Star Trek Picard : Critique 2.08 Mercy
STAR TREK PICARD
Date de diffusion : 22/04/2022
Plateforme de diffusion : Prime Video
Épisode : 2.08 Mercy
Réalisateur : Joe Menendez
Scénaristes : Cindy Appel & Kirsten Beyer
Interprètes : Patrick Stewart, Alison Pill, Isa Briones, Evan Evagora, Michelle Hurd, Santiago Cabrera, Jeri Ryan
LA CRITIQUE FM
Ah la la. Excusez-moi, la semaine dernière, je prévoyais un Law & Order Picard pour l’épisode de cette semaine. En fait, j’aurais dû pressentir que la Kurtzman Trek Corporation allait nous proposer en fait un X-Files Picard. Malheureusement pour nous, si la devise de la série de la Fox était "La vérité est ailleurs", pour Picard, ce serait plutôt "Star Trek est ailleurs".
C’est quand même incroyable de constater que rien, mais vraiment rien, ne marche dans cet épisode. La totalité des décisions et actions des personnages relève de la débilité si ce n’est de la quasi-sénilité, si on parle du personnage principal voire même de Q. Chacun fait cette semaine n’importe quoi.
Est ce que quelqu’un comprend quoi que ce soit aux actions du personnage de John de Lancie ? Le fait que Q soit mourant n’est pas franchement une surprise. Au minimum, on savait déjà qu’il était malade. Mais en rien, cela n’explique quoi que ce soit à son comportement. A-t-il seulement un but clair en dialoguant avec Guinan, que veut il en libérant Kore des griffes de son créateur ? Mystère et Boulle de Tribule. Mon pari, c’est que la réponse à tout ça deviendra "claire" dans les 10 dernières minutes du dernier épisode de la saison et que cela sera totalement capillotracté comme d’habitude avec les productions Kurtzman.
Quant à la Reine Borg, à part faire bouffer des batteries à Jurati, est ce que quelqu’un comprend la logique de son action ? Car, faire tout son possible pour que l’avenir dystopique, qui conduit à l’anéantissement des Borgs se réalise, montre bien que la Reine Borg version Kurtzman n’est juste qu’une Nabilla verdâtre en puissance.
Je pourrais continuer longtemps, parler de la "politesse de la vérité bienveillante" de Picard envers Mulder, des amourettes sucrées de Rios, de la psychanalyse de comptoir de Raffi, du génie courroucé de Soong, mais caressé dans le sens du poil par la Reine Borg... Mais, en fin de compte, je pense que je me suis encore trompé. Non non, ce n’est pas X-Files Picard cette semaine, mais les Picarsaillais à Los Angeles...
Le pire avec tout ça, c’est que cela m’oblige à réévaluer Star Trek Discovery. Certes, le jeu des acteurs est supérieur sur Picard, mais niveau Star Trek, fake ou pas, cela évoque encore quelque chose. La petite étoile de ma notation est elle totalement dédiée à Alison Pill dont j’admire l’interprétation malgré tout. Pour le reste, c’est le même zéro pointé qu’Yves.
LA CRITIQUE YR
Dans le teaser de Picard 02x08 Mercy, Wells enfant était parti nuitamment dans les bois à la recherche de sa chienne Maggie. Mais il a eu le malheur de surprendre deux Vulcains au cours d’une mission de surveillance. Aussi angoissants que les démons d’un film gothique, ils réussirent alors à rejoindre sans effort le jeune humain en fuite, puis l’un d’eux tenta une fusion mentale (avec apposition de main sur le visage) pour effacer les souvenirs de cette rencontre… mais il fut téléporté prématurément ! Évidemment, le gamin s’imagina que l’alien allait lui arracher les yeux... avant de voir ce dernier disparaître dans une grande lumière façon "abductee"… lui laissant à vie le trauma d’une rencontre du troisième type paranoïaque. Et c’est ainsi que Wells, devenu adulte et animé par un célèbre tropisme, se transforma en une parodie de l’agent Mulder… souffrant de la même marginalité que ce dernier au sein du FBI (du fait de ses obnubilations ufologiques), et carrément réduit à devoir bluffer pour mener en catimini son interrogatoire de Picard et Guinan dans la salle des archives (caméras éteintes) de l’agence gouvernementale. Mais il suffira que Guinan 2.0 déploie ses super-pouvoirs de psy et "d’auditrice" El-Aurianne pour renverser la situation en transformant l’interrogateur en interrogé, puis que Picard se mette à table en révélant tout à Wells (« ces monstres de votre enfance étaient des Vulcains, moi je viens du futur et j’’ai besoin de vous pour sauver le monde ») pour que celui-ci se convertisse aussi sec en allié et rejoigne la cause… y perdant au passage sa place au FBI pour avoir crié au loup (enfin à l’alien) une fois de trop.
Si la référence à The X-Files ne laisse planer aucun doute, il est saisissant de constater à quel point la série Picard s’ingénie à avoir tout faux aussi bien lorsqu’elle pastiche Star Trek que lorsqu’elle tente d’en faire autant avec les autres monstres sacrés de la culture populaire…
En effet, dès lors que Wells avait réussi à lancer un processus officiel d’arrestation de Picard et Guinan avec l’appui de nombreux auxiliaires de police à la fin de Picard 02x07 Monsters, cela n’a strictement aucun sens de le voir conduire ensuite – c’est-à-dire tout au long de Picard 02x08 Mercy – un interrogatoire clandestin dans une cave à grand renfort de bluff et hors de toute procédure pénale… comme si rien de ce qu’il avait entrepris n’avait la moindre base légale !
