Star Trek Picard : Critique 2.06 Two of One

Date : 11 / 04 / 2022 à 16h30
Sources :

Unification


STAR TREK PICARD

- Date de diffusion : 8/04/2022
- Plateforme de diffusion : Prime Video
- Épisode : 2.06 Two of One
- Réalisateur : Jonathan Frakes
- Scénaristes : Cindy Appel & Jane Maggs
- Interprètes : Patrick Stewart, Alison Pill, Isa Briones, Evan Evagora, Michelle Hurd, Santiago Cabrera, Jeri Ryan

LA CRITIQUE FM

Depuis que les équipes de Secret Hideout, dirigés par Alex Kurtzman, ont pris en charge la production des séries Star Trek, les adversaires de ces séries ont développé le concept du Fake Trek. Pour ma part, même si je comprends les arguments, j’ai toujours eu du mal à utiliser ce terme. Effectivement, on ne peut décemment pas dire que les productions Kurtzman sont du même acabit que les productions Berman. Pour moi, chaque génération de série Star Trek correspond à son époque et, de facto, notre société est aujourd’hui dans la simplification à l’extrême de la complexité.

Mais pour pouvoir les traiter de Fake, encore faut-il que ces productions essayent un minimum d’avoir des histoires, un environnement, des visuels qui rappellent ce qu’est une production Star Trek. Or, depuis leur arrivée en 2024, j’ai de plus en plus de mal à voir ce qui réellement rattache la série Picard à Star Trek au-delà des personnages et de 2-3 téléportations.

Si on regarde avec un pas de côté cet épisode. Il y a d’abord la grande majorité, voire la totalité des dialogues qui se concentrent uniquement sur les relations personnelles et/ou amoureuses des personnages : Raffi / Seven, Rios/Juratti, Rios/la doctoresse, Picard/Laris - Tallinn, Picard/Renée, Soong/Kore. Là aussi, si certains peuvent reprocher à Discovery son coté Soap, cette dimension est désormais totalement assumée par Star Trek Picard jusqu’à en devenir son seul ressort.

Prenez par exemple le summum de cet épisode qui est la relation intime entre Jurati et la Reine Borg. Aurais-je pu imaginer un jour écrire dans une critique que les dialogues d’une Reine Borg pouvaient me faire penser à ceux d’une influenceuse beauté sur Instagram ?

Et pourtant, malgré tout ça, et peut-être parce que j’ai intégré que, sur mon canapé, je ne regardais plus un Star Trek, j’ai passé plutôt un bon moment. Oui, les scènes Jurati/Reine Borg sont too much, mais en même temps fascinantes car très bien joués par les deux actrices. La rencontre entre Renée et son descendant Jean Luc est très bien écrite avec la bonne dose d’empathie et de sincérité de Patrick Stewart. La relation amoureuse entre Seven et Raffi reste sobre avec la bonne intensité...

Bref, oui, c’est du Soap, mais du bon Soap. Avec la seconde saison de Star Trek Picard, Kurtzman va donc au-delà du Fake Trek pour inventer le concept de No Trek. Vous comprendrez donc que la note ci-dessous est pour le sixième épisode de Dynasty Picard. Pour la note de Star Trek Picard, merci de vous reporter à la note Star Trek d’Yves.

LA CRITIQUE YR

Si vous ne souhaitez pas vous plonger dans une analyse exhaustive du contenu (forcément riche en spoilers), veuillez cliquer ici pour accéder directement à la conclusion.

Qu’il soit un #FakeTrek ou un #NoTrek, Picard 02x06 Two Of One porte la quasi-intégralité de sa diégèse sur son Ocean’s 11/12/13 du pauvre, à savoir la soirée de gala de la NASA que les six naufragés temporels tentent d’infiltrer tels des Pieds Nickelés. Opérations de noyautage et d’hacking plus boiteuses les unes que les autres, small talk stérile, confidences autocentrées, triangles amoureux inavoués... c’est l’inanité faite épisode.

Jean-Luc semble progressivement oublier que Tallinn n’est pas Laris, et cette dernière aussi... Ils ne se connaissent que depuis quelques heures, mais il n’en fallait pas davantage pour qu’une grande "complicité romantique" s’installe entre eux. Et quoi de mieux qu’une soirée en smoking, façon Casino Royale, pour conter fleurette, roucouler, ou draguer un bon coup... Comme à l’accoutumée, l’internalisme (aussi illusoire que le worldbuilding) s’effondre devant un externalisme autotéliste, tandis que les personnages cèdent imperceptiblement la place aux acteurs comme dans Picard 01x07 Nepenthe...

Musiker est tellement hantée par la mort d’Elnor... qu’elle croit même l’apercevoir de fugaces instants en smoking parmi les invités. Un procédé plus que classique pour susciter du mystère voire de l’angoisse à peu de frais, mais qui pourrait aussi suggérer une réalité tentant de percer le voile de l’illusion.
Malgré tout, Raffi se réjouit par compersion que son "love interest", Seven, débarrassée de tous ses implants borgs (dans ce corps jamais assimilé de la présidente Annika Hansen de la Confederation), socialise et rigole avec toute la jet set invitée au gala. De pures scènes "feel good" de pubs. On se demande tout de même comment une ressortissante si fraichement débarquée du 25ème siècle, qui plus est réputée pour sa crypto-vulcanité, puisse à ce point se fondre dans les idiosyncrasies mondaines du début du 21ème siècle. Ah mais si, on sait : rien ne sépare culturellement et sociologiquement l’UFP kurtzmanienne du monde contemporain. Donc Seven Of Nine de 2401 se sent logiquement comme chez elle dans ce rallye très select de 2024.

