Arrêtez-moi là : La critique
Arrêtez-moi là est la première adaptation cinématographique d’une œuvre de Iain Levison. Le livre éponyme s’inspire de l’histoire vraie d’un américain condamné à mort pour un enlèvement qu’il n’a pas commis. Transposé dans le sud de la France, adapté pour le système judiciaire français, le film garde l’esprit du livre au dire même d’Iain Levison tout en faisant des choix différents de ceux de l’œuvre de papier, notamment sa fin.
En effet si le scénario se focalise sur la vie d’un homme innocent confronté à des successions d’évènements qui vont détruire son existence, le réalisateur Gilles Bannier en collaboration avec sa co-scénariste Nathalie Hertzberg a décidé de ne pas montrer des scènes de vie en prison. De plus il a préféré laisser une grande place à la reconstruction d’un homme qui a tout perdu et essaye de vivre à nouveau.
Mais si la réalisation s’efface au profit des personnages, ce qui frappe le plus est la gentillesse d’un individu qui se retrouve précipité en enfer et assiste détaché, presque anesthésié à tout les terribles coups du sort qui le frappent. Car l’une des grandes forces du film et de ne pas montrer de violence, vitupération ou colère, mais plutôt le défaut de protection d’un individu qui étant innocent ne trouve pas le moyen de le faire comprendre. Un personnage qui a de plus une grande capacité d’écoute et de pardon et qui ne juge jamais ceux qui le jugent coupable sans même l’entendre.
Sans compter que le traitement post-accusation du héro est très bien fait et montré d’une façon qu’on a peu l’occasion de voir. Après tout comment reconstruire sa vie lorsqu’on est encore jeune, et qu’on vous a tout pris sur de fausses accusations ?
C’est un premier film très réussi que livre Gilles Bannier passant avec bonheur du petit au grand écran. Il a d’ailleurs su s’entourer d’un excellent casting dans sa première incursion cinématographique.
Car ce sont bien les acteurs qui donnent au film ce cachet si touchant et parfois comique malgré le drame qui se déroule.
Gilles Cohen en avocat de la défense commis d’office est très bon. L’acteur se perd avec malice dans le rôle de cet homme dépassé par les évènements et la pression.
Léa Drucker en mère de la fillette enlevée est plus vraie que nature. Elle apporte à son rôle une grande douceur et sert à merveille la profonde détresse qu’elle ressent à la disparition de sa fille. C’est par ses regards et sa posture, plus que par les mots, qu’elle incarne une femme meurtrie parfois perdue dans sa douleur.
Quant à Reda Kateb, il est impérial en cet homme taiseux profondément humain qui ne comprend pas ce qui lui arrive et se débat en vain contre son funeste sort. L’acteur livre une prestation saisissante qui pourrait bien l’emmener jusqu’aux Césars. Il illumine le film de sa présence tout en le portant sans faillir sur ses épaules. C’est un rôle d’une grande puissance qu’il interprète pour offrir au spectateur un personnage d’homme ordinaire qui garde la force de lutter malgré tout ce qui l’accable.
Arrêtez-moi là est un très bon film qui vaut vraiment la peine d’être vu. S’il se base sur les dysfonctionnements de la police et du système judiciaire, il ne juge jamais ces faits d’autant que c’est à l’échelle humaine qu’ils se passent. Tout comme ce sont finalement la police et la justice qui vont aider le personnage principal.
Avec une réalisation sobre au service du film, une musique non prégnante qui ne s’impose jamais trop, une histoire bien racontée qui paraît parfois incroyable bien que malheureusement régulièrement d’actualité, c’est un beau moment de cinéma qui est offert aux spectateurs. Sans compter une interprétation magistrale, notamment d’un Reda Kateb en grande forme qui réussit à nous laisser apaisés à l’issue d’une œuvre en grande partie dramatique.
Puissant et touchant, un film qui ne peut laisser indifférent.
SYNOPSIS
Chauffeur de taxi à Nice, Samson Cazalet, la trentaine, charge une cliente ravissante à l’aéroport. Un charme réciproque opère. Le soir même, la fille de cette femme disparaît et des preuves accablent Samson. Comment convaincre de son innocence lorsqu’on est le coupable idéal ?
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 34
Titre original : Arrêtez-moi là
Date de sortie : 06/01/2016
Réalisateur : Gilles Bannier
Scénariste : Gilles Bannier, Nathalie Hertzberg d’après l’œuvre de Iain Levison
Interprètes : Reda Kateb, Léa Drucker, Gilles Cohen, Erika Sainte, Thémis Pauwels, Stéphanie Murat, Luc-Antoine Diqueiro, Quentin Baillot
Photographie : Alain Marcoen
Montage : Peggy Koretzky
Musique : Siegfried Canto, Hervé Salters
Costumes : Laure Villemer
Décors : Philippe Van Herwijnen
Producteur : Anne Derré, Agathe Berman pour Legato Films
Distributeur : EuropaCorp Distribution
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