John Carpenter, l’aventurier : Review du documentaire

Date : 05 / 06 / 2015 à 09h30
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Unification


Disons-le tout de suite, John Carpenter est l’un des mes réalisateurs préférés. Outre le fait d’avoir tous ses films, et les deux segments de Master of Horror qu’il a signé dans ma vidéothèque, je trouve des qualités à chacun de ses films même les mineurs. Aussi un documentaire réalisé sur l’un des maître du genre qui a offert quelque uns des meilleurs films fantastiques de l’histoire du cinéma ne peut être que parfait.
Evidemment, je sais que mon jugement manque d’objectivité, mais la série de documentaire des réalisateurs des années 80 réalisé par Christophe D’Yvoire et Jean-Pierre Lavoignat est très réussie, et cet épisode est de fait mon préféré (certaines mauvaises langues pourraient m’accuser de partialité, mais j’assume parfaitement ma position d’aficionado enjouée).

Ce postulat posé, il est temps de passer au contenu de John Carpenter, l’aventurier pour lequel je garderais mon objectivité tout en espérant vous pousser à (re)découvrir les œuvres du maître.

John Carpenter a toujours voulu faire du cinéma. C’est lors de ses études à l’University of Southern California’s School of Cinematic Arts (USC) qu’il apprend les fondamentaux des films et touche à tout, de la lumière à la musique, du cadrage au montage, de l’écriture à la production. Une connaissance qui lui sera utile pendant toute sa carrière pour réaliser des films avec peu de moyens.
Contrairement à d’autres jeunes réalisateurs, en cette période troublée, fin des années 70, il a toujours souhaité faire des films Hollywoodiens et non pas engagés.

En 1978, il réalise Halloween qui sera à la fois un succès critique et public, un véritable carton qui lancera sa carrière auprès des studios hollywoodiens.

En 1980, Fog signe sa deuxième participation avec Jamie Lee Curtis qu’il avait déjà dirigé dans son film précédent. Le réalisateur fan de la mère de cette dernière Janet Leigh, rendue célèbre notamment par sa scène sous la douche de Psychose, lui offre un rôle dans son film. Le scénario basé sur une histoire vraie de naufrageurs est tourné dans le très beau site de Point Reyes. Un tournage en plein air qui a créé de véritables problèmes, le brouillard artificiel se dispersant au moindre coup de vent. Les séquences ont d’ailleurs été montées de façon particulières afin d’accélérer l’action.
On retrouve dans ce film le principe qui deviendra le leitmotiv des films de Carpenter. En effet il aime l’idée de personnages pris au piège quelque part et cernés par le mal, ce dernier venant souvent de l’extérieur.
A ce moment-là, John Carpenter composait la musique après le film, par nécessité car il n’avait pas les moyens d’embaucher quelqu’un. Par la suite, il composera ses musiques sur les images montées ce qu’il trouve bien plus facile. En général, il s’agit d’improvisation, bien que dans certains cas de figure certaines musique s’imposent à lui en amont comme celle titre d’Halloween.

En 1981, il dirige pour la première fois dans l’un de ses films, New York 1997, Kurt Russell, qui deviendra l’un de ses acteurs fétiches. Basé sur une histoire qu’il avait écrite pour la vendre, et en manque d’acquéreur, il décide d’en assurer lui-même le film. Le scénario s’inspire d’un justicier dans la ville. En écrivant le personnage de Snake Plissken, un homme qui ne compte que sur lui et ne croit ni en Dieu, ni en son pays, c’est une part de lui-même qu’insuffle John Carpenter dans un personnage qui deviendra bientôt emblématique et marquera durablement l’histoire du cinéma.
Le réalisateur apprécie beaucoup Kurt Russell et son professionnalisme. Mais pour faire venir Donald Pleasance sur le tournage, il devra se fendre d’une lettre à ce dernier expliquant pourquoi il le voulait vraiment dans son œuvre.
C’est à Saint Louis que le film est tourné. La ville, dont le centre a été en grande partie détruit par un immense incendie à la fin des années 70, sert de décor apocalyptique grandeur nature. Le film bénéficie de l’aide du maire de la ville qui a permit l’extinction des lampadaires dans la zone de tournage.