De même, le b.a.ba du métier d’enquêteur de police est de séparer les suspects lors des interrogatoires… pour éviter justement les numéros chorégraphiés de duettistes auxquels Picard et Guinan se sont livrés sans la moindre retenue au mépris de la plus élémentaire des vraisemblances…
Sauf bien sûr si l’objectif est de laisser les prévenus seuls ensemble afin de les pousser à se parler et lâcher ainsi des confidences (voire des aveux). Mais alors le minimum syndical est d’équiper la pièce de micros (reliés à une table d’écoute et un enregistreur). Mais comme de bien entendu, chaque fois que Wells s’absente, Picard et Guinan ne prennent strictement aucune précaution et se parlent aussi ouvertement que s’ils étaient au QG de Starfleet ! Et évidemment dans le même temps, il n’y a strictement aucune écoute de la part du FBI ! Soit l’art kurtzmanien d’être foireux sur tous les plans à la fois.
Et puis faut-il que l’épisode n’ait aucun scrupule à ridiculiser son Mulder-wannabe et la quête obsessionnelle d’une vie entière pour qu’une simple confidence bienveillante durant un interrogatoire (sans rien de tangible à l’appui) le retourne comme une crêpe et le coupe même de son employeur. « Ben oui, faut comprendre, j’ai relâché les seuls aliens que j’avais épinglés après plusieurs décennies de recherches dès qu’ils m’ont expliqué avec un grand sourire qu’ils cherchaient à sauver la galaxie, et tant pis si ça m’a valu d’y perdre mon job car je vais de toute façon me joindre à eux ». Puissant... le coup de foudre ! Surtout que c’est en tant qu’agent du FBI et non en tant que simple citoyen que Wells pouvait éventuellement être utile à ces voyageurs du futur...
Mais le pompon est que Picard 02x08 Mercy semble ignorer que l’objet même de la série The X-Files était la collecte de preuves (au sens aussi bien scientifique, zététique, que juridique). Et la tragédie personnelle de Fox Mulder était justement l’impossibilité de parvenir à en rassembler... tant celles-ci se dérobaient sans cesse lui infligeant un perpétuel supplice de Tantale. Or tout à l’inverse ici, l’agent Wells possède des preuves, et même les plus éclatantes qui soient… avec rien de moins que l’enregistrement vidéo complet et authentifiable de la téléportation de Jean-Luc devant le bar "10" de Guinan ! Une pièce à conviction pareille aurait dû provoquer le branlebas des dix-huit agences gouvernementales que compte l’United States Intelligence Community, augmenté d’un énorme buzz médiatique en cas de fuitage (aisé à provoquer)… Mais rien de tel, puisque Wells mène son pauvre interrogatoire, misérable et manifestement illégal, avant de relâcher les suspects et se faire lui-même virer… faute de preuves ! On croit rêver… même au royaume de l’idiocratie kurtzmanienne copyrightée du 21ème au 32ème siècle.
By the way, Picard n’a pas une once de scrupule à tout révéler (sur lui-même et sa mission) à l’agent Wells (alors qu’il n’avait aucun moyen d’anticiper sa réaction ni sa très très improbable connivence). La relation à la causalité temporelle dans la série Picard s’abîme dans la complète niaiserie ("100% paradox-free") de la série The Time Tunnel 1966...
Au passage, sur un terrain plus prosaïque, il ne vient à aucun moment à l’esprit de Wells d’exploiter l’absence d’identité légale de Picard… alors que ce dernier ne possède aucun papier… tandis que Rios s’était fait embarquer illico par la Migra sur son seul faciès dans Picard 02x03 Assimilation.
Terry Matalas semble vouloir conférer à l’agent Wells exactement le même rôle (et la même fonction) qu’à l’agent Robert Gale (joué par le même interprète)... venant infatigablement assister le voyageur temporel James Cole dans la série 12 Monkeys 2015, mais sans pour autant s’imposer le centième de sa crédibilité contextuelle (qui était pourtant déjà contestable…).
Même si l’acteur Jay Karnes est toujours aussi prégnant – véhiculant une intense madeleine de Proust pour les connaisseurs de ST VOY, de The Shield, et/ou de Sons Of Anarchy – il ne saurait rattraper un script aussi incohérent, et son personnage de Wells respire malheureusement la facticité.
En amont, sur le terrain internaliste trekkien cette fois, c’est moins la présence clandestine d’une "survey team" vulcaine sur Terre quelques 39 ans avant le First Contact officiel mais bien son amateurisme irresponsable qui est foncièrement incohérent(e)...
Vu qu’ils ne s’étaient pas crashés et disposaient bien de toute leur panoplie technologique, comment ces explorateurs vulcains ont-ils pu se laisser surprendre comme des débutants par un promeneur humain ?
Pis, au regard des protocoles Vulcains de non-contamination culturelle (déjà effectifs en 1957 et à l’origine de la Prime Directive de la future UFP fondée en 2161), ces deux Vulcains ne pouvaient ignorer que traquer (à la façon de prédateurs d’épouvante) un enfant indigène serait davantage impactant que de se laisser entrapercevoir de loin sans réagir, puis qu’entreprendre un "mind meld" sans l’achever serait bien plus traumatisant que de ne rien faire.
