Une femme iranienne : La critique

Date : 07 / 10 / 2022 à 11h00
Sources :

Unification


UNE FEMME IRANIENNE

- Date de resortie : 12/10/2022
- Titre original : Aynehaye Rooberoo
- Durée du film : 1 h 42
- Réalisateur : Negar Azarbayjani
- Scénaristes : Negar Azarbayjani, Fereshteh Taerpoor
- Interprètes : Ghazal Shakeri, Shayesteh Irani, Homayoun Ershadi, Maryam Boubani, Nima Shahrokh Shahi, Saber Abbar, Hengameh Ghaziani, Rabe’e Oskooyi

LA CRITIQUE

Une femme iranienne est un très beau film sur un sujet grave. C’est aussi une œuvre écrite, réalisée, produite par des femmes, qui parle de la condition féminine dans un pays dans lequel ces dernières ont peu de droits et beaucoup d’obligations.

Le scénario est original. Mais ce qui est le plus surprenant est de voir l’Iran traiter un sujet de société parfois tabou dans certaines sociétés, et mal compris dans beaucoup d’autres. Ce sujet associé à une forme d’émancipation de la femme en font un film fort et poignant.

Les actrices sont très bonnes, chacune dans des rôles différents et délicats. Ghazal Shakeri incarne avec délicatesse cette femme amoureuse dont le mari est en prison pour dette. Pour vivre, élever son fils et essayer de faire sortir son mari du pénitencier, elle conduit un taxi. C’est en prenant une femme en fuite dans sa voiture qu’elle sera confrontée à une rencontre qui va changer sa vision de la vie et lui ouvrir l’esprit. La deuxième actrice Shayesteh Irani, dont c’est la troisième apparition à l’écran, incarne un rôle encore plus ardu. Non seulement elle doit fuir sa riche famille, mais il en va de sa santé mentale et de sa vie même.
Les deux actrices réussissent parfaitement à nous entraîner dans leurs histoires dramatiques et leur alchimie permet de s’attacher aux personnages qu’elles représentent et d’espérer que leurs vies s’améliorent.
Les cinéphiles pourront reconnaître Homayoun Ershadi dans le rôle d’un père aimant mais intraitable qui pense savoir mieux que sa fille ce que sa vie doit être. Un personnage difficile à interpréter, à la fois entier mais parfois perdu devant les tentatives de fugues de sa fille, qu’il joue avec talent.

La réalisation de Negar Azarbayjani entraîne le spectateur dans un road movie à travers les montagnes d’Iran et les rues de Téhéran. Avec peu de moyen elle réussit à filmer un huit clos en grande partie au cœur d’un taxi. Les maisons des deux protagonistes principales lui permettent aussi subtilement de montrer les différences entre riches et pauvres. Mais toujours est-il que l’argent ne permet pas forcément à une femme d’avoir un accès illimité à la liberté et au droit de vivre telle qu’elle l’entend, bien que la réalisatrice ait eu la chance de ne pas voir son film interdit en Iran et sa liberté individuelle réduite comme son compatriote Jafar Panahi réalisateur de Taxi Téhéran.

Une femme iranienne est un film très fort et intéressant sur un sujet peu traité et jamais d’une façon aussi réaliste sans virer vers la comédie. Avec un trio d’acteur impressionnant de vérité et une histoire qui flirte avec le thriller, on ne s’ennuie jamais et on espère une issue favorable à tous ces destins blessés.

Un film à découvrir sans hésiter pour tous ceux qui s’intéressent aux faits sociaux, à la réalité d’une vie en Iran, à la condition de la femme ou tout simplement à la liberté d’être ce qu’on est.

Le film a eu le Prix du jury du festival du monde à Montréal et le Prix Capital Focus du Festival International du Film de Washington.

Attention spoilers :
Pour ceux qui s’intéressent au sujet, voici un extrait du dossier de presse :

« L’Iran, république islamique réputée pour sa sévérité religieuse, est le seul pays musulman dans le monde à autoriser les opérations de changement de sexe, considérées comme légitimes par les religieux au pouvoir. L’Iran a même mis en place des aides financières qui couvrent la moitié du prix des opérations. Le changement de sexe a été légalisé en Iran au lendemain de la révolution islamique de 1979, depuis que l’Ayatollah Khomeiny a fait passer une fatwa (décret religieux) favorable aux « transsexuels diagnostiqués ». Toutefois, la société iranienne ne semble toujours pas prête à accepter les transsexuels, pensant encore que la transsexualité est une maladie parmi tant d’autres à laquelle l’Islam peut apporter une solution et la science un traitement chirurgical.
Par contre, si les transsexuels sont tolérés par le pouvoir religieux en place, les homosexuels sont, eux, bannis, emprisonnés et condamnés à mort. Ce qui entraîne un effet pervers : de nombreux homosexuels changent d’identité sexuelle avec l’aval des autorités afin de pouvoir vivre en paix. »

SYNOPSIS

Bien que Rana soit une femme traditionnelle, elle est forcée de conduire un taxi à l’insu de sa famille pour rembourser la dette qui empêche son mari de sortir de prison. Par chance, elle rencontre la riche et rebelle Adineh, désespérément en attente d’un passeport pour quitter le pays et ainsi échapper à un mariage forcé. Les deux femmes vont s’aider mutuellement, mais Rana ignore qu’Adineh cache un lourd secret…

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Photographie : Turaj Mansuri
- Montage : Sepideh Abdolvahab
- Musique : Fardin Khalatbari
- Producteur : Fereshteh Taerpoor
- Distributeur : Outplay

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

GALERIE PHOTOS



Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.



 Charte des commentaires 


Les Reines du drame : La critique
Heretic : La critique
Leni Riefenstahl, la lumière et les ombres : La critique
Rabia : La critique
En fanfare : La critique
Les Reines du drame : La critique
Tulsa King : Sylvester Stallone pave la voie pour les saisons 3 (...)
Brèves : Les informations du 25 novembre
Le balayeur des Lilas : La critique
PIFFF 2024 : Son histoire en BA
Le Film du Dimanche : Visionnez L’Étrange Mr. Slade
X-Files : Gillian Anderson révèle ce qui l’a poussée à (...)
Heretic : La critique
Arcane : Critique 2.08 Tuer est un cycle
Livre SF : L’île Habitée de Arkadi et Boris Strougatski - (...)