Harry Potter et les reliques de la mort : L’interview passionnante du réalisateur David Yates

Date : 26 / 11 / 2010 à 00h20
Sources :

Source : Comingsoon



La liste des interviews de ComingSoon.net se poursuit avec celle du réalisateur David Yates, toujours en vie après avoir bouclé trois films Harry Potter (Harry Potter et l’Ordre du Phénix en 2007, Harry Potter et le Prince de Sang-mêlé en 2009 et Harry Potter et les reliques de la mort en 2010/2011) .

Avant toute chose, sachez que vous entrez dans une zone remplie de spoilers dans laquelle le réalisateur nous dévoile une scène qui n’était pas dans le livre, décrit la mort d’un personnage ou encore là où s’arrête la première partie et là où commence la seconde. Lisez à vos risques et périls, mais ne pourrez pas dire qu’on ne vous aura pas prévenus !!


J.K. Rowling vous aurait-elle donné des informations que nous n’avons pas sur les personnages ?

Les producteurs, Heyman et Barron Heyman, ont du vous le dire mais au cours d’une lecture d’Harry Potter et le prince de sang-mêlé, elle avait révélé que Dumbledore était gay, ce qui nous avait tous choqués. Je ne l’avais pas dit à Michael Gambon (Dumbledore à l’écran) car je savais que cela changerait profondément son interprétation. A l’occasion, il venait me demander « Est-ce vrai ? Je suis gay ? » Cela a vraiment été une immense révélation. Je pense que ses personages sont si bien décrits dans les livres, si riches, que chacun pense les connaitre complètement.


Nous avons eu cette excellente conversation la semaine passée au sujet de deux scènes qui sont dans la seconde partie du film, et elle a été d’une aide très précieuse. Nous avons parlé de ses intentions quand elle a écrit ces scènes – que je monte en ce moment – et elle a été géniale. Pour faire simple, elle va au cœur de ce qu’une scène devrait être. De manière générale, je n’ai même pas à l’appeler, elle est toujours dans les parages. Elle lit le script au début et elle est aux premières. Elle aide vraiment beaucoup.

Vous avez eu un avantage sur les réalisateurs précédents : vous êtes arrivés alors que tous les livres étaient parus. Quand vous travailliez sur les films 5 et 6, vous saviez déjà ce que vous vouliez faire dans les films 7 et 8 ?


J’étais tellement concentré que c’était un peu comme gravir une montagne. Vous prenez les marches une à la fois. Le temps de préparation pour les Reliques de la mort (1 et 2) était vraiment très serré. Pour l’Ordre du Phénix, j’avais des mois et des mois pour le préparer. J’étais rigoureux : allant au bureau chaque jour pour faire, refaire et rerefaire des storyboards. C’était une préparation minutieuse. Entre la fin du travail du sixième film et le commencement du septième, il s’est écoulé 3 ou 4 mois. Vraiment très serré.

D’une façon cela m’a libéré car je connaissais le monde d’Harry, les gens savaient ce que je pensais, j’avais beaucoup travaillé avec les acteurs, c’était donc assez spontané. C’était beaucoup moins contrôlé que mes deux premiers films. Nous n’avions pas le temps de tout préparer aussi rigoureusement que j’en ai l’habitude mais encore une fois, la dynamique était différente mais elle a fonctionné. C’était intéressant et efficace.


Vous avez travaillé avec un directeur de la photo différent cette fois-ci.

Oui Eduardo Serra

Ca a été difficile de travailler avec ce nouveau look ?

Je voulais vraiment quelque chose de plus moderne, que l’on sente moins le côté imaginaire. Au tout début j’ai dit à Eduardo Serra « fais en sorte que ça ai l’air vrai ». A la fin du second, on est de retour à Poudlard, et c’est un vrai film fantastique. Il y a des dragons, des géants, des araignées et on revient aux bases de la série, mais ils sont loin de Poudlard, loin de ce lieu magique. Je voulais que cela ressemble à un monde rude. J’aime bien ce look : punchy, un peu gris, et ça été très fun à faire.


Ces petits changements gardent la série intéressante en ce qui me concerne car je ne pouvais pas faire le même look. J’aime ce que Bruno Delbonnel a fait dans le 6 (très romantique, lyrique) mais j’avais besoin de faire quelque chose d’autre, et le challence d’Eduardo était de faire une lumière différente dans la partie 1 (qui doit être punchy) et la partie 2 (qui est un opéra, c’est immense avec beaucoup de rouge).

