Un jour dans la vie de Billy Lynn : La critique
Un jour dans la vie de Billy Lynn est un excellent film de Ang Lee qui met une nouvelle fois son grand talent au service de portraits humains très intéressants, fort bien brossés, en utilisant la thématique du héros avec une grande subtilité.
Basé que la deuxième guerre en Irak, plutôt impopulaire, utilisant un grand réalisme, et ne faisant pas de compromis, le public américain ne s’est pas beaucoup déplacé pour découvrir une œuvre âpre et peu drôle.
Ce manque d’engouement est réellement dommage, car le long métrage est l’un des meilleurs de ces dernières années sur la guerre et incontestablement l’un des points de vue les plus originaux sur les soldats.
On découvre la dernière journée passée par un jeune soldat américain et son escadre sur le sol américain avant de repartir faire la guerre en Irak. Ce dernier, suite à un fait de guerre, s’est retrouvé propulsé sur le devant de la scène médiatique américaine et a dû, avec ses collègues, enchaîner un tour du « héros » d’une quinzaine de jours sur le sol des USA.
L’histoire est entièrement suivie à travers le personnage principal et on peut découvrir les pensées intimes de ce dernier au travers de quelques séquences courtes mais marquantes et révélatrices du véritable esprit animant ces jeunes gens confrontés à la violence journalière, dans le cadre de leur métier, et obligés de jouer les bons petits soldats pour des gens qui les oublient sitôt leurs passages effectués.
Car si le pays a le culte des héros, morts ou vivants, les soldats ne sont pas toujours bien traités lors de leur retour à la vie civile et l’opposition entre le mépris qu’ils reçoivent et les sacrifices que ces hommes et femmes ont fait pour leur pays, associé au syndrome de stress post-traumatique qu’un grand nombre de combattants subit lors de leurs démobilisations créent une véritable faille chez ces individus. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le taux de suicide chez les vétérans est le plus élevé et que des fusillades mortelles ont lieu de temps en temps dans des casernes américaines.
Si Un jour dans la vie de Billy Lynn est absolument captivant pendant presque 2 heures, ce n’est pas un feel good movie et le traitement, pratiquement de bête de foire, réservé à ces jeunes gens qui ont des aspirations simples et se dévouent aux autres, est incroyable. L’un des exemples les plus frappants est un show dantesque auquel participent ces soldats qui continuent de rester au garde-à-vous alors que tout le monde est en train de remballer et qu’on les a oubliés…
Mais entre des remarques déplacées, parfois un véritable mépris affiché, et les tentatives d’un attaché de presse d’obtenir de l’argent pour les droits de porter au cinéma la bataille de l’escadron leur ayant permet ce tour d’honneur sur leur sol natal, les Américains ne sortent pas grandit de leur attitude vis-à-vis de personnes engagés pour défendre leur pays et n’étant en rien responsable des dérives politiques, et économiques, des guerres qu’ils doivent mener.
La distribution est magistrale. Joe Alwyn est admirable dans la peau de ce jeune soldat devenu héros malgré lui et ne s’enorgueillissant pas de ses faits d’armes. Il apporte des grandes nuances à un homme déchiré entre son devoir et l’envie de rentrer définitivement chez lui, loin de la guerre, des combats et de la haine d’un peuple qui a vu leurs vies ruinées par une guerre qu’ils n’avaient pas recherché.
Kristen Stewart, fait de courtes, mais fort bonnes, apparitions en tant que sœur du héros. Cette dernière est particulièrement touchante, et la relation à l’écran qu’elle a avec son partenaire est plus que convaincante.
Il faut aussi signaler dans des rôles secondaires un Chris Tucker de moins en moins flamboyant alors que les portes d’Hollywood se ferment devant son désir de film, et un Vin Diesel humain en sergent mentor essayant de garder ses soldats en un seul morceau. Un véritable rôle de composition pour un acteur très éloigné des cascades et fusillades impressionnantes de ses derniers films.
Car si le long métrage se passe principalement aux USA, de très bons flashbacks permettent de découvrir la vie des soldats et la bataille qui leur à value de se retrouver propulsés sur la scène médiatique de leur pays. Il faut d’ailleurs saluer le montage formidable de Tim Squyres qui permet d’obtenir une œuvre dans laquelle tous les éléments s’enchaînent avec une grande élégance.
La photographie de John Toll est, elle aussi, excellente tout comme la reconstitution des passages en Irak donnant vraiment l’impression de se retrouver au sein des patrouilles et des escarmouches subies par le régiment.
Quant à Ang Lee, il réalise un long métrage splendide dans lequel rien n’est laissé de côté. Il a parfaitement géré et mis en valeur ses différents acteurs et créé de nouveaux personnages humains et mémorables permettant de découvrir la guerre, et ses côtés annexes, d’une façon vraiment intéressante.
Un jour dans la vie de Billy Lynn est un film admirable qui est vraiment à voir. À travers une thématique forte et un jeune comédien remarquable interprétant un soldat non-manichéen d’une grande justesse, c’est une vision de la guerre et des États-Unis passionnante à découvrir.
Ang Lee livre une excellente œuvre qui ne pourra laisser personne indifférent et permettant de s’interroger sur la façon dont on traite ces hommes et femmes qui engagent parfois leurs vies au service d’un pays et d’un peuple bien peu reconnaissant où au moins respectueux.
Brillant et véridique.
SYNOPSIS
En 2005, Billy Lynn, un jeune Texan de 19 ans, fait partie d’un régiment d’infanterie en Irak victime d’une violente attaque. Ayant survécu à l’altercation, il est érigé en héros, ainsi que plusieurs de ses camarades. Et c’est avec ce statut qu’ils sont rapatriés aux Etats-Unis par l’administration Bush, qui désire les voir parader au pays... avant de retourner au front.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 50 Titre original : Billy Lynn’s Long Halftime Walk Date de sortie : 01/02/2017 Réalisateur : Ang Lee Scénariste : Jean-Christophe Castelli d’après l’œuvre de Ben Fountain Interprètes : Joe Alwyn, Kristen Stewart, Garrett Hedlund, Steve Martin, Vin Diesel, Chris Tucker, Ben Platt, Tim Blake Nelson Photographie : John Toll Montage : Tim Squyres Musique : Jeff Danna, Mychael Danna Costumes : Joseph G. Aulisi Décors : Mark Friedberg Producteur : Simon Cornwell, Stephen Cornwell, Ang Lee, Marc Platt, Tom Rothman, Rhodri Thomas pour Studio 8, Bona International Film Group, Dune Films, Film4, The Ink Factory, Marc Platt Productions, TriStar Pictures Distributeur : Sony Pictures Releasing France
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