La reine Borg, désormais "mental date" et soupirante de Jurati, la transforme en Bionic Woman (Super Jaimie) sur commande... par exemple pour la libérer de ses menottes. Puis, soucieuse d’optimiser le succès public de sa chérie, elle la pousse à se "décoincer"… D’abord en lui donnant le "courage" de rouler un patin voluptueux à Rios (avec qui Agnes avait pourtant déjà copulé durant la première saison)... pour une pure séance de candaulisme (ou cuckolding). Puis en faisant carrément d’Agnes la vedette du bal des débutantes... via une spectaculaire interprétation a capella de Shadows Of The Night de David Leigh Byron (morceau popularisé par Pat Benatar dans Times Square d’Allan Moyle en 1980). L’orchestre de jazz la suit finalement en mesure, et sous un spot de rampe, Jurati quitte le balcon pour descendre langoureusement les marches telle une diva. Puis sous un tonnerre d’applaudissement, l’artiste crooneuse salue la salle.
Une chorégraphie intégralement pilotée par la souveraine borg, impresario et régisseuse de music-hall hors pair, découvreuse de nouveaux talents... Lorsque la reine de ST First Contact est déclinée en version midinette pour Insta et coach pour télécrochet, la qualité d’interprétation ne peut même plus prétendre émarger au nombre des circonstances atténuantes, tandis que "serial-retcon" ou "profanation" sont devenus des qualificatifs impuissants pour décrire pareille surenchère dans l’incongruité ou l’insulte.
Oh bien sûr, Jonathan Frakes a dû satisfaire ses propensions jazzy (au mépris du peu d’internalisme qui subsistait), et Picard 02x06 Two Of One s’est trouvé un alibi comme d’autres dégainent les jokers ou les passeports diplomatiques ! Derrière le jeu de séduction SM pour teen soap, il fallait parait-il à la souveraine Borg un flot ininterrompu d’endorphines pour prendre définitivement le contrôle du "véhicule" Jurati (comme en attestent ses yeux devenus entièrement noirs comme dans les histoires de possessions démoniaques ou gothiques). Et ainsi les ovations du public coïncident ironiquement avec la "victoire mentale" de la reine sur Agnes... et la possible assimilation corollaire de l’humanité (comme le suggérera la scène conclusive de l’épisode lorsque la ville lui sera jetée en pâture...).
En matière de cohérence interne, il serait tentant de se consoler que toutes ces bluettes girlies n’aient pas totalement fait perdre à la reine son objectif ultime (l’assimilation)... sauf qu’en retour cela ne fait que renforcer le révisionnisme d’une humaine qui par sa seule volonté avait réussi à durablement s’opposer au phagocytage des "nanoprobes" borgs... faisant rétrospectivement passer le Jean-Luc Picard de ST TNG 03x26 The Best Of Both Worlds (et un nombre incalculable d’humanoïdes implacablement assimilés) pour du "bétail" docile... Mais n’est-ce pas là une constante du "système Kurtzman" qui, depuis ST 2009 très inclus, se construit toujours sur le dos du matériau existant, c’est-à-dire en le surexploitant jusqu’à l’essorage... tout en le rabaissant jusqu’à l’humiliation ?

La "mission" que l’épisode voire la saison s’étaient fixés aura été résolue en un tournemain, puisqu’il aura suffi d’un "pep talk" banal et convenu de Jean-Luc à sa pluri-aïeule pour la remettre sur les rails de sa destinée glorieuse. Déprogrammer l’influence psychanalytique de Q était donc tout simple. Renée était-elle un MacGuffin elle aussi ?
Même si l’on y retrouve tous les clichés du genre (apologie des vertus survivalistes de la peur et analogie entre sa mère Yvette et son interlocutrice du côté de Jean-Luc, sensation indicible de connaître intimement ce visiteur du soir pour Renée...), cette scène reste néanmoins incontestablement la meilleure – ou plus précisément la moins pire de l’épisode – car Patrick Stewart a réussi à jouer de son charme (ou du moins ce qu’il en reste malgré la sénilité) pour retrouver fugacement les lumières du Jean-Luc Picard véritable ayant marqué tant de générations de trekkers. Telle une fragrance détectée dans l’éther vespéral avant de s’évanouir, tel l’écho d’une musique intime avant d’être emportée par le vent...
Mais bien évidemment, la psyché de Renée a été commodément formatée par les showrunners pour boire d’emblée les sages paroles de cet inconnu au grand âge qui l’abordait sans crier gare et venait la guider messianiquement dans un moment de grande vulnérabilité (alors qu’elle avait décidé – en pleurs – de quitter la Mission Europa quelques heures avant la quarantaine sous les conseils malveillants de son faux "psychanalyste"). Et pour joindre l’acte (édificateur) au verbe, le providentiel berger sauvera la vie de l’élue du destin en prenant sa place sous les roues de la Tesla Model X que Q lui destinait via Adam Soong. C’est sûr, après une démonstration aussi altruiste et sacrificielle, Renée n’aura d’autre choix que s’imposer à suivre religieusement les pieux conseils de cet "ange" providentiel...
Cette rencontre valorisée comme magique, prédestinée, transcendante entre le lointain descendant crépusculaire et l’ancêtre toute jeunette est encore plus irréaliste et préfabriquée qu’une romance VIP entre Hugh Grant et Julia Roberts... mais avec de semblables effets décomposés sur une partie du public. Et Renée Picard n’en ressort pas forcément grandie (ni crédible comme astronaute) car faut-il manquer de force de caractère pour que quelques truismes balancés (quand bien même avec grâce) par un old-timer anonyme puissent supplanter des mois de thérapie (quand bien même orientée) et retourner comme une crêpe une volition intime (quand bien même tiraillée).