Mais le pompon est encore la téléportation sous le nez même du gamin ! Sérieux ?
En sus, l’emploi de la fusion mentale contredit directement ce qu’avait établi ST ENT 01x17 Fusion et plus généralement l’ensemble de la série Enterprise, à savoir que cette pratique télépathique était illégale et taboue avant 2154 (c’est-à-dire avant ST ENT 04x09 Kir’Shara).
Mais le plus dérangeant sur le fond est la façon avec laquelle le #FakeTrek kurtzmanien tente de masquer son absence totale de créativité par une surexploitation industrielle des audaces du Star Trek historique, dont la valeur se mesurait par le degré d’intégration intradiégétique mais également par la rareté (ou du moins l’homéopathie). Ainsi, l’ancêtre de Noonian Soong, Arik, interprété également par Brent Spiner, offrit un supplément de profondeur au père de Data à travers la trilogie Augment de la quatrième saison d’Enterprise, et ce parce qu’il s’agissait d’un "one shot". Mais Picard est venu… et a généralisé le concept avec une lignée entière de Soong (Altan Inigo, Adam…), tous identiques les uns autres (tels des clones) durant des siècles, et savants fous à toutes les époques !
Eh bien rebelote. ST ENT 02x02 Carbon Creek était un pur joyau, aussi bien en matière de SF que de worldbuilding, en ayant l’audace de proposer un First Contact antérieur en marge des manuels d’Histoire, beau et poétique car unique et décliné au conditionnel. Sur ce, Picard débarque avec ses gros sabots… et en fait un système – qui plus est un système kafkaïen ou ubuesque ! Procédé vulgaire s’il en est, tant il piétine l’Histoire du futur trekkienne…
Dans l’économie de crédit… enfin de l’arc saisonnier, le moment le plus déterminant – quoique le plus bref – de l’épisode sera probablement la venue de Q… en uniforme d’un agent du FBI durant le seul moment où Guinan 2.0 aura été séparée de Picard durant la session d’interrogatoires. Ce sera la réponse tardive au "summoning" au moyen de la "bouteille d’Aladin" dans Picard 02x07 Monsters…
Mais loin de reprocher à Guinan l’emploi du qualificatif religieux ou magique "d’invocation", Q en réaffirmera la sanctification fantasy en déplorant qu’un rituel aussi sacré (sic) soit employé pour un vulgaire bavardage (les "minutes de vos vies pathétiques de bipèdes"). Un langage qui réussit – dans certains replis de dialogues – à faire écho au Q flamboyant originel, mais qui entre ici en contradiction avec le comportement outrageusement "bipédique" (justement) du personnage rebooté par le #FakeTrek, tout en s’éloignant plus que jamais du champ (et du vocabulaire) de la SF.
Forte de son empathie légendaire, Guinan assènera à Q avoir senti qu’il était mourant. Mais loin de le dénier, celui-ci se lancera dans une confession ontologique quasi-complète. En vrac : son intérêt pour quelque chose de nouveau, l’espérance en un inconnu transcendant, l’attente d’un "au-delà" de sens et de lumière, mais en même temps la peur et le désespoir croissants de disparaître dans le néant…
Même si l’enchaînement au pas de course de ces questionnements classiques au seuil de la mort résonne comme une check list à valeur d’alibi, cette exposition aurait malgré tout pu être pertinente et touchante si elle s’était appliquée à un humanoïde devant le grand inconnu de la mort. Mais c’est pour le moins risible et immature venant de Q, qui s’était illustré par son omniscience, qui avait même simulé une figure divine post-mortem dans ST TNG 06x15 Tapestry, qui avait étudié sous toutes les coutures la possibilité (et les conséquences) de la mort de ses semblables dans ST VOY 02x18 Death Wish… La démystification a beau être l’un des catégorèmes de la SF (et en particulier de Star Trek), cela n’implique pas pour autant de confondre dans une trivialité aussi insultante l’entendement d’un mortel humain avec celui d’une entité aussi inconnaissable que Q… sauf à sombrer dans le plus nombriliste des anthropomorphismes. Mais en réduisant Q à un vulgaire humain affligé d’une maladie terminale et débitant les mêmes discours stéréotypés, la série Picard réussit à assassiner symboliquement l’une des créations les plus inspirées de ST TNG, après en avoir fait passer à une semblable casserole son héros principal et son androïde vedette dans la saison précédente.
Que Q est soudain devenu petit ! Le rouleau compresseur des mises aux normes fastfood de Secret Hideout vient encore de frapper, et pas une facette de Star Trek n’y survit.
Bien sûr, en in-universe, les incohérences et inconséquences sont légion. La découverte soudaine par Q de sa mortalité sur une échelle de temps insignifiante pour lui (seulement 31 ans depuis ST TNG 07x25+07x26 All Good Things…), assortis de son ignorance des implications de la mort et de questionnements métaphysiques si ostentatoirement humains… sont autant de partis pris qui contredisent frontalement tout ce qu’avait établi l’exceptionnel ST VOY 02x18 Death Wish.
