Jamais contente : La critique

Date : 09 / 01 / 2017 à 09h00

Par : Isabelle Arnaud

Sources :

Unification

Jamais contente est un bon film drôle et sympathique adapté de l’œuvre de Marie Desplechin Le journal d’Aurore.

On y découvre une préadolescente de 13 ans, Aurore, qui redouble sa cinquième, n’aime pas aller à l’école et faire ces devoirs. Cette dernière a peu d’amis et une famille qui l’irrite souvent. De plus, elle s’engage dans une troupe et doit chanter en public.

Sa vie est donc horrible, ce qu’elle nous dit avec causticité et des phrases dans lesquelles les piques ont des barbillons. Par exemple, l’avis littéraire que le personnage donne sur La Princesse de Clèves est réjouissant.

Mais ce personnage n’est pas le seul haut en couleur, car le long métrage permet d’en rencontrer plusieurs. En effet de la mère qui ne mâche pas ses mots, à la grand-mère truculente en passant par le prof de français à la meilleure copine, les protagonistes ne manquent pas pour faire rire.

C’est d’ailleurs un sentiment joyeux qui plane sur tout le film et fait se sentir bien au milieu des problèmes "normaux" de cette jeune fille à un âge ou le corps devient adulte, mais la société continue de vous traiter comme un enfant.

Il est d’ailleurs agréable que dans cette belle chronique de l’adolescence, on ne parle pas de viol, d’inceste ou d’addiction aux drogues. Et si l’alcool est évoqué dans une belle scène, l’œuvre ne s’étend pas dessus.

Intérêt pour le travail scolaire, avenir flou, famille parfois trop envahissante, amis, sexualité naissante sont des thématiques finement esquissées. Ces dernières utilisent toujours l’humour et les messages envoyés ne sont pas lourds.

Il n’est donc pas étonnant que la série littéraire soit un succès chez les jeunes. Le film est d’ailleurs bien réalisé par une Emilie Deleuze qui en a saisi l’essence pour le transmettre à l’écran. Il est juste dommage que le rythme soit parfois inégal avec quelques séquences moins drôles et réussies.

Il faut aussi souligner la très belle prestation de la jeune Léna Magnien dont c’est la première apparition à l’écran. Cette dernière est confondante de naturel et incarne vraiment bien un personnage acerbe à l’imagination débordante.

Les rôles secondaires sont aussi très justes parmi lesquels Patricia Mazuy en mère elle-aussi caustique, Catherine Hiegel en grand-mère gouailleuse, Philippe Duquesne en père dépassé et surtout Alex Lutz en professeur de français sortant de l’ordinaire, apportent chacun une pointe d’humour supplémentaire à une œuvre qui n’en manque pas.

Jamais contente est une comédie sympathique et drôle qui devrait ravir les jeunes. Les adultes prendront aussi plaisir à voir les aventures ordinaires d’une jeune fille n’ayant pas sa langue dan sa poche. Avec une histoire bien écrite, une réalisation solide et une galerie de personnages amusants, le film est fort plaisant à regarder et divertit beaucoup.

Drôle et détendant.

SYNOPSIS

Mon père est atroce, ma mère est atroce, mes sœurs aussi, et moi je suis la pire de tous.
En plus, je m’appelle Aurore.
Les profs me haïssent, j’avais une copine mais j’en ai plus, et mes parents rêvent de m’expédier en pension pour se débarrasser de moi.
Je pourrais me réfugier dans mon groupe de rock, si seulement ils ne voulaient pas m’obliger à chanter devant des gens.
A ce point-là de détestation, on devrait me filer une médaille.
Franchement, quelle fille de treize ans est aussi atrocement malheureuse que moi ?

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 1 h 29
Titre original : Jamais contente
Date de sortie : 11/01/2017
Réalisateur : Emilie Deleuze
Scénariste : Marie Desplechin, Emilie Deleuze, Laurent Guyot d’après l’œuvre de Marie Desplechin
Interprètes : Léna Magnien, Patricia Mazuy, Philippe Duquesne, Catherine Hiegel, Alex Lutz, Nathan Melloul, Axel Auriant-Blot, Mehdi Messaoudi
Photographie : Jeanne Lapoirie
Montage : Frédéric Baillehaiche
Musique : Olivier Mellano
Costumes : Anne Schotte
Décors : Pascal Le Guellec
Producteur : Patrick Sobelman pour Agat Films & Cie
Distributeur : Ad Vitam