By the way, la navette OV-165 dite "Spike" que Renée s’apprête à emprunter sous le commandement du Commander Musa (et sous la maquette de laquelle elle se tenait en rencontrant Jean-Luc) scelle encore davantage la divergence de timeline d’avec la nôtre... car dans le monde réel le programme de navettes de la NASA n’a pas dépassé l’OV-105 (Endeavour) et a été reporté sin die pour des questions budgétaires. De plus, ces dernières n’étaient pas conçues pour atteindre la Lune terrestre (au contraire des OV-2xx de l’uchronie For All Mankind), ce n’est donc pas demain la veille que leurs éventuelles successeresses seront capables de rejoindre les lunes de Jupiter...
Mais même en supposant (juste pour l’expérience de pensée) que Picard 02x06 Two Of One prend place dans la timeline trekkienne historique, donc fatalement distincte de la nôtre et plus avancée en astronautique (ne fût-ce que du fait des Eugenics Wars), cela n’expliquerait pour autant aucunement que les Terriens envoient une mission habitée vers Jupiter dès 2024 lorsque la première mission habitée vers Mars n’existera qu’à partir de 2032 (cf. ST VOY 06x08 One Small Step).

Factuellement et tactiquement, l’opération d’infiltration au gala de la NASA est un nawak intégral :
- L’objectif de Jurati en se faisant capturer dans Picard 02x05 Fly Me To The Moon était de se faire conduire au QG de la sécurité, ou malgré ses entraves, elle devait introduire dans le serveur isolé (par airgaping) les identités visuelles de ses compagnons pour que le système de reconnaissance faciale n’entre pas en alerte. Mais par un de ces glissements inconséquent dont Secret Hideout possède le secret, désormais Agnes a pour mission de hacker la base de donnée des bracelets d’identification lus par la sécurité à l’entrée (tache pourtant dévolue à Tallinn et à ses puissantes technologies alien d’après l’épisode précédent).
- Non contents d’avoir directement conduit la suspecte Jurati au QG même de la sécurité et de l’avoir installée à proximité du pupitre de commande (soit le lieu le plus stratégique et le plus exposé) au lieu de l’isoler (comme le b.a.ba de la profession l’aurait exigé), les cadors en charge de la surveillance de la soirée huppée n’ont même pas pris la peine de fouiller ses poches ! Du coup, malgré ses mains menottées, Agnes a pu tranquillement sortir d’une poche un appareil TGCM qui a endormi (ou assommé) tous les agents du poste de contrôle.
- La cybernéticienne étant toutefois un peu trop loin pour récupérer les clefs des menottes, la sorcière Borg lui a offert un super-pouvoir afin de briser toutes les chaînes à la seule force de ses poignets (et sans le moindre effort s’il vous plait)... quitte à s’asseoir sur les lois physiques (notamment en résistance des matériaux) pour toujours davantage de TGCM. Pour mémoire, dans le Real-Trek, la force musculaire des Borgs était marginalement supérieure à celle des humains sous l’effet des "nanoprobes" (à quoi venait aussi s’ajouter les aptitudes physiques inhérentes à l’espèce originelle de chaque drone). Mais ici, Agnes a bu la potion magique de Panoramix ! Soit un retcon et même un révisionnisme de plus à l’endroit des Borgs.
- Jurati parle bruyamment aussi bien à la reine dans sa tête qu’à Picard dans ses oreillettes, donnant ainsi l’impression de soliloquer ou d’être connectée. Pourtant, à moins de deux mètres d’elle, les agents de sécurité du poste de contrôle ne s’étonnent de rien, ils ne font même pas attention. L’idiocratie se porte mieux que jamais...
- Lorsque Jurati enfourne sa clef USB dans les ports idoines du pupitre de commande, l’injection dans la base de données ne demande même pas dix secondes, même pas une seconde, il est instantané. ! Au mépris de toute l’informatique moderne…
- Durant le papotage romantico-SM dans la tête d’Agnes, la reine Borg révèle que Locutus lui manque tendrement… pour une totale confusion entre le retcon du "transtemporal awareness" (savoir indistinctement que dans une autre timeline, Locutus a existé) et un souvenir personnel (avoir connu Locutus dans sa propre ligne temporelle). Est-ce une volonté de transformer dorénavant la reine en une déité multiverselle cumulant de vécu de toutes les timelines… ou est-ce un autre stigmate d’une écriture bâclée de collégien (niveau cancre) incapable de rester dans une même continuité logique plus d’un épisode ?
- Alors que tous les agents de sécurité (et autre "videurs" forcément physionomistes) postés dans la salle commune du gala furent informés dans Picard 02x05 Fly Me To The Moon que Jurati était une imposteuse (puisqu’ils l’ont arrêtée et menottée), c’est pourtant sans aucune "clearance" des responsables du poste de contrôle (puisqu’iceux sont tous inconscients) que la cybernéticienne en sort pour aller se pavaner devant les invités. Et durant tout le reste de l’épisode, Agnes se baladera, s’’exhibera et de mettra en scène comme nulle autre sous les feux des projecteurs (via notamment la séance de karaoke de luxe) sans jamais être inquiété par un service de sécurité réputé pourtant de pointe. Idiocratie toujours.
- Tandis que Jurati clame qu’elle réussira bien à vaincre la "reine Scorpius" ayant fait un nid dans son cortex cérébral, c’est avec enthousiasme qu’elle se laisse entrainer par son flirt au bal de promo. Mais pas à un seul instant, il ne vient à l’esprit d’Agnes de prévenir ses collègues et compagnons de sa situation… alors qu’elle est encore à ce stade parfaitement maîtresse de ses décisions, et qu’elle n’ignore rien des enjeux titanesques (restaurer la timeline kurtzmanienne) ni du péril pour l’humanité qu’elle porte en elle (l’assimilation de l’humanité par son entremise). Soit l’irresponsabilité au bras de l’orgueil qui rend le personnage de Jurati profondément indigne de l’humanité trekkienne, tout en réaffirmant ici sa typo duplice de la première saison (lorsqu’elle avait froidement assassiné Bruce Maddox sous l’emprise de l’Admonition dans Picard 01x05 Stardust City Rag) quoique bénéficiant d’une complète impunité dans la fausse utopie de Picard.
- Jurati s’obstine à se justifier d’avoir laissé entrer en elle la reine Borg par la prétendue-dépendance générale vis-à-vis de ses capacités pour revenir au 25ème siècle. C’est toujours un irrespect crasse des innombrables modes de voyages dans le temps durant ST TNG/DS9/VOY sans Spock ni reine borg, à commencer par le retour au 24ème à la fin de ST First Contact. Plus que jamais, ces héros de la série Picard semblent vraiment ne pas sortir de l’univers du Star Trek roddenberro-bermanien...
