Hannibal : Les changements apportés par Bryan Fuller

Date : 15 / 08 / 2020 à 11h30

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Hannibal est une série télé qui, alors même qu’elle était diffusée, a troublé son public. L’opéra d’horreur de NBC a été diffusé pendant 3 saisons sous la tutelle de Bryan Fuller, qui a produit des images parmi les plus violentes, les plus bouleversantes psychologiquement et les plus globalement folles, jamais vues à la télévision, réseau classique ou non. Et comme l’a récemment appris Steve Weintraub de Collider, lors d’une interview exclusive et approfondie de 90 minutes avec Fuller et la star Hugh Dancy, cette vision créative singulière a changé radicalement très tôt dans sa forme.

Inspiré des livres bien connus de Thomas Harris sur le tueur en série cannibale Hannibal Lecter et le profiler obsessionnel du FBI Will Graham (qui a également inspiré l’emblématique Silence des agneaux), Hannibal met en vedette Mads Mikkelsen dans le rôle du cannibale attitré et Dancy dans celui du profiler qui n’est pas tout à fait sûr des véritables intentions de Lecter. Son pilote, dont le style visuel est signé par le réalisateur David Slade, semblait savoir exactement ce que la série serait depuis le début. C’était un épisode si complet, qu’il a poussé Fuller à jeter une bonne partie de la saison restante :

"Pour la première saison, c’était intéressant, parce que j’ai écrit le pilote et qu’il était si proche de ce que Thomas Harris avait écrit, et il y avait tant de choses dans les livres qui y étaient consacrées. Ensuite, je pense que nous avions 4 ou 5 scripts, et puis j’ai vu le pilote, et j’ai vu le travail que Hugh et Mads faisaient, et j’ai vu le travail que David Slade faisait, et j’ai regardé ces 4 ou 5 scripts que nous avions écrits, et j’ai dit qu’ils n’étaient pas assez bons, et je les ai jetés. Et puis nous avons recommencé. Je pense que nous avons arrêté pendant 2 semaines entre le pilote et le reste de la série. Donc, après avoir vu le pilote et avoir dit : "C’est vraiment bien, cette distribution est phénoménale et ils méritent un meilleur matériel" nous avons changé notre approche parce que les 4 ou 5 scénarios que nous avions écrits étaient très procéduriers et très étranges."

"L’un des épisodes portait sur une fusillade de masse dans un McDonald’s, et nous essayions de faire ce commentaire sur la culture du fast food et la culture des armes à feu. En y repensant, je me suis dit : Mais qu’est-ce qui nous a pris ? parce qu’il n’y a pas moyen de montrer ça sans offenser quelqu’un. Non pas que je me soucie d’offenser les gens, mais c’était juste un peu inélégant et facile et cela n’élevait pas nécessairement le genre. Je me sens profondément responsable d’essayer d’élever le genre de ce que je fais. Nous avons donc jeté tous ces scénarios, et c’était un vrai casse-tête pour le reste de la saison."

"Et c’était vraiment dur pour Mads parce que l’anglais est sa deuxième langue, et une grande partie des conneries que Hannibal sort sont des mots que je dois regarder, pour me demander si c’est vrai. Est-ce un mot ? C’était donc très difficile pour lui. La première saison était folle, c’était très déprimant, et j’avais l’impression d’être dans la tête de Will Graham, et un peu trop loin. Et je me souviens d’une fois où Hugh et Claire [Danes, la femme de Dancy] et moi nous promenions dans un parc et c’était juste agréable d’être avec des gens qui n’attendaient pas quelque chose de moi que je savais que je ne pouvais pas leur donner. J’ai eu un soutien général et, comme je l’ai dit, lorsque Hugh et moi avons eu notre premier dîner, je me suis dit : "Oh, il va être mon ami". Ce n’est pas seulement une relation de travail, c’est quelqu’un dont j’adore la compagnie". Ces moments m’ont permis de surmonter les complexités et les véritables difficultés de la première saison. Et après avoir survécu à quelque chose, on se dit : "Oh, je peux survivre."

Il semble que le travail sur la saison 1 d’Hannibal ait été éprouvant pour le public, car il a porté atteinte au bien-être du créateur et de la distribution de manière intense, provoquant un certain chaos dans la production. Et pourtant, Dancy ne voulait pas en changer une seule seconde : "Honnêtement, dans le chaos que nous avons connu et dont Bryan était en quelque sorte en première ligne, rétrospectivement, cela n’a pas compromis pour moi la capacité de nous y plonger. Honnêtement, je ne sais pas pourquoi, si ce n’est que... lui, et nous tous, avons ressenti cette responsabilité, n’est-ce pas ? Pas même envers quelqu’un d’autre, juste envers nous-mêmes, n’est-ce pas ?" Fuller a terminé la pensée de Dancy pour lui : "En tant qu’artistes."