Le lendemain : La critique

Date : 28 / 05 / 2016 à 12h49

Sources :

Dans The Boy A qui se déroule en Angleterre, le personnage principal joué par Andrew Garfield sort de prison après avoir commis un crime particulièrement sordide alors qu’il était encore enfant. On lui attribue alors une autre identité et se trouve placé dans une ville où personne ne le connaît, même si son passé fini bien entendu par le rattraper. Dans Le Lendemain, John le personnage principal assume totalement ce qu’il a fait et décide donc de retourner directement dans sa ville et son lycée d’origine après avoir effectué sa peine. Forcément, cela va mettre notre jeune protagoniste dans une situation délicate, mais qu’il aura lui-même choisi. N’étant pas spécialiste du système judiciaire suédois, difficile de dire si une telle situation est possible, mais cela va permettre de poser les bases d’une histoire dramatique en parfaite résonance avec des questionnements sociétaux et moraux plutôt passionnants.

Quelle est la capacité de notre société à pardonner et à faire preuve de résilience ? C’est la question principale que l’on se pose lorsque l’on voit ceux qui ne veulent pas lui pardonner appliquer leur propre justice sur John, qui ne cherche d’ailleurs pas à se défendre. Les coups (au moral) pleuvent sur lui, mais peut-être se dit-il que malgré la peine de prison qu’il a effectuée, il les a mérités. Le jeune homme est dans une quête de rédemption impossible où malheureusement pour lui, la vengeance des uns prend très vite le dessus sur le pardon qu’il attend des autres. Son père et son petit frère seront-ils les seuls à l’accepter pleinement ? La frontière entre le bien et mal qui réside en chacun de nous est ténu, et le personnage de la jeune fille amoureuse de John ne manquera pas de nous nous interroger sur la fascination que peut exercer la violence sur chacun d’entre nous.

Les acteurs sont tous très convaincants et parviennent à renforcer notre immersion dans cette histoire tragique. Le film possède quelques fulgurances filmiques indéniables, mais souffre aussi de longueurs qui nuisent quelque peu au rythme du récit. La mise en scène est efficace et montre la violence de manière frontale pour mieux nous interroger sur son impact. Le récit ne cherche pas à juger son personnage principal et les thèmes qu’ils brassent pourraient être une sorte de prolongation au film Elephant de Gus Van Sant sur la tuerie de Columbine. La société est-elle vraiment prête à réintégrer en son sein ceux ayant effectué leur peine ? Le personnage principal est-il naturellement violent ou sa violence vient-elle de c(eux) qui l’entoure ? Quelle est notre capacité à pardonner ce qui paraît impardonnable ? Voici le genre de questions qui viendront à l’esprit des spectateurs et qui prouvent que le film parvient sans peine à nous impliquer dans les différentes problématiques qu’il pose.

Le Lendemain est un film cru, noir, mais sans complaisance et on ne peut que féliciter le réalisateur et scénariste Magnus von Horn pour l’efficacité de ce premier long-métrage. L’atmosphère angoissante et la froideur typiquement scandinave du film ne plairont sans doute pas à tout le monde, mais ceux qui se laisseront tenter découvriront une œuvre impressionnante qui les pousseront sans aucun doute à la réflexion.

SYNOPSIS

John, encore adolescent, rentre chez son père après avoir purgé sa peine de prison et aspire à un nouveau départ. Mais la communauté locale n’a ni oublié, ni pardonné son crime. Sa présence attise les pires pulsions chez chacun, l’atmosphère devient menaçante, proche du lynchage. Rejeté par ses anciens amis et abandonné par ses proches, John perd espoir et la violence qui l’a conduit en prison refait peu à peu surface. Dans l’impossibilité d’effacer le passé, il décide d’y faire face.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 1h41
Titre original : Efterskalv
Date de sortie : 01/06/2016
Réalisateur : Magnus von Horn
Scénario : Magnus von Horn
Interprètes : Ulrik Munther, Mats Blomgren, Alexander Nordgren, Loa Ek
Photographie : Lukasz Zal
Montage : Agnieszka Glinska
Costumes : Anna Karin-Cameron
Décors : Jagna Dobesz, Henrik Ryhlander
Producteurs : Lava Films, Zentropa
Distributeur : Nour Films