Dessiner pour résister : Critique 1.01 Syrie, la dessinatrice Amany Al-Ali sur Arte

Date : 06 / 03 / 2024 à 10h00
Sources :

Unification


DESSINER POUR RÉSISTER

- Date de diffusion : 06/03/2024
- Plateforme de diffusion : Arte
- Épisode : 1.01 Syrie, la dessinatrice Amany Al-Ali
- Réalisatrices : Alisar Hasan & Alaa Amer
- Scénaristes : Vincent Coen & Guillaume Vandenberghe
- Interprètes : Amany Al-Ali

LA CRITIQUE

Dessiner pour résister - Syrie, la dessinatrice Amany Al-Ali est l’excellent premier épisode d’une série mettant les femmes dessinatrices à l’honneur.

Ce premier volet est consacré à une grande caricaturiste syrienne qui travaille à Idlib, une ville régulièrement bombardée par les troupes de Bachar El Assad et de Vladimir Poutine.

On va la découvrir dans son travail quotidien, au sein de sa famille ou tentant de monter des expositions, soit localement, soit à l’étranger, alors qu’elle-même ne peut pas quitter son pays.

À travers le portrait de cette femme résiliente, c’est aussi celui d’un pays qui se dévoile. Un endroit où la guerre civile fait rage depuis 2011 et où les morts continuent de s’accumuler.

La dessinatrice n’hésite d’ailleurs pas à mettre en avant l’aveuglement des pays étrangers vis-à-vis du drame que vivent une grande partie des Syriens, alors que le danger rôde tous les jours. On perçoit parfaitement cela au cours du documentaire n’hésitant pas à faire entendre les sirènes d’alarme et à montrer les passages où Amany Al-Ali, et certains membres de sa famille, se recroquevillent dans le sous-sol en espérant ne pas mourir sous les décombres de leur maison frappée par les bombes.

La dessinatrice n’est pas non plus extrêmement aimée par une partie de la population qui n’apprécie pas sa liberté d’esprit et la manière dont elle se bat aussi pour la condition de la femme, et pour les victimes d’une société patriarcale qui ne fait pas beaucoup de cadeaux aux femmes.

L’œuvre présente de très nombreux travaux d’Amany Al-Ali qui commente leur création. On voit aussi cette dernière créer certains des dessins qui sont ensuite particulièrement bien mis en valeur dans l’épisode.

Si le documentaire est déjà passionnant en soi, il devient encore plus remarquable avec l’utilisation de séquences animées trouvant leur genèse dans les dessins d’Amany Al-Ali. Ces passages s’insèrent régulièrement dans la trame narrative et viennent éclairer d’une manière différente ce que raconte l’artiste. Tout en conservant son style et ses couleurs, ce qui offre une immersion vivace au cœur d’une œuvre s’évadant du cadre de sa feuille.

Dessiner pour résister - Syrie, la dessinatrice Amany Al-Ali est un exceptionnel documentaire permettant de s’immerger dans le travail d’une femme extrêmement courageuse et de se plonger dans les conditions de vie dans lesquelles elle se trouve. Ses nombreux dessins donnent vraiment envie de découvrir son travail de plus près, d’autant qu’ils sont impeccablement mis en valeur au cœur de séquences d’animation sublime.

Remarquable et impressionnant.

SYNOPSIS

Amany Al-Ali est l’une des rares femmes dessinatrices de presse en Syrie. Elle habite dans la maison de son père à Idlib, dernière ville à n’avoir pas été reprise par les troupes d’Assad. Comme tous les habitants restés là, elle affronte les raids aériens russes permanents et se retrouve prise en étau entre les assauts des troupes armées et les groupes extrémistes.
Même si elle est reconnue dans son travail artistique, elle doit aussi faire face aux menaces, aux condamnations, aux humiliations, au point d’envisager l’exil.

Si son travail est exposé et reconnu dans des galeries en France et en Italie, il ne l’a jamais été à l’intérieur des frontières de son propre pays. Le film la suit alors qu’elle s’acharne à organiser à Idlib sa première exposition. Cela l’oblige à affronter la dure réalité de cette ville, dominée par les hommes et soumise à d’incessants bombardements.
Pendant qu’elle propose des cours de dessin à des femmes et des jeunes filles, qu’elle tâche de réconforter sa jeune nièce, qu’elle partage son histoire avec l’équipe du documentaire, Amany voit ses perspectives d’avenir se rétrécir progressivement.

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