Star Trek Discovery : Critique 4.12 Species Ten-C

Date : 13 / 03 / 2022 à 14h30
Sources :

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STAR TREK DISCOVERY

- Date de diffusion : 11/03/2022
- Plateforme de diffusion : Pluto TV
- Épisode : 4.12 Species Ten-C
- Réalisateur : Olatunde Osunsanmi
- Scénaristes : Kyle Jarrow
- Interprètes : Sonequa Martin-Green, Doug Jones, Anthony Rapp, Wilson Cruz, Blu del Barrio et David Ajala

LA CRITIQUE FM

Grand dieu, heureusement que le ridicule ne tue pas. Sinon, j’ai bien peur que le tournage de ce pénultième épisode de la saison 4 de Star Trek Discovery aurait décimé l’intégralité de la production. Pas tant sur la thématique principale de l’épisode qui rappelle Premier Contact, le film de Denis Villeneuve avec Amy Adams, mais sur une multitude de choses qui donne tout son sens au mot abracadabrantesque.

Commençons d’abord par la recherche d’un langage commun avec l’espèce 10-C. La mise en scène de la rencontre est tellement drôle avec la brochette diplomatique qui marche en ligne vers son destin. Du grandiloquent qui renforce le coté artificiel de la scène. Alors que le principe d’une œuvre de science-fiction est d’arriver à vous rendre crédible ce qui, par définition, ne peut pas l’être, jusqu’au bout Discovery réduit à néant ce principe.

Je n’ai pas grand-chose à dire sur la solution trouvée pour communiquer avec les 10-C à part que, aussi intéressante qu’elle soit, toute crédibilité est anéantie par la rapidité avec laquelle nos grands cerveaux trouvent la clé pour dialoguer. Dans le film de Villeneuve, la solution est trouvée au bout de plusieurs étapes, à la suite d’échecs répétés sur une période de temps. Bref pas en 5 minutes chrono comme dans cet épisode.

À part Tig Notaro, impeccable comme d’habitude dans son attitude et son jeu en tant de Jett Reno, le reste du casting se prend les pieds dans le tapis. J’ai mal pour Phumzile Sitole qui interprète la Général Terrienne Ndoye. Tout dans son expression corporelle, son regard exprime la trahison et la culpabilité. Bref, nos cadors trouvent comment parler le 10-C en 5 minutes, mais personne n’a le cerveau qui fait RED ALERT quand ils jettent un œil sur Ndoye. Pitoyable...

Que dire de la scène du cri de Saru et Michael ? Prise indépendamment du reste, je la trouve plutôt pas mal, mais son intégration dans l’épisode arrive comme un cheveu sur la soupe.

Et la disparition inexpliquée de Jett Reno. Alloooooooooo il n’y a plus de shampoing à bord du Discovery ???? On va nous faire croire qu’il n’y a que par la présence d’un combadge que les systèmes de sécurité sont capables de repérer où se trouve un membre de l’équipage ? Sans parler du fait que l’absence d’un membre aussi essentiel passe crème. En pleine crise, Reno a sans doute pris un jour de RTT pour se dorer la pilule dans une simulation holodeck de Risa. Mais on nous prend vraiment pour des cons...

Depuis le retour de la série après la mi-saison, on tombe de Charybde en Scylla, d’épisode médiocre en épisode raté. Et pourtant, cette rencontre avec l’espèce 10-C aurait du être le point d’orgue de la saison. Mais en se concentrant majoritairement sur des rebondissements dignes des pires séries Z, Star Trek Discovery loupe totalement sa saison.

Vite un nouvel épisode de Picard pour réoxygéner mon cerveau !

LA CRITIQUE YR

Si vous ne souhaitez pas vous plonger dans une analyse exhaustive du contenu (forcément riche en spoilers), veuillez cliquer ici pour accéder directement à la conclusion.

