Pearl : La critique
Pearl est un bon film parlant avec respect du milieu du bodybuilding et de la condition des femmes.
Une jeune femme veut gagner une compétition internationale de culturisme. Elle est prête à tout pour réaliser son rêve, mais son ex-copain va lui donner à garder leur fils pendant plusieurs heures.
Le scénario de la réalisatrice Elsa Amiel et de Laurent Larivière est très précis sur le milieu du culturisme. Il montre sans fard les efforts et la passion animant des individus prêts à tout pour être couronnés. Car contrairement à ce que certaines personnes peuvent penser, et aux affaires liées à la consommation de substances illicites et dangereuses pour l’organisme, le bodybuilding est un travail de longue haleine. Des efforts journaliers et soutenus, demandant beaucoup de sacrifices.
Sans compter la pression d’une compétition ne faisant pas de cadeaux et broyant parfois ceux qui s’y frottent. D’ailleurs, le long métrage se pare d’une dose de documentaire en montrant un milieu qui depuis le tournage a évolué, en supprimant la catégorie « bodybuilder » chez les femmes au profit d’un renforcement de celle « bikini ». Un choix portant sans doute le désir de montrer la forme des femmes en présentant leur plastique avec des petits muscles dessinés, plutôt que celle d’une femme réellement musclée, à l’instar de la véritable athlète Julia Föry...
Car cette dernière, réelle bodybuildeuse, n’est pas comédienne professionnelle et devait continuer à suivre ses 6 heures d’entraînement quotidien pendant les 3 semaines de tournage. Sans compter la préparation nécessaire pour avoir un corps crédible pour la compétition du film qui nécessite des efforts supplémentaires.
Elle est donc non seulement parfaitement crédible, mais son interprétation se pare d’une belle sensibilité, rendant son personnage, peu évident à incarner, particulièrement attachant. Les séquences d’entraînement, vraiment spectaculaires, sont d’ailleurs son véritable quotidien.
Le reste du casting est bien trouvé. C’est néanmoins Peter Mullan qui impressionne en coach ultra-présent aux méthodes parfois surprenantes. Il est incroyable et ses interactions avec Julia Föry fonctionnent à merveille. C’est un vrai plaisir de voir évoluer cet étrange couple, chacun engoncé dans ses désirs et réuni par leur but commun visant la victoire.
Pour son premier long métrage, Elsa Amiel ne choisit pas la facilité. Elle présente d’une élégante façon un sport mésestimé et parle avec une grande vérité et de la condition de la femme tout en nous interrogeant sur sa place qu’on lui donne et qu’elle veut aussi se donner.
Le choix de cet huit-clos dans un grand hôtel habillé de plastique, pour éviter les traces du tan, une lotion huileuse, dont s’enduisent les athlètes afin de faire ressortir leurs muscles, donne une atmosphère tangible, et parfois onirique, à un drame intimiste.
Pearl est un beau film touchant et impressionnant. Il permet de s’immiscer dans un milieu fascinant mettant le corps en avant. Un monde peu connu et volatile dans lequel la souffrance n’est jamais loin du plaisir, l’abnégation de la consécration.
Avec un duo d’acteurs envoûtants, une athlète impressionnante et un récit donnant beaucoup à réfléchir, Elsa Amiel réussit son pari osé de montrer un portrait de femme original et attachant.
Sincère et touchant.
SYNOPSIS
Léa Pearl s’apprête à concourir pour le prestigieux titre de Miss Heaven. Son entraîneur, Al, espère, grâce à elle, revenir sur le devant de la scène et rien ne pourra les détourner de cet objectif… Mais à quelques heures de la finale, Ben, l’ex-mari Léa débarque avec Joseph, leur enfant, qu’elle n’a pas vu depuis 4 ans.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 22 Titre original : Pearl Date de sortie : 30/01/2019 Réalisateur : Elsa Amiel Scénariste : Elsa Amiel, Laurent Larivière Interprètes : Julia Föry, Peter Mullan, Arieh Worthalter, Vidal Arzoni, Agata Buzek Photographie : Colin Lévêque Montage : Sylvie Lager, Caroline Detournay Musique : Fred Avril Costumes : Yvett Rotscheid Décors : Valérie Rozanes Producteur : Bruno Nahon, Caroline Nataf pour Unité de production, Bande à Part Productions Distributeur : Haut et Court
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