The Thing, sorti en 1982 marque un grand tournant dans la carrière du réalisateur. Adapté d’un film de 1951 d’Howard Hawks, La Chose d’un autre monde, réalisateur dont John Carpenter est fan, il s’agit du premier film de ce dernier réalisé au sein du grand studio Hollywoodien, Universal. Un budget conséquent permet le tournage de scènes en extérieur au pied d’un grand glacier canadien. Un tournage de trois semaines qui s’avère très dur physiquement et débuta après avoir passé beaucoup de temps à répéter les scènes avec les acteurs en amont.
Tout d’abord hésitant à faire le remake d’un film qu’il aime beaucoup, c’est l’angle d’approche d’une créature polymorphe qui le pousse à ce lancer. Une créature dans laquelle s’investit complètement le créateur des effets spéciaux Rob Bottin, un génie du maquillage de 23 ans. Une créature qui fait partie des pires monstres de film d’horreur et qui a été animée indépendamment des scènes jouées par les acteurs sans interactions autres qu’un magnifique story-board dont quelques pages présentées dans le documentaire font saliver.
C’est Ennio Morricone qui compose la musique du film avec pour seule consigne un laconique « moins de notes dans le thème principal » de la part du réalisateur, les deux hommes communiquant par le biais de la musique ne sachant ni parler italien, ni anglais respectivement.
Sorti une semaine après E.T. l’extra-terrestre et en même temps que Blade Runner, il s’agit d’un échec commercial dont la carrière de John Carpenter ne se remettra jamais. Ce film mélancolique et pas drôle trouvera une reconnaissance internationale et deviendra culte en tant que l’un des meilleurs films d’horreur réalisé de tous les temps. Une reconnaissance tardive que le réalisateur apprécie, mais dont il conçoit aussi une certaine amertume.

C’est suite à cet échec que John Carpenter accepte de réaliser en 1983 Christine, une histoire de voiture adaptée du roman d’un jeune auteur qui ferait bientôt parler de lui dans le monde entier, Stephen King. Le scénario n’enthousiasme pas le réalisateur qui doit néanmoins travailler et livre l’une des meilleures adaptations d’un roman du maître littéraire de l’horreur.

En 1984, c’est avec Starman, une comédie romantique teintée de fantastique que le réalisateur ouvre sa période « gentille ».

En 1986, il retrouve Kurk Russel dans Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin, un film de kun-fu dans lequel des années avant le Tigre et dragon d’Ang Lee, il filme une bataille de sabres volants.
Le film nécessite un gros montage. Ainsi de nombreuses prises sont faites afin d’en avoir le matériel nécessaire. Le film est un nouvel échec et signe la fin de la collaboration des grands studios de cinéma avec le réalisateur qui s’en retournera vers le film indépendant.

En 1987, fin de la période légère du maître qui réalise un véritable film d’horreur, inspiré par Dario Argento (Suspiria, Inferno), avec Prince des ténèbres. Ce dernier venait de découvrir la physique quantique et la notion de réalités différentes qui ne montrent pas tout ce que l’on voit. John Carpenter est athée, mais fasciné par la religion surtout son influence sur l’humanité. Il ne croit d’ailleurs pas au surnaturel, sauf au cinéma.

C’est un véritable pamphlet contre l’administration Reagan associée à la droitisation du pays, et les majors de cinéma que John Carpenter réalise en 1988 : Invasion Los Angeles, basé sur une nouvelle de 1963 de Ray Faraday Nelson adaptée en comics.
Le film qui parle de la culture américaine et de l’argent a bien marché en salle.

John Carpenter termine son interview en indiquant qu’à l’époque de ses débuts, c’était rare d’être réalisateur alors que le métier s’est banalisé maintenant. C’est la stratégie de sortie des films qui a changé avec des blockbusters positionnés l’été par les studios Hollywoodien. Un milieu avec lequel il ne se sent plus solidaire, préférant réaliser ses films en indépendant.

John Carpenter, l’aventurier est un très beau documentaire sur un homme qui a beaucoup apporté au cinéma de genre en livrant des films étonnants et emblématiques qui ont eu un impact certain sur un bon nombre films qui en ont été inspirés.
Un grand réalisateur qui se livre avec une certaine forme d’humour et une fragilité qu’il cache à peine.

Un très grand documentaire sur un très grand réalisateur que tout fan de film de genre se doit de voir !

SYNOPSIS

Halloween, Fog, The Thing, Christine, Le Prince des Ténèbres… C’est l’histoire d’un surdoué qui a traversé les années 80 à grande vitesse, tournant huit films en dix ans, accumulant succès surprises et échecs retentissants, au cœur ou en marge d’Hollywood. John Carpenter est aujourd’hui une figure du film d’horreur et fantastique, une légende en son genre que ses admirateurs surnomment Big John.

EPISODE

- Episode : 1.08
- Titre  : John Carpenter, l’aventurier
- Date de première diffusion : 06/06/2015 (OCS)
- Réalisateurs : Christophe D’Yvoire, Jean-Pierre Lavoignat, Nicolas Marki

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