Silo : Rester au plus prêt de la réalité
Quand on dit Silo aujourd’hui, on voit immanquablement Rebecca Ferguson monter et descendre des escaliers interminables dans la série Apple TV+ créée par Graham Yost (Justified). Aujourd’hui, le créateur explique aux gens de Deadline que son but n’est pas de faire de "la science pure" dans l’adaptation des romans de Hugh Howey, mais au contraire de donner l’impression que tout ça est "réel et vécu".
Il a fallu plus de 10 ans pour que Howey voit sa série romanesque arriver sur des écrans. Passée entre les mains de Ridley Scott et de 20th Century Fox, le projet d’adaptation cinématographique est finalement passé à la trappe quand Disney à racheté la Fox. Depuis, AMC Studios s’est emparé du package, voulant délivrer une série pour ses chaînes et autres streamers. Finalement, Apple est intervenu et est devenue le diffuseur officiel de la série vue plus tôt cette année.
Silo est centrée sur une jeune ingénieure prénommée Juliette (Ferguson) qui par la force des choses finit par devenir shérif alors que ce qui reste de l’Humanité vit enterré dans un énorme silo à plusieurs dizaines de mètres de profondeur, la surface étant toxique à un niveau mortel pour les êtres vivants. Le final de la saison 1 a laissé entrevoir ce que sera la saison 2, dores et déjà commandée. David Oyelowo, Rashida Jones, Tim Robbins, Common et Will Patton ont également été en vedette.
Voici ce que Yost a eu à dire à nos amis de Deadline sur le futur de la série.
Pour ceux qui n’ont pas lu les livres, sont-ils faciles à lire ou très denses ?
Mon conseil à tous, et Hugh et moi sommes amis donc je l’ai dit devant lui lorsque nous étions interviewés avant le lancement, est de lire absolument les livres dès que vous avez fini de regarder la série télévisée dans son intégralité. Nous voulons être ceux qui dévoilent le mystère. Ensuite, lisez la version de Hugh, dont nous restons proches à certains égards et que nous détournons à d’autres. Mais il s’agit toujours d’un grand mystère. Est-ce une adaptation facile ? Non, mais je ne connais rien qui le soit vraiment, quand on y réfléchit bien.
Vous n’avez pas vraiment fait quelque chose d’ambitieux ou d’apocalyptique dans le passé, n’est-ce pas ?
Mon frère et moi avons écrit un pilote pour NBC qui n’a pas abouti. Il comportait un important élément de science-fiction, une sorte de prise de contrôle du monde, une sorte d’Invasion of the Body Snatchers. Mais non, je n’ai jamais travaillé sur quoi que ce soit qui soit entré en production. Enfant, j’ai commencé à m’intéresser à la science-fiction en devenant un fanatique du Seigneur des Anneaux. Je l’ai lu cinq fois cette année. Je suis passé du Seigneur des Anneaux à la fantasy en général, puis à la science-fiction et à tous les classiques - Asimov et Heinlein, tous ces gens.
Pourquoi n’avez-vous pas appelé la série Wool, qui est le nom du premier livre ?
Je vais prendre un exemple. Quand nous avons dit à Rebecca que le projet s’appellerait Silo, elle a dit : "Oh, Dieu merci." Elle a dit qu’à chaque fois qu’elle disait aux gens comment ça s’appelait, ils faisaient la tête. Wool est un mot difficile à entendre, et c’est aussi un mot difficile à dire. Graphiquement, c’est fantastique. Wool est un mot génial parce que les deux O au milieu, et la façon dont le W et le L s’équilibrent, ça a l’air cool. Il y a un an et demi, je parlais avec Jamie Erlicht et tout le monde chez Apple, et j’ai dit : "Dans la salle des scénaristes, nous pensons que la série devrait s’appeler Silo parce que Wool est à la fois difficile à dire et difficile à entendre." Jamie m’a répondu : "Non, le premier livre s’appelle Wool." Puis un nouveau responsable du marketing est arrivé et il a dit : "Il faut que ce soit Silo." C’est donc devenu Silo.
Vous avez dit qu’au fond, Silo est un mystère. Avez-vous déjà décidé quand vous allez révéler ce mystère ?
En gros ? Nous avons en quelque sorte planifié un certain nombre de saisons. La tolérance du public à l’égard d’un grand mystère est d’un certain nombre de saisons. Ce n’est pas huit, ce n’est pas six. Il faut que le tout soit bouclé dans un délai relativement court. Nous essayons donc d’être réalistes sur ce que nous pouvons soutenir.
La description du silo dans le scénario vous incombait-elle entièrement, ou avez-vous pu laisser beaucoup de choses aux décorateurs ?
Notre chef décorateur pour la première saison, Gavin Bocquet, ne voulait pas regarder la version du roman graphique, qui est celle que j’ai regardée. L’illustration commence à prendre vie, ce que j’ai trouvé franchement très cool. Ces artistes ont imaginé le silo, les combinaisons de nettoyage, des choses comme ça. Gavin ne voulait pas regarder cela, mais finalement, il a dit "OK, montre-moi ce qu’ils avaient". Ce qui est ressorti de nos discussions, à Morten [Tyldum, le réalisateur] et à moi, c’est le décor de l’aspect des grandes choses, comme l’escalier central. J’avais en tête que les passerelles entre les escaliers et les côtés seraient couvertes. Il a eu l’idée de ces ponts ouverts, qui sont tellement élégants et beaux.
