Halo : Critique 1.01 Contact

 Date de diffusion : 24/03/2022
 Plate-formes de diffusion : Paramount+ / Canal+
 Épisode : 1.01 Contact
 Réalisateur : Otto Bathurst
 Scénaristes : Kyle Killen, Steven Kane
 Interprètes : Pablo Schreiber, Charlie Murphy, Natascha McElhone, Danny Sapani, Yerin Ha, Shabana Azmi, Bokeem Woodbine, Olive Gray, Kate Kennedy, Natasha Culzac, Bentley Kalu, Rafael Fernandez, Jen Taylor

Ça fait combien de temps qu’on attend cette fameuse série TV Halo ? Je suis remonté dans les annales d’UNIF, et la première news qui évoquait une telle oeuvre télévisuelle remonte déjà à 2013, quand on disait que Steven Spielberg était intéressé. Depuis, les choses ont bien changé. Des simples réseaux de télévision traditionnelles ou câblés, le monde est transpercé de toute parts par les streamers premiums et tout, véritablement tout, est fait pour que les consommateurs s’abonnent à ces plate-formes de streaming. Paramount+, feu CBS All Access, est le dernier service SVOD américain à avoir été lancé (c’était en 2021). Il n’a eu de cesse de nous impressionner avec des séries qui vont au-delà de la simple série pour remplir une case vide, il n’y a qu’à voir la magnifique 1883 de Taylor Sheridan pour comprendre que Paramount+ est entré dans la cour des grands (en matière de qualité) et par la très grande porte.

Les moyens mis par le streamer de Paramount Global sont-ils au niveaux de l’attente des fans de l’une des plus grandes saga de jeux vidéo du monde ? Comment on fait pour satisfaire cette fanosphère vidéoludique incommensurable, et comment faire pour faire entrer de nouveaux fans dans cette franchise ? Voilà un défi bien difficile auquel se sont lancés d’abord Kyle Killen, et Steven Kane ensuite. Le réalisateur Otto Bathurst est arrivé bien plus tard, en remplacement de Rupert Wyatt (qui a malheureusement quitté le projet pour des questions de calendrier), ce qui, de mon point de vue, m’a apporté quelques sueurs froides lors des innombrables phases de développement de la série. Il m’avait suffit de me rappeler de ce qu’il avait fait avec Robin des Bois en 2018, et des frissons venaient me faire revivre un douloureux souvenir cinématographique.

Ce premier épisode de Halo (Contact) annonce donc ce qui va être le fil rouge du reste des épisodes à venir dans cette première saison, la rencontre du Spartan John-117 alias Master Chief (Pablo Schreiber) avec la jeune Kwan (Yerin Ha), fille d’un éminent chef rebelle, unique survivante d’une station d’extraction minière de la planète Madrigal suite à une attaque de l’Alliance Covenante. L’épisode est très impressionnant d’action, d’effets visuels réussis, d’une photographie évidemment cinématographique et d’une réalisation très propre (ce qui me fait revoir mon point vu exprimé précédemment sur le réalisateur Bathurst). Cette dernière permet de se rendre compte de l’infime nécessité de faire appel à des soldats génétiquement modifiés pour combattre ce que le commun des mortels ne saurait vaincre. Les scènes d’action mettent en valeur les extraordinaires capacités de ces Spartans. On a, dès leur arrivée, une impression de puissance, d’agilité et d’intelligence supérieure. La caméra s’insinue également dans le casque des Spartans, donnant une saveur vidéoludique à certains moments de l’épisode, et pas forcément dans de l’action.

Mais ce qui crève l’écran au fur et à mesure qu’on avance dans l’intrigue, c’est évidemment le statu de John, et sa rencontre bouleversante (pour lui) avec la jeune fille. De machine de guerre impitoyable et programmée, on passe à un super-soldat sensible et qui prend conscience de ce qu’il est. Sa relation avec la jeune rebelle survivante est également bien mise en scène avec des moments de mise en question de chacun des personnages qui révèlent bien des secrets et des failles dans leur carapace qu’ils veulent faire croire inviolable. L’interprétation de Schreiber ne peut pas vraiment être jugée ici, portant son casque pendant la presqu’intégralité de l’épisode (oui ! Il l’enlève à un moment donné, et je vais en parler un peu plus bas dans mon analyse).

