Les garçons sauvages : La critique
Il existe des films qui sont de véritables expériences cinématographies, qui emmènent les spectateurs sur des chemins inconnus et les touchent profondément. Les garçons sauvages fait parti de ses œuvres marquantes, et par cela même clivantes.
En effet, il faut entrer dans l’histoire et se laisser porter par son rythme particulier jusqu’à une fin éblouissante, véritable claque stylistique. Il faut donc passer outre les excès du début du récit, parfaitement étudiés, pour voir se développer une intrigue onirique que n’aurait pas renié Jules Vernes.
Au début du 20ème siècle, 5 amis adolescents se retrouvent impliqués dans la mort de l’un de leur professeur. Violents, brillants, sans états d’âme, ces derniers se retrouvent confiés à un capitaine taciturne qui va les faire naviguer jusqu’à une bien étrange île.
Il a fallu 3 ans de travail acharné à Bertrand Mandico pour réaliser son premier long métrage, issu de son imagination débordante aux tendances déviantes. Après avoir été envoûtée par ses moyens et courts métrages précédents proposés, comme Boro in the Box, j’attendais avec une grande envie son passage à un format plus long.
Et je n’ai pas été déçue, car l’artiste montre avec un immense talent qu’un long métrage expérimental de presque 2 heures tient parfaitement la route quand un homme aussi talentueux en tient le gouvernail.
C’est un travail formidable sur les décors d’Astrid Tonnellier que l’on doit saluer. Ces derniers sont entêtants au possible et reviennent longtemps hanter les esprits. Les costumes de Clémentine Rousselot se marient très bien à une ambiance vraiment particulière qui captive de bout en bout.
La sublime photographie de Pascale Granel associée au montage précis de Laure Saint-Marc et à la mise en scène impeccable de Bertrand Mandico permet d’obtenir des scènes incroyables et somptueuses que l’on n’oublie pas de sitôt.
D’autant que la musique très bonne de Pierre Desprats apporte énormément à une histoire souvent sans paroles et sublime l’impact visuel d’un récit mélangeant avec bonheur sexualité, violence et genre.
Le noir est blanc de l’image est magnifique et renforce l’impression onirique de cette aventure sortant de l’ordinaire. Quant aux séquences en couleurs, ce sont des joyaux qui font éclater des scènes parmi les plus marquantes.
Mais l’œuvre n’aurait pas une telle puissance sans une interprétation prodigieuse. Sam Louwyck est formidable en capitaine bourru et Elina Löwensohn, la muse du réalisateur, troublante en savante géniale. Mais que dire des 5 garçons au casting exclusivement féminin ! Ces dernières sont extraordinaires et tellement bonnes que l’on se demande longuement s’il ne s’agit pas de garçons ou si elles ne sont pas doublées par des comédiens.
Ainsi Pauline Lorillard, Vimala Pons, Diane Rouxel, Anaël Snoek et Mathilde Warnier livrent une interprétation collégiale époustouflante sortant de l’ordinaire. Un choix de casting étonnant dont l’explication livrée au cours du film s’avère un véritable coup de maître au cœur d’un propos très antipatriarcal.
Les garçons sauvages est un chef d’œuvre. Un long métrage exceptionnel qui bouscule les codes du cinéma et propose une expérience incroyable. Certaines scènes sont de vrais bijoux d’ingéniosité et d’imagination qui entraînent le spectateur très loin dans un voyage dont il ne reviendra pas sans des souvenirs impérissables.
Les tribulations de ces garçons insaisissables, remarquablement incarnés par des actrices lumineuses associées à une mise en scène incroyable en font un long métrage vraiment à part dont la technicité a eu le Prix de la technique à la semaine de la critique internationale de Venise 2017.
Avec un visuel envoûtant, une histoire plus profonde qu’elle ne semble l’être et un réalisateur génial et brillant montrant que le cinéma pouvait être autre chose que ce que l’on voit généralement, ce film n’est pas prêt d’être oublié.
Remarquable et incroyable.
SYNOPSIS
Début du vingtième siècle, cinq adolescents de bonne famille épris de liberté commettent un crime sauvage. Ils sont repris en main par le Capitaine, le temps d’une croisière répressive sur un voilier. Les garçons se mutinent. Ils échouent sur une île sauvage où se mêlent plaisir et végétation luxuriante. La métamorphose peut commencer…
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 50
Titre original : Les garçons sauvages
Date de sortie : 28/02/2018
Réalisateur : Bertrand Mandico
Scénariste : Bertrand Mandico
Interprètes : Pauline Lorillard, Vimala Pons, Diane Rouxel, Anaël Snoek, Mathilde Warnier, Sam Louwyck, Elina Löwensohn, Nathalie Richard
Photographie : Pascale Granel
Montage : Laure Saint-Marc
Musique : Pierre Desprats
Costumes : Clémentine Rousselot
Décors : Astrid Tonnellier
Producteur : Emmanuel Chaumet pour Ecce Films
Distributeur : UFO Distribution
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