Peut-on parler de la scène de la tente ?

Très tôt, Steve Klover (le scénariste) m’a dit « ça peut paraître bizarre mais je les verrais bien dancer ». A la minute où il l’a dit j’ai répondu « Mon Dieu, tu as raison, ce serait génial. Faisons-le. Essayons ça. » Et c’est une scène qui semble partager les gens – certains l’aiment, d’autres la détestent.


Personnellement je l’adore c’est pourquoi elle est dans le film. Je la trouve très tendre, drôle, remuante. Pour moi, c’est pour eux le moment où ils deviennent adultes, d’une manière douloureuse. J’ai un merveilleux chorégraphe, Anthony Van Laast, et même si cela n’a pas l’air chorégraphié, ça l’est. Tout était dans la maladresse du moment, dans le laisser aller. J’aime l’idée qu’ils trouvent du réconfort l’un dans l’autre alors que tout semble s’effondrer. Ca semble être une chose naturelle à faire. Essayer de s’apporter de la chaleur entre amis. Pour moi, c’est un moment particulier du film –mais je sais que cela en rend fou plus d’un.

Et l’utilisation de cette chanson de Nick Cave ?

Oui, j’avais besoin d’un morceau de musique qui soit mélancolique. Cela devait correspondre à ce moment du film mais devait aussi parler aux spectateurs. Trouver une telle chanson est difficile. Matt Biffa, qui est un musicien merveilleux, m’a envoyé énormément de musiques. J’en ai écouté des centaines et j’allais abandonner quand j’ai mis cette chanson de Nick Cave. J’avais trouvé. Ma plus grande peur était de la jouer pour Dan et Emma, je pensais « Vont-ils comprendre ? » C’était important pour moi qu’ils comprennent aussi la musique, qu’ils la ressentent. Alors je leur ai passé et c’était un moment assez stressant, je me disais « Mon Dieu vont-il l’aimer ? » et ils l’ont adoré.


J’ai aimé l’utilisation de l’animation dans la scène qui explique l’origine des Reliques. Qu’est ce qui a causé ce changement dans la manière de filmer, et pourquoi avez-vous senti que cela serait mieux pour cette partie du film ?

Tout a commencé avec Stuart Craig, notre merveilleux Production Designer. Stuart est arrivé avec ces images d’ombres de l’ère victorienne, qui sont géniales. Puis nous avons regardé ces images chinoises… cette notion de marionnettes m’est venue à l’esprit. Nous avons trouvé Ben Hibon, un gars génial, un animateur qui a supervisé la séquence pour nous. Je voulais qu’on sente un changement de lieu, transcender où nous étions. C’est difficile de sortir du film pour trois minutes et arrêter le film pour une histoire, c’est donc très beau. Et Ben est très talentueux.

La grande quantité de scènes d’exposition dans le film a-t-elle été un fardeau ?


C’est toujours un problème, un challenge. Nous avons coupé tellement de choses.

La plus grosse spéculation était l’endroit où vous alliez couper les deux films. Pouvez-vous nous dire comment vous avez pris votre décision ?

A l’origine nous avions deux fins. Une était la mort de Dobby, une fin très mélancolique, sur la plaque, regardant le ciel sombre et menaçant. Ce n’était pas bon car, d’une certaine façon, c’était trop sombre. Nous avons alors fini par un vrai cliffhanger avec Harry sur le pont, Bellatrix écarte ses cheveux, on voit sa cicatrice et on sait qu’ils sont capturé, et qu’ils vont être amenés au Manoir des Malfoy. C’était… disons… puis j’avais en tête cette scène que je voulais faire dès le départ. J’ai pensé « Ne serait ce pas cool de voir Voldemort et Dumbledore ensemble, et s’il profanait la tombe de Dumbledore ? »


J’avais cette scène dans ma tête et ne savais pas où la mettre. Je pensais qu’elle serait la première de la deuxième partie car je pensais ouvrir le second film avec ça. Vous allez au cinéma, vous voyagez vers ce lac... j’ai dit « filmons là, et nous la mettrons au début du second film » mais comme ces deux fins n’ont pas fonctionné, je l’ai mise à la fin du premier film. Je l’ai montré aux gens et nous avons tous ressenti la même chose – c’est une bonne manière de faire. Ca vous emmène à la seconde partie, qui compte nombre de bagarres et de batailles.

A quel moment avez-vous décidé d’en faire deux films ?