À défaut d’en constituer le final, Discovery 04x12 Species Ten-C est l’argument, la raison d’être, le point d’orgue de la quatrième saison. Ce pour quoi les showrunners ont baladé durant trois mois les spectateurs à travers un 32ème siècle profondément idiocratique, des twists factices aux péripéties contradictoires sous les auspices glucosés de sa dea ex machina Michael Burnham.
La surprise malgré tout est qu’après quatre saisons d’un pur #FakeTrek décomplexé, Discovery 04x12 Species Ten-C daigne pour la première fois s’aventurer sur le fief trekkien en tentant de mettre à l’honneur une de ses problématiques les plus emblématiques. À savoir l’architecture des premiers contacts et leurs corollaires épistémologiques (le relativisme des entendements, les défis de communication, les réflexions méta-civilisationnelles…).
De bien grands mots qui convoqueront aisément tout l’éventail de l’ironie dans le cas d’une série spécialisée dans le nawak patenté et le jackass industriel.
Par manque de budget ou par choix d’auteur, même la forme de l’épisode semble cette fois au diapason, puisque hormis le teaser et les trois dernières minutes, l’épisode est un bottle show quasi-intégral, focalisé sur la seule discursivité (débats et dialogues), sans même s’accorder un réel plan extérieur (la shaky camera abramsienne, ça marche aussi à l’intérieur). Autant dire pas loin du huis clos qui constitue paradoxalement le terreau des plus ambitieuses SF de souche littéraire, celles des expériences de pensée.
Par surcroît, le script pose sa culture science-fictionnelle et philosophique en convoquant explicitement rien de moins que l’échelle de Kardachev, le Lincos du Dr. Hans Freudenthal, le METI International (qui parlera à tous les ufologues), l’universalité des mathématiques comme langage, l’incommunicabilité… Un vrai festival de références dépassant pour une fois le seul "name dropping" et qui semble propulser Discovery 04x12 Species Ten-C dans le sillage des piliers de la SF littéraire d’Artur C Clarke (Space Odyssey, Rendezvous With Rama…) et de Stanisław Lem (Solaris, L’invincible, Fiasco…, mais aussi des monuments de la SF audiovisuelle (l’angélique Close Encounters Of The Third Kind de Steven Spielberg, le trekkien Enemy Mine de Wolfgang Petersen / Barry B Longyear, l’étouffant Abyss de James Cameron, le chef d’œuvre Contact de Carl Sagan / Robert Zemeckis, le polémique Arrival de Denis Villeneuve…), et bien sûr des morceaux de bravoure du Star Trek historique : ST The Motion Picture, ST TNG 02x05 Loud As A Whisper, ST TNG 03x20 Tin Man, ST TNG 05x02 Darmok, ST DS9 01x01+01x02 Emissary, ST VOY 03x26 Scorpion, tous les "trials & errors" d’Universal Translators durant les premières saisons de ST ENT notamment ST ENT 01x03 Fight Or Flight, ST ENT 01x22 Vox Sola, ST ENT 02x13 Dawn....
Bref, les conditions paraissaient réunies pour faire soudain mentir – fût-ce le temps d’un épisode – la fatalité déchéante de Disco, une série en passe de ravir le Razzie Award de la pire production SF de la décennie.

Malheureusement, il n’y a pas de miracle, les poules ne font pas des cygnes. Même en accordant le bénéfice du doute aux intentions des auteurs et l’indulgence à des débutants n’ayant encore jamais écrit de Star Trek, il est difficile pour le spectateur de ne pas se "facepalmer" jusqu’à la commotion cérébrale...

Les seize types d’hydrocarbures identifiés sur la planète visités dans Discovery 04x11 Rosetta sont utilisés par l’équipage de l’USS Discovery à la façon de "phéromones émotionnelles"… qui projetées par des DOTs à la surface de l’hyperfield le fait s’ouvrir telle la caverne d’Ali Baba ! L’USS Discovery et son passager clandestin (le vaisseau-Transformer) sont alors happés et "capturés" par un orbe énergétique qui les achemine au cœur de l’une des trois géantes gazeuses (toutes identiques) du système solaire interne de l’hyperchamp.
Les 10-C se révèlent être de gigantesques créatures lovecraftiennes aux nombreux yeux lumineux d’Argus (comme certains Grands Anciens de Babylon 5) et à la forme diffuse se détachant peu de l’épaisse atmosphère jovienne. Les traducteurs universels étant considérés par le xéno-anthropologue Dr Hirai comme inutilisables, il s’établit alors une tentative de communication sur la base des "phéromones émotionnelles"... dont il apparaît progressivement – grâce à un "didacticiel mathématique" envoyé par les 10-C (analogique du Lincos humain) – que les combinaisons moléculaires et l’ordonnancement lumineux constituent la structure et le vocabulaire d’un authentique langage.
Mais si l’on s’abstient de prendre au sérieux ce verni de justification scientifique (tant il est peu crédible), moyennant un zeste de mauvais esprit vulgaire, ce premier contact pourrait faire penser à la rencontre de chiens de rue qui se reniflent goulument le derrière. Une image obscène qui s’impose irrésistiblement à l’esprit mais qui jure franchement dans le cas d’une espèce extraterrestre présentée comme la plus avancée de l’univers connu...

