Rivière de nuit : La critique

 Date de sortie : 06/03/2024
 Titre original : Yoru no kaw
 Durée du film : 1 h 44
 Réalisateur : Kôzaburô Yoshimura
 Scénariste : Sumie Tanaka
 Interprètes : Fujiko Yamamoto, Ken Uehara, Keizô Kawasaki, Michiko Ai, Eijirô Tôno, Eitarô Ozawa, Michiko Ono, Yoichi Funaki, Hikaru Hoshi

Rivière de nuit est un très bon film présenté dans une version restaurée qui est d’une beauté incroyable.

Le scénario de Sumie Tanaka se déroule quelques années après la Seconde Guerre mondiale au Japon. Il tourne autour d’une jeune femme moderne, experte en teinture et créatrice de motifs de kimono, qu’un professeur d’université marié ne va pas laisser indifférente.

Le film de Kôzaburô Yoshimura est l’un des premiers en couleur que le Japon ait produit. Il utilise parfaitement cette nouvelle technologie pour offrir une photographie somptueuse et jouer avec les différentes couleurs des motifs que crée le personnage principal.

La restauration donne vraiment l’impression de découvrir le long métrage à sa sortie du studio et permet de profiter des magnifiques images qui sont proposées. Il faut d’ailleurs saluer la splendide photographie de Kazuo Miyagawa.

De plus, l’œuvre présente une femme forte et avant-gardiste qui est passionnée par son métier et n’a pas envie de suivre le schéma traditionnel des femmes japonaises de l’époque, c’est-à-dire se marier et s’occuper de son foyer.

La passion amoureuse est montrée d’une manière remarquable. Elle se déploie tout en subtilité dans cette histoire d’amour compliquée entre deux protagonistes qui sont attirés l’un par l’autre.

Le récit réserve aussi des surprises. L’ouverture d’esprit et la manière de penser de la jeune femme offrent un regard très moderne sur la condition de la femme et sur la vie. Le final est d’ailleurs particulièrement brillant et reste longtemps en mémoire.

Fujiko Yamamoto est superbe en créatrice adorant le kimono. Une tenue de plus en plus délaissée au profit d’habits occidentaux qui se répandent progressivement dans la société nippone. Ken Uehara est formidable en homme faisant une cour toute en retenue. Eijirô Tôno est intéressant en père du personnage principal. Michiko Ai est très bonne dans le rôle de sa belle-mère. Keizô Kawasaki est vraiment sympathique en jeune artiste. Et Eitarô Ozawa est impeccable en marchand.

Quant aux tenues proposées, elles sont toutes magnifiques et les motifs sont extrêmement recherchés. Ce qui ajoute un impact visuel encore plus grand à une œuvre intimiste.

Rivière de nuit est un très bon film qui n’a pas pris une ride et propose une immersion saisissante dans le Japon des années 50 et dans la vie d’une femme voulant suivre sa propre voie. La belle réalisation, associée à une restauration de toute beauté et à une interprétation d’une grande délicatesse, fait de cette œuvre un récit fort à découvrir sans hésiter.

Sensible et touchant.

Kiwa Funaki travaille à la teinturerie de son père à Kyoto. Cette femme indépendante et talentueuse y conçoit des tissus et accessoires qu’elle commercialise elle-même jusqu’à Tokyo. À bientôt trente ans, son entourage aimerait la voir mariée mais Kiwa trouve son épanouissement dans son art. Un jour, elle fait la rencontre de M. Takemura, professeur à l’université d’Osaka. Ce client singulier et érudit, au demeurant marié et père de famille, trouble la jeune femme...

 Photographie : Kazuo Miyagawa
 Montage : Shigeo Nishida
 Musique : Sei Ikeno
 Décors : Akira Naito
 Producteur : Masaichi Nagata pour Daiei Kyoto
 Distributeur : Carlotta Films

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