En outre, l’imminence de la mort pour une entité aussi avancée que Q aurait naturellement dû le conduire à des années-lumière et à des éons de ses rencontres dérisoires avec des humanoïdes comme Picard, sauf à enfoncer le clou d’une démagogie et d’un fan service obscènes nourris de héros VIP autour desquels les multivers et même leurs pseudo-déités gravitent. Dans cet esprit (battant tous les records au "nébulomètre"), quand Q déclare à Guinan que pour avoir voyagé dans le temps à sa seule initiative, Picard s’est enfermé dans un piège immatériel dont seule l’évasion importe, il n’est pas impossible que le héros humain (quand bien même "golem") s’avère en fait la planche de salut du "dieu" mourant… Les showrunners s’imaginent-ils flatter ainsi les trekkies ?
Il n’est d’ailleurs pas difficile de constater que les showrunners n’ont pas véritablement songé aux implications logiques de leur construction narrative foireuse...
Ainsi comment se fait-il que ce soit Q (privé de ses pouvoirs) qui ait répondu à l’invocation "magique" de Guinan (alors qu’elle ne le connaissait pas encore de son propre aveu)… et non un autre membre du Continuum (pleinement omnipotent) ?! C’est pourtant avec le Continuum dans son ensemble (et non spécifiquement avec Q) que la trêve avait été scellée par les El-Auriens !
Et justement, comment expliquer alors que Guinan ait déclaré que c’est en débouchant la "bouteille d’Aladin" dans Picard 02x07 Monsters qu’elle avait ressenti le vide et la peur de la mort ? Car si celle-ci frappe l’ensemble du Continuum (et pas seulement le Q de 2401), il en résulte un sérieux problème de causalité car il est ici question du Continuum de 2024, donc de plusieurs siècles antérieurs à celui rencontré dans ST TNG/VOY et qui ne sera pourtant frappé d’aucune mortalité. Mais si d’aventure le Continuum existe hors du temps (à la façon des Prophets de ST DS9), alors dans ce cas comment n’a-t-il pas su durant le 24ème siècle le sort qui l’attendait dès le 21ème ?
Et comment le Continuum a-t-il pu laisser un des siens (Q) effacer une timeline ayant significativement (et positivement) déterminé son propre destin (via notamment les événements de ST VOY 03x11 The Q And The Grey et ST VOY 07x19 Q2) ?
Mais qu’importe tout ça, n’est-ce pas, tant que l’objectif est de délivrer une moraline flagorneuse pour l’humanité (et les spectateurs) ? Ainsi, en "prenant congé", Q 2.0 assène la docte leçon philosophique du jour : « Les humains, ils sont tous piégés dans le passé ». Aussitôt, Guinan 2.0 transmet pieusement ladite leçon de choses à Picard via ses nouveaux super-pouvoirs retconés de télépathie holographique (dignes de Sathya Sai Baba dans la tradition hindoue). Du coup, Jean-Luc psychanalyse Wells en quelques minutes (et ses propres démons par la même occasion) pour finalement "domestiquer" l’agent du FBI, jusqu’à le persuader de la télicité de tout son vécu douloureux... n’ayant eu d’autre but que de l’amener un jour à rencontrer et aider Picard ! Tout s’explique... par la main invisible (des scénaristes).
En guise de péroraison, l’El-Auriane affirmera – toute enjouée – que les humains sont la seule espèce de la galaxie vivant dans leur passé jusqu’à se réconcilier avec lui pour pouvoir évoluer !!! D’une pierre trois coups : Picard surmonte ses traumas d’enfance, Guinan 2.0 retrouve foi dans le genre humain, et Wells se découvre une nouvelle cause. Merci petit Q pour tant de "bienfaits".
En bonus, à la façon d’un plagiat de la fin de ST TNG 06x01 Time’s Arrow Part II, Guinan avouera être désormais impatiente de rencontrer Picard convenablement (c’est-à-dire chronologiquement), à quoi ce dernier retournera la politesse en langue française. Mais cette déclaration est sans objet dans le cas de Jean-Luc puisqu’elle porte sur un vécu révolu...
Toujours est-il qu’imputer triomphalement aux seuls humains la caractéristique commune (car universelle selon l’évolutionnisme de la sentience) de presque tous les humanoïdes rencontrés durant plus de quarante ans de Star Trek, voilà bien le moment le plus n’importe nawak de l’épisode (qui en compte déjà énormément)… au point d’en être franchement embarrassant ! Après l’anthropomorphisme le plus infatué dans le cas de Q, voici l’anthropo-exclusivisme le plus nauséabond. Sacré palmarès.
Le duo Raffi & Seven continue en mode buddy movie sa traque de la mutante Jurati dans les bas-fonds de Los Angeles. L’occasion pour elles de se contempler et de s’astiquer le nombril… comme chaque personnage du #FakeTrek à longueur d’épisodes depuis 2017. Absolument tous les clichés du genre – mâtiné d’un facteur soapy – sont consciencieusement réunis : blagues lamentables, langues de vipères et "bitching" à tout va ; scènes de ménages continuelles en mode "je t’aime moi non plus" ; psychodrames épidermiques et présomptifs en prise avec les dynamiques dominante/dominée et perfections/imperfections ; grosses lanterns où Seven dénonce la personnalité hystérique, manipulatrice et pervers-narcissique de Raffi dont les auteurs ont pourtant décidé de la doter ad nauseam depuis le début de la seconde saison (au total mépris de son uniforme) ; illustration bien opportune (en mode "redemption episode" au forceps) à travers un flashback auto-culpabilisant et tire-larme où Musiker aurait manipulé feu l’elfe Elnor pour le pousser à intégrer Starfleet Academy ; psychologisme des thérapies de couple vulgarisées par les magazines en papier glacé ; auto-exaltation de Seven estimant qu’elle méritait bien d’être la présidente de la Confederation au seul motif qu’elle a spontanément réussi à faire parler le barman du Deacon visité la veille par la reine Jurati…
De hors-sujets stériles en hors-sujets soûlants, Seven connaîtra soudain l’illumination en comprenant qu’outre les endorphines, la reine-en-construction recherche désespérément du lithium pour produire de nouvelles "nanoprobes" borgs, car c’est un métal stabilisateur (que les humanoïdes fraichement assimilés par le Collectif reçoivent à haute dose). Une assertion qui explique certainement que Jurati ait bouffé la batterie de son smartphone... mais moins qu’elle se retrouve à lécher (façon fétichisme SM) voire dévorer goulument (façon cyber-zombie) les batteries de Chryslers d’occaz alignées dans un parking vu que ces dernières sont en plomb (et non en lithium) comme sur tous les véhicules thermiques (or le plomb n’est pas un métal stabilisateur).