Le Dr Hirai, pourtant le personnage le moins inconséquent du lot (en partie grâce à son interprète Hiro Kanagawa), détourne totalement l’échelle de Kardachev en évaluant à 2 voire à 3 l’espèce 10-C... pour prétendre qu’en comparaison, les ressortissants de la Fédération serait des singes équipés de pierres !!! Mais n’importe nawak ! Il s’agit là d’un sophisme absolu, car c’est bien la Fédération – a fortiori celle du 32ème siècle ayant désormais accès à toute la Voie Lactée – qui est à 2 voire à 3 sur ladite échelle. Si les 10-C sont davantage avancés, c’est en degré, aucunement en nature. Car fondamentalement, toutes leurs technologies sont parfaitement comprises (sans quoi Tarka ne serait jamais parvenu à reproduire une miniature de la DMA et il n’ambitionnerait pas de s’emparer de la source d’énergie pour son ambition autocentrée).
Dès lors, s’appuyer sur un écart seulement de puissance accumulée (façon Gros Bill) sur la seule échelle de Kardachev pour conclure à une incommunicabilité (et à une incompatibilité des UT), c’est soit une méconnaissance du sujet, soit un enfumage paresseux.
Pour mémoire, les équipages de Starfleet ont rencontré dès le 22ème siècle des espèces en réalité bien plus avancées que les 10-C : les Sphere Builders (et autres factions de la TCW) qui reformataient chirurgicalement la timeline dans ST ENT, les "aliens godlike" (Thasians, Organians, Apollon, Trelane, Metrons...) de ST TOS, Q et le Continuum dans ST TNG et ST VOY... Ces formes de vies disposaient de moyens quant à eux véritablement inaccessibles à l’entendement des humanoïdes, et ils pouvaient parfois reconstruire à loisir le tissu même de la réalité. Alors là, oui, il était possible de filer l’analogie des singes (ce que Spock ne s’était d’ailleurs pas privé de faire à la fin de ST TOS 01x27 Errand Of Mercy, mais en comparant carrément les humanoïdes à des amibes par rapport aux Organians). Pour autant, jamais aucun de ces "êtres supérieurs" ne fut incapable de communiquer avec les humanoïdes, car sur le terrain évolutionniste, qui peut le plus peut généralement le moins...
Il est donc particulièrement ridicule de voir les protagonistes de Discovery 04x12 Species Ten-C s’échiner seuls à décoder la langue phéromonale et moléculaire des 10-C – même sous une forme véhiculaire simplifiée ("bridge language") – lorsque ces derniers pourtant vendus par le script comme bien plus avancés et intelligents ne font strictement rien pour chercher à comprendre la langue de l’équipage de l’USS Discovery ! Et ce n’est pas une question de motivation ou de disposition culturelle puisque les 10-C font justement bon accueil à l’USS Discovery en manifestant volonté et patience pour communiquer...

En outre, l’épisode se gargarise tellement de l’hagiographie des exploits communicationnels artisanaux – mais néanmoins invraisemblablement turbo – de Mary-Sue & cie... qu’il en perd totalement de vue que, même si les vecteurs de communications sont ici les molécules (d’hydrocarbure) voire les odeurs, la vaste expérience accumulée par les traducteurs universels (durant plus de mille ans dans toute la Voie Lactée) sur des vecteurs sonores et/ou graphiques auraient logiquement dû être transposable et donc mise à contribution pour décrypter le "code organique" des 10-C. Dans le département du chiffre et en cryptographie (depuis la machine Enigma d’Arthur Scherbius jusqu’aux ordinateurs quantiques de demain), la performance est cumulative. La complexité calculatoire et permutationnelle requise pour "casser" un langage entièrement alien dépasse largement les petits rébus de correspondance visuelle et les jeux de classement ordinaux auxquels se livre Burnham dans l’épisode...
Du coup, que quelques humains puissent accomplir manuellement en quelques minutes – qui plus est au moyen de mathématiques et de sciences physiques simplistes ne dépassant pas le niveau du lycée (vu que la prod s’impose une accessibilité maximale) – ce dont ne seraient pas capables – même convenablement recalibrées pour ce nouveau vecteur en odorama – les matrices multidimensionnelles des UT traduisant pourtant quasi-instantanément des langues aliens inconnues... cela revient à cracher sur les bases hypothético-déductives des technologies trekkiennes... ou alors à ne rien piger aux réelles implications d’un traducteur universel (qui n’est ni Google Translate ni le Babel fish magique du Hitchhiker’s Guide To The Galaxy).
Somme toute, les sciences disruptives trekkiennes sont impuissantes, tandis que l’omniscience personnelle de Mary-Sue (et de sa startup projective) solutionne tous les problèmes en un claquement de doigts ! Trop facile et s’emboîtant trop bien, cette pseudo pierre de Rosette respire le fake.