- Visiblement, tous les naufragés du temps sont allés faire la teuf à la NASA-party. Mais n’aurait-il pas été prudent – et surtout un minimum professionnel et responsable – de laisser au moins une personne à bord du CSS La Sirena en Bourgogne, ne fut-ce que pour piloter la "téléportation magique" qui traverse l’écorce et le manteau terrestres ? De plus, le policier français Leclerc a beau avoir été rendu à la vie civile purgé de sa rate et de ses souvenirs, il subsiste forcément un "appel au secours" de la reine Borg dans les archives téléphoniques des services d’urgence ou de police, ce qui pourrait conduire à une investigation de terrain un peu moins amateuriste que celle du gendarme qui s’est pris pour un policier dans Picard 02x05 Fly Me To The Moon
- Derrière son crush girly, la reine Borg cultive un coté vachard (de salon) parce qu’elle le vaut bien et parce que c’est tellement plus cool pour un·e vilain·e. En somme, il n’y a qu’un pas pour y voir une resucée de l’impératrice génocidaire du Terran Empire, i.e. Mirror-Georgiou, transformée en bonne copine dans les seconde et troisième saisons de "Discovery". Car c’est ça l’inclusivité façon Kurtzman : s’agit pas d’infliger une quelconque ségrégation aux super-Hitler galactiques, tant ils sont sympas eux aussi pour peu qu’on ne fasse pas de fixette sur leurs petites tendances exterminatrices (chacun ses défauts quoi).
- Tallinn clone le smartphone de Renée via un "intercept program" pour espionner en temps réel ses textos avec Q (quelle phrase incongrue au passage !). Mais c’est alors que la Supervisor laisse échapper une interjection en langue romulienne !!! Comment est-ce possible alors que Tallinn est une humaine du début du 21ème siècle, alors qu’elle n’est même pas supposée connaître les Romuliens (ni leur langue), et alors qu’elle précède de trois siècles la naissance de Laris ?! Le plus curieux peut-être est que Picard ne s’en étonne même pas ! Une grosse gaffe (de plus) dans le script, ou un bug dans la matrice... de l’illusion ?
- Forte d’une descente rapide et copieusement enivrée, Renée s’éclipse pour se préparer mentalement à démissionner. Jean-Luc décide alors de l’aborder proactivement, quitte à violer la loi et le code (purement voyeuriste) des Supervisors. Mais Adam se met brutalement au travers de sa route... au nom de leur "relation" commune, Mr Q ! Désormais mécène de la Mission Europa et accueilli en grande pompe dans le conseil d’administration de la NASA, Soong ordonne à ses nouveaux "collègues" de faire arrêter et expulser "l’invité" Jean-Luc Picard au motif qui serait dangereux. Ce dernier appelle aussitôt à l’aide son équipage via ses oreillettes... tandis que les agents de sécurité disséminés dans la salle le triangulent et le cernent (une ligne de dialogue suggère même que tous les "intrus" ont été repérés et encerclés). La reine Borg fait alors diversion en éteignant momentanément toutes les lumières puis en lançant sur scène la nouvelle star (Agnes). Et il n’en faut visiblement pas davantage pour que Jean-Luc cesse d’être inquiété (tout comme ses subordonnés) durant le reste de la soirée et ait le champ libre pour baratiner Renée. Cet enchaînement est aussi absurde qu’idiocratique (again !) car jamais des gardes professionnels n’auraient manqué à leurs obligations et aux ordres directs reçus pour si peu : la salle ne fut jamais totalement plongée dans le noir, la lumière est revenue au bout de seulement cinq secondes, les lampes-torches font toujours partie des équipements standards, et les agents professionnels sont formés pour ne pas se laisser distraire par les spectacles.
- Après avoir convaincu sa pluri-aïeule de rentrer dans le droit chemin et de se joindre au toast public porté par le Dr Jemison, Renée fait inexplicablement passer Jean-Luc par l’extérieur du bâtiment de réception... au motif que ce serait un raccourci pour rejoindre la réception ! Mais cette initiative contredit la topologie des lieux car à aucun moment l’astronaute n’avait quitté le périmètre interne de la NASA. De plus, s’il existait des sorties dérobées, pénétrer clandestinement aurait été incomparablement plus aisé pour les héros du futur. Et si d’aventure les deux Picard ont franchi "off screen" une sortie contrôlée, pourquoi Jean-Luc y a-t-il consenti, prenant du coup le risque de ne plus pouvoir franchir une nouvelle fois le check point d’entrée dans la salle de gala (étant donné son propre statut pour le moins problématique), alors que seul un vingtième de la période de surveillance prévue a été accompli et qu’Adam Soong (piloté par Q) a dorénavant un pied légal dans l’appareil de la NASA (voir ci-dessous). Bien sûr, il fallait bien entrainer l’amiral sur la chaussée ou dans un parking afin qu’il puisse se faire commodément écraser par une automobile.
- Lorsque Jean-Luc se fait renverser, il ne faut pas plus de cinq secondes pour que tous ses compagnons de voyage (excepté Jurati) se précipitent à son chevet et à son secours ! C’est à se demander s’ils n’étaient pas tous precogs, embusqués à portée visuelle à attendre que le drame chorégraphié se produise...
- Picard 02x06 Two Of One établit d’entrée de jeu que l’objectif est de surveiller et de "chaperonner" Renée durant les dix heures qui précédaient le début de la quarantaine verrouillant le lancement de la Mission Europa. Le gros hic, c’est que l’épisode prétend faire du temps réel (les 34 minutes qui précèdent l’accident dont sera victime l’amiral). Ainsi, la narration perd de vue qu’elle n’aura mis en scène qu’une fraction de la durée qui séparait Renée de l’isolement avec son équipage, et qu’après le sympathique pep talk de Jean-Luc, il y aura encore presque 9h30 pendant lesquelles Renée – entièrement livrée à elle-même (ainsi qu’à Q et à Soong) – pouvait aisément se dérober à (ou être détournée de) son destin !
- Passé le point de collision avec l’automobile de Soong, l’épisode est frappé d’une totale perte d’homogénéité (aka inconséquence) chronologique... sauf si l’objectif est de faire accroire que les héros ont mis une dizaine d’heures (voire davantage) pour conduire Picard – mourant – au dispensaire Las Mariposas de Teresa (cf. plus bas) tout en lâchant complètement Renée.
Bref, la masse critique d’incohérences, de contradictions, et de facilités a été largement atteinte et même explosée. Dès lors, d’hypothétiques qualités ne rédimeraient plus rien.