Mais qu’importe, Picard 02x08 Mercy ne pouvait décemment résister à la tentation de se payer une scène grunge suffisamment incongrue et malsaine sur le dos des personnages. Le #FakeTrek ne se refait pas...
L’inexplicable retcon (un de plus ou un de moins…) de Picard 02x06 Two Of One se voit donc confirmé et même étendu : non contente d’être désormais pourvue d’une force proprement herculéenne, Jurati est maintenant augmentée d’une extraordinaire célérité ! Des super-pouvoirs certes très à la mode chez DC et Marvel, mais que pourtant jamais les Borgs n’ont historiquement possédé, pas même la reine (ni dans ST First Contact ni dans les épisodes afférents de ST VOY). À l’ère du Real-Trek, la force musculaire des Borgs était marginalement supérieure à celle des humains sous l’effet des "nanoprobes" (à quoi venait aussi s’ajouter les aptitudes physiques inhérentes à l’espèce originelle de chaque drone). Mais ici, Jurati a bu la potion magique de Panoramix ! Inutile de dire que ni Raffi ni même Seven (dans son corps alternatif jamais assimilé) ne peuvent faire le poids. Et c’est la probable survivance de l’esprit (et de la volonté) d’Agnès derrière le noyautage mental par la reine borg qui vaudra à Musiker d’échapper miraculeusement à un étranglement (voire à une décapitation) lorsqu’elle sera soulevée à bout de bras…
Quoique muette (aucun dialogue), cette scène d’affrontement pour le moins spectaculaire sera pourtant affligée elle aussi d’incohérences (pour ne pas dire de triches mystificatrices). D’une part, lorsque la reine Jurati approche d’assez loin en courant et en sautant de voitures en voitures, Raffi avait matériellement le temps de tirer sur elle (en mode non létal) avec son phaser (et a fortiori Seven car située plus en retrait). Mais au moyen d’un "time-lapse" hypocrite, la séquence tente de faire accroire que Seven (projetée contre une benne à ordure) et Raffi (saisie par le cou) ont été prise par surprise. La mise en scène amalgame donc trompeusement la vitesse de la caméra et celle – prétendument inhumaine – d’Agnes. Or si les performances physiques phénoménales (niveau X-Men) de la reine borg constituent un authentique révisionnisme du Star Trek historique, elles sont considérées comme parfaitement "normales" de la perspective des protagonistes dans la timeline (ou l’univers) de Picard (car nul ne s’en étonne en intradiégétique). Par conséquent, les héroïnes ne pouvaient que s’y attendre... et (mieux) anticiper cette attaque. D’autre part, comment se fait-il que Jurati ne cherche même pas à se saisir des phasers et des tricorders des deux "Amazones" (pourtant neutralisées et gisant au sol), alors que ce sont précisément les ressources que convoite tant la reine (tant pour se défendre que pour "nourrir" ses "nanoprobes").
En somme, ce plan graphique est emblématique de la série : tape-à-l’œil et poseur, mais totalement dépourvu d’honnêteté et de logique.
La série Picard n’a visiblement pas compris que la supériorité des Borgs provenait de leur synergie collective et leur rendement optimal. Or assimiler (donc tétaniser immédiatement) au moyen de tubules avec l’efficacité d’une morsure de cobra s’inscrit bien davantage dans une économie de ressources qu’envoyer voltiger ses adversaires pour épater un public infantile.
Et à chaque épisode, la timeline originelle du Kurtzverse creuse davantage sa tombe (mais nul doute qu’elle sera restaurée comme si de rien n’était en fin de saison). Or désormais, la nouvelle reine borg a laissé un cadavre dans son sillage : un type rencontré dans le bar Deacon et que Jurati n’a pas réussi à assimiler. Pour une psychopathe, l’assassiner de ses mains fut probablement une jouissance génératrice d’endorphines…
Bah, aucune importance, dans un univers aristocratique VIP-only, la vie ou la mort des gueux anonymes n’a strictement aucun impact sur la trame temporelle.
La perte des pouvoirs de Q et son expérimentation soudaine d’une "lifetime" – dont il se demande d’ailleurs si un seul acte pourrait la rédimer (c’était la séquence "profonde" de la semaine…) – ne l’empêche cependant pas d’être sur tous les fronts (presque comme s’il avait conservé son ubiquité de ST VOY 02x18 Death Wish) et de réaliser de vrais exploits technologiques. On retrouve donc Q sous forme de simulacre numérique alias programme informatique vivant (sic) dans les lunettes de réalité augmentée futuristes (voire anachroniques en 2024) de la "fille" du généticien maudit.