Et comme si cela ne suffisait pas, le script dépasse toutes les bornes de l’inconséquence envers son postulat d’incommunicabilité lorsque les 10-C envoient un module ovoïde métamorphe (de la matière programmable aussi ?) dans le hangar à navette de l’USS Discovery pour y accueillir une brochette de diplomates de l’UFP afin d’approfondir la communication. Rillak se porte volontaire et elle se choisit comme accompagnateurs uniquement des VIP, c’est-à-dire T’Rina, Saru et bien sûr Burnham. Mais évidemment pas le Dr Hirai, pourtant le plus professionnel en linguistique (mais ça vaut peanuts face à l’omniscience et la baraka de Michael). Quant à la représentante de la Terre, Ndoye, devenue une caricature ambulante, elle se défile avec la lâcheté et le tropisme faux jeton d’un·e Dr Smith dans Lost In Space.
Infatuée d’icônisme et grandiloquence, la "dream team" s’élance alors en file indienne pour sauver le monde comme dans un nanar pompeux de Michael Bay (genre Armageddon). Il ne manquait que l’hymne national et le salut au public...
Puis le module se dématérialise (de la téléportation aussi ?), tandis que la vaillante équipe découvre à l’intérieur une parfaite reproduction de la passerelle de l’USS Discovery (comme un faux air de ST TOS 03x17 The Mark Of Gideon...) avec toutes ses interfaces et les inscriptions graphiques en caractères latins !
Encore mieux, l’espèce 10-C matérialise ensuite une copie de l’arme isolytique employée par Tarka dans la Voie Lactée pour détruire la première DMA afin de questionner les humanoïdes (par voie d’hydrocarbure phéromonale). Par conséquent, cela signifie qu’en dépit de la distance et malgré la non-implication de l’USS Discovery, les 10-C ont immédiatement établi une relation de paternité causale et/ou de parenté technologique !
En somme, cette espèce avancée sait tout de la Fédération, de ses membres, de ses sciences, de son matériel... au point de le reproduire ISO ! Mais à part ça, elle ânonne, elle ne pige rien à rien à son mode de communication !
C’est là un déni de la fonction génératrice du langage permettant de penser le monde. Il ne serait pas cohérent de maîtriser aussi bien les conséquences dont on ignorerait à ce point les causes. Ce serait comme de réussir à concevoir de formidables moteurs de distorsion en ne sachant rien de la distorsion.

Selon les mêmes illogismes, les 10-C proviennent originellement eux aussi d’une planète (quoique gazeuse) qui a été dévastée, ils n’ont eu aucune difficulté à "tout" savoir par eux-mêmes sur les peuples de la Fédération, ils maîtrisent une technologie de pointe dont le fondement même consiste à "labourer" l’espace et anéantir tout ce qui a le malheur de s’y trouver (systèmes solaires inclus). Mais bien sûr, à aucun moment ces quasi-omniscients 10-C n’auraient pu se douter que leur DMA ferait du tort à quelqu’un ! Or c’est bien cette dialectique niaiseuse et immature (à la façon d’un mauvais pastiche de la SF enfantine et familiale de Steven Spielberg) voire involontairement comique (à la manière d’un Futurama ou d’un Rick And Morty malgré lui) que Discovery commence déjà à esquisser dans le pénultième épisode de la quatrième saison. En effet, lorsque Burnham & co réussissent à faire passer l’idée que la DMA est "synonyme" de l’hydrocarbure émotionnel "terreur", en retour les 10-C transmettent l’hydrocarbure de "la plus grande tristesse". Ben voyons ! Ça promet pour la résolution finale de la semaine prochaine...

En passant, quelle était l’utilité pour tailler une bavette avec Cthulhu et Rhan-Tegoth (par "phéromones émotionnelles et arithmétiques" interposées) de faire monter une poignée de représentants humanoïdes dans l’ovoïde métamorphe... au lieu de poursuivre les échanges depuis le vaste hangar à navette de l’USS Disco où le personnel spécialisé était bien plus important et donc l’efficacité de traduction supérieure ?
Bah, à partir du moment où Burnham a identifié les seize émotions possibles des 10-C et a compris grâce à une séance de brainstorming de cinq minutes avec ses potes de la passerelle (qui ne sont pourtant pas spécialisées en exolinguistique contrairement à Hirai mais le syndrome VIP-entre soi-connivent-complice demeure toujours la réponse à tout dans le Kurtztrek) comment traduire en 10-C les chiffres et les quatre opérateurs mathématiques de base, l’épisode considère que de longues discussions philosophiques et géopolitiques avec Nyarlathotep et Yog-Sothoth deviennent possibles. Du coup, Stamets ne met pas plus de cinq minutes supplémentaires pour fournir à Saru une sphère magique portable traduisant l’anglais en phéromones 10-C, et icelle permettra de communiquer en sémaphore lumineux (ou lidar) depuis l’astronef ovoïde. La question est donc pliée.
En amont, fallait-il établir le premier contact en délégation solennelle dans ledit hangar (au lieu de la passerelle), alors que la taille et l’environnement naturel des 10-C ne leur aurait de toute façon pas permis d’y pénétrer ? C’est à croire que les protagonistes avaient été prévenus à l’avance de l’arrivée du module envoyé par les 10-C à leur aimable attention (un script trop poreux ?)
Et comment se fait-il qu’aucun des quatre délégués ne se soient pas étonnés que l’intérieur du module ovoïde 10-C soit incomparablement plus vaste à l’intérieur (minimum la taille de la passerelle de l’USS Discovery) qu’à l’extérieur (une petite navette) ? Passons encore pour Rillak et T’Rina qui sont natives du 32ème siècle si la chronologie assume bien l’épisode ST ENT 02x16 Future Tense et son vaisseau du futur TARDIS-like. Mais pour Burnham et Saru qui proviennent du 23ème siècle, c’est un poil anachronique (encore que quand on voit l’intérieur de l’USS Discovery aussi vaste qu’un cube borg dans DIS 03x13 That Hope Is You, Part 2...).

