La Cité de Dieu : La critique
LA CITÉ DE DIEU
Date de sortie : 12/03/2003 Titre original : Cidade de Deus Durée du film : 2 h 15 Réalisateurs : Fernando Meirelles, Kátia Lund Scénariste : Braulio Mantovani d’après l’œuvre de Paulo Lins Interprètes : Alexandre Rodrigues, Leandro Firmino da Hora, Seu Jorge, Alice Braga, Matheus Nachtergaele, Douglas Silva, Jonathan Haagensen, Darlan Cunha
LA CRITIQUE
Vingt-et-un ans après sa sortie, La Cité de Dieu est de nouveau visible en salle et offre une fresque grandiose se déroulant dans une favela de Rio de Janeiro.
Le scénario de Braulio Mantovani se base sur des faits réels décrits dans le livre de Paulo Lins. Il réussit à adapter d’une manière incroyable les 600 pages du roman et offre une narration singulière qui rend le film encore plus puissant.
Le long métrage de Fernando Meirelles et de Kátia Lund est remarquable. La mise en scène est d’une grande inventivité. Les travellings sont magnifiques. Les choix des angles des caméras renforcent l’immersion dans ce milieu foisonnant dans lequel, au détour d’un chemin, la mort peut frapper.
L’imbrication des récits diversifiés concernant les membres les plus célèbres de la cité de Dieu est parfaitement faite. Le récit possède une très grande fluidité et ses divergences brossent le portrait vivace et coloré d’un lieu où la durée de vie des garçons dépasse rarement les 30 ans. Le personnage pivot est un jeune homme issu de cette favela qui est devenu photographe et dont la voix off raconte l’histoire de la cité.
Les co-réalisateurs ont passé des mois à travailler avec les 200 jeunes comédiens non-professionnels qu’ils ont retenus. Ils se sont aussi rapprochés de l’auteur Paulo Lins pour vérifier que leur scénario était tout à fait crédible et fidèle à la vie dans la favela. De plus, ils ont réécrit certains dialogues en s’inspirant de la manière dont parlaient les jeunes gens.
Ce sont des acteurs professionnels pas très connus qui ont incarné les rôles des personnages adultes où ceux que l’on voit brièvement. Le mélange entre les différents comédiens fonctionne parfaitement. Ce qui offre des situations parfois à la limite du documentaire donnant vraiment l’impression que la caméra a saisi au vif les affrontements violents, les rixes et les rencontres entre les acteurs majeurs de cette cité.
Le long métrage est une véritable épopée incroyable se poursuivant sur pratiquement trois décennies. Il montre parfaitement la manière dont la violence a gangrené de plus en plus la favela et la manière dont le trafic de drogue est devenu une activité parallèle à part entière.
Alexandre Rodrigues est remarquable en jeune homme voulant d’une autre vie que celle de bandit et essayant de devenir un photographe. Leandro Firmino da Hora est excellent en chef de la cité n’aimant pas partager son pouvoir. Il est tout aussi bien incarné par Douglas Silva dans sa version jeune. Phelipe Haagensen est très bon dans le rôle de son meilleur ami étant considéré comme le plus juste des malfrats. Matheus Nachtergaele est vraiment intéressant en chef de gang opposé. Et Seu Jorge est fort juste en homme voulant se venger.
L’œuvre a été tournée dans une cité en construction pour la partie correspondant aux années 60. Alors que les années 70 et 80 ont été filmées dans une autre favela existante que celle de la cité de Dieu. En effet, les accords ont été plus faciles à obtenir avec le parrain local qu’avec celui « gérant » le lieu évoqué par le film où les contraintes auraient été trop grandes et les risques pour l’équipe de tournage trop importants.
La violence, la vie et surtout la mort, parfois pour une broutille, sont parfaitement captées, notamment grâce à la très belle photographie de Cesar Charlone. Loin des idées préconçues, l’œuvre est majeure pour comprendre le fonctionnement d’une favela et montrer à quel point la mort brutale des jeunes gens, généralement de la main d’autres jeunes gens, est intégrée dans la vie de la cité.
Le montage extrêmement précis de Daniel Rezende ajoute une grande fluidité au long métrage et permet une plongée encore plus importante au cœur de ces décennies d’existence dans la cité.
La Cité de Dieu est un véritable chef-d’œuvre qui n’a pas pris une seule ride et reste non seulement extrêmement puissant, mais d’une actualité toujours importante. Avec une histoire brillante, une réalisation exceptionnelle et des comédiens véridiques, ne passez vraiment pas à côté de ce film qui est non seulement très impactant, mais particulièrement mémorable.
Remarquable et éblouissant.
SYNOPSIS
Dans une favela qui a vu le jour à Rio de Janeiro dans les années soixante, Fusée est un gamin noir, pauvre, trop fragile pour devenir hors-la-loi, mais assez malin pour ne pas se contenter d’un travail sous payé. Il grandit dans un environnement violent, mais tente de voir la réalité autrement, avec l’oeil d’un artiste. Il rêve de devenir photographe professionnel. Petit Dé, un enfant de onze ans, emménage dans la Cité. Il souhaite pour sa part devenir le plus grand criminel de Rio et commence son apprentissage en rendant de menus services à la pègre locale. Il admire Tignasse et son gang, qui arraisonnent les camions et cambriolent à tout va. Tignasse donne à Petit Dé l’occasion de commettre un meurtre, le premier d’une longue série...
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Photographie : Cesar Charlone Montage : Daniel Rezende Musique : Antonio Pinto Costumes : Bia Salgado, Inês Salgado Décors : Claudia Moraes Producteurs : Donald Ranvaud, Mauricio Andrade Ramos, Andrea Barata Ribeiro, Walter Salles, Marc Beauchamps C, Daniel Filho C, Hank Levine C, Vincent Maraval C, Juliette Renaud C pour VideoFilmes, 02 Filmes Distributeur : Wild Bunch Distribution
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