N’hésitant pas à trahir son "partenaire" et sicaire Adam Soong (puisque l’implantation de cet avatar numérique était antérieur à l’échec de la mission d’élimination de Renée Picard à la fin de Picard 02x06 Two Of One), Q balance tout à Kore : son "père" est un affreux scientifique sans déontologie qui l’a créée en labo, elle est le fruit d’une expérimentation, le énième (et le plus résistant) spécimen d’une série de clones… Puis Q lui offre (via une expédition en transporteur privé) le remède définitif lui permettant d’affronter une fois pour toutes la lumière solaire et le monde extérieur sans filtre.
Or étonnamment, Kore tombe des nues devant toutes ces révélations ! C’est à se demander à quoi avait servi l’épisode Picard 02x06 Two Of One dont les conclusions d’investigations (ou d’indiscrétions) étaient pourtant sans appel ! Mais il est vrai qu’en idiocratie…
Difficile de comprendre l’utilité de cette énorme mesquinerie de la part de Q. On aurait tout de même pu penser que les vertiges de sa mortalité nouvelle l’auraient tenu éloigné des pires intrigues humano-centrées… Que nenni ! Il balance dorénavant entre la mafia, les vacheries gratuites, et le vaudeville. Après Q en "mastermind" du crime et Q en maître-chanteur, voici Q en corbeau ! À quand Q en proxénète ?
La suite est le spectacle classique (et affligeant) des règlements de comptes et des zizanies téléguidées : la gamine pourrie-gâtée juge implacablement son "père" (parce qu’il n’est pas celui qu’elle croyait ou que certaines infos lui ont été cachées) et fait son procès-minute (en ignorant contractuellement tous les contre-arguments), puis se casse illico avec pertes et fracas (maintenant qu’elle considère n’avoir plus besoin de son "paternel"). Un déroulé estampillé "production étatsunienne très bas de gamme", et qui ignore grossièrement toutes les formes de dépendances psychologiques (comme une vie entière d’handicap ou diverses formes de maltraitances…). Et bien entendu, alors qu’elle n’a jamais connu le monde extérieur et n’y possède aucun contact, Kore se métamorphose instantanément en peste ingrate, vindicative et autosuffisante, gavée de réseaux sociaux et de concurrences relationnelles interchangeables. Une scène qui situe bien le niveau d’écriture de la série, entre les latrines et les égouts.
Que ce soit parce que le Kurtzmanverse est un micro-univers de poche (où tous les VIP sont prédestinés à se rencontrer "par hasard" et se croiser encore et toujours) ou parce que la reine borg est une dea ex machina omnisciente à travers tous les multivers... à moins que ça ne fasse partie du plan criminel tordu de Q, Adam – alors abattu et prostré suite au départ brutal de sa "fille" – reçoit à point nommé la visite de la reine Jurati. Il suffira à cette dernière de flatter l’orgueil (et la revanchardise) du généticien (en lui proposant de choisir entre une timeline dans laquelle on lui érigera des statues et une autre où René Picard rapportera de l’espace quelque chose qui rendra son travail obsolète) pour que Soong se fasse instantanément suborner en se mettant sans une once d’hésitation au service de cette complète inconnue pour lui… devenant ainsi l’artisan de l’anéantissement de l’humanité ! Décidément, pour le prétendu plus grand génie de 2024, Adam Soong a vraiment une prédisposition naïve à devenir la pute des pires fléaux...
Et donc, le généticien a beau souffrir le martyre d’être au ban de la société (d’après Picard 02x05 Fly Me To The Moon...), cela ne l’a aucunement empêché d’être accueilli triomphalement dans le conseil d’administration de la NASA (selon Picard 02x06 Two Of One). Et maintenant, Adam Soong obtient d’un pote général d’armée US la mise à disposition d’une garnison de soldats – et le gratin des forces spéciales s’il vous plait – pour son seul usage privé, en l’occurrence afin de permettre à la reine Jurati de prendre d’assaut le vaisseau CSS La Sirena sur le territoire français ("Spearhead Operations"). Une telle pratique viole une demi-douzaine de lois fédérales américaines, notamment par la "mercenarisation" d’une escouade de militaires (ou de vétérans) à des fins personnelles et par le viol de la souveraineté d’une nation étrangère (quand bien même alliée). Il fallait vraiment que le savant prétendument maudit et infréquentable persiste à être invariablement le plus puissant des pontes (et aussi que l’administration militaire américaine soit gravement corrompue) pour lui accorder un pareil blanc-seing…
En dépit de son caractère lourdement sérialisé, la seconde saison de Picard présente bien le syndrome kurtzmanien d’une construction à géométrie variable, où les hypothèses de départ sont customisées à loisir (voire rebootées) d’un épisode à l’autre, le spectateur-cible n’étant probablement pas supposé avoir davantage de mémoire qu’un poisson rouge.
