Evénement : Compétition Labo du festival de Clermont-Ferrand

La compétition internationale du court métrage de Clermont-Ferrand est connue mondialement. Cette année, sur 8.000 courts métrages reçus (dont pratiquement la moitié en film d’animation), 150 ont été sélectionnés dont 29 en catégorie labo.
La compétition labo a été créée à Clermont-Ferrand il y a 13 ans. Il s’agit d’une catégorie originale qui permet de récompenser des courts métrages ayant peu de chance dans des concours officiels car trop différents. C’est les programmateurs du festival qui décident de la participation en catégorie labo des courts visionnés. Les 29 courts sélectionnés sont donc souvent très différents les uns des autres avec parfois de vrais formats expérimentaux.
Le Forum des images reprend, comme chaque année, les films primés de cette compétition pour nous les offrir en projection sur grand écran. Aux deux films primés, 5 autres représentatifs de la compétition de cette année se sont ajoutés.

France / documentaire 2013 couleur 20 min (cinéma numérique)
Un centre commercial au milieu des montagnes, des pyramides de marchandises, une tour de verre dédiée aux soins du corps, Andorre fait miroiter les promesses du bonheur moderne. Mais, lorsque la nuit arrive, les rues retombent dans le silence et Andorre ne brille plus que pour elle-même.
Avis : Andorre est un court métrage qui se focalise sur le pays, centre commercial géant, pistes de ski et centre thermal Caldea. C’est une revue sans scénario et presque sans parole d’un petit pays pas très connu. L’œuvre cinématographique a des longueurs mais un montage et un cadrage vraiment intéressant. Le court faisait la première partie de programme dans certaines salles françaises qui projetaient le film moyen métrage (58 minutes) Orléans du même réalisateur Virgil Vernier. Depuis il tourne dans des festivals.

Etats-Unis / animation 2013 couleur 5min (vidéo)
Étude de la synthèse entre espace réel et espace numérique grâce au mapping vidéo sur des supports en mouvement.
Avis : Box est vraiment ce qu’on appelle un film labo. Dans un espace fermé, deux grues portent chacune une plaque blanche. Ces dernières vont permettre la naissance de différents espaces. Box est un court qui pourrait en rebuter certains. Personnellement je l’ai trouvé très beau, plaisant et même magique. C’est un véritable coup de cœur. Le film se finit sur une citation de Arthur C. Clarke (célèbre auteur de Science fiction) de l’une de ses trois lois : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. ».

Canada / fiction 2013 couleur 17min (vidéo)
Une histoire qui se déroule intégralement sur l’écran d’ordinateur d’un ado. Nous sommes témoins de la dégradation rapide de la relation entre Noah, personnage éponyme, et sa copine, au fil de cette fascinante étude des comportements (et de l’amour) à l’ère numérique.
Grand Prix et Prix du Public
Avis : Noah a remporté les deux grands prix de la compétition et a vu les professionnels être d’accord avec le public, ce qui n’est pas toujours le cas. Il faut bien avouer que cela est justifié. Noah est un court qui se nourrit du présent. Entièrement filmé par écran interposé, il retransmet parfaitement une partie de la vie des jeunes aujourd’hui. Le choix des écrans, le montage musical qui ajoute une autre dimension au scénario basé sur une histoire intemporelle, l’amour, rendent un effet très maîtrisé et original. Un film à voir et à montrer à des adultes qui n’auraient pas tout à fait compris que les temps ont un peu changé.

Espagne / animation 2013 couleur 8min (cinéma numérique)
Deux nounours partent à la chasse à la licorne, leur gibier de prédilection.
Avis : Sangre de unicornio est un court métrage animé avec une animation et une image très intéressantes, mais qui pourrait déplaire à certains. La fin est un peu facile. Les décors et la couleur sont très réussis dans leur genre. En conclusion, méfiez-vous des nounours !

Espagne / documentaire expérimental 2013 couleur 14min (cinéma numérique)
Vision poétique de la relation infinie de l’homme avec la nature. Nous observons, de loin, des skieurs qui évoluent sur une montagne enneigée. L’ambiance sombre et onirique et la texture de l’image transforment l’espace en une entité impalpable et indistincte, voire en une expérience tactile.
Prix Spécial du Jury
Avis : Montana en sombra, c’est la montagne dans l’ombre. Et en effet nous avons droit à la vie d’une montagne avec ses skieurs, ses remontées mécaniques et son paysage, le tout en foncé. Le film a peu de musique, quelques effets sonores plutôt réussis et aucun texte qui vient troubler la vision de ces espaces infinis. Le film vaut réellement d’être vu pour sa photographie magnifique qui réussit parfois à nous donner l’impression d’une masse vivante que ses parasites humains ne réveillent pas. Par contre il n’y a aucune histoire et 14 minutes peuvent paraître longues en l’absence de scénario si on n’accroche pas à l’image.

Royaume-Uni / animation 2013 couleur 4min (cinéma numérique)
Joel aime Jacqui très, très fort. Espérant la conquérir, il exprime son amour en lui énumérant tout ce qu’il est prêt à faire pour elle. Mais comme il est complètement détraqué, tout cela n’est pas très ragoûtant - des histoires de vessie pleine de miel et de combat aérien avec un rhinocéros.
Avis : I love you so hard, c’est l’histoire d’un harcèlement. Mais un harcèlement hilarant... pour le public. Le film repose sur le non-sens cher aux anglais. Cet humour est poussé à l’absurde par le héros qui tente de convaincre la femme qu’il aime de lui retourner son amour. Un court métrage à voir absolument si on aime l’humour anglais et si on a envie de passer 4 minutes à rire.

France / fiction 2013 22min (cinéma numérique)
Dans un futur proche, la ville de la Havane est occupée par une force armée étrangère. Une visite guidée par Lazaro, un gamin du ghetto, permet de saisir le chaos qui règne au sein de la capitale.
Avis : Habana a été tourné à Cuba. Les autorités du pays ont donné toutes les autorisations de tournage sans se rendre compte qu’il s’agissait d’un court métrage très subversif. Le film est tourné en noir et blanc et est très bien interprété, notamment par l’acteur principal. Les effets spéciaux sont omniprésents et s’intègrent parfaitement dans l’environnement de La Havane qu’ils transforment en ville dégradée et fumante occupée par des soldats dont on ne sait pas grand chose. Il s’agit d’un court métrage de science-fiction plutôt sympathique, malgré son sujet. Mention spéciale à la fin et à son bestiaire mutant. Un film à voir pour tout amateur de film de genre. Quant aux autres ne passez pas votre chemin car vous trouverez de quoi être bluffé dans cette réalisation impressionnante.

Les courts métrages de la compétition Labo du festival de Clermont-Ferrand présentés étaient bien choisis. Certains peuvent être un peu rébarbatifs car s’éloignant des films que l’on a l’habitude de voir. Mais c’est justement cette différence et cette originalité qui peut nous offrir de véritables perles. Si vous avez l’occasion de voir des courts métrages présentés ci-dessus, ne boudez pas votre plaisir et laissez-vous emporter dans un autre monde.

 SITE OFFICIEL DU FESTIVAL

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