Bien entendu, l’hypothèse d’extraterrestres ayant développé des entendements radicalement différents des nôtres au point de limiter les possibilités de communication demeure un topos fondamental en SF, car foncièrement non-anthropomorphe. Mais c’est aussi un terrain très casse-gueule lorsqu’il n’est pas rigoureusement traité. Pour mémoire, l’un des pires navets de l’histoire de la SF – à savoir Plan 9 From Outer Space d’Edward D Wood Jr – traitait lui aussi des problèmes de communications avec les aliens (entre autres)...
Les écueils rédhibitoires sont donc nombreux, notamment :
- imputer l’incommunicabilité au degré d’avancée trop important de l’espèce, mais pour ensuite faire porter toute la charge d’une communication réussie sur l’espèce la moins avancée (cas de Discovery 04x12 Species Ten-C) ;
- poser l’incommunicabilité avec une espèce... qui connaît pourtant les réalisations de l’autre espèce alors que sont des corollaires de la fonction du langage (cas aussi de Discovery 04x12 Species Ten-C) ;
- établir un principe d’incommunicabilité tout en souscrivant à l’universalité des mathématiques... dont justement résultent les développements technologiques, entérinant donc un entendement évolutionniste sentient à la variance limitée (à la façon d’une sélection naturelle imposée par les lois physiques et les constantes cosmologiques).
Raison pour laquelle un épisode culte comme ST TNG 05x02 Darmok était en fait cognitivement contestable : une espèce comme les Tamarians dont le langage était strictement rétro-centré sur son propre corpus allégorico-mythologique n’aurait matériellement pas pu concevoir des technologies avancées nécessitant un haut degré d’abstraction. Mais cet épisode était cependant racheté par sa poésie et sa symbolique mémorable.
Il serait possible de critiquer d’une semblable façon Arrival de Denis Villeneuve et ses Heptapodes. Mais de même, ce film était rédimé par la vraisemblance des procédures exo-linguistiques suivies et des questionnements ontologiques afférents.
Autant de richesses incidentes dont Discovery 04x12 Species Ten-C est totalement dépourvu, ne lui laissant du coup que son anti-capital d’incohérences et d’inconséquences, où le pathos-centrisme de l’univers le dispute à la vulgarité.

Passons maintenant à l’intendance narrative qui est aussi bancale et foutraque que d’habitude...

Cette opération "premier contact de la dernière chance" pour l’UFP, pour la Terre et pour Vulcain a été vendue depuis Discovery 04x10 The Galactic Barrier comme une task force élitiste réunissant tout le gratin de l’UFP et synthétisant plus d’un millénaire d’expérience collective en matière de diplomatie et de communication !
Or que voit-on dans Discovery 04x12 Species Ten-C ? Eh bien qu’il n’y a pas un seul télépathe mis à contribution, ni même probablement à bord de l’USS Discovery (hormis T’Rina) ! La Fédération ne manque pourtant pas de télépathes puissants et distants comme les Betazoides. Est-ce que les showrunners – dont la "connaissance" de Star Trek se borne de toute évidence aux wikis en ligne – ont-ils seulement conscience que dès le 24ème siècle de ST TNG, les télépathes étaient la pierre angulaire de toutes les premiers contacts non conventionnels et non verbaux ? Connaissent-ils par exemple l’efficacité d’un Tam Elbrun dans l’exceptionnel épisode ST TNG 03x20 Tin Man pour établir un premier contact avec un vaisseau vivant (Gomtuu) qui n’était pas moins cyclopéen ni moins indéchiffrable pour les humanoïdes non télépathes que l’espèce 10-C ?!
Alors quid de cette équipée grandiloquente du 32ème siècle au seuil de l’anéantissement... mais qui n’est même pas fichue de disposer des ressources standards des missions de routine du 24ème siècle ?! Le "syndrome idiocratie" dans tous ses états, aussi bien côté personnages que côté scénaristes ?