Même s’il est plus que probable que les propos d’Agnes "possédée" soient essentiellement de l’intox, du mensonge et de la manipulation à l’usage du généticien, la stratégie suivie penche plutôt vers la carence que vers la cohérence. En effet, quel rapport possible entre le micro-organisme trouvé sur la lune Io (et dont Renée sera convaincue de la sentience quatre décennies avant le First Contact d’après Picard 02x05 Fly Me To The Moon) et les travaux génétiques d’Adam ? Si cela pouvait faire sens d’appâter le premier Soong en lui faisant miroiter la timeline hyper-xénophobe de la Confédération, pourquoi cibler et antagoniser Renée Picard alors que la reine borg ne peut raisonnablement chercher à favoriser la ligne temporelle où son empire sera traqué et anéanti ?! À moins que les auteurs s’emmêlent grossièrement les pinceaux (très possible), l’objectif de la reine est forcément d’engendrer une troisième timeline où l’humanité deviendrait entièrement Borg dès les années 2020. Mais alors dans ce cas, était-il vraiment indispensable de faire appel à Adam Soong dans le seul but de prendre d’assaut le CSS La Sirena (dont la reine a manifestement besoin des ressources pour accélérer son sinistre office) ? N’existait-il pas aux USA des autorités bien mieux placées et que la reine aurait pu "utiliser" après les avoir "borguisés" par surprise ou par effraction ? Car oui, le cliffhanger final montre bien que la nouvelle reine a recouvré sa capacité à assimiler avec ses tubules digitaux (en l’occurrence au moins l’un des soldats envoyés à Soong), quand bien même le processus serait plus lent ou moins visible que dans le Real-Trek (vu les nombreux retcons infligés par Picard).
Néanmoins, grâce à une précognition fort pratique pour les besoins du récit (il suffisait juste de "penser Borg"), Seven & Raffi auront anticipé de leur côté le débarquement en force de la reine Jurati sur La Sirena avec l’appui des ressources fournies par Adam Soong. Objectif prévisible : mettre à profit le téléporteur du vaisseau pour faire essaimer l’assimilation de l’humanité à grande échelle.
Il faut dire que la téléportation du vaisseau a été verrouillée par le virus borg injecté par la reine lorsqu’elle était encore à bord (dans Picard 02x05 Fly Me To The Moon)… mais moyennant un bien curieux retard de timing. Effectivement, c’est seulement après que Rios s’est téléporté avec Teresa Ramirez et son fils Ricardo… que le blocage borg s’active. Mais pourquoi pas avant, notamment lorsqu’il n’y avait personne à bord (dans Picard 02x06 Two Of One), ce qui aurait alors laissé le champ libre à la reine pour se réserver l’accès à distance ?!
Fi ! De tout ça, Rios n’en a cure… car il y a bien mieux à faire dans sa Sirena convertie en nid d’amour glucosé et ouaté. Cristóbal a beau être parfaitement avisé du phagocytage informatique borg, il a beau savoir que le futur est au seuil de l’anéantissement... pécho la belle Teresa est quand même prioritaire pour lui (mais off screen car il faut quand même rester "family friendly"). Le Don Juan qui-pense-avec-un-autre-organe-que-son-cerveau passera donc l’épisode à conter fleurette, à marivauder, à emballer, et à conclure. De surcroît, il est presque fascinant de voir comment une première expérience disruptive de dématérialisation-rematérialisation, un voyage instantané de l’autre côté de la Terre, puis la découverte d’un vaisseau du futur… n’inspirera chez Ramirez que les échanges les plus prosaïques sur les jeux de séduction, le cul au boulot, et la bouffe. Mais en langue espagnole s’il vous plait, histoire que la télénovela sonne plus authentique... au cas où certains spectateurs n’auraient pas encore compris quel programme ils regardent...
Chacun a probablement les priorités qu’il mérite, et la trivialité maximale demeure l’entropie ultime des productions Secret Hideout.
Heureusement, la supervisor romulienne fournit son propre système de téléportation (à portails vaporeux) pour permettre à l’équipage éparpillé de revenir sur le CSS La Sirena.
Peut-être que Tallinn pourrait ramener des renforts issus de sa mystérieuse organisation alien... étant donné que sa raison d’être pourrait tout de même un peu en pâtir si toute l’humanité devenait soudain Borg)...
Telle The A-Team (L’agence tous risques) – avec une redistribution évidente des rôles –, tout l’équipage devrait donc être à pied d’œuvre sur La Sirena dans le prochain épisode pour préparer un beau comité d’accueil au "gang de Jurati". Moyennant un délai (ou un répit) d’une dizaine d’heures pour se préparer si la reine et son commando empruntent des moyens conventionnels de transport pour se rendre en France (à supposer bien sûr que le virus borg implanté dans le vaisseau et non encore purgé ne permette pas à Agnes de commander la téléportation à distance).
Et si par malheur l’ultime confrontation (fatalement épique) tourne mal pour les héros, Jean-Luc consentira-t-il cette fois à l’extrémité à laquelle il s’était mordicus refusé (au grand dam de Lily Sloane) dans ST First Contact, à savoir autodétruire le CSS La Sirena (pour que le vaisseau ne tombe pas entre les mains des Borgs) quitte à y sacrifier son billet de retour vers son époque ? Mais dans une mécanique temporelle bien comprise, aucun retour dans le futur ne serait nécessaire en cas de restauration de la timeline (car cela aurait pour effet d’effacer la cause, donc le voyage temporel des protagonistes, comme en atteste le référentiel ST VOY 04x08+04x09 Year Of Hell).
Attention toutefois à ne pas confondre les indigences et le vide de ce qui n’a pas été donné dans l’épisode (ni dans la saison)... avec la conjecture d’un développement science-fictionnel cohérent qui ne se réalisera probablement jamais. L’exercice de spéculation demeure un onanisme aussi illusoire que trompeur tant il revient à faire (pour par un rond) un travail que les scénaristes de l’écurie (de compétition) Kurtzman n’ont pas été fichus d’accomplir...