Reste maintenant à convaincre le joueur des jeux vidéos dont la série est l’adaptation. Car ne nous cachons pas derrière une Xbox, la série Paramount+ existe dans un canon autre que celui des jeux. Place à la "Halo Silver Timeline" ! En effet, la série TV possède toutes les caractéristiques d’un média portant la marque "Halo" (ça tombe bien !) et la sortir du même univers des jeux permet de la faire évoluer dans un univers unique, ouvrant en grand les portes à des libertés scénaristiques et de ne pas être obligé de suivre l’histoire déjà mise en scène dans la branche vidéoludique de la franchise. Le gamer aficionado doit donc lâcher sa manette et, chose sans doute difficile, accepter les différences majeures qui existent avec son jeu préféré.

En ce qui concerne John-117, le personnage central dans la série n’est plus ici qu’un avatar dirigé via une manette qu’on utilise pour tuer de l’extraterrestre. Nous sommes dans une série dramatique, et pour que le drame puisse se dérouler, il lui faut une âme à ce Master Chief ! On met donc en scène un évènement qui lui permet de sortir de son conditionnement de Spartan et d’avoir une conscience. Cet évènement est également un compilé de mystères intriguant et j’espère que la suite des épisodes donnera au téléspectateur des réponses.

Preuve ensuite que les scénaristes ont conscience de l’incroyable fanosphère des jeux, tout est fait avec minutie quand "Le Major" enlève son casque. Chaque étape menant au doux visage de Schreiber est finement mis en scène. La caméra et Schreiber prennent leur temps, comme pour signifier aux gamers qu’il s’agit ici d’un moment qu’on sait douloureux pour eux, mais dont la série en a besoin. On note néanmoins que dès ce casque enlevé, John perd quelque peu (voire même très peu) de sa prestance, de son aura de super-soldat. Mais nous sommes dans une série Halo, et je n’ai pas de doute sur le fait de le revoir enfiler son casque pour les aventures et batailles à venir.

La série donne également beaucoup de grains à moudre concernant le Dr. Halsey (Natascha McElhone). Vue comme une icône créatrice des Spartans, le personnage possède ses propres idéaux dans la série, l’épisode laissant ici et là quelques indices qui me font penser qu’elle prépare quelque chose. Au-delà de son statu au sein de l’UNSC, son allégeance va à ses créations génétiquement améliorées et elle ne doute pas une seule minute de ses Spartans. Ses secrets devraient également être exposés dans la suite de la série, ce qui va sans doute créer une certaine dynamique interessante.

Je termine mon analyse par un tout petit bémol. Nous sommes en 2552, sur des planètes qui doivent se trouver à des années lumières de la Terre. Comment peut-on expliquer qu’on puisse tomber sur de bons vieux SUV dont les américains sont friands aujourd’hui. Je pense particulièrement au Cherokee qu’on voit dans la scène d’ouverture qui, même s’il est dans un piteux état, est encore sur ses 4 roues plus de 500 ans après sa construction. Toujours au rayon des petits bémols, on peut aussi regretter le manque d’imagination (ou de moyens) pour les armes des rebelles (des fusils d’assaut de type AK-47 ou autres M-16, voire même ce bon vieux fusil à pompe). Des véhicules et armes "du pauvre" un peu plus futuristes auraient été bienvenus.

À mon sens, la Halo de Paramount+ a réussi à relever le défi. Ce n’est ici que le premier épisode, et on sait combien un premier épisode de série se doit de donner le ton au reste de la saison, mais mon petit doigt me dit secrètement que la suite sera d’aussi bonne facture.

Excellent épisode ! Et soyons honnête !

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