L’échéance apocalyptique (pour la Terre et Vulcain) a beau se rapprocher à grandes enjambées (entre -15 et -4 heures avant la fin du monde entre le début à la fin de l’épisode), Discovery ne renonce jamais – au grand jamais – à sa composante soapy, pathos, et nombriliste (car c’est bien le plus important, non mais !). Les protagonistes continuent donc à se contempler les émotions (avec d’autant plus d’onanisme que ce sont désormais les briques de l’univers lui-même), à se faire psychanalyser le nombril (Zora sur le divan et la psychologique de comptoir de Culber), à se chercher des dérivatifs au stress (Saru et Burnham en thérapie du cri primal...), à gloser sur leurs émois ou leurs triomphes passés (Book et Reno), à se préoccuper de leur "plan drague à l’eau de rose" (Saru et T’Rina), à se prodiguer de grandes déclarations évanescentes, à multiplier les câlins et les papouilles sirupeuses… tout en répétant avec componction que le temps presse grave.

Si l’omniscience divinatoire de Mary-Sue fait des miracles pour établir en deux coups de cuillère à pot un dialogue impossible avec l’espèce 10-C, le back-office dans les coulisses du front linguistique laisse sérieusement à désirer. C’est même l’idiocratie à tous les étages...
Ainsi, en raison de l’inhibiteur de détection de proximité copyrighté Tarka, l’IA Zora ne sait pas qu’un vaisseau épiphyte est accrochée à l’USS Discovery en dépit des écarts de masse et d’inertie. Mais toute cyber qu’elle soit, elle déborde d’émotions (comme chaque élément du Kurtzverse, y compris les objets inanimés). C’est pourquoi, malgré des diags impeccables, Zora a "l’intuition" que quelque chose ne va pas. Mais il n’est pas question de lui envoyer un cybernéticien ou un ingénieur, ça ce serait has been. Désormais seul un psy (Culber of course) pourrait lui venir en aide sur un divan. On disait que le psychanalysme était une "maladie" étatsunienne des années 1980. Mais le moins que l’on puisse dire est que DIS l’aura remise à l’honneur... ad nauseam.
Du coup, plutôt que de rechercher des causes tangibles et identifiables comme du temps où l’USS Discovery disposait de ses propres systèmes de détection et d’un équipage d’officiers fonctionnels, on va maintenant plutôt explorer – même en situation de crise – la factualité à la travers les seuls états d’âmes d’une IA qui se confond désormais totalement au vaisseau lui-même (parlant même de lui à la première personne). Rien d’étonnant qu’avec cette dérive animiste, il ait fallu pas moins d’un épisode entier, et cumulativement la prise de conscience de la disparition de Jett Reno, la découverte de son combadge gisant sous une grille technique (mais continuant à renvoyer des données biométriques de son hôte absente), et le matériel qu’avait dissimulé Tarka dans la salle des machines... pour que Zora détecte enfin l’arrimage du vaisseau de Book !
Quel gain d’efficacité d’avoir livré la souveraineté du vaisseau à une IA dont l’objectif premier est désormais de se tripoter les émotions et l’égo (en dépit de sa voix monocorde lorgnant HAL 9000). Et euh, ça n’inquiète personne dans Starfleet étant donné le "flirt" passé (dans la seconde saison) de Zora avec Control ? Ben non, car "Zora" est contractuellement une "gentille" et une "âme" sensible gorgée d’émotions "feel good".

Mais le pompon peut-être, c’est le détour surréaliste par L’année dernière à Marienbad (d’Alain Resnais) pour que le personnel de l’USS Discovery comprenne la disparition du commander Reno ! Ainsi, Stamets révèle sans vergogne avoir tourné en rond à bord de l’USS Discovery toute la journée dans l’espoir de trouver l’ingénieure en chef, mais sans trop s’inquiéter non plus ! Ben oui, rien de plus normal qu’une officière aussi importante dans l’organigramme du vaisseau soit absente de son poste durant plusieurs bordées pendant un état d’alerte (rouge). Et quand il ne reste plus qu’une quinzaines d’heure à vivre pour la Terre, ça fait cher payé l’errance ubuesque.
Dans le ST historique, lorsqu’un officier ne répondait pas à un appel des coms, cinq secondes après, on lançait la localisation (et pas seulement par combadge) ; dix secondes après, on envoyait une équipe sur place ; et une minute après, on lançait l’alerte. Et cela même hors de toute période d’urgence vitale.
Oui mais ça, c’était avant. Soit l’abime qui fait le départ entre l’efficacité de vrais pros et l’incurie des plus médiocres.
Mais dorénavant, nous sommes dans Discovery, frappée d’idiocratie aiguë. Et cette psychopathologie involutive s’aggrave d’épisode en épisode... sauf quand les auteurs en décident autrement pour tricher sans complexe. Auquel cas, les personnages deviennent soudainement des "génies" en sautant sans justification toutes les étapes de la causalité et de la probabilité. Géométrie variable bien commode.