Il a également eu l’idée de créer trois rayons, de sorte que lorsque vous regardez vers le bas, les passerelles alternent, mais elles sont toutes dans les trois mêmes directions. Il est également à l’origine de l’idée d’un plan circulaire pour l’ensemble. La cafétéria est un cercle. Le bureau du shérif est un cercle sur la place du marché, le centre informatique, tout est rond parce que c’est un environnement rond. Morten et moi-même avons eu l’idée de donner aux niveaux résidentiels un aspect de vieille ville européenne, avec des ruelles. Nous pensions que si l’on concevait quelque chose dans lequel des gens allaient vivre pendant plusieurs siècles, il fallait que ce soit le cas. On ne pouvait pas se contenter de lignes droites.
Je sais qu’il était important de tuer deux personnes dans le premier épisode, mais fallait-il que ce soit des stars comme David Oyelowo et Rashida Jones ?
Ce fut la décision la plus importante et la plus difficile à prendre. Je voulais reproduire l’expérience que j’avais eue en le lisant, et Hugh a écrit le premier livre, qui parle du shérif et de sa femme. Il l’a écrit comme une histoire. C’est tout. Il s’agissait d’une histoire autonome sur Amazon, et elle a décollé. C’est devenu une sensation virale. Les gens disaient qu’ils en voulaient plus. Eh bien, il a tué les deux personnages principaux ! Il a donc inventé le personnage de Juliette et lui a fait reprendre l’histoire. Nous savions que c’était un risque de faire un premier épisode qui soit essentiellement une préquelle à l’histoire de Juliette, mais en fin de compte, c’est devenu le thème de l’ensemble. Beaucoup de fans qui n’avaient pas lu les livres attendaient toujours que le shérif réapparaisse, mais cela a permis d’établir que n’importe qui peut mourir, ce qui ajoute à la tension et à l’aspect thriller de la série. Les gens qui ont vu [les films] Mission Impossible, qui ont vu Dune et qui voient le visage de Rebecca, se diront "OK, je vais continuer pour voir ce qu’il va se passer avec elle". De plus, c’est elle qui figure sur l’affiche. Je comprends pourquoi les adaptations précédentes ne voulaient pas commencer par une histoire qui tuait les deux personnages principaux, mais j’ai eu l’impression que cela faisait partie de l’expérience de l’ensemble, et que c’était en partie du fan service [...]. Parce que je me disais : "Attendez une seconde, et maintenant ?"
Vous avez diffusé un drame apocalyptique pendant la pandémie. Vous êtes-vous demandé si les gens allaient vouloir attendre ?
Tout le temps. Mais notre sentiment était que si nous nous donnions à fond et faisions le meilleur travail possible, nous aurions une chance de faire quelque chose qui nous touche de toute façon et auquel les gens pourraient s’identifier d’une manière étrange. C’est ce que nous espérons. Mais cela faisait partie de l’idée de ne pas en faire un film dystopique. Ne faisons pas de la vie dans le silo quelque chose d’horrible. Leur vie est normale, tout le monde a un travail. Ils ont de quoi manger, ils ont une famille, des amis, ils ont quelque chose à faire. Ils n’ont ni télévision ni livres, mais ils ont des gens qu’ils aiment et des enfants à élever, et ils travaillent tous ensemble pour la survie de ce qu’ils croient être les derniers habitants de la Terre, quoi qu’il en soit. Nous voulions donc nous assurer que ce n’était pas trop déprimant. Et en même temps, nous voulions aussi être honnêtes avec cette sorte de claustrophobie omniprésente qui se produirait. C’est pourquoi le projet de Gavin pour le puits central était si important, parce qu’au moins, quand on entre dans le puits central, on a un sentiment d’espace, d’ouverture et de grandeur. Nous considérons cette partie centrale du silo comme une sorte de cathédrale.
Avez-vous monté ces marches vous-même ?
Je dirai ceci. Nous nous sentons mal à l’aise lorsque nous écrivons des scènes où les gens montent les escaliers en courant, parce que c’est acceptable de le faire une fois. On peut le faire deux fois, mais quand il faut le faire dix fois, c’est fatigant. C’est bien de l’imaginer. Et puis on se dit : "Oh mon Dieu, c’est beaucoup de travail." Mais voilà, c’est une des choses, c’est une série en salle. Nous commençons à huit heures du matin, nous allons jusqu’à cinq ou six heures et nous avons terminé. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir quant à la météo. On est protégé et on peut travailler. Cela dit, vous arrivez au travail quand il fait nuit dehors et quand vous sortez, il fait de nouveau nuit. Les gens commencent à se dire : "Je suis une taupe maintenant."
L’intégralité de la saison 1 de Silo est actuellement disponible sur Apple TV+
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