Altered Carbon : Pourquoi le livre est meilleur que la série ?

Date : 29 / 06 / 2024 à 15h00

ALTERED CARBON : POURQUOI LE LIVRE EST MEILLEUR QUE LA SÉRIE ?

L’adaptation d’un livre en série télévisée ou en film est toujours un exercice délicat et souvent complexe, surtout du point de vue des fans qui ont chacun une vision très personnelle des univers qu’ils ont adorés.

Prenons le cas de La Tour Sombre de 2017, un exemple clair de la difficulté d’adapter une œuvre littéraire complexe à l’écran. Les fans des romans de Stephen King avaient de grandes attentes, et malheureusement, le film n’a pas su capturer l’essence de l’œuvre originale. Les erreurs de scénario, le manque de fidélité au matériel source et les problèmes de production ont conduit à une adaptation qui n’a pas su répondre aux attentes, faisant de La Tour Sombre un désastre dans le domaine des adaptations littéraires. Stephen King lui-même a exprimé des réserves quant à l’adaptation, reconnaissant que des éléments clés de ses romans n’ont pas été correctement traduits à l’écran. Les fans, qui attendaient depuis longtemps une transposition fidèle du roman à l’écran, ont exprimé leur déception sur les réseaux sociaux et dans les forums de discussion, accentuant la perception négative du film.

Et c’est normal ! En tant que fans, nous espérons voir nos scènes préférées prendre vie, les personnages qui nous ont fait rêver s’animer devant nos yeux et l’univers se déployer avec la même richesse que dans les pages du roman. Et c’est compréhensible !

Altered Carbon de Richard Morgan ne déroge pas à la règle et, malgré son adaptation visuellement saisissante sur Netflix, prouve que souvent, le livre reste supérieur à la version écran. Je tiens à préciser que ceci est mon point de vue et qu’il vous appartient d’avoir l’esprit ouvert. Il ne s’agit pas d’une simple critique, mais de chercher à comprendre pourquoi nous avons souvent une volonté de voir une restitution trop parfaite d’une œuvre ou une adaptation qui libère l’imagination des possibles dans un nouveau scénario. Et mon avis est que le roman surpasse la série en termes de profondeur narrative, de complexité thématique et de fidélité à la vision de l’auteur.

L’un des aspects les plus fascinants du roman Altered Carbon est son exploration philosophique de la conscience et de l’identité. Richard Morgan plonge profondément dans les implications de la technologie de « l’empilement » qui permet de transférer la conscience humaine d’un corps à un autre. D’ailleurs, le roman pose des questions cruciales sur ce qui constitue vraiment l’identité humaine. Est-ce le corps, l’esprit, ou une combinaison indissociable des deux ?

Dans le roman, Takeshi Kovacs, le protagoniste, est constamment confronté à ces questions, parce que chaque transfert dans un nouveau corps le force à reconsidérer sa propre nature et identité. Cette introspection est beaucoup moins nuancée dans le livre que dans la série, où les enjeux philosophiques sont souvent éclipsés par l’action et les effets spéciaux. Richard Morgan utilise d’ailleurs le point de vue interne de Kovacs pour offrir une réflexion profonde sur la nature de l’existence, un aspect que la série, avec ses contraintes de temps et son besoin de captiver visuellement, ne parvient pas à rendre avec la même intensité.

En plus, il faut prendre en compte que l’auteur excelle dans la création de son univers détaillé et immersif, ce qui peut être intimidant à la lecture, mais c’est aussi ce qui permet aux lecteurs de partager cette introspection avec le personnage de Kovacs tout au long du déroulé de l’histoire. Sur un format série, le monde de Altered Carbon est trop complexe à retranscrire fidèlement, à moins d’imaginer une série long format qui risquerait de manquer de rythme et de substance en mêlant des éléments de science-fiction et cyberpunk à une critique sociale et civilisationnelle plus acérée.

