Florence Foster Jenkins : La critique
L’année dernière, le public français découvrait Florence Foster Jenkins grâce au film Marguerite s’inspirant de cette riche femme américaine qui chantait faux. Mais contrairement au film français acerbe et parfois à la limite de la méchanceté, l’œuvre de Stephen Frears est tendre et raconte en plus une merveilleuse histoire d’amour qui sort de l’ordinaire.
C’est donc un véritable biopic sur les dernières années de la vie de Florence Foster Jenkins qui est conté. Ainsi que son fameux opéra au Carnegie Hall dont l’enregistrement est l’un des plus demandé encore aujourd’hui.
Car cette femme étonnante a eu un étonnant destin. Reniée par sa famille à son mariage, contractant la syphilis lors de sa nuit de noce (à l’époque une maladie souvent mortelle à court ou moyen terme et incurable), cet état lui empêchant d’avoir des enfants, ces coups du sort répétés ne l’empêche finalement pas de devenir une riche héritière œuvrant comme mécène dans le milieu musical.
Mais cette vie de hauts et de bas n’aurait pas eu l’honneur d’un film si la dame ne se targuait pas d’être une chanteuse lyrique donnant des concerts privées et si elle ne chantait finalement pas terriblement faux, ce dont elle ne semblait pas avoir conscience protégée en cela par son compagnon (son mari dans le film) et le parterre d’invités triés sur le volet et acquis à sa cause.
Certes son argent attirait du monde, surtout des artistes, et son conjoint était un comédien de deuxième zone, mais elle s’est dépensée sans compté pour la musique allant jusqu’à inviter des soldats pendant la deuxième guerre mondiale à des concerts pour leur remonter le moral.
La réalisation de Stephen Frears présente une Florence Foster Jenkins touchante et sensible et ne se moque jamais du personnage, sans pour autant passer sur ses diverses excentricités. Les scènes de concerts sont très bien filmées, de même que les répétitions épiques de la dame. Stephen Frears montre une nouvelle fois son grand talent pour filmer des femmes vieillissantes et les présenter avec délicatesse.
Mais le film doit aussi beaucoup à un casting impeccable et à ses trois acteurs principaux.
Meryl Streep est formidable en Florence Foster Jenkins. Elle apporte une véritable joie et énergie à son personnage. La comédienne chante très bien et est déjà apparue à l’affiche de plusieurs films musicaux. Elle a donc dû prendre un coach vocal pour apprendre à chanter faux. Elle apporte aussi fragilité et sensibilité dans les moments plus intimes de l’œuvre.
Hugh Grant incarne un touchant mari et un producteur fortement investi dans les extravagances de sa femme. L’acteur est sorti de sa demi-retraite à la demande de Stephen Frears avec lequel il n’avait jamais joué. Et on ne peut que s’en réjouir tant le duo formidable qu’il forme avec Meryl Streep est émouvant. Le comédien s’amuse même de son talent à travers quelques répliques bien écrites pour son personnage, acteur anglais raté.
Il faut aussi souligner la prestation de Simon Helberg impressionnant dans le rôle du pianiste de Florence Foster Jenkins. Ce dernier, pianiste accomplit joue lui-même les morceaux que son protagoniste interprète. Il apporte aussi beaucoup d’humour à une histoire qui n’en manque pas.
Les décorateurs et costumiers se sont fait plaisir sur la reconstitution du New York des années 40 et de ses lieux emblématiques. Cette dernière est réaliste et la photographie lui rend un bel hommage.
Alexandre Desplat a soigné la composition du film mélangeant avec talent musique classique, airs massacrés par la cantatrice ratée et compositions originales du pianiste qui l’accompagnait. L’ensemble forme une partition agréable dont certains couacs feront bien rire.
Florence Foster Jenkins est un très beau et délicat film qui montre que la véritable passion n’est finalement pas risible. Avec un personnage haut en couleur qui est fort attachant, une reconstitution soigneuse des années 50 et des comédiens superbes, on s’amuse beaucoup dans un long métrage promouvant l’art, l’amour et l’amitié.
Une belle réussite pour une œuvre forte et poignante. On rit de cette femme, mais on en est profondément touché.
À voir et bien sûr à écouter.
SYNOPSIS
L’histoire vraie de Florence Foster Jenkins, héritière new-yorkaise et célèbre mondaine, qui n’a jamais renoncé à son rêve de devenir une grande cantatrice d’opéra. Si elle était convaincue d’avoir une très belle voix, tout son entourage la trouvait aussi atroce que risible. Son “mari” et imprésario, St Clair Bayfield, comédien anglais aristocratique, tenait coûte que coûte à ce que sa Florence bien-aimée n’apprenne pas la vérité. Mais lorsque Florence décide de se produire en public à Carnegie Hall en 1944, St Clair comprend qu’il s’apprête à relever le plus grand défi de sa vie...
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 50
Titre original : Florence Foster Jenkins
Date de sortie : 13/07/2016
Réalisateur : Stephen Frears
Scénariste : Nicholas Martin
Interprètes : Meryl Streep, Hugh Grant, Simon Helberg, Rebecca Ferguson, Nina Arianda, Stanley Townsend, Allan Corduner, Christian McKay
Photographie : Danny Cohen
Montage : Valerio Bonelli
Musique : Alexandre Desplat
Costumes : Consolata Boyle
Décors : Alan MacDonald
Producteur : Michael Kuhn, Tracey Seaward pour Qwerty Films, BBC Films, Pathé Pictures International
Distributeur : Pathé Distribution
LIENS
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