Or fort symptomatiquement, le rhème ne devra pas être recherché dans le contenu propre (quasi-inexistant) de l’épisode, c’est-à-dire durant les 34 premières minutes (sur 38 utiles au total) relatées en temps réel et en flashback avant que Picard ne soit fauché par Soong... mais dans un double épilogue annonçant les opus suivants. Soit une mécanique de crédit (revolving)... qui avait déjà caractérisé (et plombé) la première saison.

Moralement abattu pour n’avoir pas réussi à honorer sa part de "contrat" avec Q (à savoir réussir à éliminer Renée au volant de sa Tesla Model X puisque sauvée in extremis par Jean-Luc), Adam Soong laisse transparaître son désarroi sous l’emprise d’un état second ou éthylique en présence de sa fille Kore qu’il qualifie... "d’œuvre de sa vie" !
Interloquée et perplexe, elle va aussi sec fouiller dans le labo de son père. Tout d’abord, elle découvre via un moteur de recherches sur Internet que son père possède la réputation d’un "mad scientist" menant des expériences eugéniques illicites... à croire que son isolement physique l’avait également totalement isolé jusque-là des communications et du web.
Puis, comme si le fruit des recherches secrètes de son père n’étaient protégées par aucun chiffrement ni même de mot de passe, Kore accède sans effort en local à des enregistrements vidéo d’elle enfant avec son père... mais en des lieux et des situations dont elle ne garde aucune souvenir. Son univers ontologique vacille lorsqu’elle comprend qu’il ne s’agit en fait pas d’elle dans ces vidéos, mais d’innombrables fillettes à son image portant des prénoms comme Perséphone, Despoina, Persephatta, Artemis, Prosperina... toutes décédées très jeunes de diverses anomalies biologiques. En somme des clones (même si ce qualificatif n’a pas encore été prononcé on screen), qui plus est des clones construits (relevant donc de l’eugénisme), systématiquement non viables, et dont Kore serait l’ultime spécimen en date. Dès lors, celui qu’elle prenait pour son "père" est en réalité son créateur et elle n’a probablement jamais eu de mère.
Curieusement, tous ces prénoms correspondent à des filles de Zeus... De là à ce qu’Adam Soong se prenne pour Jupiter...
Si la scène ne manque pas d’efficacité en soi (mais dans un style blockbusterien aux relents de ST Into Darkness), et si le concept – aussi survolé (ou teasé) soit-il – peut sembler stimulant au sens de la SF, il y a là une double incompatibilité contextuelle :
- soit Picard 02x06 Two Of One prend place dans la timeline originelle (celle de ST TOS 01x24 Space Seed) où les Eugenics Wars eurent lieu entre 1992 et 1996, auquel cas les recherches eugéniques menées par Adam Soong n’auraient pas seulement été privées de financement, elles auraient été formellement interdites et son auteur condamné et emprisonné (au minimum), plus sévèrement encore qu’Arik Soong au milieu du 22ème siècle (dans ST ENT 04x04 Borderland) étant donné la proximité temporelle accrue envers ce traumatisme collectif de la fin du 20ème siècle ;
- soit Picard 02x06 Two Of One est sis dans une timeline en apparence plus proche de la nôtre (une tentation récurrente de voisinage ou de parenté chaque fois qu’un Star Trek tente d’explorer son époque de production). Auquel cas, de pareils clonages humains entrepris industriellement – quand bien même encore peu fiables – accuseraient un anachronisme (aussi bien envers une variation du présent qu’envers la progression scientifique du futur trekkien). Mais surtout, ce parti pris entérinant davantage encore une incompatibilité absolue avec la chronologie trekkienne historique tant celle-ci divergerait rétroactivement avant même sa tentative de restauration à compter du 15 avril 2024. Et cela même en entérinant la possible inflexion introduite par l’ambitieux diptyque ST VOY 03x08+03x09 Future’s End et l’hypothèse formulée par la brillante trilogie littéraire Star Trek : The Eugenics Wars de Greg Cox dans l’univers étendu...

