Les Nuits de Mashhad : La critique

 Date de sortie : 13/07/2022
 Titre original : Holy Spider
 Durée du film : 1 h 56
 Réalisateur : Ali Abbasi
 Scénariste : Ali Abbasi
 Interprètes : Mehdi Bajestani, Zar Amir Ebrahimi, Arash Ashtiani, Forouzan Jamshidnejad, Alice Rahimi, Sara Fazilat, Sina Parvaneh, Nima Akbarpour

Les Nuits de Mashhad est un bon film iranien qui s’inspire d’un tragique fait divers s’étant déroulé au début des années 2000. Projeté au Festival de Cannes en compétition en 2022, il a vu son actrice principale, Zar Amir Ebrahimi, obtenir la Palme d’or de la meilleure comédienne. S’il sort en France sur grand écran, sa projection est interdite en Iran.

Le scénario du réalisateur Ali Abbasi se déroule dans la ville sainte de Mashhad. Au début des années 2000, un homme décide d’assassiner des prostituées en partant en guerre contre ce type de pratiques sexuelles. Une journaliste va alors enquêter sur ces faits et prendre des risques terribles pour qu’il soit arrêté, alors que la police ne fait pas de sa priorité la découverte de ce tueur en série.

Le film de Ali Abbasi alterne entre le point de vue de Zar Amir Ebrahimi, qui incarne remarquablement la journaliste pugnace ne voulant pas lâcher l’affaire, et celui de Mehdi Bajestani, particulièrement fascinant en tueur très croyant, considérant qu’il œuvre pour le bien public.

Les trois premiers quarts du film sont particulièrement tendus et empreints d’un véritable suspense qui se développe au fil des meurtres. La dernière partie, qui se concentre sur la personnalité du coupable, possède une certaine ambiguïté. En effet, cette focalisation sur l’assassin, et l’espace donné aux explications de ses actes, le met sur le devant de la scène et lui apporte une certaine légitimité.

En effet, si la condition de la femme, notamment de celles des très précaires n’ayant pas d’autres moyens que de vendre leur corps pour survivre, est très bien évoquée dans une grande partie du long métrage, la fin les font progressivement glisser dans l’ombre, principalement lors d’une séquence finale glaçante. Car si le message du réalisateur est très clair pendant une grande partie de son œuvre, son final est moins convaincant.

Le travail de Nadim Carlsen sur la photographie est très bien fait. Les équipées nocturnes de la journaliste et du tueur sont impeccablement rendues. Les scènes de meurtres se déroulant dans l’appartement de celui-ci sont vraiment bien filmées.

D’autant que le film prend le temps de présenter chacune des victimes et de faire s’y attacher le spectateur, avant de leur offrir une fin tragique. Certaines séquences sont réellement dérangeantes et poignantes. Sans compter que l’interprétation de Mehdi Bajestani est impressionnante et que celui-ci campe parfaitement un homme d’une grande ambiguïté.

Les Nuits de Mashhad est un bon film revenant sur un tragique fait divers et mettant en avant d’une manière intéressante des prostituées subissant l’opprobre d’une société ne leur ayant pas laissé beaucoup de choix pour survivre, tout en les rejetant sans pitié. Avec une histoire violente et glaçante, une superbe réalisation et un duo de comédiens de haute volée, l’œuvre possède une certaine ambiguïté intrinsèque, mais vaut vraiment la peine d’être découverte.

Touchant et dérangeant.

Iran 2001, une journaliste de Téhéran plonge dans les faubourgs les plus mal famés de la ville sainte de Mashhad pour enquêter sur une série de féminicides. Elle va s’apercevoir rapidement que les autorités locales ne sont pas pressées de voir l’affaire résolue. Ces crimes seraient l’œuvre d’un seul homme, qui prétend purifier la ville de ses péchés, en s’attaquant la nuit aux prostituées.

 Photographie : Nadim Carlsen
 Montage : Olivia Neergaard-Holm, Hayedeh Safiyari
 Musique : Martin Dirkov
 Costumes : Lina Nordqvist
 Décors : Lina Nordqvist
 Producteur : Jacob Jarek, Sol Bondy, Ali Abbasi pour One Two Films, Profile Pictures
 Distributeur : Metropolitan FilmExport

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