Il était une forêt : La critique

Date : 09 / 11 / 2013 à 19h10

Par : Dominique Bleuet , Laetitia Montanier

Sources :

Source : Unification

SYNOPSIS

Documentaire

Pour la première fois, une forêt tropicale va naître sous nos yeux. De la première pousse à l’épanouissement des arbres géants, de la canopée en passant par le développement des liens cachés entre plantes et animaux, ce ne sont pas moins de sept siècles qui vont s’écouler sous nos yeux.

Depuis des années, Luc Jacquet filme la nature, pour émouvoir et émerveiller les spectateurs à travers des histoires uniques et passionnantes.

Sa rencontre avec le botaniste Francis Hallé a donné naissance à ce film patrimonial sur les ultimes grandes forêts primaires des tropiques, au confluent de la transmission, de la poésie et de la magie visuelle.

IL ETAIT UNE FORÊT offre une plongée exceptionnelle dans ce monde sauvage resté dans son état originel, en parfait équilibre, où chaque organisme - du plus petit au plus grand - connecté à tous les autres, joue un rôle essentiel.

NOTRE AVIS

Critique Laetitia Montanier
« Un film sur les arbres » dis-je pour expliquer brièvement le sujet du film, quelques mots et en retour un regard intéressé ou réticent, qui en dit long. La nature de ce regard pourrait symboliser la division : celle des sensibles et des insensibles, celle des curieux et ceux qui ne le sont pas, des instruits et des incultes, de ceux encore capables de s’émerveiller et de ceux savourant la pleine puissance de leur humanité. Ce film aurait alors été celui du jugement et in fine celui d’une communauté. Celui de l’écologie politicienne et moraliste. Il n’en est rien.

Il était une forêt nous englobe dans le sujet universel du vivant et aspire au maintien d’un équilibre global.

Si le sujet du lien entre l’humain et l’animal ou celui de l’animalité de l’être humain représentent autant de thèmes aujourd’hui aisément intégrés aux débats, il en est autrement pour notre lien avec le monde végétal. Sans doute parce que cela nécessite une initiation. Et c’est bien de cela qu’il s’agit dans ce film, une initiation nous permettant d’aller à la rencontre d’un monde que notre condition d’humain ne nous permet pas d’appréhender directement, facilement.
Le talent de Luc Jacquet, réussit à nous fédérer autour du vivant car il a préalablement identifié les points précis de notre ignorance.

Nous sommes empêchés par le temps, par l’apesanteur, par le manque de connaissance. Alors, à l’écran l’immobilisme apparent n’existe plus, des images de synthèses très réussies, accélèrent le processus et restituent parfaitement les 700 ans d’une intense activité. L’angle des prises de vues nous donne accès à la cime des géants, à la canopée de Guyanne ou du Gabon et accompagne la naissance d’un nouveau regard sur ce territoire méconnu voire inconnu.

Le récit, l’incroyable récit qui accompagne l’image, vient donner la parole au monde végétal et nous procure les ponts nécessaires chargés de savoir et de sens pour considérer peu à peu ces végétaux comme nos semblables. Le réalisateur nous amène à envisager la « condition du vivant » et à penser, parfois avec beaucoup d’émotion, au cycle de la vie et même, à donner du sens à la mort finalement.

A notre ère, celle du matériel, des compétences intellectuelles, de la haute technologie, être face à des arbres dénués de cerveaux et pourtant capables d’une telle sophistication, interroge et appelle à l’humilité - « Vivre mobile est à la portée de tous, mais pour vivre immobile, il faut déployer beaucoup d’imagination » (Francis Hallé) -

Ce film fait partie d’une démarche de sensibilisation à l’environnement dont l’association Wild - Touch de Luc Jacquet à but non lucratif accompagne le message du cinéaste : une écologie qui repense le lien de l’homme à la nature avec une dimension plus affective qu’esthétique. Un stratégie connue de l’univers publicitaire déclinée avec bon sens pour mobiliser sur un sujet majeur.

La compétence scientifique et la grande maîtrise du sujet de Luc Jacquet et de Francis Hallé représentent le socle de ce film, une médiation scientifique rare et de très grande qualité. Francis Hallé, botaniste et biologiste spécialisée dans les arbres et des forêts tropicales et instigateur de ce film, parle de « condition tropicale », pour qualifier cet ensemble vivant qui à ce rythme aura disparu dans 10 ans selon lui.

Le choix d’insérer à l’écran, un Francis Hallé, acteur et dessinateur silencieux de ce voyage, évoluant aisément dans cet environnement, nous permet de nous projeter tout en laissant le premier rôle aux végétaux, aux sous bois, aux lianes, aux arbres géants. De la même manière ont été également associés au projet un nombre certain d’artistes, qui décloisonnent les mondes avec sensibilité et discrétion : des photographes (Vincent Munier, Micheline Pelletier, Sarah Del Ben), plasticiens, sculpteurs (Vincent Lajarige), peintres (Mark Alsterlind, Charles Belle), illustrateurs, street- artiste (Julien Malland).

Autant de protagonistes pour diffuser le message et aiguiser les regards : Il était une forêt, un film sur les arbres oui mais sur le vivant et les vivants avant tout.

Critique Dominique Bleuet

Quelle couleur sied le mieux à la forêt, sinon le vert ?

C’est donc un "grand feu vert" pour moi. Evidemment...

Des images fantastiques estampillées Disney Nature, réalisées par un maître du genre, Luc Jacquet qui a déjà "commis" entre autres La Marche de l’Empereur et Le Renard et l’Enfant... franchement, que demander de plus ?

C’est une véritable merveille. On en prend plein les mirettes !

Difficile de décrire un film qu’il faut absolument voir pour comprendre... tout est dans la sensation. Quand on se trouve ainsi immergé au coeur de la Nature, il se passe des choses inénarrables. C’est à chacun de se faire sa propre opinion, de ressentir ses propres émotions... intellectuelles et tactiles à la fois.

On pourrait disserter longtemps sur la formidable qualité de l’image, du son, la musique ou la délicate narration de Michel Papineschi, sur l’ensemble parfaitement harmonieux et qui pourtant fait frissonner... tant on sait que ce biotope est en danger.

On pourrait, on pourrait... en dire long. En écrire plus encore, cela ne reflèterait qu’une infime partie de l’immensité du projet, du résultat imposant à l’écran, des sentiments gigantesques qu’il génère... on ne serait jamais à bout de superlatifs.

Il est toujours difficile de faire une bonne critique d’un film qui vous laisse sans voix.

J’oserai prononcer au moins un mot : Magnifique.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 1h 18
Date de sortie : 2013
Titre original : Il était une Forêt
Réalisateur, Scénariste : Luc Jacquet
Sur une idée et avec : Francis Hallé
Musique : Eric Neveux
Chansons du film : Emily Loizeau
Producteur : Bonne Pioche Cinéma
Distributeur : The Walt Disney Company France