quant aux voix off, elles sont formidables et grâce un étonnant travail, on peut entendre résonner à nouveau les voix de Christopher Lee et de Christopher Lee sur une magnifique musique de Sergio de la Puente.

C’est une belle soirée de remise des prix qui vient clore la journée pour ceux qui n’assistent pas à la dernière projection.

Prix extraordinaire est remis à Manchu
Ce prix récompense un artiste qui a marqué la science-fiction.
C’est sans grand étonnement que l’immense Manchu remporte ce prix décerné pour la deuxième fois. Un prix plus que mérité qui luin a fait énormément plaisir. Bravo !

Prix Utopiales Europeen est remis à Michal Ajvaz pour L’Autre Ville aux éditions Mirobole
« Les Utopiales reconduisent, avec le soutien du Conseil Régional des Pays de la Loire, le Prix Utopiales Européen. Ce prix récompense un roman ou un recueil dont l’auteur est européen, paru ou traduit en langue française durant la saison littéraire qui précède le festival, et appartenant au genre dit « littératures de l’imaginaire ». Le Prix Utopiales Européen des Pays de la Loire est doté de 2000 euros. »

Le jury 2015 est composé de : Jean-Pierre Dionnet (écrivain, scénariste et chroniqueur), Pierre-Michel Caillé (lecteur nantais) et Stéphan Henry (lecteur nantais).

Les autres lauréats étaient :

• Celle qui a tous les dons, Mike Carey (traduction de Nathalie Mège), éd. L’Atalante
• Lum’en, Laurent Genefort, éd. Le Bélial
• Thinking Eternity, Raphaël Granier de Cassagnac, éd. Mnémos
• L’Adjacent, Christopher Priest (traduction de Jacques Collin), éd. Denoël

Prix Utopiales Europeen Jeunesse est remis à Matt Haig pour Humains (traduit par Valérie Le Plouhinec), aux éditions Hélium
Le Prix Utopiales Européen Jeunesse est lui aussi doté de 2000 euros.

Neuf jeunes de la région nantaise, âgés de 12 à 15 ans, ont composé le jury officiel : Zoé Berthelot, Louna Boulic, Luna Brasseur, Barbara Chotard.

Les autres lauréats étaient :

• Ciel 1.0. L’hiver des machines, Johan Heliot, éd. Gulf Stream Editeur
• Mingus, Keto Von Waberer (traduit par Jacqueline Chambon), éd. Le Rouergue jeunesse (Epik)
• Memor : le monde d’après, Kinga Wyrzykowska, éd. Bayard

Prix du meilleur album de SF 2015 est remis à Hubert & Bertrand Gatignol pour Les Ogres-Dieux aux éditions Soleil Productions
« En partenariat avec Les Utopiales, la Bibliothèque municipale de Nantes a renouvelé un club de lecteurs de BD de science-fiction pour les amateurs de bulles.
C’est ce club de lecteurs qui a eu pour mission de décerner le Prix du meilleur album de science-fiction. Il a tenu compte des critères suivants : qualité du dessin, originalité du scénario et composition générale de l’œuvre. »

Ce jury est présidé par Louise Joor, lauréate du Prix en 2014 pour Kanopé paru aux éditions Delcourt.

Prix du public du meilleur album de SF 2015 est remis à Obion & Arnaud Le Gouëfflec pour Soucoupes aux éditions Glénat
Les bandes dessinées lauréate étaient mise à disposition du public qui pouvait voter pour sa BD préférée.

Les autres lauréats étaient :

• Mangecoeur, Mathieu Gallié & Jean Baptiste Andreae, éd. Vents d’ouest
• Mascarade, Florence Magnin, éd. Daniel Maghen
• Nimona, Noelle Stevenson, éd. Dargaud
• Porcelaine, t.1. Gamine, Benjamin Read, Chris Wildgoose & Andre May, éd. Delcourt
• Six-Gun Gorilla, Simon Spurrier & Jeff Stokely, éd. Ankama

Prix du meilleur scénario de jeux de rôle est remis à Jean-Marc Choserot pour Un prophète pour le jeu pour le jeu Cthulhu