Pour mémoire, ces critiques exhaustives ont vocation à analyser le contenu effectif des épisodes... et non à se masturber sur ce que lesdits épisodes auraient pu être dans une autre réalité...
En apparence, Picard 02x08 Mercy semble un chouïa moins consternant que le nadir de la série (Picard 02x07 Monsters) "grâce" à quelques interprètes (John de Lancie, Jay Karnes, Alison Pill) en eux-mêmes irréprochables, et à de vagues "éclaircissements" (l’agonie de Q…) au demeurant prévisibles (et bien insuffisants).
Hélas, aucun de ces éléments contingents ne relève tant soi peu le niveau de la diégèse : le fil rouge demeure toujours aussi absurde causalement et nébuleux comportementalement, le château de cartes de ce qui tente de se faire passer pour du worldbuilding est dans un mouvement d’effondrement perpétuel... Chaque épisode vient davantage retconer, "révisionner", enfoncer, trahir, profaner, humilier, salir, banaliser, "rendre quelconques" les personnages, les espèces, les structures, les paradigmes trekkiens.
Il y avait déjà l’icône Picard devenue sénile et hantée par des démons infantiles (incompatible avec son parcours d’officier de pointe) ; Q ayant sombré dans la malveillance pure et l’incohérence ; Guinan inter-recastée (un nouveau concept) promue barwoman en tout lieu (durant quatre siècles) et transformée en rappeuse afro-américaine (militante et woke of course) ; les El-Aurians érigés en espèce omnisciente et omnipotente (matchant le Continuum) ; les Soong propulsés en lignée de savants fous (pendant 400 ans) ; la reine borg sujette à un coup de foudre ado de teen soap (et à la ramasse pour assimiler qui que ce soit mais déployant divers super-pouvoirs) ; l’Histoire trekkienne réduite à un affrontement dynastique de VIP aux visages invariants à travers les siècles (selon le modèle parodique des Visiteurs de Poiré mais pris ici au premier degré) ; les officiers de Starfleet incontinents (Raffi) et irresponsables (Rios) se moquant bien de la préservation de la ligne temporelle et utilisant leurs attributs futuristes pour convenances personnelles...
Mais comme chaque opus apporte son lot de "réjouissances"... désormais selon Picard 02x08 Mercy : le First Contact de 2063 n’est qu’une hypocrisie (ou un roman national) ; l’agent Wells est le Fox Mulder du (très) pauvre (et il se fait virer du FBI pour défaut de crédibilité aussitôt qu’il réunit des preuves irréfragables) ; Picard crache le morceau au FBI (et OSEF du "butterfly effect") ; une drague endocommunautaire vaut bien tout le futur trekkien pour Rios ; la nouvelle reine borg Jurati sort de Species (de Roger Donaldson) pour muter en ferrailleuse-cyber-zombie-fétichiste-SM-brouteuse-de-métaux qui hante les cimetières (de bagnoles) ; le Continuum est mourant plus de trois siècles avant d’avoir toujours été éternel ; Q est aussi trivial et pathétique face à sa soudaine mortalité que le plus médiocre des humains (tout en se spécialisant désormais dans la délation) ; Adam Soong est réputé infréquentable mais tout l’establishment est à sa botte et c’est un idiot utile de vocation ; Kore se transforme en une péteuse plus qu’ordinaire à la seconde même où elle reçoit d’un inconnu le remède génétique définitif ; et les humains sont intronisés tellement exceptionnels qu’ils forment la seule espèce de la galaxie capable d’évoluer (si si !).
De quoi être vraiment impatient de voir quels nouveaux massacres (et/ou mauvaises blagues nonsensiques) nous réserve la suite pandémonique...
Picard ou la série qui vous garantit de nouvelles couleuvres à avaler à chaque épisode, pour un plaisir masochiste maximal.
Et bien sûr, afin de ne surtout pas changer une formule gagnante, la narration n’est qu’un enchaînement non-stop d’inanités, d’incohérences, de TGCM, de trous, de WTF, de nawaks... tandis que l’usine Tricatel d’Alex Kurtzman industrialise à la chaîne toutes les singularités et unicités trekkiennes.
La seconde saison délaye jusqu’à l’indécence une histoire tellement pauvre (et bancale) qu’elle aurait pu tenir en une paire d’épisodes ; et pourtant, en dépit de sa version (très) longue, elle n’est pas fichue d’apporter un contenu qui fasse sens !
Alors évidemment, si l’objectif est de décrocher le titre si envié de "pire série télévisuelle existante" (en concurrence tout de même avec Discovery), mieux vaut s’y prendre à dix "executive producers" grassement payés et s’étaler sur dix épisodes...
Bref, Picard a vraiment une belle "tête de vainqueur".
Infatigablement, inéluctablement, implacablement... l’entreprise de démolition et la politique de terre brûlée se poursuivent de plus belle. Et elles ne s’achèveront probablement que lorsque les 736 opus composant le real Star Trek (1964-2005) auront été systématiquement violés ou cannibalisés comme autant de trophées de guerre...
Plus encore qu’un NoTrek, le #FakeTrek ne serait-il pas en passe de devenir un Anti-Trek ?
BANDE ANNONCE