Le roman offre donc des descriptions plus riches et évocatrices qui présentent un tableau vivant de cet avenir dystopique. Richard Morgan prend le temps de développer les divers aspects de son monde, depuis les différentes classes sociales jusqu’aux mécanismes politiques et économiques qui régissent la société. Dans la série, beaucoup de ces détails sont sacrifiés au profit de l’intrigue principale et des séquences d’action, ce qui réduit la profondeur et la cohérence de l’univers présenté.

Le roman permet aussi une exploration plus approfondie des personnages, en particulier de Takeshi Kovacs, hanté par son passé et en lutte constante avec sa propre moralité. Les relations qu’il développe et ses interactions avec les autres personnages sont finement tissées, révélant des couches de sa personnalité et des motivations plus subtiles. Dans la série, en revanche, les scénaristes ont eu tendance à simplifier les personnages pour les adapter au format petit écran. Certains aspects de Kovacs ont été édulcorés, et des personnages secondaires importants dans le livre reçoivent moins d’attention, ce qui réduit l’impact de leurs arcs narratifs. Par exemple, la série ne capture pas entièrement la complexité de Laurens Bancroft, le milliardaire qui engage Kovacs, ou la profondeur des dilemmes moraux auxquels il est confronté.

Lorsque l’on commence la lecture du roman, on se rend vite compte, si l’on a vu la série avant, que Richard Morgan a une vision beaucoup plus claire et audacieuse de son univers, une vision qui s’exprime pleinement à travers son texte. Sa critique de la société, des inégalités et de l’impact de la technologie sur l’humanité est omniprésente. L’auteur utilise là la science-fiction non seulement pour divertir, mais aussi pour offrir une réflexion incisive sur le monde moderne. La série Netflix, bien qu’impressionnante visuellement, souffre des limitations inhérentes au médium. Les contraintes de temps signifient que certaines sous-intrigues et développements de personnages doivent être abrégés ou carrément omis. De plus, la nécessité de maintenir l’attention du spectateur pousse souvent la série à privilégier l’action et le spectacle visuel au détriment de la profondeur narrative.

Un exemple notable est la gestion des scènes de combat. Dans le roman, les scènes de combat sont décrites avec une précision technique et un réalisme qui reflètent l’expérience de Richard Morgan dans les arts martiaux et sa connaissance des techniques militaires. La série, bien que spectaculaire, a tendance à styliser ces combats de manière à maximiser l’impact visuel, parfois au détriment du réalisme et de la crédibilité. En fin de compte, bien que la série Altered Carbon de Netflix soit une adaptation visuellement captivante, que j’ai moi-même apprécié, elle ne parvient pas à capturer toute la profondeur et la complexité du roman de Richard Morgan. Toutefois, elle reste un excellent divertissement qui peut tout de même servir de tremplin pour celles et ceux qui souhaitent explorer davantage l’univers de l’auteur. Ainsi, bien que certains spectateurs puissent se contenter de la série, ceux qui cherchent à approfondir ces thèmes trouveront dans le roman une source inépuisable de réflexion.

À bientôt les fans de fiction !

SAUCE FICTION : LE PODCAST



Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.



 Charte des commentaires 


Altered Carbon : Pourquoi le livre est meilleur que la série (...)
Fahrenheit 451 : Pourquoi la résistance intellectuelle est une (...)
Young Sherlock : La série de Guy Ritchie, avec déjà un (...)
Batman - Caped Crusader : La bande annonce introductive
Star Trek - Lower Decks : Un départ en fanfare pour la saison (...)
Pendant ce temps sur Terre : La critique
Entretien avec un vampire : Une saison 3 dédiée à Lestat qui ne (...)
Avengers : Deadpool et Wolverine pour faire de la Résistance dans (...)
El Profesor : La critique
Lanterns : Lanterne verte pour la série DC de Damon Lindelof
À l’ombre des forêts : Un nouveau thriller est annoncé sur (...)
Brèves : Les informations du 1er juillet