Prisonnière d’un champ de force sur la passerelle du vaisseau-Transformer, l’ingénieure Reno ne met pas longtemps à comprendre que Tarka est en train de manœuvrer hypocritement dans le dos du capitaine Booker. Ruon projette en effet de faire éjecter du plasma de la nacelle de distorsion tribord de l’USS Discovery – grâce à la complicité de la générale terrienne Ndoye – afin de percer un trou dans l’orbe et s’en échapper pour fondre sur la source d’énergie de la DMA et la voler (dans le but de gagner son Nexus trekkien personnel). Mais ce que le génial scientifique a manqué de préciser à Booker (mais que Jett a saisi), c’est que cette opération provoquerait l’effondrement de l’hyperfield, exterminant par la même occasion l’espèce 10-C et possiblement l’USS Discovery (si le vaisseau ne s’en échappe pas à temps)... tout en exposant la Terre et Vulcain a une destruction cette fois par le vide (à travers la faille subspatiale que l’implosion empêchera de se refermer) !
Assez vite convaincue par l’ingénieure, Book tentera de s’opposer à Tarka et reprendre le contrôle de son propre vaisseau. Mais trop tard : Ruon avait devancé cette opposition en s’équipant subrepticement d’un bouclier personnel le rendant invulnérable ! Cleveland rejoint donc piteusement Reno dans sa cellule.

Que Tarka agisse avec le même égocentrisme criminel que Soran dans ST Generations, ce n’est ni étonnant ni même incohérent. Mais que Book, qui est tout de même un bourlingueur et un baroudeur galactique aguerri, roi du poker, expert des pires mafieux de la Chaîne d’émeraude, n’ait absolument rien vu venir... c’est difficile à avaler. Surtout après la trahison éhontée de Ruon pour de semblables raisons (l’impatience de frapper avant la diplomatie) dans DIS 04x09 Rubicon, détruisant (pour rien) de la première DMA au mépris de la parole donnée à Burnham. Dès lors, à défaut de virer purement et simplement Tarka de son vaisseau, Book aurait dû au minimum garder le contrôle et ne lui accorder aucune confiance. Mais il aura suffi d’une séance de mélo autour de l’ami Oros sur Kayalise dans DIS 04x10 The Galactic Barrier pour que Cleveland fonde comme de la guimauve, perde toute "capacité immunitaire" mentale et sombre dans l’imperfectibilité. Que vaut l’adage "fool me once, shame on you ; fool me twice, shame on me" face à l’imperium discoverien du pathos et de l’idiocratie ?
Inutile alors de préciser que le cliffhanger par lequel s’achève Discovery 04x12 Species Ten-C était on-ne-peut-plus prévisible : se faisant passer pour Book (en substituant aux échanges vocaux des textos), Ruon convainc Ndoye d’éjecter le plasma. On est quand même en droit de se demander comment la générale terrienne possédait ce niveau de privilège dans l’organigramme de Starfleet, car même si elle n’a jamais vraiment été l’ennemie de la Fédération, la réintégration de la Terre à l’UFP demeure encore inachevée (ou au mieux très récente).
Ergo, le vaisseau-Transformer s’évade de l’orbe et lance l’assaut contre la source d’énergie de l’hyperfield. Ce qui vaut aussitôt aux négociations (bien engagées et constructives) avec les 10-C compatissants (les délégués de l’UFP s’apprêtaient même à leur demander poliment par voie de "phéromones algébriques" de bien vouloir mettre un terme au fléau de la DMA) d’être brutalement interrompues. Burnham, Saru, Rillak et T’Rina sont alors "rapatriées" sans ménagement par les 10-C dans le hangar de l’USS Discovery. Puis, au moyen d’un communicateur dissimulé (et d’un peu de réglisse mâché façon Angus MacGyver), Jett Reno réussira à transmettre à Mary-Sue un message vocal l’informant des intentions de Tarka, exonérant par la même occasion son chéri de toute complicité dans ce projet génocidaire.

On déplorera au passage l’inexplicable incohérence de Ndoye qui avait imposé à Booker dans DIS 04x11 Rosetta de ne frapper que si la diplomatie échouait. Or lorsqu’elle cède aux sollicitations de Ruon (qu’elle prend pour Cleveland) et sonne la charge, la diplomatie venait justement à peine de débuter et était en très bonne voie ! Autant dire que la générale terrienne est un personnage sacrifié à un script téléphoné, plombé par une interprétation sans nuance où elle expose son visage de conspiratrice paranoïaque au nez et à la barbe des héros... Idiocratie toujours...

