À ceux qui nous ont offensés : La critique

Date : 25 / 02 / 2017 à 14h00

Sources :

À ceux qui nous ont offensés est un film intéressant montrant le poids de la famille sur le comportement individuel et sur la notion du bien et du mal.

Le scénario d’Alastair Siddons est basé sur une célèbre famille de hors-la-loi anglaise qui était accusée de 65 % des méfaits survenus dans la riche campagne anglaise où ils avaient installé leurs caravanes. Ce fait divers dans un pays où les caméras de surveillance sont omniprésentes lui a donné l’idée de raconter une histoire s’en inspirant.

Le récit ne juge jamais les protagonistes, ne condamne pas les gens du voyage et évite de sortir des clichés. L’intrigue se concentre sur le noyau familial d’une famille : le patriarche dont la parole est pratiquement sacrée, le fils conducteur émérite et exécutant de casse brillant et son jeune garçon fasciné par son grand-père.

Les liens familiaux sont au cœur de l’histoire et les relations entre les uns et les autres permettent de découvrir l’affrontement entre un homme certain de son bon droit et son fils souhaitant le meilleur pour sa femme et ses deux enfants, dont une véritable scolarité pouvant leur apporter une vie plus agréable que la sienne.

S’il n’est pas forcément facile d’éprouver de l’empathie pour des individus vivants de maraudages, de vols et d’excipients, la qualité d’interprétation rend les personnages fascinants, notamment l’affrontement entre le chef de clan et son fils.

Michael Fassbender est vraiment formidable et fait preuve d’une véritable sensibilité dans l’interprétation de cet homme illettré, mais gentil, emporté, mais aimant avant tout sa famille. L’acteur ne tombe jamais dans le misérabilisme et offre un portrait juste d’un homme ambigu et entier.

Brendan Gleeson est superbe en patriarche régentant la vie de tous les siens sans parfois leur demander leurs avis. Les échanges qu’il a avec Michael Fassbender sont vraiment intenses et leur relation conflictuelle est au centre d’un long métrage âpre et rugueux que quelques beaux passages viennent égayer.

Alastair Siddons hésitait à faire un documentaire sur le fait divers de cette famille hors norme avant d’opter pour une fiction permettant plus de latitudes. Le réalisateur Adam Smith opte pour un style documentaire dans lequel la réalité n’est pas occultée. Néanmoins, sa mise en scène laisse peu de temps mort et les passages de poursuites en voiture sont formidablement filmés et parfois anxiogènes.

À ceux qui nous ont offensés est une œuvre intéressante qui ne peut laisser indifférente. Le parti-pris sans jugement, ni ton moralisateur, permet de s’interroger sur le poids de la société sur l’individu, cette dernière étant représentée par le clan, les relations humaines et les liens familiaux.

Avec un scénario travaillé, une mise en scène efficace et des acteurs excellents, le film sort clairement des sentiers battus, comme les Anglais savent si bien le faire.

Édifiant et touchant.

SYNOPSIS

Les Cutler vivent comme des hors-la-loi depuis toujours dans une des plus riches campagnes anglaises, braconnant, cambriolant les résidences secondaires et narguant la police. Luttant pour faire perdurer leur mode de vie, Chad est tiraillé entre les principes archaïques de son père et la volonté de faire le nécessaire pour ses enfants. Mais la police, les traquant sans relâche, l’obligera peut-être à choisir entre sa culture et le bonheur des siens…

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 1 h 39
Titre original : Trespass Against Us
Date de sortie : 01/03/2017
Réalisateur : Adam Smith
Scénariste : Alastair Siddons
Interprètes : Michael Fassbender, Brendan Gleeson, Lyndsey Marshal, Georgie Smith, Rory Kinnear, Killian Scott, Sean Harris, Kingsley Ben-Adir
Photographie : Eduard Grau
Montage : Kristina Hetherington, Jake Roberts
Musique : The Chemical Brothers
Costumes : Suzanne Cave
Décors : Sophie Phillips, Nick Palmer
Producteur : Alastair Siddons, Gail Egan, Andrea Calderwood pour DMC Film, Film4
Distributeur : The Jokers