Parce qu’il y a matière à... Je pense que c’est du au fait que c’est fait principalement pour les fans, des personnes qui ont été loyaux envers ce que nous faisons. Dans les films 5 et 6 on m’a « tappé » dessus pour n’avoir pas mises certaines choses, et celui-ci est le tout dernier Harry Potter, nous avons donc essayé d’être aussi généreux que possible.


D’un point de vue pratique, j’ai listé tout ce que je voulais mettre dans le film, cela aurait été le film le plus cher jamais fait. Le studio n’aurait pas pu suivre, ils auraient été fous de donner leur feu vert. Même au niveau d’Harry Potter cela aurait été impossible. Il aurait duré 4 heures et couté des milliards. Il aurait couté ce que ces deux films ont couté.

Craignez vous que les films soient trop effrayants pour les enfants qui sont fans ?

Vous savez, quand j’étais petit, j’aimais avoir peur. Je regardais Docteur Who caché derrière un fauteuil. Cependant, je pense que les parents doivent être prudents. Le film est interdit au moins de 13 ans, c’est une classification qui correspond bien au film. Nous avons fait plusieurs projections, j’ai vu des enfants en sortir : les garçons aiment particulièrement.

Nous avons parlé de la façon dont le film se terminait, mais pouvez-vous nous parler un peu de votre décison quant à son début  ?


Je pensais que les spectateurs avait tellement l’habitude de la façon dont commence un Harry Potter que j’ai dit « Cassons ça. » J’aime l’idée des Horcrux dans le sable, et si j’avais pu le faire faire plus bruyant, je l’aurais fait. J’aime l’idée de quelqu’un assis dans l’ombre, sans images, sentant cette chose horrible autour et lui et hop (il claque des doigts) vous avez cette paire d’yeux bizarre. C’est une tentative de casser la manière dont les deux derniers films commençaient, afin de projeter l’audience dans un sentiment de différence. L’ambition derrière ça, c’est de le rendre surprenant.

Le montage de début est également déstabilisant, particulièrement avec Hermione qui fait de la magie sur ses parents.

Dans le livre, ce n’était que suggéré. Il y a toute cette scène (je ne suis pas sur que cela soit sur les bonus du DVD) d’Hermione avec ses parents. C’est très émouvant. J’ai fini par faire un montage de la scène d’ouverture car c’était trop mélancolique. Nous avons fini par créer un montage de toutes ces scènes, mais cette scène était gravé en moi. C’était une autre manière de prendre l’audience par surprise, le personnage d’Hermione… il y a toujours eu beaucoup d’affection pour elle et là elle pointe une baguette sur ses parents. C’est presque choquant. J’aime l’idée que les spectateurs soient dérangés et pensent : « pourquoi fait-elle ça ? »


Il y a un certain buzz autour du baiser entre Harry et Hermione – comment l’avez-vous appréhendé ?

Le plateau était fermé, pour qu’ils se sentent à l’aise. Il y avait des questions sur la nudité, la classification du film était concernée. Je ne voulais pas que Dan et Emma se déshabillent complètement car c’est inconfortable, ils sont donc en jeans. Le studio était nerveux et a demandé que l’on essaie d’utiliser de la fumée pour les dissimuler un peu, ce que j’ai essayé mais on aurait dit qu’ils étaient dans un sauna.

Il y a ce moment où Rupert Grint les regardent, on passe de Rupert à eux, ces deux têtes avec toute cette fumée, je les ai appelés et je leur ai dit « j’ai une version qui reste sensuelle, nous devons la faire ». Nous nous sommes donc cantonnés à une version un peu plus sensuelle. Il y aussi une version qui est plus explicite, mais qui nous paraissait vraiment trop, même à nous. C’était très suggestif, alors nous l’avons retirée (rires).


Comment en êtes-vous arrivés au look stylé qu’ils ont dans cette scène ?

Nous avons essayé plusieurs looks et celui-ci nous a semblé le plus intéressant. David Heyman a dit « ne serait ce pas génial s’ils étaient comme éclairé de l’intérieur ? » et, forcément, c’est quelque chose de très difficile à faire, mais Peter Doyle a dit « c’est cool » et tout est devenu une image Maplethorpe, une texture très brillante. Ca a été notre point de départ, et la manière de David pour les éclairer de l’intérieur.

Nous avons relevé une blague sur la franchise Twilight dans la scène où elle lit l’histoire des Reliques .

C’est la première fois que j’entends ça. Vous savez, on passe tellement de temps à faire ces films que je ne sors jamais, je n’ai même pas vu Twilight !


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