Ainsi, comme dans une time loop, l’épisode s’achève par une redite, c’est-à-dire une semblable course de vitesse entre l’USS Discovery et le vaisseau-Transformer que dans DIS 04x07 But To Connect, quoique cette fois au sein même du royaume des 10-C de l’autre côté du rift, tandis que le "méchant" est désormais contractuellement défini, et moyennant un enjeu bien supérieur (la destruction de la Terre et de Vulcain par Tarka lui-même, outre le risque de ruiner toute diplomatie pourtant prometteuse en faisant des 10-C des ennemis).
Après une timide inflexion trekkienne dans le voisinage du verbe et du sens, la naturel kurtzmanien revient en force : la final de la quatrième saison sera semblable à n’importe quel film Kelvin ou ne sera pas ! Ô joie.
Mais que l’on se rassure, le triomphe final de l’archange Michael ne fait aucun doute.

Un seul passage dans Discovery 04x12 Species Ten-C bénéficie d’une inspiration d’écriture méritant d’être signalée. C’est la poétique histoire ayant conduit Tareckx à adopter le pseudonyme de Cleveland Booker : « Dans le monde des coursiers, la confiance est capitale. La confiance qu’une personne fasse le boulot que vous avez payé au lieu de se barrer avec le fric et de vous dénoncer. Le nom de Cleveland Booker a gagné cette confiance pendant des générations. Il se passait d’une personne à une autre. Mon mentor était le quatrième du nom. Quand il a pris sa retraite, il m’a donné son nom ainsi que sa clientèle. Je suis devenu le cinquième. »
Joli. Telle une touche La Horde du Contrevent d’Alain Damasio.
Ajoutons à cela les prestations de Tig Notaro (Jett Reno) et Hiro Kanagawa (Dr Hirai) toujours en soi impeccables, car vierges de saccharine et moraline, même si les dialogues imposés par les showrunners laissent souvent à désirer.
Mais 5% qualitatifs noyés dans un océan de nullité ne pourront aucunement rédimer l’épisode, tout au plus lui éviter la note plancher.

Conclusion

L’auteur Kyle Jarrow a peut-être (?) vaguement compris les brillantes notions de sciences cognitives qu’il manipule, mais il n’en a pas vraiment intériorisé les implications, et il s’est donc avéré incapable de les mettre en application dans un cadre causal et événementiel cohérent.

Curieuse sensation tout de même. Pour la première fois, la série Discovery donne l’impression que l’équipe scénaristique a essayé – apparemment sans cynisme, sans enfumage et sans mépris – de faire sur le fond du Star Trek, via une thématique haut perchée au cœur des meilleures Hard-SF.
Mais le résultat n’en est pas moins affligeant, tel l’apothéose déréelle de l’incompétence et de l’impéritie. C’est à croire qu’un cancre endurci et autosatisfait aurait cherché pour une fois à produire sincèrement le travail que l’on attendait de lui... mais hélas sans dépasser le stade du vœu pieux et à grand renfort de cuistrerie, avant de se vautrer misérablement... dans les contresens systémiques et bien sûr dans les abysses discoveriens usuels (le mitraillage en flux tendu de WTF, nawak, bullshit, incohérences, facilités, pathos, soap...).
Alors, un vrai désir de fond trekkien... mais une complète impuissance à y parvenir ? Possible. Auquel cas, risquons l’hypothèse que les "cadors" de l’écurie Secret Hideout auraient sincèrement essayé. Une seule fois sur une série entière. Mais au vu du résultat, est-ce vraiment mieux que de n’avoir pas même essayé ? Discovery ne fait-elle pas encore davantage pitié lorsqu’elle tente de parler de quelque chose que lorsqu’elle ne parle de rien ?
Toujours est-il que la "note Star Trek" s’est pour la première fois hissée hors du zéro pointé ! C’est à marquer d’une pierre blanche... même si cela ne change in fine rien au niveau général.

La comparaison est cependant de circonstance avec le real Star Trek (1964-2005). Mais l’exercice est d’autant plus douloureux que la quintessence (ou le rhème) de la quatrième saison de treize épisodes de Discovery (à savoir le défi d’un premier contact indéchiffrable) aurait facilement pu être la matière d’un ou de deux vrai(s) épisode(s) trekkien(s) de la grande époque, MAIS sans se prendre les pieds dans le tapis (à la moindre ambition intellectuelle ou épistémologique), et sans y perdre toute crédibilité (en délayant sans fin l’inutile, en abrégeant grossièrement l’essentiel, et en se contredisant sans cesse).

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

BANDE ANNONCE





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