Alpha The Right to Kill : La critique
Alpha The Right to Kill est un très bon film de Brillante Mendoza qui continue d’explorer les travers de la société philippine et la corruption de la police. Le film a eu le Prix spécial du jury en 2018 au San Sebastian IFF.
Un flic apprécié, et son indicateur, se retrouvent en première ligne lors de la descente de la police dans une favela pour capturer un baron de la drogue. Ils vont alors s’emparer de la drogue et de l’argent que ce dernier avait en s’enfuyant. Dans la première partie, on assiste ainsi à une descente de police spectaculaire, qui n’est pas sans rappeler celle explosive du sympathique Buybust réalisé par Erik Matti, un réalisateur philippin plus tourné vers le genre pur que vers l’étude psychologique.
L’œuvre est une vraie plongée dans le fléau qu’est la drogue. Une industrie lucrative qui impacte tous les échelons de la société philippine et qui sert de ressource principale à de nombreuses familles. Si le long métrage montre ce microcosme de près, comme pour le précédent film de Brillante Mendoza, le superbe Ma’Rosa, le réalisateur constate les faits, mais ne moralise pas le comportement de personnes qui souhaitent juste avoir de quoi se nourrir et se loger.
C’est de nouveau la police, toute puissante et sans contre-pouvoir, qui en prend plein son grade, alors que les actions de certains peuvent rester impunies. Bien qu’il faille souligner que visiblement la corruption des policiers passe moins bien et que les règles semblent se durcir et se renforcer contre des comportements jugés inappropriés.
Le scénario de Troy Alyson So Espiritu retranscrit efficacement l’atmosphère de la favela, du commissariat de police et des quartiers pauvres de Manille. Il se focalise sur deux hommes que tout sépare et montre leur relation basée sur une obéissance absolue du petit criminel vis-à-vis du policier qui le couvre.
Les vies bien différentes des deux protagonistes principaux sont bien développées. Celle, réglée et respectée du policier, fait un parfait contraste avec l’existence du petit dealer, remplie d’embûches et de débrouille. De plus, pour les deux individus, l’amour d’une famille est aussi très présent et bien montré.
La réalisation alterne entre les points de vue des deux hommes que l’on suit tour à tour. On est ainsi plongé dans un drame se faisant de plus en plus sombre jusqu’à un final touchant.
Les deux comédiens sont remarquables. Allen Dizon est formidable en super flic apprécié de tous et ne s’embarrassant pas de moralité. Et Elijah Filamor incarne fort bien un petit criminel sans envergure essayant de subsister.
Alpha The Right to Kill est un très bon polar noir montrant avec finesse l’impact de la drogue sur la société philippine et les problèmes liés à la corruption policière. L’œuvre sociologique se double d’une belle étude psychologique opposant 2 individus ayant finalement les mêmes aspirations, celle d’offrir un meilleur avenir à leurs familles.
Brillamment réalisé, bénéficiant de deux grands acteurs, cette plongée réaliste au cœur d’un pays est à la fois dépaysante, mais aussi révélatrice de comportements universels.
Passionnant et humain.
SYNOPSIS
Dans les quartiers pauvres de Manille, la lutte antidrogue fait rage. Un officier de police et un petit dealer devenu indic tentent coûte que coûte de faire tomber l’un des plus gros trafiquants de la ville, mettant en jeu leur réputation, la sécurité de leur famille… et leur vie.
BANDE ANNONCE
Bande Annonce Alpha-The Right To Kill from NEW STORY on Vimeo.
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 34
Titre original : Alpha : The Right to Kill
Date de sortie : 17/04/2019
Réalisateur : Brillante Mendoza
Scénariste : Troy Alyson So Espiritu
Interprètes : Allen Dizon, Elijah Filamor, Baron Geisler, Jalyn Taboneknek, Angela Cortez
Photographie : Joshua Reyles
Montage : Diego Marx Dobles
Musique : Diwa de Leon
Décors : Brillante Mendoza
Producteur : Carlo M. Valenzona pour Centerstage Productions
Distributeur : New Story
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