En outre, si le "savant fou" Adam Soong est dépourvu de toute éthique (et sensibilité) au point d’avoir transformé d’innombrables humains en vulgaires cobayes de laboratoires jusqu’à ce que mort s’ensuive, il est incohérent de voir ce "tueur en série" autant affecté par le "contrat" que Q lui a imposé sur la tête de Renée Picard.
Et si Adam Soong a acquis une réputation publique aussi infamante et infréquentable, comment se fait-il que la NASA ait accepté si volontiers son mécénat et qu’il soit accueilli à bras ouvert dans son conseil d’administration ?! Et par extension, n’est-il pas totalement contreproductif d’utiliser et téléguider un scientifique à ce point "grillé" dans tous les milieux universitaires et "autorisés" ? Mais bon sang, est-ce qu’il arrive aux scénaristes de réfléchir un minimum à leurs scripts, d’en mesurer les implications causales, de les soumettre à des contrôles ou à des audits ?
En amont, quel est le sens de recourir soudain à l’élimination physique – façon mafia – alors que Q avait à l’inverse entrepris une action subtile sur le temps long (par voie de psychanalyse pour influer le sujet sans violence) ?
Et si le nouvel objectif d’un Q privé de ses pouvoirs est d’assassiner soudain sa "person of interest" au long cours (Renée), pourquoi faire appel au plus éminent (et infameux) généticien du début de 21ème siècle pour lui faire faire un vulgaire boulot de sicaire, mais payé à un prix exorbitant (i.e. en technologies futuristes et disruptives, à savoir un sérum pour guérir les imperfections génétiques de la fille/clone Kore) ? Pourquoi n’avoir pas simplement payé une misère un voyou des bas quartiers pour cette basse besogne ? Pourquoi Q n’a-t-il d’ailleurs pas tué Renée de ses propres mains ? Q ne se définissait-il pas lui-même dans Picard 02x05 Fly Me To The Moon comme "I am Death, destroyer of worlds", tel Vishnou dans la Bhagavad-Gita (ou J Robert Oppenheimer) ?
In fine, n’est-il pas affligeant que l’un des personnages les plus fascinants du lore trekkien – Q – se soit muté en maître-chanteur, en vulgaire corbeau... d’asile d’aliéné : il fournit des technologies qui n’ont pas encore été inventées et fait entrer un "savant fou" dans le conseil d’administration de la NASA... rien que pour faire vider Picard d’une réception mondaine ?! Sérieux ?
Et n’est-il pas risible que le "masterplan" cosmologique d’une pseudo-déité omnisciente et omnipotente venue du fin fond des multivers consiste simplement à provoquer un accident de bagnole dans un parking ? Non mais WTF quoi !
Cette déchéance nonsensique ne serait-elle pas emblématique de la tournante profanatrice que le #FakeTrek inflige non-stop aux personnages et aux paradigmes de Star Trek depuis 2017 ?

Renée ayant sagement regagné la place (à savoir la quarantaine de la NASA précédant l’envol de la Mission Europa) supposée être la sienne pour que puisse advenir une timeline depuis longtemps bien distincte de celle des ST historiques (et tant pis pour les 9h26 disparues en in-universe), les protagonistes transportent nuitamment Picard blessé (et inconscient) dans la "clinique pour clandestins" Las Mariposas de la belle doctoresse dont s’est épris Rios (afin d’échapper au circuit légal d’hospitalisation). Ainsi donc, outre la romance soapy adulescente, c’était là la fonction narrative du personnage de Teresa Ramirez.
Une fonction néanmoins parfaitement factice, d’une part parce que c’était plutôt à Tallinn d’avoir des relais indigènes de ce genre (elle appartient au 21ème siècle alors que Rios vient de débarquer), d’autre part (et surtout) parce que le script vient illogiquement prétendre que mieux vaut s’adresser à un médecin de 2024 plutôt qu’au "biobed" (à défaut d’EMH) du CSS La Sirena... alors que les progrès médicaux majeurs accomplis en 377 ans auraient dû conduire à la conclusion et au choix décisionnel exactement opposés. A fortiori au regard des miracles chirurgicaux accomplis par Jurati (sans même être médecin) sur le policier français dans Picard 02x05 Fly Me To The Moon. Et à plus forte raison eu égard à la nature synthétique de Picard...
Pourtant, la "fine équipe" n’a désormais plus la moindre hésitation à livrer sans filtre un "golem" du futur à une ressortissante de 2024… alors que dans Picard 02x03 Assimilation, la simple découverte des puces vaccinales du futur constituait déjà une interférence temporelle jugée inacceptable !
Dans ST IV TVH, le Dr McCoy déclarait que notre ère était médicalement le Moyen-Âge (comparativement au 23ème siècle donc a fortiori aux 24ème et 25ème). Mais toujours révisionniste en diable, Picard 02x06 Two Of One tente à l’inverse de vendre aux spectateurs que les merveilles technologiques auto-curatives du 25ème siècle sont moins à même de soigner un "golem" artificiel du futur qu’une doctoresse du début du 21ème siècle ! Serait-ce parce que celle-ci est sexy et si caritative avec les immigrés clandestins ? Ou est-ce parce que les scénaristes – qui ne pigent comme toujours rien à rien – confondent les notions d’urgence (lorsque par exemple le pronostic vital est engagé) et d’avancée/connaissance ? Analogiquement, pour tenter de sauver la victime d’un accident de la route, vaudrait-il mieux s’adresser à un (hypothétique) automate médical conçu en 2022 ou à un médecin en chair et en os officiant sous le règne de Louis XIII ? La réponse est évidente pour quiconque n’ignore pas l’Histoire de la médecine occidentale (par exemple la plupart des adultes contemporains possèdent dix fois plus de connaissances médicales qu’un "médecin" du 17ème siècle)... tandis que la série Picard réussit une fois de plus à aligner les contresens et à être totalement à coté de la plaque.
De surcroît, si Jean-Luc est bel et bien devenu un androïde synthétique, ce n’est pas vers un médecin qu’il aurait fallu se tourner, mais vers un cybernéticien. Or ça tombait bien, puisque la plus réputée de toutes est dans leur équipage. Alors ok, Jurati était quelque peu indisposée en raison de la "possession" borg, mais les autres personnages n’étaient pas supposés le savoir, et pourtant pas à un seul instant ils n’ont songé à se tourner vers Agnes. Un peu ballot tout de même...

