La Fabrique du mensonge : La critique
LA FABRIQUE DU MENSONGE
Date de sortie : 19/02/2025 Titre original : Führer und Verführer Durée du film : 2 h 04 Réalisateur : Joachim Lang Scénariste : Joachim Lang Interprètes : Robert Stadlober, Fritz Karl, Franziska Weisz, Dominik Maringer, Moritz Führmann, Till Firit, Christoph Franken, Michael Glantschnig
LA CRITIQUE
La Fabrique du mensonge est un très bon film, extrêmement documenté et instructif, sur l’art de la propagande de Joseph Goebbels.
Le scénario du réalisateur Joachim Lang s’appuie sur le journal intime de Goebbels et sur de nombreuses images d’archives et éléments permettant de retrouver les paroles de celui-ci et les discussions des réunions auxquelles il a assisté. On va ainsi découvrir la manière dont le ministre de la propagande du troisième Reich a réussi à aussi bien manipuler l’opinion et à entraîner des milliers d’Allemands derrière un Führer dont il a patiemment ciselé l’image.
Le traitement de l’antisémitisme et de la manière dont la solution finale a pu se mettre en place est aussi fort bien montrée, tandis que la Seconde Guerre mondiale avance, et que Goebbels est capable de transformer des défaites en victoire grâce à son talent de manipulateur et à ses capacités oratoires.
Le film de Joachim Lang est très impressionnant. En effet, il montre bien la manière dont, à l’aide du contrôle organisé des médias, et à l’utilisation du cinéma et des images soigneusement mises en scène, des dirigeants réussissent à entraîner le peuple de leur côté. Ce qui leur donne les mains libres pour commettre des atrocités.
De plus, la reconstitution de la période est très soignée grâce aux beaux décors de Pierre Pfundt et de Tomas Bakocka et aux costumes fidèles de Katarína Štrbová Bieliková qui sont bien captés par la photographie de Klaus Fuxjager. Ce qui permet de reconstituer l’envers du décor de certaines archives les plus célèbres, dont des extraits sont d’ailleurs intégrés dans la trame narrative. Cela apporte un grand dynamisme à la réalisation. De plus, l’utilisation d’archives vidéo et d’enregistrements audio des différents intervenants, dont on a la mention de l’origine des documents à l’écran, ajoute encore plus de crédibilité à la narration. Le montage de Rainer Nigrelli est d’ailleurs très bon.
Robert Stadlober est magistral en Joseph Goebbels. Le comédien montre parfaitement la manière dont il avance ses pions et la façon dont il reste fidèle à Hitler jusqu’à la fin. C’est d’ailleurs par là que débute le long métrage avant d’entraîner le spectateur jusqu’à la période de l’Anschluss ou l’Autriche est annexée par l’Allemagne en 1938, avant que cette dernière se lance dans une guerre meurtrière à travers toute l’Europe.
Fritz Karl est excellent dans le rôle d’Adolf Hitler. Le comédien montre très bien qu’il s’agit avant tout d’un homme de plus en plus coupé du monde vouant une haine indéfectible aux Juifs et aux communistes. Les deux comédiens fonctionnent très bien ensemble et offrent des scènes d’autant plus instructives qu’elles sont très fidèles à la réalité.
Franziska Weisz très bonne en Magda Goebbels qui doit subir les incartades sentimentales de son mari et qui représente l’image de la mère aryenne servant à la propagande. Les autres comédiens sont tous très bons et permettent de découvrir la galerie des individus qui ont eu un grand impact sur les événements qui se sont passés.
Le long métrage veut aussi montrer les mécanismes d’une propagande bien huilée afin d’éveiller l’esprit critique des individus. En effet, la propagande actuelle a changé de nom et se retrouve derrière la désinformation et le complotisme qui réussissent, progressivement, à nier un certain nombre d’éléments, notamment historiques et scientifiques. Ainsi, connaître les mécanismes mis en place pour la manipulation des foules donne l’occasion d’identifier certains indices sur ce que l’on peut trouver aujourd’hui, notamment sur les réseaux sociaux.
La Fabrique du mensonge est un très bon film à la fois passionnant et glaçant montrant comment un maître de la propagande a permis à un dirigeant élu de devenir un homme possédant tant de pouvoir lui donnant l’occasion d’exercer, sans opposition, toutes les exactions qu’il souhaitait. Avec son histoire minutieusement documentée, son interprétation impressionnante et sa réalisation brillante, l’œuvre ne laisse pas indifférent et nécessite vraiment d’être visionnée.
Terrible et instructif.
SYNOPSIS
A l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Joseph Goebbels est devenu l’éminence grise d’Hitler. Convaincu que la domination du Reich passe par des méthodes de manipulation radicalement nouvelles, le ministre de la Propagande contrôle les médias et électrise les foules. Au point de transformer les défaites en victoires et le mensonge en vérité. Avec le plein soutien du Führer, Goebbels va bâtir la plus sophistiquée des illusions, quitte à précipiter les peuples vers l’abîme.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Klaus Fuxjager Montage : Rainer Nigrelli Musique : Michael Klaukien Costumes : Katarína Štrbová Bieliková Décors : Pierre Pfundt, Tomas Bakocka Producteurs : Michael Souvignier, Till Derenbach, Andreas Fröhlich pour SWR Distributeur : Condor Distribution
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