Prix du meilleur jeu vidéo (Game Jam) est remis à S. Bouchet, P. Chabilland, R. Gourrierec et L. Godart) pour Button Factory
Les 16, 17 et 18 octobre des concepteurs de jeux vidéo, professionnels ou amateurs, se sont rassemblé, dans les locaux de e-artsup pour la game jam des Utopiales sur la thématique des « et si ». Leur mission : créer des jeux vidéo en 48h ! Les jeux produits à cette occasion sont présentés par leurs concepteurs au pôle jeux vidéo et sont jouables sur le site des Utopiales.
Dans Button Factory, on doit utiliser différents bouton pour faire des actions.

Prix du jury de la compétition internationale du long métrage est remis à Lucile Hadzihalilovic pour Évolution
Ce prix est décerné par un jury de personnalités et récompense le meilleur film de la compétition.
Jury 2015 : Jean-Pierre Bouyxou (auteur, réalisateur, acteur), Jean-Pierre Dionnet (historien, scénariste, producteur), Éric Le Guen (compositeur), Aurélia Petit (comédienne, réalisatrice), Kiki Picasso (auteur, illustrateur, réalisateur), Marina de Van (réalisatrice).

Remarque : En ce qui concerne le prix du jury qui a été décerné à une réalisatrice française, dixit le jury, c’est bien dommage de donner un prix à un film de science-fiction pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le genre, ni la qualité intrinsèque de l’œuvre, et c’est désobligeant pour les autres films en compétions s’il ne s’accompagne même pas d’une mention spéciale.
Si le politiquement correct commence à s’inviter dans la science-fiction, cela fait ressortir d’autant plus le prix du public qui est une expression du ressenti populaire au bon sens du terme. Et puis, n’oublions pas que c’est le public qui finalement à toujours le dernier mot.
Aussi allez voir Moonwalkers qui sort en salle le 27 janvier 2016 et si vous en avez l’occasion Bahubali qui a fini deuxième et a aussi beaucoup marqué le public.

Prix du public de la compétition internationale du long métrage est remis à Antoine Bardou-Jacquet pour Moonwalkers
Le prix du public est parrainé par CANAL+ Cinéma. Les spectateurs décernent le prix du public.
Remarque : un film très drôle et bien fait qui a déjà remporté le Prix du public à l’Etrange Festival 2015. Vous en trouverez sur le site la critique complète pour sa sortie en janvier prochain.

Prix du jury de la compétition internationale du court métrage est remis à Don Hertzfeldt pour The World of Tomorrow
Jury 2015 : Élise Caron (chanteuse, comédienne), Gilles Dumay (éditeur), Lorenzo Recio (réalisateur), Nicolas Schmerkin (producteur), Stéphane Trois Carrés (artiste-peintre).
Remarque : un court métrage intéressant à voir qui a été attribué à un film dont une certaine poésie, la réflexion sur la vie et un futur qui devrait nous alerter ont enchanté le jury.

Mention spéciale pour l’acteur Pelle Öhlund dans Man Without Direction
Remarque : un prix pour un acteur qui a impressionné dans le court métrage dans lequel il apparaît. Plus que mérité !

Prix du public de la compétition internationale du court métrage est remis à Marc-Henri Boulier pour Juliet
Remarque : l’un de mes deux coups de cœur. Drôle, incisif et remarquablement bien fait. Un court à découvrir sans hésiter.

Prix Canal+ de la compétition internationale du court métrage est remis à Vivieno Caldinelli pour Portal to Hell !!!
Le jury CANAL+ décerne un prix. La chaîne fera l’acquisition du court-métrage récompensé.
Remarque : un autre court qui m’a marqué. De l’horreur avec une pointe de comique qui n’est pas sans rappeler les films de Sam Raimi. Hautement recommandable

La troisième journée des Utopiales s’achève par une belle remise des prix, suivi d’un cocktail en présence de tous les lauréats présents sur le festival. Le cinéma français a été clairement mis à l’honneur. Ce dernier a d’ailleurs globalement offert de belles œuvres de genre à un public connaisseur.

 SITE OFFICIEL

©Manchu

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