Certes, il serait toujours possible d’invoquer le cas d’Elnor qui ne put être sauvé dans Picard 02x03 Assimilation. Sauf qu’à part s’agiter vainement, Raffi n’avait strictement rien entrepris pour sauver l’elfe... comme si le CSS La Sirena de la Confederation était dépourvue de tout équipement médical automatisé. Un point que Picard 02x05 Fly Me To The Moon est directement venu contredire ensuite... et finalement "corriger" (un vaisseau à vocation guerrière dans une société comme la Confederation postule des performances de soin accrues dans la mesure où un équipage en vie et performant est sa première ressource martiale). Picard 02x06 Two Of One ne saurait donc être exonéré de ses propres incohérences en vertu de celles de Picard 02x03 Assimilation. Nemo auditur propriam turpitudinem allegans.
Mais il faut croire d’après l’épisode qu’aux âmes bien nées, les cybertechs et/ou les biotechs du 25ème siècle sont toujours à la portée... puisque Ramirez te défibrille les androïdes les doigts dans le nez ! Hormis deux lanterns, i.e. #1 une réplique surréaliste où les héros sortent au Dr Ramirez avec le plus grand naturel que le patient s’est fait greffer l’intégralité de ses organes (!!!) et #2 un violent retour de surtension lors de l’emploi d’un défibrillateur... les showrunners semblent désormais confondre dans la même impéritie la nature biologique et la nature synthétique. Une distinction que devraient pourtant pouvoir faire la plupart des natifs du 21ème siècle par simple observation visuelle, à fortiori les médecins, mais sans pour autant être forcément en mesure d’intervenir. Or Picard 02x06 Two Of One fait exactement l’inverse : les médecins contemporains ne distinguent pas l’organique du robotique, mais ils peuvent indifféremment soigner et guérir quand même. Pratique, mais relevant de la magie et non des sciences (comme d’hab dans le #FakeTrek).
Autant dire un énième retcon où les "androïdes" de Star Trek sont inexplicablement biologiques, et indiscernables des humains comme les 12 modèles Cylons de BSG 2003. En définitive, le nouveau corps prétendument synthétique de Jean-Luc ne serait-il pas plutôt un clone (mais viable) qui ne dirait pas son nom ?
Considérant l’extrême fragilité physique que révèle Jean-Luc (face aux accidents comme face au vieillissement), quel est finalement le bénéfice de ce transfert transhumaniste de conscience vers une enveloppe prétendument artificielle dans Picard 01x10 Et In Arcadia Ego, Part 2 ? Et vu que la série n’a tiré aucune richesse sémantique des questions cybernétique et ontologique, quel en est l’intérêt narratif ?

Toujours est-il qu’aussitôt que Theresa a le dos tourné, Tallynn sort le "bâtonnet" multifonctions que Gary Seven employait déjà dans ST TOS 02x26 Assignment : Earth (et qui inspira peut-être le tournevis sonique du célèbre Docteur dans Doctor Who) pour sonder le cerveau de Jean-Luc qui, quoique dans un apparent coma, demeure hyperactif. D’après la Supervisor, il est paraît-il urgent de "réveiller" Picard, non seulement parce que plus il reste dans cet état (inconnu), plus il sera difficile de l’en sortir (ah bon ?), mais surtout parce qu’il est le seul capable de mener la troupe contre Q (Jean-Luc a-t-il des super-pouvoirs capables de "matcher" ceux du Continuum ?). Afin de convaincre Raffi, Rios sortira même « we don’t protect Renée, we don’t get our future back, and we need Picard awake to do that », contredisant donc directement "l’accomplissement" de l’épisode (i.e. avoir convaincu Renée d’embrasser son destin)... rien que pour indispensabiliser artificiellement Jean-Luc.
À force de retcons et d’upgrades TGCM, l’espèce de "tournevis sonique" de Gary Seven est devenu ici une véritable baguette magique, permettant à la fois d’afficher des scans holo-tomographiques des cortex, de contrôler à distance les individus (comme entrevu à la fin de Picard 02x04 Watcher) ou à l’inverse d’entrer dans la tête des sujets..."en détournant ses voies synaptiques" et à la façon d’une "jury-rigged mind meld" selon la justification capillotractée assénée par Tallinn. Serait-ce une forme de mécanisation de la fusion mentale vulcaine ? Ce parti pris est de toute évidence bien loin de ST DS9 07x23 Extreme Measures et du "multitronic engramatic interpreter" – et l’objectif est ici de poursuivre la chasse au nouveau MacGuffin, dans la psyché de Jean-Luc si nécessaire.
Une scène qui donnera à Musiker l’opportunité de faire une nouvelle démonstration de son pathos hystérisant… qui la rend toujours plus indigne de son uniforme et de son grade, et toujours plus inutile à la narration… à faire presque regretter Michael Burnham (ayant en comparaison l’avantage d’être "constructive" en sa qualité de dea ex machina et perfection faite femme).
Depuis le début de la seconde saison de Picard, les flashbacks d’enfance qui hantent sempiternellement Jean-Luc se dévoilent un peu plus à chaque fois : Yvette semble avoir été capturée sous les yeux de son fils par des forces ténébreuses (des Borgs ou d’autres aliens ?), tandis qu’est martelé sans cesse un épiphanique "look up" vers le firmament (étonnamment commun à la mère de Jean-Luc et à la reine borg 2.0 entrevue à la fin de Picard 02x01 The Star Gazer). Quoique donnant parfois l’impression que toute la seconde saison de Picard n’est qu’un vaste simulacre (façon Daniel F. Galouye), une illusion (façon Life On Mars aussi bien millésime 2006 que 2008), ou un construct de Q – ce qui aurait le mérite d’expliquer (mais de la plus paresseuse des façons) la masse critique d’incohérences, d’absurdités et de retcons –, il est dans tous les cas assez probable que l’exploration par Tallinn de ce souvenir traumatique picardien enfoui dans le subconscient picaresque sera la clef de voute du fil rouge de la seconde saison : l’autodestruction de la flotte de Starfleet, la timeline hyper-dystopique de la Confederation, les agissements incohérents de Q (d’un côté sauvant la "vie" des six protagonistes de la série en les envoyant dans une autre réalité, mais de l’autre téléguidant l’assassinat de Renée Picard et dévoilant une malveillance inédite envers Jean-Luc…).

Picard 02x03 Assimilation et Picard 02x04 Watcher se piquaient de délivrer des "messages" politiques, sociaux et écologiques quand bien même profondément tautologiques : e.g. les plus fortunés empêchent une nécessaire décroissance, les immigrés clandestins sont persécutés par les flics, la pauvreté c’est affreux, les rues sont sales, etc.
Des "messages" que Picard 02x06 Two Of One réussit à ringardiser involontairement ! Car ici, les héros se glissent sans complexe dans la peau desdits fortunés et ils prennent à cette occasion leur pied sans retenue... car il est si bon de se contempler le nombril entre le stupre et le satin ! L’épisode n’est pas avare d’exhibitions hédonistes, comme le bonheur que goûte Rios depuis qu’il est de l’autre côté de la barrière...
Donc après des leçons "idéologiquement correctes" délivrées par posture ou par contrat dans le cadre du plus consensuel des agendas (histoire de se donner bonne conscience), cette série retrouve son état naturel kurtzmanien au galop, à savoir l’empire du soap opera VIPisé. Moins glucose que dans Discovery, mais tout autant entre-soi narcissique. L’architecture même de la narration se révèle soapesque, aucun personnage (y compris les plus mythiques) n’y échappe, et les rares thématiques SF passent à cette même casserole entropique... à l’instar des Dr. Soong, intronisés "savants fous" de pères en fils à toutes les époques durant quatre siècles ! Soit la défaite de la pensée et la faillite de la créativité.

Alors certes, le chantage exercé par Q (de plus en plus "evil") sur l’ancêtre Soong (nouveau membre du conseil d’administration de la NASA et ayant tenté d’assassiner froidement Renée), l’état de (faux) coma dans lequel a été plongé l’amiral (à la suite du choc que le véhicule d’Adam destinait à la jeune astronaute), les réminiscences traumatiques de l’enfance de Jean-Luc (où sa mère fut apparemment kidnappée par des "zombis" en appelant à l’aide son fils...), et la plongée urbaine nocturne finale de Jurati (désormais entièrement contrôlée par le reine Borg)... continuent à alimenter au forceps un fil rouge sérialisé qui stimulera peut-être les spectateurs les plus persévérants (en dépit d’une sensation d’artificialité à tous les étages du château de cartes)...

Conclusion

Donc récapitulons :
La reine aime en secret Jurati, mais Jurati a une relation avec Rios, et Rios est amoureux de Teresa. Inconsolable de la perte d’Elnor, Musiker aime Seven, mais Seven préfère sortir avec les beaux bachelors friqués du bal. En parallèle, Laris aime Picard, mais Picard drague Tallinn qui ressemble comme une jumelle à Laris. Et toutes et tous épient ou reluquent la princesse Renée qui doit accomplir son destin royal… sauf si le ténébreux Soong l’en empêche par amour pour Kore.
Un pitch à peu près du niveau de la parodie Ça te barbera des Inconnus, si ce n’est Amour, déréliction, et doutage.

Dès lors, Picard 02x06 Two Of One est peut-être "sympa" à suivre en mode Dynasty, Dawson, Santa Barbara, Amour, Gloire et Beauté, ou telenovelas. Mais faut-il encore être client des pires productions audiovisuelles existantes. Et faut-il encore accepter benoîtement de se faire arnaquer sur la marchandise. Car pour mémoire, il y a tout de même écrit "Star Trek" dessus, et c’est bien sous ce label jadis d’excellence que Paramount+ vend Picard à l’appui de madeleines de Proust opulentes (mais empoisonnées), à grand renfort de matraquage promotionnel dans les médias, et avec la complicité active de nombreux influenceurs du web qui ne cessent de lui tresser des couronnes de lauriers (pour quelques maigres avantages en nature).

Aussi casuistique que soit peut-être ce débat, un #NoTrek tentant de se faire passer pour du Star Trek est lui aussi un #FakeTrek...
Mais non content d’être toujours aussi fièrement contrefait, jamais il n’avait été à ce point miniaturisé et VIP-morphisé. Même si la forme (merci Jonathan Frakes !) et l’acting demeurent à l’avantage de Picard, son fond est plus profanateur encore que celui de Discovery... car massacrant l’icônisme et le crédit des figures de proue trekkiennes non recastées... avec la bénédiction trompeuse de leurs interprètes historiques. Eh oui, parce que les mêmes causes dans les mêmes conditions produisent les mêmes effets, le mot de la fin se répète comme un disque vinyle rayé dans une boucle temporelle de cauchemar...

Du néant en guise de contenu, du teen soap en guise de psychologie, de la superficialité en guise de profondeur, des simplismes et guise de complexité, de la nostalgie et du fan service en guise de worldbuilding, du WTF systémique en guise de cohérence, de l’inconséquence en guise de continuité, du TGCM en guise de science, de la fantasy en guise de SF, du divertissement en guise d’enrichissement, du marketing en guise de pensée, du pathos en guise de réflexion, du VIPisme en guise d’infinitude, du wokisme en guise d’universalisme, de la diversion en guise de dialectique... cette liste binomiale d’usurpations et de contrefaçons pourrait être longue...
Distrayant peut-être (du moins pour ceux qui n’ont pas encore piqué du nez), mais en réalité profondément gerbant... ou alors involontairement comique.
Toujours du grand (con-)art.

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

BANDE ANNONCE





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